IV. ENGAGEMENT ET COMBAT

Cette capacité regroupe 56,9 % des autorisations de programme (11,9 milliards d'euros) et 33,6 % (4,1 milliards d'euros) des crédits de paiement du programme 146, dont il est demandé l'ouverture par le projet de loi de finances pour 2009. Il s'agit donc de la capacité qui concentre le plus d'efforts financiers de l'ensemble du programme d'équipement des forces.

L'action « engagement et combat » comprend trois sous-actions : « frapper à distance » ; « opérer en milieu hostile » et « conduire des opérations spéciales ». Cette dernière sous action est budgétairement rattachée à la précédente. Avant de détailler, les programmes d'équipement compris dans ces trois sous actions, il nous a semblé opportun de dresser un bref panorama d'ensemble de cette capacité au regard des lacunes capacitaires actuelles, des enseignements tirés des engagements récents, des orientations récentes en matière de stratégie et enfin au regard des comparaisons possibles.

A. ETAT DES CAPACITÉS

1. Enseignements des conflits récents

a) Milieu aéro-terrestre

Les engagements récents ont permis de tirer des enseignements confirmant la pertinence des choix effectués pour les grands équipements structurants, mais ont aussi mis en lumière la nécessité de procéder à certaines adaptions afin de mieux répondre aux exigences opérationnelles.

Ainsi, la multiplication d'acteurs agissant dans des milieux physiques hétérogènes (zones urbaines et montagneuses notamment) impose de disposer d'un nombre plus important d'unités de combattants débarqués bien protégés, mobiles, capables de conduire des actions de force ciblées dans les meilleures conditions de sauvegarde et d'efficacité.

Par ailleurs, l'imbrication accrue des acteurs civils et militaires constatée sur les théâtres d'opération met en évidence la nécessité de disposer de renseignements tactiques constamment actualisés. Cette imbrication implique d'accroître la précision et la gradation des effets. Pour cela il faut disposer, d'une part, de munitions précises et, d'autre part, d'équipements à létalité réduite, destinés à préserver la liberté d'action et la crédibilité des forces dans les missions de contrôle de foules.

Enfin les opérations extérieures, notamment en Afghanistan imposent de mettre l'accent sur les capacités de protection des forces et des matériels face à la menace omniprésente et omnidirectionnelle des engins explosifs improvisés (EEI) ou des snipers.

b) Milieu aérien

Les retours d'expérience des engagements actuels du Mirage 2000D et du Rafale en Afghanistan soulignent des difficultés dans les missions air-sol : capteurs optroniques aux performances limitées au regard des exigences des règles d'engagement ; limitations de la bonne adéquation des effets de nos munitions aux besoins d'appui des forces terrestres en particulier en matière de dommages collatéraux ; insuffisance des moyens de transmission de données avec le sol, dans le cadre de l'appui des forces terrestres...

Par ailleurs, la participation régulière aux exercices OTAN, représentatifs d'engagements de moyenne et haute intensité, confirme certaines insuffisances par rapport à nos alliés, notamment en termes de polyvalence de nos avions (Mirage 2000D), de performances de nos capteurs optroniques et de disponibilité de munitions air-sol guidées GPS.

Enfin l'emploi quasi permanent sur les différents théâtres d'opérations des hélicoptères de dernière génération EC 725 souligne l'importance de ces vecteurs disposant de haute capacité de pénétration.

c) Milieu aéro-maritime

De nombreux enseignements ont été tirés des opérations menées par les forces navales mais aussi par la coalition anglo-américaine dans le cadre des opérations en Irak. Ces dernières ont souligné l'importance des forces aéronavales pour la préparation en amont du théâtre d'opérations, la réalisation d'actions précurseurs, le soutien depuis la mer aux combats aéroterrestres de tout niveau d'intensité et la sécurisation des accès maritimes indispensables au redémarrage économique d'un pays en phase de stabilisation. De même, la forte implication nationale dans la mission de maîtrise d'une zone maritime par la « Task Force 150 », au large de la corne de l'Afrique et en mer d'Arabie, a produit des enseignements en matière de systèmes de commandement, d'interopérabilité et de capacités à opérer longtemps sous menace asymétrique, y compris au mouillage.

