Question de Mme CANALÈS Marion (Puy-de-Dôme - SER) publiée le 06/11/2025

Mme Marion Canalès attire l'attention de M. le ministre du travail et des solidarités sur l'urgence d'une revalorisation du métier de médecin du travail.

En 2005, 70 % des salariés déclaraient avoir eu une consultation chez un médecin du travail ou une infirmière, au cours des 12 derniers mois, contre 39 % en 2019. Parallèlement, le suivi des salariés à risque diminue dans les mêmes proportions, en raison de l'érosion constante du nombre de praticiens, dont le nombre a baissé de 21 % depuis 2010 et jusqu'à 30 % d'ici 2030, selon la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).

En plus du problème de démographie médicale, on note des distorsions d'attractivité entre les services de prévention et de santé au travail autonomes et interentreprises. Avec des conditions de rémunération et des avantages généralement plus importants dans les services autonomes, les services interentreprises souffrent à la fois d'un manque d'attractivité général de la médecine du travail et d'une concurrence forte de la part des services autonomes. Cela se traduit par un nombre moyen de dossiers par médecin plus important en service interentreprises et des salariés qui, en pouvant tarder à obtenir un rendez-vous de visite de reprise, sont confrontés au risque de suspension de leurs indemnités journalières et donc d'une perte de ressources. Cela pose la question de la rupture d'égalité d'accès aux services de prévention, selon la nature de ceux-ci.

Plutôt que de travailler à renforcer l'attractivité de la médecine du travail en revalorisant le statut, le Gouvernement a décidé, au travers du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) actuellement en débat, de supprimer l'accès immédiat au médecin du travail avant la reprise dans le cadre d'une maladie professionnelle : il faudra désormais au moins 30 jours d'arrêt pour y avoir droit. Concernant les accidents du travail, la durée d'arrêt ouvrant droit à une visite de reprise passe de 30 à 90 jours.

C'est un non-sens, d'abord sur le plan de la prévention puisque l'on fait courir le risque aux salariés concernés d'aggraver des pathologies, ensuite sur le plan économique puisque le résultat même d'une reprise inadaptée engendrera des coûts supplémentaires à supporter pour l'assurance maladie.

Elle lui demande donc les mesures qu'il compte prendre pour renforcer rapidement l'attractivité de la médecine du travail.

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En attente de réponse du Ministère du travail et des solidarités .

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