Question de M. WATTEBLED Dany (Nord - Les Indépendants) publiée le 06/11/2025
M. Dany Wattebled interroge M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique sur le rachat d'Exaion SAS par le groupe américain MARA Holdings.
Le 11 août 2025, MARA Holdings a annoncé l'acquisition de 64 % d'Exaion SAS, filiale d'EDF dédiée au calcul haute performance, au cloud souverain, à l'intelligence artificielle et à la blockchain. Soumise le 22 août 2025 au contrôle des investissements étrangers du ministère de l'économie, cette opération soulève des interrogations légitimes sur la souveraineté numérique, la sécurité énergétique et la préservation des technologies critiques françaises.
Son architecture financière prévoit 115 millions d'euros en numéraire pour de nouvelles actions, 33 millions d'euros pour des rachat d'actions existantes (dont 10 millions d'euros séquestrés jusqu'en 2026) et une option de 110 millions d'euros pour 2027. EDF Pulse Holding percevrait environ 30 millions d'euros, sous conditions partielles, tandis que deux salariés d'Exaion bénéficient de 3 millions d'euros. Il lui demande quelle sera la part définitive d'EDF et quelles seront les contreparties pour l'intérêt général ? Quels honoraires ont été versés aux intermédiaires et pour quelles missions ? Qui assume la police d'assurance limitant les recours fiscaux ? Comment comprendre que l'État, via EDF, ait privilégié une cession externe alors qu'il disposait des moyens d'accompagner la croissance de cet actif stratégique ?
Les dirigeants fondateurs, bénéficiaires de plus de 200 000 actions gratuites entre 2023 et 2025, conservent 15 % du capital. Quelles raisons ont présidé à ces attributions? Visait-on à garantir leur engagement durable ? Quelles clauses assurent leur fidélité à Exaion et empêchent un transfert ultérieur vers MARA ou ses entités étrangères ?
Depuis 2022, Exaion s'implante au Québec avec l'ambition de créer vingt micro-data centers hydroélectriques. Pourquoi ce choix d'externalisation territoriale ? Les conditions énergétiques et réglementaires canadiennes sont-elles jugées supérieures aux nôtres ? Quelles garanties ont été prévues pour éviter que ces infrastructures, potentiellement sous contrôle américain, ne soient réorientées vers le minage de cryptomonnaies ou le traitement de données hors supervision française?
Exaion intervient dans des domaines essentiels : simulation des réseaux électriques, optimisation énergétique, traitement de données sensibles. Pourtant non classée stratégique au titre du décret sur les investissements étrangers, elle échappe à une protection renforcée. MARA affiche son ambition mondiale dans le minage de stablecoins, dans le cadre du GENIUS Act (juillet 2025) et du décret présidentiel sur la réserve stratégique de Bitcoin (mars 2025). Dès lors, comment la France entend-elle préserver la maîtrise de ses infrastructures et la confidentialité de ses données, face au risque d'application du CLOUD Act américain ?
Plusieurs personnalités et cabinets ont accompagné ce rapprochement, dont un envoyé spécial du Président de la République, qui a été nommé conseiller de MARA le 25 août 2025. Les sociétés Forward Global et Amarante ont multiplié les démarches auprès des services du ministère. Dans un esprit de transparence républicaine, peut-il lui indiquer les dates, objets et participants des entretiens tenus à Bercy et à l'Élysée ainsi que les mesures prises pour prévenir tout conflit d'intérêts ?
Quel bénéfice réel la France retire-t-elle de cette cession à un acteur centré sur la spéculation énergétique et le minage crypto ? EDF, entièrement publique, disposait des capacités pour soutenir Exaion sans renoncer à son contrôle. Ce choix interroge la cohérence de notre politique industrielle et notre aptitude à sauvegarder un patrimoine technologique vital.
Ces questions, loin de toute polémique, portent sur la souveraineté nationale, la maîtrise des infrastructures, la sécurité de nos données et l'indépendance numérique de la France.
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En attente de réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique.
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