L'emploi quasi-permanent d'aéronefs de patrouille maritime Atlantique (ATL2) au-dessus des théâtres d'opérations en Afrique a confirmé l'intérêt d'une diversification de cet aéronef en le dotant de moyens de « renseignement d'origine image » (ROIM) numérique et d'appui feu des forces interarmées, sans pour autant remettre en cause la mise à niveau indispensable des capacités de lutte anti-sous-marine et de lutte antinavires pour contribuer à la sûreté de la force océanique stratégique (FOST).

Enfin, l'attaque missile depuis la terre d'une corvette israélienne en juillet 2006 et les opérations nationales de soutien à la FINUL au Sud Liban ont montré la complexité des opérations en eaux littorales et en particulier leurs exigences en matière de maîtrise du milieu, d'autoprotection et donc de guerre électronique.

Les succès rencontrés en coopération interministérielle dans la lutte contre les trafics de stupéfiants, en zone Caraïbes en particulier, et contre la piraterie en océan Indien -nonobstant les difficultés rencontrées du fait de la vétusté des équipements, constituent un motif de satisfaction. Ces succès sont riches d'enseignement face à une menace évolutive, dispersée et protéiforme.

2. Principales lacunes capacitaires actuelles ou prévisibles

Les enseignements des opérations les plus récentes ont conforté la plupart des choix de renouvellement de nos capacités qui seront effectués dans la prochaine LPM 2009-14 ou dans la LPM2 2015-20, en fonction des priorités du livre Blanc.

S'agissant du système de forces « Engagement Combat », les domaines dont l'amélioration est prévue sont:

• la capacité à opérer à terre en milieu hostile (hélicoptères d'attaque TIGRE, véhicules de combat d'infanterie, rénovation Leclerc, missiles antichar courte et moyenne portée),

• les capacités d'engagement en zone littorale (armement anti-navire sur hélicoptère, appui feu naval ...),

• la capacité de frappe de précision dans la profondeur par missile de croisière à partir de frégates et de sous-marins.

Concernant la capacité de projection de puissance depuis la mer, le deuxième porte-avions (PA2) fera l'objet d'études complémentaires afin de préparer une décision en 2011-2012.

Pour le milieu aérien, la disponibilité de munitions tout temps de précision sera améliorée avec les livraisons d'armements air-sol modulaires (AASM) décamétriques et métriques (1 540 livrés jusqu'en 2014 et près de 2 400 jusqu'en 2020). Des travaux, déjà en cours, seront poursuivis afin d'obtenir :

• la pleine capacité opérationnelle de l'AASM sur RAFALE,

• son adaptation à d'autres corps de bombes afin de profiter de sa modularité et d'obtenir une meilleur adéquation des effets aux besoins des forces terrestres en appui,

• la meilleure efficacité possible des AASM, en particulier dans les domaines de la préparation de mission, des fusées d'armement et de la proximétrie.

Le développement d'une version laser de l'AASM est planifié pour permettre le traitement des cibles mobiles. Les livraisons interviendront au cours de la période 2015/2020.

Concernant les performances des capteurs optroniques et en particulier des pods d'acquisition et de désignation laser, dix Damoclès seront acquis au cours de la période 2009/2014. Cinquante cinq pods de désignation laser de nouvelle génération, planifiés pour la période 2015/2020 viendront compléter la panoplie.

S'agissant de la polyvalence de nos avions, la période 2009/2014 enregistrera une modernisation progressive de l'outil de combat aérien avec la livraison des premiers M 2000 D rénovés. Cette modernisation sera poursuivie sur la période 2015/2020 avec la livraison des derniers exemplaires de M 2000 D rénovés en 2019 et des cadences de production annuelles de Rafale plus soutenues.

