Proposition de loi de finances pour 1999

VINCON (Serge)

AVIS 69 (98-99), Tome VI - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES

Table des matières




N° 69

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME VI

DÉFENSE - FORCES TERRESTRES

Par M. Serge VINÇON,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexes n° s 43 et 44 ) (1998-1999).

Lois de finances.

AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

La dotation de l'armée de terre inscrite dans le projet de budget de la défense pour 1999 s'élèvera à 49,188 milliards de francs, soit une proportion stable -environ le quart- du budget de la défense.

L'analyse de ce budget intervient à l'heure des bilans, puisque l'année 1999 se situe à mi-parcours des réformes dont l'armée de terre est le cadre depuis 1997 , qu'il s'agisse de la professionnalisation ou de la réorganisation complète du dispositif des forces , dont il convient de rappeler ci-après les grandes orientations 1( * ) .

. Le " contrat opérationnel " fixé à l'armée de terre est d'avoir la capacité, au terme des réformes conduites pendant la période 1997-2002 (professionnalisation, réduction du format de l'armée de terre et réorganisation complète de son implantation géographique) :

- soit de déployer, en coalition, 30 000 hommes sous commandement interarmées avec des relèves partielles pendant un an, et simultanément de projeter dans un cadre national une force de 5 000 hommes relevables tous les quatre mois,

- soit d'engager 50 000 hommes dans une intervention majeure, dans le cadre de l'Alliance .

Ce contrat opérationnel, qui valide le choix de la professionnalisation fait par le chef de l'Etat en 1996, tire les conséquences de la nécessité, dans un monde aujourd'hui fragilisé par des mutations violentes, de disposer de forces de projection immédiatement disponibles, cohérentes et modernes , ce que ne permettent pas les contraintes -par ailleurs imparables- liées au recours aux personnels appelés.

Le contrat opérationnel défini pour l'armée de terre a mis en évidence les besoins de l'armée de terre dans les domaines suivants :

- forces susceptibles de mener un combat de "haute intensité",

- forces plus légères, destinées au contrôle du milieu,

- capacités en moyens de commandement (états-majors projetables, moyens de télécommunications stratégiques et tactiques, système de commandement performant et interopérable) et en soutiens.

. Parallèlement à la professionnalisation, l'armée de terre procède donc, depuis 1997, à une réorganisation de ses structures destinée à passer d'un système fondé sur de grandes unités, constituées de manière permanente dès le temps de paix (corps d'armée et divisions) à un dispositif au format réduit , basé sur la dissociation entre, d'une part, l'organisation permanente de l'armée de terre et, d'autre part, des structures opérationnelles de circonstance.

A cet effet, les formations projetables seront regroupées au sein d'un ensemble unique, permettant la mise sur pied, à partir de structures du temps de paix conçues de manière modulaire , les états-majors et les forces requis par les opérations envisagées. Au sein des régiments, la modularité du dispositif sera fondée sur la distinction entre d'une part la partie projetable , composée de l'unité de combat et d'appui ainsi que de l'unité de commandement et de logistique, et d'autre part la partie "base" , constituée d'une unité de base et d'instruction et d'une unité de réserve.

Dans cette perspective, l'armée de terre a donc mis en oeuvre, dès 1997, des restructurations majeures de son implantation territoriale , qui conduiront à la concentration des forces terrestres (89 régiments en 2002 au lieu de 123 en 1997), et à une diminution sensible du nombre d'états-majors.

*

* *

Après avoir été le cadre de nombreuses réformes successives depuis la fin des années 1970, et après avoir subi, au début de la présente décennie, une importante déflation des effectifs, l'armée de terre est ainsi aujourd'hui confrontée à une "refondation" sans précédent : l'armée de terre de 2002 n'aura que peu de points communs avec l'armée de terre de 1996.

Il convient de rendre hommage à tous les personnels dont la carrière et la vie quotidienne seront affectées par ces mutations.

Il n'en demeure pas moins que ces dernières sont incontestablement adaptées aux besoins actuels, et répondent à une nécessité stratégique. Le "contrat opérationnel" défini pour l'armée de terre à l'échéance de 2002 semble, en effet, cohérent avec les évolutions géopolitiques actuellement observables (pérennité, voire exacerbation, des conflits régionaux, notamment au sein de l'Europe orientale post communiste, persistance des menaces terroristes, par exemple).

*

* *

Le présent rapport évoquera successivement :

- le bilan à mi parcours du processus de professionnalisation et de restructuration pour l'armée de terre,

- l'analyse de la dotation des forces terrestres prévue par le projet de budget pour 1999.

I. L'ARMÉE DE TERRE EN 1999 : "AU MILIEU DU GUÉ"

L'année 1999 constitue, à plusieurs égards, une année-charnière dans l'évolution vers l'armée de terre prévue par la loi de programmation à l'échéance de 2002.

En ce qui concerne la professionnalisation, 1999 constituera une étape décisive, puisqu'elle verra l'arrivée des premiers volontaires du service national, et que l'effectif de militaires du rang engagés, soit 47 837, se situera approximativement à mi-chemin entre celui de 1996, avant la mise en oeuvre de la professionnalisation (30 202 EVAT) et la cible de 2002 (66 681).

Corrélativement, la restructuration de l'ensemble du dispositif des forces terrestres se poursuivra à un rythme soutenu.

A. 1999, ANNÉE-CHARNIÈRE DANS LA RESTRUCTURATION DES FORCES TERRESTRES

1999 sera tout à la fois la dernière année de la tranche 1997-1999 des restructurations, et l'année pendant laquelle commenceront à se préparer les restructurations annoncées le 7 juillet 1998 pour la période 2000-2002. Rappelons qu'en trois ans, de 1997 à 1999, l'armée de terre aura procédé à la restructuration de ses forces, la phase ultérieure -2000 à 2002- étant consacrée aux structures territoriales ainsi qu'au soutien et à l'environnement des forces.

