Question de Mme PUISSAT Frédérique (Isère - Les Républicains) publiée le 06/11/2025
Mme Frédérique Puissat attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire sur la recrudescence des attaques de rapaces dans les élevages avicoles, notamment ceux pratiquant l'élevage plein air.
Depuis plusieurs mois, de nombreux éleveurs de volailles, notamment de poules pondeuses, alertent sur une augmentation significative des attaques de rapaces sur leurs exploitations. Ces attaques, de plus en plus fréquentes, se traduisent par des pertes journalières importantes : des volailles blessées, tuées ou emportées, parfois sous les yeux des éleveurs, impuissants face à ce phénomène.
Les conséquences de ces agressions répétées vont bien au-delà des pertes directes. Elles engendrent un stress chronique au sein des cheptels, perturbant profondément leur comportement naturel. Ce stress se traduit notamment par une baisse sensible de la production d'oeufs, des troubles du comportement et une plus grande vulnérabilité aux maladies, aggravant encore les risques sanitaires.
Au plan économique, cela fragilise durablement les exploitations concernées, déjà confrontées à une conjoncture difficile. Cette situation met en péril la viabilité d'un modèle d'élevage que les pouvoirs publics, à juste titre, promeuvent pour ses qualités en matière de bien-être animal, de durabilité et de réponse aux attentes sociétales.
Malgré les nombreuses démarches engagées par les professionnels pour alerter les autorités et tenter de se protéger, aucune mesure de soutien ou d'accompagnement spécifique ne semble aujourd'hui être proposée, contrairement à ce qui est prévu pour d'autres espèces protégées telles que le loup, le lynx ou encore l'ours. Les dispositifs de compensation sont inexistants ou inadaptés, et les solutions de prévention (filets, protections visuelles ou sonores) sont souvent coûteuses, peu efficaces à long terme, ou inapplicables dans certaines configurations de terrain.
Face à cette situation critique, il apparaît nécessaire d'examiner, en concertation avec les acteurs concernés, la possibilité d'étudier des dérogations encadrées au statut de protection de certaines espèces de rapaces, dans les cas où des impacts économiques avérés compromettent la viabilité d'exploitations agricoles localisées. Il est à noter que, même dans le cadre de l'agriculture biologique reconnue par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), les dérogations existantes, prévues par un règlement européen, ne couvrent pas les dommages liés à la présence de rapaces, et ne sont pas adaptées à la situation de nos territoires et nos éleveurs.
Dans un contexte où la société et les politiques publiques encouragent la transition vers des modes de production plus vertueux, le développement de l'élevage en plein air ne peut reposer uniquement sur les épaules des éleveurs. Il est impératif que l'État reconnaisse les difficultés spécifiques rencontrées sur le terrain et propose des réponses concrètes à ces enjeux.
Ainsi, elle l'interroge sur les actions que le Gouvernement envisage de mettre en oeuvre pour accompagner les éleveurs victimes d'attaques de rapaces, tant sur le plan de la prévention que sur celui de la compensation financière, et pour savoir si une réflexion est engagée pour adapter le cadre réglementaire afin de mieux concilier la protection des rapaces et la pérennité des élevages plein air.
- page 5506
En attente de réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire.
Page mise à jour le