3. Orientations de la politique d'équipement

Avec l'incertitude de l'environnement stratégique et le durcissement des opérations, l'équilibre doit être également recherché entre la polyvalence et la quantité, mais aussi entre la protection et les capacités offensives qui permettent d'obtenir la supériorité opérationnelle.

Par ailleurs, la perspective de conflits majeurs de haute intensité reste plausible en cas de dégradation de la situation internationale et/ou de rupture stratégique.

a) Orientations pour les forces terrestres

S'agissant de la composante « engagement combat », la LPM 2003-2008 a permis à la fois de maintenir à niveau les capacités majeures en prolongeant leur durée de vie, et de préparer l'arrivée de nouveaux équipements. Dans cette perspective, la prochaine LPM constitue une étape essentielle à la construction du modèle de forces terrestres post 2015. Répondant aux exigences opérationnelles du Livre blanc, ce modèle vise à disposer de moyens de combat de coercition, puissants et fortement protégés. Il prévoit en outre des moyens de contrôle des milieux physiques et humains, plus légers, mobiles et suffisamment protégés pour garantir la liberté d'action dans les zones de grande insécurité et ainsi permettre de s'engager simultanément dans des crises très diverses.

Les priorités portent sur la continuité des capacités de combat direct et d'appui du contact. A cet effet, l'opération d'ensemble SCORPION, sur laquelle se fonde la cohérence des capacités terrestres futures, définit les objectifs suivants :

(1) Restaurer les capacités d'agression au contact et les rationaliser :

• doter les unités déployées au contact du système combattant FELIN ;

• renouveler les missiles antichars de courte et moyenne portées ;

• doter les unités d'infanterie du véhicule blindé de combat de l'infanterie (VBCI) (successeur de l'AMX 10 P), à compter de 2008, et du Porteur Blindé 7 ( * ) (successeur des engins de la famille VAB), à compter de 2014 ;

• concevoir l'engin blindé de reconnaissance et de combat [EBRC] (successeur de l'AMX 10 RCR et de l'ERC 90 SAGAIE) ;

• acquérir le véhicule de haute mobilité (VHM) au plus tôt pour garantir la mobilité tactique d'un volume significatif de forces dans les zones de parcours et d'accès difficiles.

(2) Acquérir des moyens de frappe de précision :

• La transformation du lance-roquettes multiples (LRM) en lance-roquette unitaire LRU, avec une allonge et une précision accrues ;

• roquettes guidées LASER pour la version HAD (Hélicoptère Appui Destruction) de l'hélicoptère TIGRE ;

• développement des munitions guidées.

(3) Adapter le combat aéroterrestre aux engagements en milieu urbain :

• poursuite du développement du TIGRE dans sa version HAD (appui destruction) ;

• dotation plus large des forces en armement à létalité réduite ;

• adaptation du char LECLERC au combat en zone urbaine ;

• acquisition d'armes multi-effets en zone urbaine (programme ARMURE) ;

• développement d'un engin d'appui génie, adapté notamment au combat en zone urbaine (programme EGACOD) ;

• valorisation des engins blindés du génie existants (engin blindé du génie -- EBG).

L'opération SCORPION se décline en trois étapes :

- étape préliminaire (2005-2008, opérations en cours) : premier niveau de numérisation (NEB), rénovation de plateformes de contacts, de décisions et multi-rôles ;

- étape 1 (à compter de 2009, avec un stade de préparation de 2005 à 2008) : numérisation complète du contact, et adaptation des systèmes d'armes aux nouveaux types d'engagements ;

- étape 2 (à compter de 2013, avec un stade de préparation de 2009 à 2012) : info-valorisation 8 ( * ) du contact, et polyvalence des plateformes.

