2. L'enseignement des langues vivantes dans le premier et le second degré

L'enseignement des langues vivantes a constitué l'une des innovations importantes de l'action conduite par l'éducation nationale pour intégrer la dimension européenne dans la démarche éducative.

Une initiation aux langues vivantes au CE 1 a été ainsi mise en place en 1995-1996, prenant appui sur les nouvelles technologies permettant d'assurer un quart d'heure quotidien de langue vivante.

Parallèlement se poursuit au cours moyen l'enseignement d'initiation aux langues étrangères mis en place en 1989 sous la forme de l'enseignement précoce aux langues vivantes.

a) L'initiation aux langues vivantes au cours élémentaire

Au cours de l'année scolaire 1995-1996, les élèves de CE 1, dont le maître était volontaire, ont bénéficié, dans le cadre de la mise en oeuvre de la mesure n° 7 du NCE, de courtes séquences quotidiennes d'initiation à une langue vivante étrangère.

Cette mesure novatrice a permis de systématiser l'apprentissage des langues vivantes à l'école en profitant de la « souplesse » de l'oreille des très jeunes enfants.

Le ministère a demandé au CNDP de concevoir et de réaliser un outil pédagogique adapté à cette initiation. Une série de vidéocassettes a ainsi été proposée en anglais, allemand, espagnol et italien et leur duplication à 20.000 exemplaires a permis à plus de 250.000 élèves d'être initiés à une langue vivante en 1995-1996. Le coût de cette opération s'est élevé à un montant total de 20 millions de francs.

- Le bilan de l'expérience

Un groupe national d'experts a rédigé un rapport d'étape en vue de déterminer les meilleures conditions de l'extension de l'opération à la rentrée scolaire prochaine et de la généralisation de l'initiation aux langues vivantes à l'école élémentaire. Le rapport a enregistré les réactions positives que cette « innovation pédagogique novatrice et ambitieuse » avait suscitées chez les 15.000 enseignants de CE 1 volontaires pour s'engager dans l'expérience. L'anglais reste prédominant (82,1 %) devant l'allemand (11,7 %), l'espagnol (4,3%), et l'italien (1,9%).

S'appuyant sur les propositions contenues dans le rapport d'étape, la circulaire du 16 mai 1996, a défini les principes de l'extension de l'opération à de nouvelles classes de CE 1 et de sa mise en place au CE 2 à la rentrée de 1996. Ce texte reconnaît en particulier le caractère impératif et prioritaire d'une formation linguistique et didactique, ainsi que d'une formation à la méthodologie des technologies nouvelles, pour tous les enseignants.

Par ailleurs, afin de répondre aux besoins de tous les maîtres de CE 1 volontaires en 1996-97, 8.000 nouveaux exemplaires de la série CE 1 sans frontière, s'ajoutant aux 20.000 déjà distribués, seront adressés aux inspections académiques, pour un montant de 1,34 million de francs.

Les enseignants de CE 2 qui souhaitent s'engager dans l'opération à la prochaine rentrée, bénéficieront d'une vidéo-cassette intitulée CE 2 sans frontière. La série est désormais proposée en portugais en plus de l'allemand, de l'anglais, de l'espagnol et de l'italien. Accompagnée de guides pédagogiques pour le maître, elle sera diffusée à 20.000 exemplaires à la rentrée de 1996. Le coût de cette commande au CNDP s'élève à 13 millions de francs auquel le ministère a participé à hauteur de 7 millions de francs.

b) Les expériences menées dans les classes de cours moyen

- Les principes retenus

La rentrée de 1989 a marqué le début de l'expérimentation de l'enseignement des langues vivantes à l'école élémentaire qui a été consolidée depuis la rentrée de 1992.

