II. LES DÉFIS DE L'AVENIR : CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET MOBILITÉ DES POPULATIONS

La coopération doit pouvoir préparer l'avenir. L'étude de l'OCDE, « Perspectives à long terme de l'Afrique de l'Ouest », déjà mentionnée plus haut, paraît exemplaire d'une démarche prospective à même d'éclairer les orientations de l'aide publique. Les autres régions du continent mériteraient des analyses comparables. Les réflexions qui suivent reposent principalement sur le cas de l'Afrique de l'ouest dont nous avons déjà souligné le renouveau économique et qui, à coup sûr, comptera comme une région prioritaire pour l'aide française.

Mais l'Afrique de l'ouest, à l'évidence, ne sera pas le seul théâtre des grands changements à venir. Cet exemple nous invite à méditer sur le devenir du continent tout entier.

A. LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE : PROMESSE ET MENACE

1. Une forte croissance démographique

Trois traits caractérisent la croissance démographique en Afrique occidentale :

- au regard de son rythme : une forte accélération après la deuxième guerre mondiale conduira la population africaine de 45 millions d'habitants en 1930 à 215 millions en 1995 et 400 millions en 2020 ;

- au regard de sa concentration : plusieurs zones de forte densité se formeront -la façade occidentale (Sénégal), la région côtière de Lagos à Accra ;

- au regard du contexte dans lequel elle s'opère : la dépendance de l'Afrique vis-à-vis de l'économie internationale , essentiellement à travers des marchés de produits primaires et des transferts financiers extérieurs.

2. Une urbanisation rapide

En Afrique de l'ouest, les citadins représentaient 13 % de la population en 1960, 40 % en 1995 et sans doute 60 % en 2020. Le mouvement, bien que ralenti, devrait en effet, d'après l'étude de l'OCDE se prolonger dans l'avenir. Ainsi entre 1990 et 2020, le nombre des villes de plus de 500 000 habitants passerait de 11 à 60, quant à celui des cités millionnaires, 6 aujourd'hui, il serait multiplié par 5.

3. Le développement de l'agriculture vivrière

L'évolution du monde rural appelle deux observations :

- malgré l'urbanisation rapide des trente dernières années, la population rurale s'est accrue de 60 % entre 1960 et 1990.

- la capacité de production agricole progresse et tend à suivre la croissance de la population comme en témoigne la diminution depuis 1981 de la part des produits alimentaires dans les importations totales en Afrique.

En réalité, la formation d'importants marchés urbains a joué un rôle de stimulateur pour l'agriculture vivrière : « les paysans se sont rapprochés des villes pour augmenter et sécuriser leurs revenus » 6 ( * ) . A l'avenir d'après les experts de l'OCDE, cette tendance se confirmera avec la formation d'une agriculture moderne tournée vers le marché intérieur et le marché régional.

Le double processus d'urbanisation et de mobilité paysanne trace les voies de la modernisation. Mais il s'agit de voies bien périlleuses si l'on songe aux tensions sociales que ces mouvements susciteront. L'appui international sera donc décisif pour accompagner ces évolutions.

* 6 OCDE. Etude citée p. XII.

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