L'opération d'armement SCORPION devra d'autre part assurer la meilleure cohérence des programmes en recherchant des économies d'échelle.

Ainsi, cette opération fournira aux groupements tactiques interarmes (GTIA) engagés au contact un système cohérent d'engins de combat modernes, info-valorisés, plus mobiles, mieux protégés, mieux armés.

b) Orientations pour les forces aériennes (air et marine)

Le Livre blanc prévoit que « la composante aérienne de combat sera modernisée pour disposer d'un parc homogène de 270 avions polyvalents en ligne de type Rafale et Mirage 2000D [300 en parc à terminaison] », qui sera regroupé, « sous le commandement opérationnel du chef d'état-major des armées, en un parc unique, [...] dont la gestion sera assurée par l'armée de l'air ». Cet outil de combat homogène et polyvalent sera en mesure de réaliser, à partir de la terre ou de la mer, des actions décisives sur les centres de gravité d'un adversaire à grande distance et dans des zones hostiles, de travailler en appui des forces terrestres dans des contextes de basse ou haute intensité, le plus souvent en réseau, dans des cadres interarmées et interalliés.

De façon générale, l'outil de combat aérien sera adapté à la complexité des engagements, effectués la plupart du temps en coalition et en réseau, nécessitant une parfaite interopérabilité, ainsi qu'à la diversité des contextes d'engagement, situés dans un large spectre allant de la gestion de crise ou des opérations de contre guérilla jusqu'au conflit armé de haute intensité.

L'arrivée du Rafale, avion polyvalent, transforme l'aviation de combat. La montée en puissance de cette flotte, destinée à remplacer les Mirage F1, les Super-Etendard et la majorité des Mirage 2000, constitue une première priorité. L'intégration au Rafale du missile air-air longue portée européen METEOR interviendra sur la période 2015-2020. Cet armement permettra d'opérer en première ligne, aux côtés de nos alliés dans un contexte d'acquisition de la supériorité aérienne 9 ( * ) . La rénovation du Mirage 2000D (adjonction de capacités air-air et renseignement) garantira son employabilité jusqu'à sa fin de vie (au-delà de 2025) et offrira à cet appareil une polyvalence, permettant de compenser la déflation des flottes de combat et le retrait de service des Mirage F1 CR.

L'effort portera également sur les moyens d'acquisition, de désignation et de traitement des cibles terrestres. Il s'agit dans un premier temps de remplacer les pods de désignation laser d'ancienne génération (ATLIS, mis en service en 1984 et PDLCT-S, mis en service en 1993) par des pods DAMOCLES (2010-2011), puis par des pods de nouvelle génération à partir de 2014. La pleine capacité ne devrait pas être acquise avant 2017.

S'agissant des munitions air-sol, les priorités sont les suivantes :

• maîtriser et diversifier les effets pour adapter les frappes aux nouveaux contextes d'emploi ;

• parallèlement au développement des armements de technologie avancée, poursuivre l'effort au niveau des armements rustiques (roquettes, canon) et à coût réduit ;

• améliorer notre capacité à traiter les cibles mobiles ainsi que les cibles fortement durcies, tout en cherchant à limiter les effets collatéraux.

Par ailleurs, l'amélioration de la « robustesse » de la précision et la généralisation de capacités tout temps de précision sont recherchées, en particulier avec l'armement air-sol modulaire (AASM). La complémentarité des missiles de croisière SCALP et des munitions de courte portée à guidage laser (famille GBU) sera poursuivie.

