C. MARINE : NE PAS S'ARRÊTER AU MILIEU DU GUÉ

Le retour des États puissances en mer est une réalité qui doit alimenter la réflexion capacitaire. La LPM commence à porter ses fruits mais l'effort devra, ici aussi, être tenu dans le temps long. Les ruptures temporaires de capacité ne seront comblées qu'à cette condition, à l'échéance 2030.

« L'horizon de la marine est de retrouver de l'épaisseur, de la robustesse et de la résilience. Le projet de loi de finances pour 2021, dans la continuité de la LPM, nous permet de nous préparer à ces défis. Nous mesurons l'effort budgétaire accompli depuis trois ans, un effort sans précédent depuis vingt ans. Ne nous arrêtons surtout pas au milieu du gué. » a déclaré l'Amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine, à la commission.

Plusieurs programmes devront ainsi être menés à leur terme pour le remplacement de flottes âgées : patrouilleurs océaniques (PO), pour le remplacement des patrouilleurs de haute-mer ; patrouilleurs outre-mer (POM), pour le remplacement des P400 ; Bâtiments ravitailleurs de force (BRF), pour le remplacement des pétroliers ravitailleurs ; Système de lutte anti-mines futur (SLAMF), en coopération avec les Britanniques ; Hélicoptère interarmées léger Guépard (HIL).

Par ailleurs, les infrastructures opérationnelles portuaires restent un point d'attention.

L'année 2020 a été marquée par la livraison du premier SNA du programme Barracuda, le Suffren, dont les essais à la mer ont été conduits avec succès, s'agissant notamment du tir de missile de croisière naval (MDCN) qui représente une nouvelle capacité majeure pour nos armées. L'année écoulée a également été marquée par l'incendie du SNA « La Perle » , dont la facture s'élèvera à environ 60 millions d'euros pour l'État. Il est impératif que cet événement ne conduise pas à des retards dans le programme Barracuda.

Conséquences de l'incendie du SNA « La Perle » : les précisions du
chef d'état-major de la marine

Lors de son audition par la commission, l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine, a apporté les précisions suivantes au sujet des conséquences de l'incendie qui s'est produit à bord du sous-marin « La Perle » le 12 juin 2020, alors que le bâtiment était en arrêt technique majeur.

« Le risque que fait porter cette opération sur le programme « Barracuda » est d'ordre calendaire. L'industriel nous garantit sa capacité à réaliser la soudure entre la partie avant du « Saphir » et l'arrière de « La Perle », avant que le « Duguay-Trouin » qui est actuellement en phase de construction, n'ait besoin du dispositif de mise à l'eau de Cherbourg à l'été 2021. La « Perle » sera convoyée vers Cherbourg normalement en décembre et l'industriel disposera alors de six mois pour assurer cette soudure. Le deuxième enjeu calendaire se posera au retour de la coque à Toulon pour la fin des travaux de réparation. Ces derniers devant se faire dans un bassin dont la refonte est prévue dans le cadre de la rénovation des infrastructures nucléaires de Toulon.

En termes de coûts, l'industriel était assuré à hauteur de 50 millions d'euros. La facture pour l'État s'élève à 60 millions d'euros et inclut la réparation de la « Perle » et la prolongation du « Rubis ». Rapporté au budget global de la Défense, ce coût ne représente donc pas un choc financier majeur. »

Enfin, s'agissant de la Marine nationale, le lancement du porte-avions de nouvelle génération (PANG) est très attendu. Une décision du Président de la République sur le mode de propulsion devait être prise début 2020 afin de permettre le lancement de l'avant-projet sommaire. La crise du covid a conduit au report des annonces.
En 2021, 261 millions d'euros seront engagés pour poursuivre les études sur le PANG.

Le porte-avions Charles de Gaulle (source : Marine nationale)

L'essentiel des crédits de ce programme, dont l'horizon est 2038, sera à inscrire dans la prochaine loi de programmation militaire. Les décisions doivent être annoncées sans tarder sur ce programme phare pour notre autonomie stratégique et agrégateur de puissance au plan européen, avec, en outre, des retombées industrielles majeures.

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