E. L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR DE LA FRANCE EN CHANTIER

1. La constitution de la holding

Pour mener à bien la réforme de l'audiovisuel extérieur français initiée à l'été 2007 par le Président de la République, il a été décidé de créer une société holding dont le capital est entièrement détenu par l'État et dont la vocation première est de regrouper les participations publiques dans les différentes sociétés de l'audiovisuel extérieur , à savoir France 24, Radio France Internationale (RFI) et TV5 Monde.

La société holding « Audiovisuel Extérieur de la France » (AEF), société anonyme, a ainsi été créée le 4 avril 2008. Une convention la liant à l'État et précisant ses missions a été signée le 23 mai 2008.

La société AEF est une société nationale de programme conformément au IV de l'article 44 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication dont la mission est de contribuer à la diffusion et à la promotion de la langue française, des cultures française et francophone, ainsi qu'au rayonnement et à la présence de la France dans le monde, notamment par la programmation et la diffusion d'émissions de télévision et de radio ou de services de communication au public en ligne relatifs à l'actualité française, francophone, européenne et internationale.

La constitution du groupe audiovisuel extérieur de la France, qui nécessitait des réorganisations capitalistiques complexes, est désormais achevée. La holding détient aujourd'hui 100 % de RFI et France 24, ainsi que 49 % de TV5 Monde . Concernant RFI, le transfert des actions de l'État dans RFI à la holding AEF est intervenu le 6 mars 2009 du fait de la promulgation de la loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision.

2. Le budget de l'AEF

Le budget de la société AEF est abondé par deux dotations issues :

- du programme 844 « Contribution au financement de l'action audiovisuelle extérieure » du comptes de concours financiers « Avances à l'audiovisuel public » au titre duquel elle bénéficie de 125,2 millions TTC en PLF 2011 ;

- et du programme 115 « Action audiovisuelle extérieure » au titre duquel la société disposerait de 205,1 millions d'euros en 2011.

Au total, la dotation publique allouée à l'AEF s'élève donc à 330,3 millions d'euros TTC en PLF 2011 , en augmentation de 5,3 % par rapport à la LFI 2010, et d'environ 3 % si l'on prend en compte l'exécution 2010 (qui n'est pas encore terminée).

Par ailleurs, 1,6 million d'euros de crédits destinés à la compagnie internationale de radio et de télévision (CIRT) sont inscrits au PLF 2011 (programme 115), au titre de la participation du CIRT à MEDI 1 (Radio Méditerranée internationale), radio généraliste bilingue (français et arabe) dont la grille est principalement orientée vers l'information internationale et vers le divertissement.

Comme Michel Thiollière le rappelait dans son avis budgétaire « Médias » sur le PLF 2010, la part de la société de l'audiovisuel extérieur dans la répartition du produit de la contribution à l'audiovisuel public a doublé entre 2009 et 2010. Votre rapporteur constate qu'elle augmentera encore en 2011. Ainsi, l'augmentation de la contribution à l'audiovisuel public souhaitée par le Sénat, loin d'avoir profité à France Télévisions, a en fait permis à l'État de financer l'AEF par des crédits extrabudgétaires.

Votre rapporteur se pose des questions sur cette évolution dans la mesure où elle considère que la contribution à l'audiovisuel public doit financer des programmes que les Français peuvent voir ou entendre gratuitement : or, ni France 24, ni TV5, ne sont diffusées par la voie hertzienne. À cet égard, elle note, pour le regretter, que le projet annuel de performance signale que « la société AEF n'a pas encore pu à ce stade mener le processus budgétaire devant conduire à une proposition de répartition des ressources publiques par entité » et considère qu'il est important que l'on puisse notamment distinguer la part du financement de l'AEF destinée à Radio France internationale.

3. Un succès d'audience pour la jeune France 24

Depuis sa création, France 24 a progressé sur l'ensemble de ses zones de diffusion.