Dans le domaine de l'interopérabilité, la mise en réseau est une nécessité des opérations en coalition et s'appuiera sur le développement des liaisons de données tactiques (L16, IDM 10 ( * ) , ROVER 11 ( * ) ) et des communications sécurisées. Les moyens d'échanges de données (texte, images ou vidéo) sécurisés entre troupes au sol et aéronefs (type IDM, ROVER, COMSEC 12 ( * ) ) constituent également un objectif primordial pour les Rafale et Mirage 2000D.

c) Orientations pour les forces navales

Par leur caractère polyvalent, les moyens aéronavals contribuent aux cinq fonctions stratégiques. Le Livre blanc insiste sur :

• la capacité de frappe de précision et à distance ;

• la préservation de l'avance française en matière de lutte anti-sous-marine et de guerre des mines afin de conserver une maîtrise du milieu sous-marin ;

• le contrôle des zones littorales ;

• la capacité de mener une guerre en réseau et la capacité du groupe aéronaval à se déployer à 7000/8000 km avec son groupe aérien complet et les frégates et sous-marins nucléaires d'attaque d'accompagnement.

Les investissements capacitaires pour les forces navales reposent sur :

• la nécessité de garantir en autonome la sûreté de la force océanique stratégique (FOST) et de la mise en oeuvre de la composante nucléaire aéroportée embarquée ;

• la prise en compte du développement de formes nouvelles de menaces qui transitent ou se développent sur mer (terrorisme, piraterie, trafics illicites, prolifération) ;

• le maintien de la liberté des voies de communication dont dépend de plus en plus la prospérité de l'économie mondiale et a fortiori nationale ;

• l'emploi des mers, espaces libres internationaux, pour pré-positionner des forces (prévention), recueillir du renseignement et intervenir militairement (projection de force et de puissance).

La précédente LPM ayant porté l'effort pour les forces navales sur les moyens de projection de force et de commandement, les enjeux capacitaires sont désormais :

• le soutien à la mission de dissuasion,

• la projection de puissance de la mer vers la terre,

• la maîtrise et le contrôle des espaces aéro-maritimes et la sécurisation des voies de communication dans le cadre d'opérations extérieures, de missions de prévention ou de sauvegarde.

Dans ce contexte, les priorités en termes d'équipement sont les suivantes :

- le renouvellement de la flotte de combat de surface (et de ses hélicoptères embarqués), et des sous-marins d'attaque, ossature des forces navales pour l'exécution permanente et dans la durée de ses missions de soutien à la dissuasion, de maîtrise du milieu, de prévention, protection et projection ; il faut aussi souligner l'apport à la fonction « connaissance et anticipation » de ces moyens, équipés de nombreux capteurs, projetables librement au plus près des théâtres de crises ;

- le renouvellement des moyens de surveillance et intervention maritime, c'est-à-dire principalement les patrouilleurs hauturiers et les avions de surveillance ;

- la rénovation des capacités des avions de patrouille maritime (ATL2) et le développement des capacités navales d'information et d'action, dans le cadre d'opérations interarmées menées en réseaux de plus en plus complexes ;

- le renforcement à tous les niveaux des capacités d'action vers la terre depuis la mer (Rafale F3/SCALP, mise en oeuvre de missile de croisière naval et insertion de forces spéciales depuis les porteurs FREMM et sous-marin Barracuda, batellerie amphibie de nouvelle génération).

4. Capacités des forces françaises par rapport à leurs homologues américaine, britannique et allemande

a) Capacités des forces aériennes françaises par rapport à leurs homologues

Les capacités des forces aériennes françaises se situent encore aujourd'hui à un niveau comparable à celui de nos partenaires européens. Toutefois, si nos forces y opèrent avec efficacité, les comptes-rendus font part, de manière récurrente, des insuffisances précitées et d'une meilleure interopérabilité des systèmes d'armes de nos partenaires, notamment américains et britanniques, en particulier dans le domaine des capteurs optroniques et des transmissions de données tactiques.

La Royal Air Force espère disposer à terme d'une flotte composée exclusivement d' Eurofighter et de Joint Strike Fighter complétée par des drones armés, ce qui la situerait à un niveau qualitatif très élevé. En matière d'armements elle devrait disposer du missile air-air de supériorité Meteor et d'une panoplie d'armements air-sol variée, dont le missile de croisière Storm Shadow rénové. Elle n'a en revanche pas prévu l'acquisition de capacité de brouillage offensif.