1. La fin de la première phase des restructurations

La première étape des restructurations (1997 à 1999) a pour objet de restructurer les forces . Les restructurations mises en oeuvre à cet effet lors de ces trois années se seront traduites, in fine, par la dissolution de :

- 37 régiments des forces,

- 11 états-majors et organismes de formation,

- 14 centres mobilisateurs,

- 18 organismes de soutien,

- 18 autres formations,

- 12 centres d'instruction et de préparation militaire.

L'ensemble représente un total de 110 formations et organismes de l'armée de terre , et ne prend pas en compte les quelque dix mesures de transfert appliquées pendant cette même période.

Il s'agit d'un effort d'autant plus important qu'entre 1993 et 1996, l'armée de terre avait déjà procédé à la dissolution de quelque 19 états-majors, 54 régiments et 86 organismes de soutien.

Rappelons que la seule tranche de 1997 avait concerné la dissolution de 20 régiments et de 23 formations (centres mobilisateurs, organismes de formation...), ainsi que le transfert de deux régiments et de cinq formations.

Au 1er juillet 1998, la réorganisation de l'armée de terre s'est traduite par :

- la suppression du 3e Corps d'armée et de la Force d'action rapide,

- la création du commandement de la force d'action terrestre (CFAT), chargé d'assurer la préparation opérationnelle des forces,

- la création du commandement de la force logistique terrestre (CFLT), auquel il incombe de conduire la manoeuvre logistique sur le territoire national et sur le théâtre d'engagement (voir infra, 3a).

Telle qu'elle a été annoncée en juillet 1996, la tranche 1999 des restructurations devrait concerner :

- la dissolution de deux états-majors : l'état-major de la brigade d'Alsace de Strasbourg (où sont maintenus l'état-major du Corps européen et de l'école interarmées du renseignement et des études linguistiques), l'état-major de la 1ère division blindée et des FFSA à Baden,

- la dissolution de 8 centres mobilisateurs, de l'établissement du matériel de Saint-Michel (Aisne), et du Centre administratif de l'armée de terre de Metz,

- la dissolution de treize régiments (compte tenu de la dissolution du 4e RG de La Valbonne, annoncée pour juin 1999), dont sept sont des unités de la première division blindée stationnée en Allemagne ;

- le transfert à Laval du 42e régiment de transmissions d'Achern (FFSA), le transfert au camp de Souge (Bordeaux/Martignas) du 602e régiment de circulation routière de Fontainebleau, et la réorganisation du centre sportif d'équitation militaire de Fontainebleau.

Le 30 juin 1999, date de la dissolution de la 1ère Division blindée, dernière division blindée française stationnée en Allemagne, les forces terrestres présentes sur le territoire allemand ne seront plus constituées que de la Brigade franco-allemande (3 300 hommes), et du 16e groupe de chasseurs, basé à Sarrebourg. A la fin de 1999, il ne restera donc plus en Allemagne que 4 400 militaires français (contre 47 500 en 1990, dans le cadre des Forces françaises en Allemagne).

2. La mise en oeuvre anticipée, dès 1999, de la deuxième phase des restructurations

Conçue autour de l'adaptation des soutiens de l'armée professionnelle, la phase 2000-2002 des restructurations, dont l'armée de terre entreprendra la mise en oeuvre dès le second trimestre de 1999, portera principalement sur :

- la restructuration du service du matériel, parallèlement à la diminution du nombre de formations à soutenir, et à la priorité désormais donnée à la projection : 88 organismes (régiments, bataillons, établissements et groupements) seront ainsi dissous, restructurés ou transférés ;

- l'adaptation du commissariat de l'armée de terre à la réduction du format et à la professionnalisation ;

- la transformation du service des transmissions, à partir du regroupement des moyens dans une même composante associant les formations projetables et les unités fixes ;

- l'adaptation du service du génie à la modification de l'implantation des forces : fermeture de deux établissements, dissolution des détachements de maintenance, réorganisation de dix-sept établissements ;

- la dissolution des onze derniers centres mobilisateurs ;

- l'adaptation des organismes de formation au nouveau format des forces terrestres (fermeture de l'école de défense nucléaire, biologique et chimique de Caen, et de l'école nationale des spécialistes du service de santé pour l'armée de terre de Dinan) : le dispositif de formation de l'armée de terre reposera, en 2002, sur onze écoles au lieu de treize.

Entre autres exemples des mesures dont la mise en oeuvre sera effectuée par anticipation dès 1999 , on peut citer :

- de nombreuses dispositions relatives à la réorganisation du service du matériel (ces mesures concernent les établissements de Mertzwiller et de Gresswiller en Alsace, de Vayres et de Saint-Astier en Aquitaine, de Clermont-Ferrand et de Moulins en Auvergne, de Chemilly, Dijon, Saint-Florentin et Fourchambault en Bourgogne, de Bruz et de Vannes en Bretagne, de Langres, de Charleville-Mézières, de Belfort, de Besançon, de Metz, de Verdun et de Rouen) ;

- des mesures liées à la mise en oeuvre de l'appel de préparation à la défense (création d'antennes du service national à Brest, Châlons en Champagne, Limoges, Nice : notons néanmoins que ces structures, de même que l'ensemble de la Direction du service national, ne relèvent pas de l'armée de terre) ;

- des dissolutions de centres de sélection (Vincennes, Limoges, Auch, Compiègne, Lyon, Mâcon).

3. La réorganisation du commandement

a) Les principes

La nouvelle organisation du commandement des forces a été conçue pour disposer en permanence d'états-majors projetables, susceptibles d'assurer avec un préavis très faible le commandement opérationnel d'ensemble interarmes dans un cadre national ou multinational.

C'est ainsi que les structures du commandement s'appuieront désormais sur deux ensembles séparés : la chaîne territoriale et la chaîne des forces.

La chaîne territoriale, non projetable, reposera sur cinq régions terre, héritières des neuf CMD (circonscriptions militaires de défense). Les états-majors régionaux seront situés à Paris, Rennes, Bordeaux, Lyon et Metz. Ils assureront le soutien matériel et administratif de l'armée de terre.

La chaîne des forces relèvera du CFAT (commandement de la force d'action terrestre) implanté à Lille dès 1998, parallèlement à la dissolution des états-majors de la FAR et du 3e Corps. Le CFAT a pour mission d'assurer la préparation opérationnelle des états-majors et des forces projetables, ainsi que la mise en oeuvre des PC de théâtre multinational (de 15 000 à 20 000 hommes), ou de PC de corps d'armée de classe OTAN (entre 50 000 et 70 000 hommes).