En 2009, les performances de France 24 par zones ont ainsi été les suivantes :

- en Afrique francophone, l'audience quotidienne de la chaîne a progressé de 71 % en moyenne sur la zone. France 24 est devenue la chaîne d'information internationale leader en audience quotidienne et touche en moyenne 11,5 % des 15 ans et plus vivant en milieu urbain. Sur cette statistique, sa principale concurrente sur la zone est Euronews avec 10 %, les autres chaînes (Africa 24, Al Jazeera, CNN International et BBC World News) faisant moins de 5 % ;

- en Europe, France 24 a enregistré des progressions de notoriété et d'audience significatives : + 10 % en notoriété et + 21 % en audience hebdomadaire. Elle reste loin de ses principales concurrentes (CNN International, Euronews et BBC World News) ;

- au Maghreb, entre 2008 et 2009, France 24 a enregistré une progression de 14 % de son audience hebdomadaire. Avec 58 % de téléspectateurs hebdomadaires en moyenne sur les trois pays : Algérie, Maroc et Tunisie, elle confirme ainsi sa place de challenger d'Al Jazeera (79 %) sur la zone, devançant largement CNN International et BBC World News (moins de 40 %).

- au Proche et au Moyen-Orient enfin, France 24 continue sa croissance en étendant sa diffusion en arabe. À cet égard le passage à une diffusion 24/24 en arabe le 12 octobre 2010 devrait permettre à la chaîne d'augmenter son audience.

France24.com se situe enfin de manière régulière en 3 e position parmi les sites Internet des chaînes de télévision d'information internationale derrière ceux de CNN et de BBC World.

Par ailleurs, france24.com demeure le site le plus international dans la ventilation de son audience puisque, en général, 70 à 80 % de son trafic provient de l'étranger (notamment des États-Unis qui représente un tiers de son trafic et est le premier pays d'origine des Internautes consultant France 24). À ce titre, france24.com remplit sa mission d'information à l'extérieur de l'Hexagone.

S'agissant de RFI, la radio entend conforter sa position dominante sur la partie francophone du continent africain (taux d'écoute compris entre 13 % et 55 % en 2009-2010 sur dix capitales de l'Afrique francophone, avec une progression des audiences dans 7 de ces 10 villes) et s'appuyer sur cette force pour se développer sur le reste du continent, que ce soit en anglais, en portugais ou bien dans les langues africaines que sont le haoussa (lancé en mai 2007) et le swahili, lancé début juillet 2010.

Selon les informations fournies à votre rapporteur, l'institut d'études d'opinion TNS-Sofres fournit désormais une prestation globale pour l'ensemble des filiales de la holding, le « baromètre AEF », qui permet d'évaluer l'audience de chaque entité : « parmi les données fournies par TNS-Sofres figure l'enquête Africascope. Il s'agit d'une étude en souscription réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population de 15 ans et plus résidant dans les grandes villes de l'Afrique francophone. Un échantillon additionnel de 100 cadres et dirigeants est recruté sur tous les terrains afin de mieux rendre compte des performances des chaînes France 24 et RFI sur leur coeur de cible : les « leaders d'opinion » internationaux. Après l'adoption commune du baromètre EMS-Synovate se concentrant sur les 20 % des foyers européens les plus riches par TV5MONDE et France 24, l'étape suivante de convergence des indicateurs d'audience consiste à souscrire aux mêmes opérateurs pour le monde arabophone. Des mesures spécifiques à l'Asie sont à l'étude. Le baromètre AEF intègre également des enquêtes de terrain « ad hoc » supplémentaires réalisées sur le même modèle que l'étude Africascope . »

Votre rapporteur se félicite de cette initiative susceptible de renforcer les synergies mises en place par l'AEF au sein des directions des études de ses différentes entités et partenaires (France 24, RFI, TV5 Monde). Elles auraient au demeurant permis d'obtenir des économies d'échelle substantielles pour une acquisition de données supplémentaires. Le coût des études quantitatives s'élève pour l'année 2010 à 644 000 euros.

Plus généralement, les synergies à réaliser dans le cadre de la fusion des différentes entités sont l'un des défis majeurs du groupe au cours des deux prochaines années. Elle passera notamment par la définition d'un socle social commun pour l'AEF.

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