b) La priorité à la réduction de l'endettement

. Le poids de l'endettement

En 1994, la dette globale des pays situés au sud du continent s'élevait à 193,4 milliards de dollars. L'encours de la dette des pays de la zone franc représente près du quart de ce montant (49,38 milliards de dollars). Si la dette extérieure de l'Afrique ne compte que pour 12,6 % de l'encours total des pays en développement, rapportée au PIB ou aux exportations elle pèse plus lourdement en Afrique que partout ailleurs. Ainsi la dette extérieure de la Côte d'Ivoire représente trois fois son revenu national. En Amérique latine cette part ne dépasse pas en moyenne la moitié du PNB.

Le remboursement de la dette requiert de la part des Etats africains un effort considérable obtenu au prix de sacrifices dans des domaines pourtant essentiels pour le développement. Ainsi, tandis que la Zambie consacrait 1,3 milliard au remboursement de sa dette entre 1990 et 1993, elle ne pouvait guère consacrer, sur la même période, que 37 millions de dollars au secteur éducatif.

Certes, le bilan de l'endettement ne peut s'apprécier sous un jour exclusivement négatif. Compte tenu des conditions d'octroi des prêts des bailleurs de fonds internationaux, il a constitué un ressort décisif pour l'assainissement des structures économiques de nombre de pays africains.

Aujourd'hui que se dessine un mouvement de reprise encore fragile dans certains pays africains, l'endettement demeure cependant un handicap considérable pour le décollage économique.

La communauté internationale commence aujourd'hui à mieux prendre la mesure des difficultés auxquelles un endettement excessif expose les pays les plus pauvres. La France a joué dans cette prise de conscience une part décisive. La constance de sa vocation aux côtés des pays en développement lui assignait ce rôle. Sa place parmi les pays créanciers lui permettait de montrer l'exemple. La France se classe en effet au quatrième rang des créanciers internationaux (derrière le Japon -236 milliards de dollars- les Etats-Unis -147 milliards de dollars- et l'Allemagne -106 milliards de dollars-). Ses créances (103 milliards de dollars) portent principalement sur l'Asie (31 milliards de dollars). Toutefois les prêts qu'elle a accordés à l'Afrique (23 milliards de dollars) la placent -et de très loin- au premier rang des créanciers du continent.

. La dynamique imprimée par les initiatives françaises

Notre pays a inscrit son action en faveur de la réduction de la dette des pays africains dans un double cadre bilatéral et multilatéral.

Pour ne s'en tenir qu'aux mesures destinées spécifiquement aux pays de la zone franc, il n'est pas inutile de revenir sur les principales étapes des efforts français. Le Sommet de la Baule (juin 1990) a permis de reprendre l'initiative en faveur des pays à revenu intermédiaire d'Afrique francophone. Le Cameroun, le Congo, la Côte-d'Ivoire et le Gabon ont ainsi pu bénéficier de prêts de la CFD à un taux réduit à 5 %. En septembre 1992, la création à l'issue du Sommet de Libreville d'un fonds de conversion de créances de 4 milliards de francs, a permis de favoriser des annulations de créances en contrepartie d'un effort fourni par les pays intéressés pour mettre en oeuvre des projets précis liés à l'environnement, au soutien des activités productives de base, au développement social et, depuis 1995, à toutes formes d'autres projets utiles, notamment la restructuration des secteurs publics. Au 30 juin 1996, le Comité de gestion du fonds avait retenu quarante-deux projets et procédé à des annulations de dettes pour un montant de 818 millions de francs (252 millions de francs pour le Cameroun, 7 millions de francs pour le Congo, 380 millions de francs pour la Côte-d'Ivoire et 179 millions de francs pour le Gabon).

En outre, à la suite de la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, la France, dans le cadre des remises de dette (dites Dakar II) a décidé, d'une part, pour les pays les moins avancés, l'annulation de la totalité des encours d'aide publique au développement -subsistant après une première remise de dettes en 1989 dite de Dakar 1- et d'autre part, pour les pays à revenu intermédiaire, une annulation bilatérale de la moitié de la dette d'aide publique au développement (arriérés inclus). L'indemnisation versée à la CFD au titre de ces remises de dettes entraînera une dépense budgétaire cumulée de 1996 à 2019 d'un montant de 16,5 milliards de francs.

Parallèlement aux efforts de réduction de la dette bilatérale, la France plaide pour un allégement de la dette des pays les plus pauvres contractée auprès des organisations multilatérales. L'initiative française avancée lors du G7 à Halifax en 1995, devenue par la suite, grâce au soutien du Président français, l'un des thèmes majeurs du G7 de Lyon en juin dernier, a enfin reçu l'assentiment des principaux bailleurs de fonds à l'occasion des réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à l'automne 1996.

Au terme de mécanismes complexes où interviennent le Club de Paris (gestion de la dette publique par les principaux pays prêteurs), le FMI, la Banque mondiale et les banques régionales de développement, la réduction concernera pour la première fois une partie de la dette multilatérale des pays les plus pauvres et pourrait porter, selon certaines estimations, sur 7,7 milliards de dollars (soit environ 38 milliards de francs). Ces mesures pourraient se concrétiser rapidement, avant même la fin de l'année 1996, pour certains pays, sous réserve du respect habituel des critères de bonne gestion déterminés par les bailleurs de fonds multilatéraux.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page