L'organisation du commandement des forces s'appuiera sur quatre états-majors de force (Besançon, Limoges, Marseille et Nantes), et sur neuf états-majors de brigade.

Par ailleurs, le CFLT ( commandement de la force logistique terrestre) de Montlhéry aura l'autorité sur l'ensemble des unités logistiques projetables, articulées en deux brigades.

b) Une mise en oeuvre pratiquement achevée en 1999

. Dès 1999 sera menée à terme la réorganisation des états-majors de brigades projetables dans un cadre national ou multinational, déjà très largement entreprise avec l'implantation, en juillet 1998, du commandement de la force d'action terrestre à Lille.

A cet effet interviendront, en 1999, les mesures suivantes :

- création à Orléans d'un état-major de brigade blindée et de son unité de commandement et de transmissions associée ;

- à Nîmes, restructuration de l'état-major de division en état-major de brigade légère blindée, et transformation du 6e régiment de commandement et de soutien en une unité de commandement et de transmissions de brigade ;

- transfert, à Essey-les-Nancy, de l'état-major de brigade aéromobile (ex état-major de division aéromobile), et transformation du 4e régiment d'hélicoptères de commandement et de manoeuvre en une unité de commandement et de transmissions de brigade ;

- transformation de l'état-major de division blindée de Châlons en Champagne en état-major de brigade mécanisée, et du 10e régiment de commandement et de soutien en une unité de commandement et de transmissions de brigade ;

- création, à Limoges, d'un état-major de brigade mécanisée ;

- transfert de Toulouse à Balma de l'état-major de la division parachutiste, transformée en état-major de brigade ;

- transfert, à Varces, de l'état-major de brigade d'infanterie de montagne de Grenoble (ex état-major de division) ;

- restructuration de la 7e DB de Besançon en brigade blindée, et transformation du 7e RCS en une unité de quartier général de force et une unité de commandement et de transmissions de brigade ;

- transformation de l'état-major de division de Nantes en état-major de brigade.

. Outre l'installation de ces états-majors de brigade, la restructuration du commandement s'appuie sur l'installation d'états-majors de forces à Nantes, Besançon et Marseille, qui seront implantés dès 1999, l'état-major de force de Limoges devant êre opérationnel en 2000. A cette date aura donc été menée à son terme la réorganisation du commandement de l'armée de terre.

En 2000 seront mis sur pied les états-majors des régions-terre.

4. La prise en compte des conséquences sociales et économiques des restructurations

La mise en oeuvre des restructurations, nécessaire pour moderniser notre outil de défense, et pour adapter celui-ci aux défis de la professionnalisation comme à une contrainte budgétaire durable, s'appuie sur un dispositif d'accompagnement social et économique relativement complet.

a) Un plan d'accompagnement social ambitieux

Le plan d'accompagnement social mis en oeuvre parallèlement à la programmation 1997-2002 s'est inspiré, en les élargissant, des mesures adoptées dès les restructurations de 1993 dans le cadre du programme "formation et mobilité".

(1) Mesures destinées aux personnels civils

Pour les personnels civils, le ministère de la défense garantit le reclassement de chacun en excluant tout licenciement, ce qui implique une politique de formation particulièrement vigoureuse. La mobilité géographique se pratique sur la base du volontariat.

Par ailleurs, l'aide à la mobilité géographique s'appuie sur :

- une indemnité exceptionnelle de mutation (entre 9 000 et 35 000 F) à laquelle s'ajoute un complément spécifique et, pour les ouvriers, une indemnité de conversion,

- le maintien de la rémunération antérieure pendant un an dans les cas où le nouveau poste implique la perte de certains avantages indemnitaires,

- la prise en charge du déménagement ainsi qu'une aide exceptionnelle à l'acquisition d'un nouveau logement,

- le bénéfice d'une période de prémutation de deux mois, sous le régime des frais de déplacement, afin de faciliter l'adaptation dans le nouvel emploi.

Le coût d'une mobilité s'élèverait à 75 000 F pour le ministère de la défense, si l'on totalise ces diverses aides.

Les personnels civils bénéficient également d'une aide à la mobilité fonctionnelle, qui repose sur la formation des intéressés et l'amélioration de leur niveau de qualification. La formation de reconversion consentie par le ministère de la défense peut ainsi durer jusqu'à un an.

Le régime des aides au départ, enfin, est particulièrement avantageux, pour les fonctionnaires civils et, surtout, pour les ouvriers d'Etat.

Le régime dit du dégagement des cadres applicable aux ouvriers d'Etat âgés de 55 ans au moins et dont le site d'emploi est en restructuration permet, en effet, le maintien quasi intégral de la rémunération d'activité. En outre, le plafond de l'indemnité de départ volontaire versée aux ouvriers qui acceptent de cesser leurs activités par anticipation atteint désormais 300 000 francs. Le dispositif applicable aux personnels ayant le statut de fonctionnaire est légèrement moins favorable (dispositif dit de la cessation anticipée d'activité, prévu par l'article 90 de la loi de finances rectificative pour 1992).

Les personnels civils ont également vocation à bénéficier de mesures de reclassement dans d'autres administrations que la défense. Le nombre d'intéressés est cependant resté modeste, malgré une circulaire du Premier ministre du 6 septembre 1996, tendant à faciliter la mise à disposition des ouvriers d'Etat et le détachement de fonctionnaires de la défense dans les autres administrations de l'Etat et, en particulier, les services déconcentrés.

(2) Mesures destinées aux personnels militaires

Les personnels militaires étant soumis à l'obligation de mobilité du fait de leur statut, les mesures qui leur sont destinées visent essentiellement à faciliter le logement et le travail du conjoint.

