II. PRÉSERVER UN SERVICE CIVIQUE DE QUALITÉ MALGRÉ LA MISE EN PLACE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL

A. ÉLÉMENTS DE BILAN DE LA PREMIÈRE COHORTE DE JEUNES EN SERVICE NATIONAL UNIVERSEL

L'année 2019 a été celle du début de l'expérimentation du service national universel. En juin, 1 978 jeunes âgés de 16 ans ont participé à la phase 1 du SNU, au sein de 14 centres implantés dans 13 départements 24 ( * ) pilotes - un par région métropolitaine et un en Guyane.

L'organisation du service national universel

Le service national universel s'articule autour de trois phases :

- la phase 1 comprend quinze jours de cohésion en hébergement collectif, actuellement dans un département autre que le département d'origine du jeune ;

- la phase 2 consiste en une mission d'intérêt général obligatoire de quinze jours effectués près du domicile du jeune ;

- la phase 3 consiste en un engagement volontaire d'une durée d'au moins trois mois dans divers secteurs (défense et sécurité, accompagnement des personnes, préservation du patrimoine ou de l'environnement, tutorat). Il doit être effectué avant les 25 ans du jeune.

L'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) a évalué cette première expérimentation. Votre rapporteur pour avis note que celle-ci est positive . Ainsi, 94 % des jeunes volontaires se déclarent satisfaits par leur expérience (49 % très satisfaits et 45 % plutôt satisfaits). Des améliorations sont toutefois possibles, comme l'organisation des journées : l'enchaînement des activités était parfois long avec des temps d'attente importants.

En outre, 78 % déclarent avoir rencontré parmi les autres volontaires des personnes de milieux sociaux différents , ce qui répond à l'objectif qui semblait majoritairement le plus important à ces jeunes. Le graphique ci-après indique ce que cette première cohorte de volontaires attendait du SNU. Sont ainsi en priorité cités : l'amélioration de la mixité sociale, promouvoir la société de l'engagement souhaitée par le Président de la République, apprendre les gestes de premiers secours ou encore découvrir le monde de la sécurité et de la défense.

Enfin, 84 % de ces jeunes estiment que la généralisation du SNU serait utile pour la société (51 % la jugent très utile et 33 % plutôt utile).

Lecture : 23 % des volontaires du SNU déclarent qu'améliorer la mixité sociale est l'objectif le plus important du SNU, 18 % qu'il s'agit du 2 ème objectif et 15 % le 3ème . - questionnaire fermé.

Source : Injep, Évaluation de la préfiguration du service national universel

Votre rapporteur pour avis note avec intérêt les résultats de cette étude, mais appelle, comme le reconnaît d'ailleurs l'Injep, à prendre ces résultats avec prudence « pour penser la généralisation du dispositif ». Il souhaite souligner les spécificités de cette première cohorte de jeunes qui justifie cette position :

- la préfiguration du SNU est basée sur le volontariat . D'ailleurs, 50 % des volontaires déclarent n'avoir été incités par personne en particulier. Tous ces jeunes étaient désireux de faire cette expérience et ont donc abordé celle-ci de manière positive. La donne risque d'être différente dans le cas d'un service obligatoire ;

- près d'un tiers des volontaires (31 %) déclare que l'un de ses parents travaille ou a travaillé dans l'armée , alors que les personnes travaillant pour l'armée représente 1,3 % de la population active. À cette proportion de jeunes, s'ajoutent les enfants de pompiers ou de policiers. Or, parmi les motivations ayant poussé certains jeunes à participer au SNU, se trouve la volonté de bénéficier d'un environnement militaire. D'ailleurs, 63 % de ces jeunes souhaitent faire leur mission d'intérêt général dans le domaine de la sécurité et de la défense.

Lors de son audition, M. Jean-Benoît Dujol, délégué interministériel à la jeunesse, a indiqué à votre rapporteur pour avis que cette préfiguration est un succès du point de vue technique et administratif . En effet, sa mise en place n'était pas évidente dans la mesure où l'administration partait « d'une feuille blanche ». Il a fallu trouver les locaux, communiquer autour de cette expérimentation afin de recruter les jeunes et certaines catégories - notamment pour respecter les critères fixés en termes de mixité sociale, géographique et de parité. M. Dujol a ainsi expliqué à votre rapporteur pour avis lors de son audition, avoir dû refuser certaines candidatures et au contraire faire des efforts importants de communication à destination des garçons, en raison de l'obligation de parité. Il a notamment conclu que la réussite de cette première expérimentation s'expliquait par deux facteurs :

- les jeunes en service civique avaient fait la démarche de s'inscrire car ils étaient intéressés par le SNU ;

- les départements les accueillant étaient également volontaires et motivés pour participer à cette expérimentation.

Votre rapporteur pour avis ne peut que constater le rôle qu'a joué la motivation des acteurs concernés dans le succès de cette première expérimentation et souligne que cette donnée sera fragilisée lorsque le SNU deviendra obligatoire.


* 24 Les Ardennes, le Cher, la Creuse, l'Eure, la Guyane, la Haute-Saône, les Hautes-Pyrénées, la Loire-Atlantique, le Morbihan, le Nord, Le Puy-de-Dôme, le Val d'Oise, le Vaucluse. Deux centres existaient dans le Nord à Tourcoing et Morbecque.

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