IV. DES MATÉRIELS VIEILLISSANTS ENCORE TROP SOUVENT INDISPONIBLES

Votre commission souligne régulièrement les difficultés résultant du vieillissement d'un nombre important de matériels de l'armée de terre et des échéances lointaines retenues pour leur remplacement par des matériels modernes.

Cela est vrai dans le domaine des hélicoptères. Le déficit en aéromobilité va se creuser en raison de la décision, pour des raisons financières, de repousser à 2011 les premières livraisons à l'armée de terre de l'hélicoptère de transport NH 90, dont l'armée allemande est sur le point d'être équipée. La mesure palliative qui sera mise en oeuvre, à savoir la rénovation partielle du parc actuel, conduit à financer concurremment la remise à niveau d'appareils anciens et la fabricationt d'un appareil moderne, sans pouvoir éviter une détérioration des capacité aéromobiles.

Le deuxième point d'affaiblissement concerne la composante de blindés légers de l'armée de terre. Le vieillissement du parc provoque une détérioration de nos capacités qui se constate au fil des engagements extérieurs. Ici encore, des opérations de rénovation sont en cours ou prévues, sur les blindés à roues AMX 10RC et ERC 90, ainsi que sur le transport de troupes chenillé AMX 10P. Le retard pris sur le programme VBCI , avec des livraisons reportées à 2008 et un « point moyen » pour l'équipement des régiments prévu pour 2012, laisse présager des difficultés dans les toutes prochaines années. De même, l'engin blindé roues canon (EBRC) qui succèdera aux actuels blindés à roues n'est prévu qu'au delà de 2015.

Ce vieillissement des matériels, accentué par les déploiements importants et prolongés sur des théâtres d'opération extérieurs, engendre des problèmes de disponibilité , en dépit des efforts financiers très importants décidés à compter de 2002 au profit de l'entretien programmé des matériels .

Alors que les normes retenues par l'armée de terre pour la disponibilité technique opérationnelle 1 ( * ) de ses équipements sont de 80% pour les matériels terrestres et de 70% pour les matériels aériens, les résultats obtenus se sont très fortement dégradés à partir de 1998.

ÉVOLUTION DE LA DISPONIBILITÉ DES MATÉRIELS EN 2003

Catégorie

Moyenne 2001

Moyenne 2002

Moyenne 2003

Moyenne 2004

Blindés lourds

51 %

54 %

58 %

57 %

Blindés légers

64 %

65 %

62 %

55 %

Artillerie

63 %

63 %

57 %

60 %

Génie

68 %

62 %

70 %

62 %

Hélicoptères

69 %

58 %

57 %

58 %

NB Les données 2004 concernent le 1 er semestre

Comme l'illustre le tableau ci-dessus, la disponibilité technique des matériels de l'armée de terre a connu une baisse au cours du premier semestre de l'année 2004 , même si la tendance est au redressement pour certains d'entre eux (Leclerc, équipements sol-air).

Les difficultés se concentrent toujours sur les engins blindés AMX 10P et AMX 10RC qui connaissent des problèmes de soutien, compte tenu de leur ancienneté. Pour le blindé chenillé AMX 10P , l'aggravation des fissures de caisse et le manque de certaines rechanges ont fait chuter la disponibilité qui n'était plus que de 46 % au 1 er semestre 2004 . L'amélioration de la situation n'est attendue que pour cette fin d'année. Pour le char à roues AMX 10RC , la disponibilité n'était que de 51 % en 2003 et a chuté à 43 % au 1 er semestre 2004 . La situation s'aggrave en raison d'un fort emploi opérationnel. Les opérations de revalorisation impliquent des retraits de matériels mais elles prennent du retard en raison de difficultés d'approvisionnement notamment pour les moteurs, les boîtes de vitesses et les convertisseurs. Ces éléments conduisent à envisager une diminution de la capacité « combat embarqué » et « blindés canon à roues » durant l'année 2005 . Une tendance similaire est constatée pour les véhicules de l'avant blindés (VAB) et les véhicules blindés légers (VBL), dont la disponibilité au 1 er semestre 2004 était respectivement de 64 % et 65 %, du fait de problèmes temporaires pour l'approvisionnement en pièces de rechange.

S'agissant des hélicoptères , l'utilisation intensive en opérations et l'âge moyen élevé des parcs ne laisse pas espérer une amélioration significative de la situation. Cette dernière est cependant stabilisée. Les problèmes spécifiques à l'hélicoptère Gazelle (rupture des faisceaux torsibles sur le rotor) ont été résolus et leur disponibilité est remontée à 60 %. Pour les hélicoptères Puma , la disponibilité n'était que de 49 % au 1 er semestre 2004 . Une cellule de crise a été mise en place pour la rétablir à un niveau acceptable et compatible avec les missions à assurer.

Comme l'ont souligné devant la commission les différents responsables du ministère de la défense, notamment le chef d'état-major des armées, le soutien en opérations extérieures permet à l'armée de terre de maintenir une disponibilité technique optimale, en moyenne de 92 % et supérieure au seuil plancher de 90 %. La priorité accordée aux opérations extérieures induit cependant certaines difficultés en métropole en matière de distribution des rechanges critiques et de mise à disposition d'équipes de maintenance.

De manière plus générale, le renforcement de l'efficacité de la maintenance est une priorité de l'armée de terre.

Pour les matériels terrestres , la chaîne maintenance s'est réorientée sur deux rôles fondamentaux : le soutien direct des forces par la mise en place au sein de la direction centrale du matériel (DCMAT) d'un bureau maintenance opérationnelle fournissant des réponses adaptées aux exigences du terrain et la réparation en interne de rechanges critiques, afin d'abaisser le délai d'approvisionnement.

Pour le soutien des hélicoptères , la mise en place de la SIMMAD s'est traduite par des résultats positifs, en particulier grâce aux contrats globaux passés avec les industriels.

Toutefois, il faut rappeler que les mesures d'organisation ou les crédits supplémentaires ne pourront pas remédier aux causes profondes de la dégradation de la disponibilité des matériels, liées essentiellement au vieillissement accéléré des parcs du fait de leur ancienneté et de leur utilisation intensive en opérations.

* 1 La disponibilité technique opérationnelle (DTO) correspond au rapport, exprimé en pourcentage, entre le nombre total de matériels en service et ceux qui ont la capacité d'assurer les fonctions opérationnelles pour lesquelles ils ont été conçus.

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