La loi du 19 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la professionnalisation des armées prévoit une incitation au départ volontaire (par intégration dans les administrations civiles, retraite avant la limite d'âge ou attribution d'un pécule de départ), qui doit être attribuée en priorité aux personnels touchés par les restructurations des implantations militaires, ainsi qu'un renforcement des indemnités compensant les conséquences financières d'une mobilité géographique.

b) L'accompagnement économique des restructurations

De manière générale, les restructurations de la défense sont décidées après analyse de l'incidence de toute mesure projetée en termes d'emploi et d'aménagement du territoire. Cette étude est effectuée par la délégation aux restructurations, placée auprès du secrétaire général pour l'administration du ministère de la défense. Parmi les éléments d'appréciation figurent le taux de chômage du bassin d'emploi, les entreprises présentes sur le site, le poids de l'unité militaire dans l'économie locale... Les mesures relatives à la période 2000-2002 ont été élaborées après expertise de la DATAR.

Les mesures d'accompagnement de la tranche 2000-2002 des restructurations ont été élaborées dans le cadre du comité interministériel pour les restructurations de défense, présidé par le Premier ministre.

Ces mesures s'appuient sur le FRED (fonds pour les restructurations de défense), et sur des sociétés de conversion.

. Le FRED , dont les crédits sont imputés au chapitre 66-50 du budget de la défense, intervient dans les bassins d'emplois confrontés à une baisse significative de la présence militaire ou de l'activité industrielle de défense, afin d'atténuer les conséquences économiques de cette évolution. Les crédits prévus au titre du FRED pour la période 1997-2000 s'élèvent en moyenne annuelle à 157 millions de francs, au lieu de 100 millions de francs en moyenne annuelle avant 1997. En 1999, la dotation devrait atteindre 202 millions de francs. Les moyens mobilisés par le FRED visent à susciter le développement de nouvelles activités économiques (par le financement d'actions collectives ou l'octroi d'aides à l'investissement dans les zones affectées par les restructurations ; le FRED permet également d'aider à la reconversion des emprises libérées par la défense).

. Les sociétés de conversion ont pour mission de consentir des prêts participatifs ou à taux bonifiés à des PME créatrices d'emplois. En 1999, 240 millions de francs devraient être mobilisés par les deux sociétés de conversion opérant dans les zones affectées par les restructurations de défense (la Sodie, filiale d'USINOR et la Sofred, filiale de GIAT Industries), et viseront également à constituer un fonds de garantie auprès de la banque de développement des PME (BDPME), pour permettre à celle-ci de garantir des prêts accordés à des conditions favorables à des PME.

B. 1999, UNE ÉTAPE DÉCISIVE DANS LE PROCESSUS DE PROFESSIONNALISATION

Le processus de professionnalisation entrera en 1999 dans une phase décisive, avec la mise en oeuvre effective du service national rénové (appel de préparation à la défense et volontariat dans les armées), et avec une évolution des composantes de l'armée de terre qui se situe à mi-chemin entre la physionomie de l'armée de terre en 1996, à la veille des réformes, et le modèle défini pour 2002, au terme de la période de programmation. 1999 est donc le moment propice pour dresser un bilan des évolutions en cours.

1. Bilan d'étape de la professionnalisation : un bilan en demi-teinte

Si l'évolution des effectifs de l'armée de terre depuis 1997 est conforme à la professionnalisation, et permet aux forces terrestres de se rapprocher du modèle élaboré pour 2002, le bilan de la professionnalisation paraît, en dépit des évolutions favorables constatées s'agissant des personnels militaires, d'ores et déjà altéré par les inquiétudes que suscite l'insuffisante montée en puissance des personnels civils.

a) L'évolution des effectifs de l'armée de terre : la professionnalisation à moitié accomplie

L'évolution des effectifs de l'armée de terre par catégorie, entre 1996, dernière année de "l'armée mixte", et 2002, dernière annuité de la programmation, fait ressortir que 1999 se situe à mi-chemin entre les deux modèles. Par conséquent, les efforts qui resteront à accomplir entre 2000 et 2002 seront équivalents aux efforts qui auront été accomplis en 1997, 1998 et 1999.

Evolution des effectifs de l'armée de terre entre 1996 et 2002

 

1996 (rappel)

1997

1998

1999

2002

Evolution 1999/1996

Evolution 2002/1996

ACTIVE

 
 
 
 
 
 
 

Officiers

17 461

17 242

17 013

16 783

16 080

- 3,9 %

- 7,9 %

Sous-officiers

56 644

55 608

54 455

53 235

50 365

- 6,0 %

- 11,0 %

Sous-total cadres

74 105

72 850

71 468

70 018

66 445

- 5,5 %

- 10,3 %

EVAT

30 202

36 077

41 956

47 835

66 681

+ 58,4 %

+ 120,0 %

Sous-total active

104 307

108 927

113 424

117 853

133 126

+ 13,0 %

+ 27,6 %

Composante service national

132 319

appelés

111 039

appelés

89 790

appelés

68 891

(dont 1 361 2( * ) volontaires)

5 500

volontaires

- 47,9 %

- 95,8 %

Sous-total effectifs militaires

236 626

219 966

203 214

186 744

138 626

- 21,0 %

- 41,4 %

Personnels civils

31 946

32 276

32 620

32 794

34 000

+ 2,65 %

+ 6,4 %

TOTAL

268 572

252 242

235 834

219 538

172 626

- 18,2 %

- 35,7 %

- En ce qui concerne les officiers, le nombre de postes à supprimer entre 1996 et 2002 s'élève à 1 381. Le nombre de postes effectivement supprimés entre 1996 et 1999 (678) équivaut au nombre de postes dont la suppression est prévue pendant la période 1999-2002, soit 703.

- La situation n'est pas sensiblement différente pour les sous-officiers : sur les 6 279 postes à supprimer entre 1996 et 2002, plus de la moitié (3 409) auront été supprimés entre 1996 et 1999, 2 870 postes restant à supprimer à l'échéance de 2002.

- En ce qui concerne les militaires du rang engagés (EVAT), alors que 36 479 postes doivent être créés en 2002 par rapport aux effectifs de 1996, l'année 1999 se situe à mi-parcours de la professionnalisation, puisqu'à la fin de cet exercice auront été créés 18 239 postes d'EVAT, 18 846 restant à pourvoir entre 1999 et 2002.