La Luftwaffe verra son aviation de combat composée du Tornado remis à niveau (cible : 85) et d' Eurofighter (cible : 180), complétée par une flotte de drones à longue endurance. La Luftwaffe disposera du missile de croisière Taurus, du missile Meteor et d'armements air-sol variés.

Pour mémoire, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ne disposent pas de composante aéroportée de dissuasion.

b) Capacités des forces terrestres françaises par rapport à leurs homologues

Le modèle de forces terrestres retenu par le Livre blanc place l'armée de Terre parmi les premières de l'Union Européenne, à un niveau sensiblement équivalent à celui des forces terrestres du Royaume Uni. Néanmoins celles-ci resteront mieux équipées en matière de combat embarqué, débarqué et de capacité de renseignement.

Les travaux capacitaires entrepris par les Etats-Unis et le Royaume Uni, engagés significativement, l'un comme l'autre, dans les conflits irakien et afghan vient à la fois conforter certains choix réalisés pour le développement des forces terrestres françaises et mettre en lumière des lacunes qu'il conviendra de combler dans les années à venir.

De son coté, l'Allemagne en pleine transformation de ses forces terrestres présente quelques originalités propres à alimenter la réflexion.

Parallèlement aux opérations de numérisation entreprises (projet FCS) et à la valorisation des capacités déjà en service, l'US Army et l'US Marines Corp (USMC) font porter leurs efforts d'équipements en fonction des besoins liés aux opérations en cours : adaptation des véhicules au combat urbain, mise en place de blindages additionnels, amélioration des systèmes d'observation terrestres et des moyens de protection.

S'agissant de l'USMC, il faut noter d'une part l'importance accordée aux petits programmes de cohérence opérationnelle, notamment dans les domaines de la lutte contre les EEI, la protection active des forces, et d'autre part le besoin désormais reconnu de disposer de véhicules de combat d'infanterie. Enfin, l'équipement du fantassin fait l'objet de nombreux développements : toutefois l'absence d'un système aussi complet et abouti que le FELIN français est déplorée par les forces déployées.

L'Army britannique, confrontée à des problèmes opérationnels analogues, fait quant à elle porter son effort sur la protection des forces, le renseignement (acquisition de drones tactiques supplémentaires) et les feux indirects (radars terrestres d'observation et d'acquisition et de contrebatterie, lance roquette unitaire). La mobilité intra théâtre fait également l'objet d'une attention particulière : mise en place progressive de camions de transport logistique protégés et très mobiles (gamme complète 4X4, 6X6, 8X8), effort sur le transport aéromobile tactique (MERLIN, CHINOOK, modernisation de la flotte PUMA).

En matière d'effectifs, la pression que font peser les opérations en cours ont conduit le commandement britannique à redéployer des effectifs et à réorienter les missions de quelques unités pour répondre aux besoins opérationnels.

L'armée de Terre allemande, moins engagée sur les théâtres d'opérations, n'en conduit pas moins une transformation dont certains aspects méritent une attention particulière :

§ création d'une brigade « aéromobile » équipée de Tigre et de NH 90 et comportant un régiment d'infanterie aéromobile (schéma pouvant s'apparenter à la division aéromobile des années 80-90) ;

§ développement de capacités de renseignement tactiques au sein d'unités dédiées (bataillons de renseignement multi capteurs à l'identique de ce que l'armée de Terre française commence à mettre en place) ;

§ étude d'un concept d'appui feux interarmées.

c) Capacités des forces navales par rapport à leurs homologues

La France, deuxième Etat maritime au monde après les Etats-Unis d'Amérique par la dimension de sa zone économique exclusive, en charge de multiples DOM/COM met en oeuvre une composante océanique de dissuasion nucléaire et conserve des capacités d'intervention significatives, forces qu'il faut pouvoir escorter, protéger et soutenir.