Placée sous la responsabilité des recteurs d'académie, l'opération était destinée en priorité aux élèves de CM1 ou CM2 et reposait sur trois principes fondamentaux :

- offrir aux élèves le choix entre les langues vivantes enseignées au collège pour assurer la nécessaire continuité de l'apprentissage, d'où le choix du secteur de collège comme unité territoriale d'expérimentation ;

- recueillir, sur la base du volontariat, l'accord de tous les partenaires : enseignants des écoles et collèges concernés, parents d'élèves et collectivités territoriales ;

- faire assurer l'enseignement par un personnel de qualité ayant reçu une formation complémentaire linguistique et pédagogique diversifiée (instituteurs, professeurs de collège, intervenants extérieurs).

- Le bilan de l'opération

Au cours de l'année scolaire 1994-1995, dernière année de référence connue, l'ensemble de l'enseignement des langues vivantes à l'école élémentaire a concerné 26,7 % des effectifs de CM1 et 56 % des effectifs de CM2. Tous niveaux confondus, 12 % des élèves de l'école primaire ont suivi un enseignement de langue vivante.

Le nombre d'élèves de cours moyen ayant bénéficié d'un enseignement de langue vivante étrangère est passé de 132.466 en 1989-1990 à 634.905 en 1994-1995.

Le choix des langues, qui s'est effectué, au niveau académique, en étroite collaboration avec les parents d'élèves s'est porté sur l'allemand, l'anglais, l'arabe, l'espagnol, l'italien, le portugais et le russe.

Les enseignants qui ont assuré cet enseignement sont des professeurs de langue du second degré, des instituteurs, des professeurs des écoles, des intervenants extérieurs et des assistants étrangers.

- Les moyens mis en oeuvre

Pour l'année 1997, les crédits alloués en 1996, à savoir 166,8 millions de francs, seront reconduits dans l'enseignement public. A ces crédits s'ajoutent les dépenses de formation continue : en 1995, le budget correspondant à l'enseignement des langues vivantes en formation continue a été de 5,86 millions de francs pour l'ensemble des académies.

Les collectivités locales qui ont souhaité s'associer à cette opération supportent certaines dépenses pédagogiques et rétribuent les intervenants extérieurs.

c) Les langues choisies au collège et au lycée

L'étude d'une première langue vivante étrangère est obligatoire pour tous les élèves dès leur entrée en classe de sixième. La seconde langue vivante qui constitue jusqu'à présent un enseignement à option, verra sa généralisation en classe de quatrième intervenir à la rentrée scolaire 1997, dans le prolongement des décisions retenues dans le NCE.

La situation de l'enseignement des langues vivantes au collège se caractérise notamment par la prééminence de l'anglais et la consolidation de la place majoritaire occupée par l'espagnol en deuxième langue vivante ; cette consolidation continue à s'effectuer au détriment de l'ensemble des autres langues vivantes et notamment de l'allemand.

La quasi totalité des collèges offre la possibilité d'étudier l'anglais en première langue. Neuf collèges sur dix proposent un enseignement d'allemand et 87 % d'entre eux offrent le choix de l'espagnol, principalement comme seconde langue.

Si l'anglais, l'allemand puis l'espagnol représentent les langues les plus souvent proposées aux élèves, leur importance varie selon les académies.

Ainsi l'allemand est particulièrement implanté dans les académies du Nord et de l'Est, plus spécialement à Strasbourg et à Nancy. L'espagnol se pratique davantage dans les académies frontalières de l'Espagne (Bordeaux, Montpellier et Toulouse). Enfin, l'italien qui, pour le collège est offert essentiellement au titre de la deuxième langue vivante, affirme davantage sa présence dans les académies du sud-est de la France et en Corse.

La répartition des effectifs dans les principales langues choisies en LV1 et LV2 au lycée est la suivante :

LV1

LV2

Anglais

1 305 127

205 912

Allemand

199 789

370 887

Espagnol

11 525

656 019

Italien

1 332

49 135

d) Le bilan des sections internationales et européennes

- Les sections internationales

Les sections internationales ont pour mission de « faciliter l'intégration d'élèves étrangers dans le système éducatif français », lesquels doivent représenter de 25 à 50 % de l'effectif des sections et de « former les élèves français à la pratique approfondie d'une langue étrangère, en particulier par l'utilisation de cette langue dans certaines disciplines ». Dans ces disciplines spécifiques interviennent des enseignants étrangers, qui sont recrutés et rémunérés soit par des associations agréées, soit, de préférence, mis à disposition par les pays étrangers intéressés au fonctionnement de la section.