- s'agissant, enfin, des personnels appelés , les suppressions d'emplois seront, là encore, à moitié opérées fin 1999.

La contraction de 98 000 emplois militaires prévue par la loi de programmation pour la période 1997-2002 sera ainsi à moitié achevée à la fin de 1999 (49 882 suppressions nette d'emplois auront été effectuées à cette date, soit l'équivalent de l'objectif restant, de 48 117 suppressions d'emplois).

Les remarques ci-dessus ne valent pas pour les effectifs civils, dont la montée en puissance sera plus rapide entre 1999 et 2002 (+ 1 206 emplois) qu'entre 1996 et 1999 (848 emplois créés).

L'évolution des effectifs civils appelle des commentaires particuliers, sur lesquels votre rapporteur reviendra ci-après.

La montée en puissance des effectifs de volontaires ne se situera pas non plus à mi-parcours en 1999, compte tenu des 1 361 postes ouverts en 1999, sur lesquels 26 seront mis à disposition des services du Premier ministre, soit un effectif réel de 1 335 volontaires dans l'armée de terre en 1999 (voir infra, 2).

b) Officiers et sous-officiers : d'importantes mutations en cours

Les effectifs de cadres de l'armée de terre diminueront de 10,3 % pendant la période de la programmation (- 7,9 % pour les officiers et - 11 % pour les sous-officiers). Cette évolution suppose une déflation maîtrisée des effectifs, fondée notamment sur l'encouragement des départs volontaires, tandis que la professionnalisation inspire d'importantes réflexions sur l'adaptation des cursus d'officiers et de sous-officiers.

(1) L'amélioration du taux d'encadrement de l'armée de terre professionnelle

La diminution des effectifs militaires (- 41 % pendant la période de programmation), simultanément à la baisse rapide de la composante appelée (- 95 %) et à la diminution régulière, mais plus limitée, des effectifs de sous-officiers et officiers (- 10,3 %), a pour effet mécanique d'améliorer le taux d'encadrement de l'armée de terre (rapport entre le nombre total de cadres et les effectifs militaires).

De 35 % en 1998, ce ratio devrait atteindre 50,4 % à l'échéance de 2002. Il sera de 37,5 % en 1999.

L'accroissement du taux d'encadrement est rendu nécessaire par la professionnalisation (ainsi était-il, au premier semestre 1998 dans les armées de terre professionnelle des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, respectivement de 56,5 % et de 51,7 %).

Les récentes évolutions des missions confiées à l'armée de terre militent, également, pour cet accroissement, qu'il s'agisse :

- de l'engagement des forces terrestres dans des opérations extérieures qui impliquent un encadrement important, qualifié et expérimenté ;

- de la participation accrue à des structures militaires internationales (Eurocorps et Eurofor en particulier) ;

- de la création de nouvelles structures compétentes dans le domaine du renseignement (Direction du renseignement militaire, commandement des opérations spéciales, montée en puissance des moyens spatiaux).

Par ailleurs, le progrès technologique et l'apparition de nouveaux systèmes d'armes sont à l'origine de besoins accrus en personnel d'encadrement : ainsi la part des cadres dans l'équipage d'un char Leclerc est-elle de 66 %, alors qu'elle se limitait à 25 % à l'époque de l'AMX 30 (et à 20 % à l'époque du Patton M 47). L'évolution de l'artillerie inspire un commentaire similaire, puisque la part des cadres dans l'équipage servant un LRM est de 66 %, alors qu'elle se borne à 50 % pour le canon de 155 AUF1, et qu'elle n'était que de 10 % à l'époque du 155 F3.

En ce qui concerne l'aviation légère de l'armée de terre, on remarque que, depuis le début des années 1990, les équipages sont composés de deux officiers au lieu de deux sous-officiers pendant la période antérieure.

(2) Les officiers : une déflation programmée des effectifs, parallèlement à une réforme du cursus adaptée aux impératifs de la professionnalisation

. Malgré la baisse des effectifs d'officiers (- 1381 postes pendant la période de programmation), le volume de recrutement demeurera inchangé, afin de limiter le vieillissement de cette catégorie, et de garantir le maintien de la qualité du corps des officiers.

Le volume annuel de recrutement est stabilisé à 800 officiers environ, toutes origines confondues (direct, semi-direct, promotion interne et ORSA), comme le montre le tableau suivant :

Recrutement des officiers par origine

Recrutement

1996

1997

1998

1999*

Direct (dont Saint-Cyr)

195

198

201

200

Semi-direct

308

285

280

280

Tardif (OAEA, OAES et rang)

110

120

119

120

Sous-total officiers de carrière

613

603

600

600

ORSA 3( * )

245

364

275

non déterminé

TOTAL

858

967

875

non déterminé

* prévision

. Les départs volontaires doivent donc être encouragés pour assurer la déflation des effectifs d'officiers tout en maintenant un flux régulier de recrutement.

Ainsi la loi n° 96-1111 du 19 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la professionnalisation des armées a-t-elle prévu :

- la reconduction, jusqu'en 2002, des modalités d'aide au départ prévues initialement par les articles 5 et 6 de la loi du 30 octobre 1975, et du dispositif d'accès des militaires aux corps de la fonction publique défini par la loi 70-2 du 2 janvier 1970,

- l'attribution d'un pécule constituant une incitation financière au départ,

- des changements d'armée proposés chaque année à plusieurs dizaines d'officiers en direction de la gendarmerie et de la marine,

- le bénéfice d'une période de reconversion destinée à faciliter l'accès à une "seconde carrière" dans le civil.

816 départs volontaires ont ainsi été enregistrés en 1996 (sur un total de 1093). En 1997, la mise en oeuvre de la loi n° 96-1111 précitée s'est traduite par une augmentation du nombre de départs volontaires (941, soit une hausse de 15,3 %). Notons que ces statistiques intègrent les données relatives aux ORSA (officiers de réserve en situation d'activité, dont la durée de service est limitée à vingt ans). Selon les informations transmises à votre rapporteur, on compte en moyenne annuelle 210 départs environ dans cette catégorie.

Compte non tenu des ORSA, le nombre d'officiers quittant chaque année le service est estimé à 1 000 en moyenne, dont 800 environ de manière volontaire, ce qu'illustre le tableau ci-après.