Les enjeux de la prochaine LPM concernent principalement l'effort de renouvellement des sous-marins (priorité stratégique du Livre Blanc) et des frégates de premier rang.

Dans le domaine des sous-marins nucléaires, la capacité de la marine française est proche de celle de la Royal Navy. En ce qui concerne les porte-avions, nos alliés britanniques devraient nous rattraper, puis nous doubler à l'horizon 2016. Dans le domaine de la projection de force, l'entrée en service de 2 bâtiments de projection et de commandement (BPC) et la volonté d'en acquérir deux autres témoignent de l'amélioration significative de cette capacité qui nous place derrière les Britanniques mais nettement devant les autres marines européennes.

Pour les frégates de premier rang, le Livre blanc prévoit un format inférieur à celui de la marine britannique. La France devient plus proche en ce domaine des autres marines européennes ou alliées comme l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et le Canada. De plus le format retenu de 18 frégates de premier rang ne sera atteint qu'au-delà de la LPM 2015-2020. Un parc vieillissant de 16 frégates, dont cinq frégates de type "La Fayette" aux capacités militaires plus restreintes, sera en service dans la phase transitoire. A l'horizon 2025, la marine nationale française disposera de treize frégates de premier rang aptes au combat de haute intensité (quatre de défense aérienne et neuf anti sous marines) en complément des frégates de type "La Fayette".

Dans le domaine logistique, le remplacement des quatre pétroliers-ravitailleurs à simple coque interviendra dans la période 2015-2020, et nécessitera une gestion fine du potentiel « pétroliers » actuel, pour préserver les capacités de projection de la marine.

La Royal Navy, quant à elle, met aujourd'hui en ligne 25 frégates de premier rang (huit frégates de défense aérienne- FDA, dix-sept d'action sous-marine - ASM), d'âge moyen de dix-huit ans, et douze ravitailleurs. Même si l'effort consacré à l'acquisition des deux porte-avions pourrait peser sur le renouvellement de ces frégates, la Royal Navy demeure nettement en tête des flottes européennes, avec près de deux fois plus de bâtiments de premier rang que la marine nationale et le triple de bâtiments logistiques. L'Allemagne et le Canada disposent de trois FDA et douze frégates ASM renouvelées récemment.

Enfin, les marines italiennes (quatre FDA, huit FASM et trois ravitailleurs) et espagnole (six FDA, six ASM et deux ravitailleurs) ont des capacités proches de celles de la France dans ce domaine, alors que leurs ambitions internationales et leurs engagements bilatéraux sont moins marqués, que leurs espaces maritimes sont plus réduits et qu'elles n'ont pas à assurer le soutien à la mer d'une force de dissuasion et d'importants moyens de projection.

Système de force

Capacité Maîtresse

Moyens

Comparaison

Source : Ministère de la défense

Engagement combat

Frapper à distance

Porte-aéronefs

Seule la France dispose d'un porte avions à catapultes, les autres porte-aéronefs européens (Royaume-Uni, Espagne et Italie disposent d'au moins 2 unités) mettent en oeuvre des aéronefs à décollage court au rayon d'action inférieur de moitié.

Missile de croisière (air-sol et mer-sol)

Le SCALP aéroporté est mis en oeuvre par la France, le Royaume-Uni et l'Italie, le Taurus aéroporté par l'Allemagne.

Le Tomahawk est mis en oeuvre par le Royaume-Uni (SNA). Il sera ultérieurement mis en oeuvre par l'Espagne à partir de frégates.

Seule la France dispose d'une autonomie de ciblage.

Chasseur bombardier

Les flottes de bombardiers sont différentes en nombre et en qualité selon les pays, mais parmi les pays européens la Grande Bretagne affiche une supériorité tant qualitative que quantitative, en net décrochage avec les moyens de combats français, de part une plus grande polyvalence et un format supérieur au notre.