Le haut niveau linguistique requis des élèves des sections internationales, la spécificité du public scolaire concerné, le coût, pour les partenaires étrangers des enseignants mis à disposition, limitent nécessairement le développement de ce dispositif.

En 1995-1996, les sections internationales ont accueilli environ 8.300 élèves venus y étudier l'une ou l'autre des onze langues suivantes : allemand (18% des élèves), américain (6%), anglais (39%), chinois, danois-norvégien, espagnol (12%), italien (11 %), 48% des élèves inscrits étant étrangers.

Par ailleurs, 516 élèves des classes de terminale des sections internationales se sont présentés aux épreuves à la session 1996 du baccalauréat, option internationale, qui constitue le terme de la scolarité dans ces sections.

Sont actuellement à l'étude, d'une part, une extension limitée du réseau des sections internationales (ouverture d'une section de polonais à Lyon), d'autre part les mesures pour alléger la gestion du baccalauréat, option internationale.

- Les sections européennes

Les sections européennes sont ouvertes à toutes les catégories d'élèves, dès lors qu'ils manifestent un goût et une aptitude suffisants pour les langues et se caractérisent par une pédagogie et des programmes strictement nationaux. La scolarité débute en 4e et plus rarement en 6e, avec, pendant deux ans, un simple renforcement horaire de l'enseignement de la langue suivi, du passage à l'enseignement partiel d'une ou plusieurs disciplines fondamentales non linguistiques dans la langue de la section.

La décision d'ouverture des sections européennes est confiée aux recteurs, l'administration centrale exerçant a posteriori un contrôle de conformité pédagogique des projets. Ces sections ont connu, depuis la rentrée de septembre 1992 un développement particulièrement rapide et la scolarité est sanctionnée par une indication spécifique portée sur le diplôme du baccalauréat.

e) Une réduction du nombre de postes ouverts aux concours de langues étrangères

A la session 1996, 5.499 postes ont été proposés aux concours d'agrégations et de CAPES de langues étrangères, contre 5.628 en 1995.

Certaines langues étrangères connaissent cependant des besoins de recrutement : à la session 1996, 30 postes supplémentaires ont été ouverts au CAPES externe d'allemand, un poste supplémentaire en russe, trois postes supplémentaires en chinois, une agrégation de chinois devant être mise en place à compter de la session 1998.

D'autres langues étrangères ont en revanche enregistré en 1996 une baisse de postes par rapport à 1995. Ainsi, l'anglais, langue qui longtemps a présenté un déficit en enseignants titulaires, a vu le nombre de postes offerts au CAPES externe se réduire de 2.255 en 1995 à 2.200 en 1996. Il en va de même pour l'espagnol (505 postes contre 595 au CAPES externe).

Enfin, il convient également de mentionner les trois disciplines bivalentes ouvertes au CAPLP2 (allemand-lettres, anglais-lettres et espagnol-lettres). Ces disciplines de lycée professionnel ont bénéficié en 1995 d'une augmentation du nombre de postes, du fait des besoins en titulaires dans ces disciplines, ce traitement favorable étant maintenu à la session 1996.

f) La position de votre commission

Si la commission ne peut que se féliciter des premiers résultats enregistrés pour l'initiation aux langues étrangères dans le premier degré, elle tient cependant à exprimer son inquiétude en notant que cette initiative risque encore de renforcer le « tunnel du tout anglais » qui a été dénoncé l'année dernière par le rapport de sa mission d'information sur l'enseignement des langues vivantes.

Elle souhaiterait ainsi demander au ministre les mesures qu'il envisage de prendre pour mettre en oeuvre les principales orientations contenues dans ce rapport et obtenir l'assurance que la suppression de 1.020 emplois d'assistants de langues dans le second degré ne sera pas préjudiciable à l'enseignement des langues étrangères dans les collèges et les lycées.

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