Prévisions relatives aux départs des officiers

 

Départs volontaires

Autres départs

TOTAL

1997

817

235

1 052

1998

815

235

1 050

1999

800

200

1 000

2000

760

190

950

2001

760

190

950

2002

760

190

950

En ce qui concerne plus particulièrement les pécules rénovés , dont 127 officiers de l'armée de terre ont bénéficié en 1997 et 116 en 1998, on relève un taux de satisfaction des demandes de 57 % en 1997, et de 44,5 % en 1998. Ce taux est plus important, pour des raisons évidentes, dans les grades élevés (colonel : 63 % en 1997 et 1998 ; lieutenant-colonel : 81,5 % en 1997 et 58,5 % en 1998).

Les prévisions pour 1999 font état d'un besoin de 152 pécules pour les officiers de l'armée de terre , induisant un coût prévisionnel de 83 millions de francs (contre 56,17 millions de francs en 1997 et 52,1 millions de francs en 1998).

. L'un des aspects de la "refondation" de l'armée de terre est l'adaptation du profil de carrière des officiers aux nouvelles missions et aux nouvelles structures de l'armée de terre. Les orientations en cours depuis 1998 visent donc à tirer les conséquences de la diminution du nombre d'unités des forces terrestres. Celles-ci induisent, en effet, une diminution des temps de commandement des officiers, tandis que le besoin est apparu de compétences non pas dans les domaines opérationnels traditionnels (combat des blindés, feux dans la profondeur, combat de l'infanterie ...), mais dans des domaines actuellement moins maîtrisés tels que la communication, le renseignement, la conception logistique, les relations internationales ...

L'objectif est donc de créer, à partir du cadre spécial , un corps d'experts, dont le cursus serait différent de celui des officiers des armes. La montée en puissance du cadre spécial en tant que "corps d'experts" sera progressive, afin d'être dans un premier temps harmonieusement répartie entre les grades.

Le cursus des officiers sera probablement appelé à se différencier, dans la seconde partie de la carrière, entre la voie commandement (corps des officiers des armes) et la voie expertise (cadre spécial).

Cette diversification des carrières devrait intervenir à l'issue du temps de commandement d'unité élémentaire, après le passage à l'Ecole d'état-major 4( * ) . Notons que le commissariat de l'armée de terre peut d'ores et déjà être considéré comme un corps d'experts, dont les compétences spécifiques s'exercent dans les domaines de l'administration et du soutien de l'homme, des finances et techniques budgétaires, ainsi que des réglementations et activités juridiques. Dans le même ordre d'idée, les officiers du corps technique et administratif (CTA) peuvent être recrutés dans le cadre spécial, tandis que la réflexion sur la gestion des carrières des officiers se poursuit parallèlement à la professionnalisation et à la réduction du format de l'armée de terre.

A terme, la répartition des officiers pourrait être de 60 % pour le corps des officiers des armes et de 40 % pour le cadre spécial. Les ajustements en cours conduiront donc à une augmentation du nombre d'officiers servant sous statut du cadre spécial. La répartition actuelle est de 80 % pour le corps des officiers des armes, et de 20 % pour les autres corps (commissariat, corps technique et administratif, cadre spécial).

(3) La déflation maîtrisée des effectifs de sous-officiers

La réforme des limites d'âge mise en oeuvre dans le cadre de la loi n° 91-1241 du 13 décembre 1991 5( * ) s'est traduite de manière mécanique par un ralentissement des départs et par un certain vieillissement du corps des sous-officiers.

. Les conséquences de cette évolution ont été, d'une part, l'apparition de tensions à l'avancement dues à des déséquilibres internes de la pyramide des grades (sureffectif en adjudants-chefs et en adjudants, sous-effectif en sergents) et, d'autre part, une réduction temporaire des recrutements , dans le cadre du plan de résorption des sureffectifs mis en oeuvre en 1995. Celui-ci s'est traduit par une diminution brutale du nombre de sous-officiers recrutés entre 1994 (2 809) et 1995 (1 480).

. On observe néanmoins une tendance récente (liée à la mise en oeuvre de la loi n° 96-1111 précitée du 19 décembre 1996 et, notamment, au dispositif rénové des pécules) à l' augmentation du nombre de départs volontaires de sous-officiers (1 313 en 1996, 1 599 en 1997).

Notons que les pécules permettent de rééquilibrer le corps des sous-officiers en encourageant les départs dans les grades où le sureffectif est le plus important. C'est ainsi que les pécules accordés aux adjudants-chefs et aux adjudants, au nombre de respectivement 651 et 157 en 1997, sont passés à 861 et 378 en 1998 (avec un taux de satisfaction des demandes qui, de 29,5 % pour les adjudants-chefs et 22 % pour les adjudants, s'est élevé à 42 % et 60 %).

. C'est ainsi que l'armée de terre a pu reprendre un niveau équilibré de recrutement en 1998, susceptible de mettre fin aux classes creuses chez les jeunes sous-officiers. Le tableau ci-après montre qu'en 1999 devraient être confirmées les tendances observées en 1998.

Recrutement des sous-officiers depuis 1990

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998*

1999*

Voie école

2020

1 945

2 094

1 998

1 932

890

909

970

1 284

1 200

Voie corps de troupe

1595

1 520

1 357

824

877

590

730

790

1 040

1 200

TOTAL

3 615

3 465

3 451

2 822

2 809

1 480

1 639

1 760

2 324

2 400

* Prévisions

On observe, en outre, une diminution, dans les prévisions pour 1999, de la part du recrutement par la "voie école" au profit de la voie "corps de troupe". Notons que, depuis la dissolution, à l'été 1998, de l'Ecole nationale technique des sous-officiers d'active implantée à Issoire, le recrutement par la filière des écoles relève exclusivement de l'Ecole nationale des sous-officiers d'active de Saint-Maixent.