La réduction générale des flottes de combat s'accompagne dans tous les pays par une modernisation forte des vecteurs, ainsi que l'acquisition de nouveaux capteurs et d'effecteurs bien plus performants. Par exemple, la modernisation récente des F16 MLU belges améliore encore l'efficacité de ce système d'armes en Afghanistan, par l'ajout de capteurs optroniques de dernière génération, de transmissions de données avec les forces terrestres, et l'intégration d'armement à guidage GPS.

Lance roquettes multiples

Comme la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie ont lancé le processus de transformation de la frappe de saturation en frappe de précision (roquette unitaire).

Opérer en milieu hostile

Bâtiments de combat

Alors que le renouvellement de la flotte est entamé en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Espagne (frégates F100), il reste à réaliser pour l'essentiel en France. Le Royaume-Uni possède toujours une certaine supériorité en Europe.

Sous-marins d'attaque

Seuls la France et le Royaume-Uni possèdent des sous-marins nucléaires d'attaque (vitesse, mobilité, rayon d'action) mais le Royaume-Uni a déjà commencé son renouvellement. L'Espagne va bientôt remplacer ses vieux sous-marins classiques et l'Allemagne possède une flotte classique récemment rénovée importante.

Guerre des mines navales

Les cinq pays sont dotés de moyens significatifs dans le domaine de la guerre des mines navales. On peut constater une certaine différence dans les performances atteintes : l'Allemagne, l'Italie et la France possèdent une meilleure capacité.

Aéronefs de patrouille maritime

A côté des avions français et britanniques récents, les autres pays modernisent ou remplacent leurs avions plus anciens.

Suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD)

Aucun pays ne dispose de brouilleurs offensifs en Europe.

L'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni possèdent des missiles antiradar.

Chars de combat

Le parc des chars de combat reste important même si on observe une baisse sensible continuelle.

Le Royaume-Uni, à cause de son engagement en Irak, l'Allemagne et la France modernisent leurs équipements, notamment dans le domaine de la protection et dans celui de la numérisation.

Véhicules de combat d'infanterie

La France (avec le VBCI) et l'Allemagne (avec le PUMA et le BOXER) ont déjà fait le choix de leurs nouveaux véhicules de combat d'infanterie, mieux adaptés au nouveau contexte opérationnel.

Le Royaume-Uni mène une démarche comparable (avec le concept FRES) mais n'a pas encore arrêté de décision. L'Espagne a commencé le renouvellement de son parc avec le Pizarro.

Pièces d'artillerie canon

L'Allemagne dispose d'une artillerie moderne récemment mise en place qui dispose de moyens de commandement et de contrôle performants. La France a fourni des efforts comparables dans ce domaine.

Hélicoptères d'attaque

L'APACHE donne une nette supériorité au Royaume-Uni et le MANGUSTA aux Italiens, dans l'attente de la flotte de TIGRE pour les autres pays.

Sauvetage de combat (RESCO)

La montée en puissance du Caracal permettra à la France d'accéder à une capacité unique en Europe.

Conduire des opérations spéciales

Forces spéciales

Les cinq pays disposent de la capacité à conduire des opérations spéciales. Les interventions récentes, particulièrement en Afghanistan, ont permis à ces pays de mettre à l'épreuve leurs moyens, surtout l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

Source : Ministère de la défense

* 7 Le Porteur Blindé constitue la future plate-forme à partir de laquelle seront dérivés les successeurs du Véhicule de l'Avant Blindé (VAB).

* 8 L'infovalorisation permettra aux forces au contact de combiner plus efficacement leurs moyens par un partage en temps réel des informations détenues par l'ensemble des systèmes d'armes.

* 9 Les Britanniques disposeront du missile Meteor sur Eurofighter à l'horizon 2012.

* 10 IDM : Improved Data Modem.

* 11 Remotly Operated Video Enhance Receiver.

* 12 Communications sécurisées.

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