. Il est certain que la reprise d'un flux équilibré de recrutements, jointe à une tendance (à confirmer) à l'augmentation du nombre de départs volontaires, impose un effort tout particulier en vue de favoriser la reconversion des sous-officiers . Rappelons, par ailleurs, que les limites d'âge s'établissent parfois très tôt (42 ans pour les sergents et les sergents-chefs, 47 ans pour les adjudants), et que les retraites des sous-officiers ne permettent pas, surtout après des carrières courtes (jusqu'à onze ans de service), de subvenir aux besoins d'une famille.

Le dispositif d'aide à la reconversion des sous-officiers présente donc un intérêt évident.

- Le pécule instauré par la loi précitée du 19 décembre 1996 a, en 1997, bénéficié à 1 062 sous-officiers (avec un taux moyen de satisfaction de 31 %), compte tenu d'un nombre élevé -3 430- de demandes). En 1998, 1 366 pécules ont été attribués à des sous-officiers, le taux de satisfaction ayant été de 44,5 % (3 075 demandes ont été enregistrées). Il serait envisagé, en 1999, d'attribuer un pécule à quelque 1 180 sous-officiers.

- Les sous-officiers peuvent également bénéficier de congés de conversion d'une durée maximale de six mois, leur permettant de préparer, sous statut militaire, leur seconde carrière.

Des stages de formation professionnelle en milieu militaire (au centre militaire de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte) et en milieu civil (dans les 180 centres de l'Association pour la formation professionnelle des adultes, et dans les entreprises ou centres de formation agréés) leur sont en outre accessibles.

- Les majors et adjudants-chefs ont aussi vocation à accéder à des emplois de la fonction publique (en application de la loi 70-2 ci-dessus évoquée à l'égard des officiers).

- Des facilités peuvent enfin être offertes pour l'accès à certains prêts relevant de l' aide à la création d'entreprise.

c) Les militaires du rang engagés de l'armée de terre : un pari qui doit être gagné

La catégorie des militaires du rang engagés joue un rôle essentiel dans la réussite de la professionnalisation , puisque c'est l'augmentation très substantielle des effectifs d'EVAT (+ 120 % entre 1996 et 2002), qui doit compenser l'extinction progressive de la composante appelée. Rappelons que les militaires du rang engagés représentaient en 1996, à la veille de la mise en oeuvre de la professionnalisation, 12,76 % des effectifs militaires des forces terrestres à une époque où les appelés en représentaient 56 %, et que les EVAT constitueront, en 2002, 48 % des effectifs militaires de l'armée de terre, soit pratiquement la moitié.

Les militaires du rang engagés sont donc destinés à devenir une catégorie à part entière des personnels militaires des forces terrestres , ce qui équivaut pour celles-ci à une véritable mutation.

.
Dans cette perspective, le cursus des EVAT a été profondément remanié, pour répondre aux exigences d'une armée de terre professionnelle.

Deux types de carrière coexistent désormais : les carrières courtes et les carrières longues .

Les premières concerneront les personnels affectés à des tâches d'exécution dans un cadre opérationnel. Leur limite sera de onze années, y compris les congés de conversion destinés à la préparation, sous statut militaire, de la reconversion des personnels.

La distinction de 1ère classe pourra être accordée dès six mois de service (au lieu de dix mois actuellement), à la fin de la période probatoire. Cette distinction matérialisera l'aptitude à détenir un poste "projetable".

Les carrières longues (entre onze et vingt-deux ans) seront accessibles aux caporaux-chefs ayant réussi le CT1 (certificat technique du premier degré). Le choix du CT1, de préférence au CAT2, très critiqué en raison d'une sélectivité jugée excessive, constitue un changement substantiel dans les perspectives de carrière ouvertes aux EVAT.

Les carrières longues sont destinées plus particulièrement aux personnels susceptibles d'occuper des emplois de spécialistes . Cette seconde phase de la carrière d'EVAT s'appuie sur une certaine mobilité (fonction "opérationnelle projetable", puis fonction "base" ou "soutien"), à l'instar du cursus des autres catégories.

Ce nouveau cursus paraît plus attractif . Selon les informations transmises à votre rapporteur, la prolongation de la durée des services paraît répondre à une réelle attente de la part des intéressés (celle-ci n'est peut-être pas étrangère au fait que quinze ans de service permettent l'accès à une pension de retraite à jouissance immédiate).

Ainsi les carrières longues pourraient-elles concerner 20 % de la ressource globale, car les conditions d'avancement n'ont pas été durcies. Par ailleurs, l'accès au corps des sous-officiers est maintenu, 56 % de sous-officiers devant à terme être issus des corps de troupes (cette orientation est cohérente avec la diminution de la part de la "filière écoles" dans le recrutement des sous-officiers).

. Les besoins croissants en militaires du rang engagés ont conduit à la mise en place d'une stratégie de recrutement dont les résultats paraissent, à ce jour, positifs.

En effet, l'évolution des effectifs d'EVAT pendant la période de programmation fait apparaître un besoin d'accroissement annuel net d'environ 6 000 emplois. Ce besoin sera satisfait par :

- l'allongement de la durée moyenne de service, qui passera de cinq à huit ans, parallèlement au développement des carrières longues (voir supra),

- l'augmentation des flux de recrutement, portés à près de 8 000 à 9 000 engagés chaque année : 8 946 en 1997 à rapprocher des 3 000 EVAT recrutés en 1994, 5 000 en 1995, et 6 695 en 1996).

Ce volume croissant de recrutements s'explique par la nécessité de compenser un flux important de départs d'EVAT . Ainsi le nombre de départs s'est-il élevé à 3 876 en 1996, et à 3 855 en 1997. L'allongement de la durée du service prévient toutefois une croissance des départs proportionnelle à l'augmentation des effectifs d'EVAT.

A ce jour, l'armée de terre paraît relever avec succès le défi du recrutement d'un effectif croissant de militaires du rang engagés, contrairement aux prévisions les plus pessimistes formulées avant la mise en oeuvre des réformes. Il est cependant possible que la persistance d'un taux de chômage élevé, joint au rythme soutenu des interventions en opérations extérieures ou en outre-mer, se trouvent à l'origine de nombreuses vocations.

Par ailleurs, la ressource appelée jouait encore le rôle, en 1997, de vivier de recrutement des engagés, comme l'atteste le maintien d'une forte proportion d'engagés recrutés à l'issue du service militaire obligatoire. La part du "recrutement ultérieur", à l'issue du service national, reste ainsi décisive, en 1997, par rapport à la part du "recrutement initial" ce qu'illustre le tableau ci-après. Rappelons le choix de l'armée de terre de privilégier le recrutement ultérieur pendant la montée en puissance des effectifs d'EVAT, afin de garantir un flux de recrutement conforme aux objectifs de la programmation.

Recrutement des EVAT depuis 1990

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Recrutement initial

2 380

2 155

2 263

2 342

1 930

2 566

2 602

3 572

Recrutement ultérieur

2 710

2 095

1 480

1 765

1 218

2 369

4 093

5 374

Total

5 090

4 295

3 743

4 107

3 148

4 935

6 695

8 946

Part du recrutement ultérieur

53,2 %

49,3 %

39,5 %

42,9 %

38,6 %

48 %

61,1 %

60 %

Notons aussi que l'effort de communication , essentiellement télévisuelle, accompli ces derniers mois par l'armée de terre, a pu contribuer à mettre en valeur une image technologique particulièrement valorisante de l'armée de terre, et encourager des vocations authentiquement militaires.

Dans cette perspective, il serait intéressant de vérifier si les statistiques de 1998 et, surtout, de 1999, confirment l'existence d'une proportion non négligeable d'EVAT de niveau BAC et plus (31,9 % en 1996, 29 % en 1997, à comparer à la faible proportion de 14,6 % enregistrée en 1993), la majorité (50,5 % en 1996 ; 56,9 % en 1997) disposant d'un niveau BEPC.

Le bilan de 1997-1998 paraît, en dépit de nombreuses interrogations sur l'avenir du recrutement des militaires du rang engagés, autoriser un certain optimisme. En effet, la ressource semble correspondre, sur le plan qualitatif, aux attentes de l'armée de terre. Le taux de sélection actuel (un engagement souscrit pour trois dossiers de candidature) est, en effet, satisfaisant. Sur le plan quantitatif, 60 % des objectifs définis pour 2002 auraient été atteints au ler juin 1998 6( * ) . La réorganisation de la chaîne de recrutement, désormais fondée sur l'initiative des corps de troupe -à l'instar de la méthode retenue au Royaume-Uni- se trouve probablement à l'origine de cette évolution positive. Notons que la montée en puissance de la "chaîne recrutement", avec l'ouverture, en 1998 et 1999, de centres de sélection et d'orientation (CSO) relevant de l'armée de terre, s'inscrit dans une logique de recrutement gérée par les "régions terre", au siège desquelles sont implantés ces centres. La décentralisation du recrutement joue un rôle important dans la stratégie retenue par l'armée de terre. Celle-ci pourrait ainsi permettre de garantir une ressource suffisante dans le cadre du recrutement dit "initial", lorsqu'il ne sera plus possible de s'appuyer sur la ressource appelée.

. Si la professionnalisation passe nécessairement par une augmentation substantielle des effectifs d'EVAT, elle implique également un effort soutenu de reconversion. En effet, les carrières de militaire du rang engagés ne dureront pas plus de vingt-deux ans, dans l'hypothèse du cursus le plus long, et s'interrompront dans de très nombreux cas après huit à onze années de service.

La loi n° 96-1111 du 16 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la professionnalisation a mis en place un dispositif de reconversion spécifique pour les militaires du rang engagés :

- congé de reconversion d'une durée maximale de douze mois, permettant aux intéressés de préparer leur seconde carrière sous statut militaire ;

- indemnité de départ revalorisée (d'un montant de 24 mois de solde brute non imposable) pour les militaires du rang engagés quittant l'armée à partir de quatre années de service (sans droits à pension de retraite) ;

- possibilité, à partir de quatre ans de service, de bénéficier du dispositif d'aides déjà existantes avant la mise en oeuvre de la professionnalisation (préparation aux concours d'accès à la fonction publique, admission à un stage de formation professionnelle en milieu militaire ou civil, participation aux sessions d'orientation approfondies et aux sessions de techniques de recherche d'emploi organisées dans les unités...).

L'évaluation du coût des aides à la reconversion des EVAT prend en compte :

- la durée moyenne de la reconversion (six mois) ;

- les effectifs annuels des bénéficiaires des diverses mesures (2 330 EVAT, soit environ 70 % des engagés ayant vocation à bénéficier de ce dispositif).

Le coût de la reconversion s'élèverait à 144 000 francs par engagé , soit un budget total de 335 millions de francs 7( * ) , compte tenu des effectifs concernés.

Selon les informations transmises à votre rapporteur, ce coût global est dû, pour l'essentiel, aux soldes des stagiaires (168 millions de francs, soit la moitié du budget), alors que le coût des actions de reconversion stricto sensu ne représente que 15 millions de francs, soit 4,5 % seulement de l'ensemble.

Il est clair qu' aucune économie ne saurait être effectuée, dans les années à venir, sur la reconversion des personnels engagés. En effet, l'accès à une seconde carrière dans le domaine civil est un aspect indispensable de l'attractivité des carrières militaires dont la caractéristique est d'être courtes.

.
Mentionnons enfin, parmi les mesures destinées à rendre attractifs les engagements dans l'armée de terre, la récente revalorisation des rémunérations des EVAT.

Conformément à la loi de programmation, la rémunération totale des militaires du rang engagés est, depuis le ler juillet 1997, assise sur le SMIC , soit une rémunération mensuelle nette de 5 600 francs comprenant en outre les avantages en nature (hébergement, réduction SNCF et alimentation) dont bénéficie traditionnellement cette catégorie.

L'accord salarial de février 1998 se traduit par une nouvelle augmentation, puisque la solde indiciaire brute minimale est désormais portée au niveau du SMIC, niveau auquel s'ajoutent les rémunérations accessoires et les avantages en nature.

d) Un défi à relever : la féminisation de l'armée de terre

La nécessité d'accroître substantiellement les flux d'engagés pose, à l'évidence, la question de la féminisation des personnels militaires de l'armée de terre, surtout dans la perspective de la disparition prochaine du service militaire obligatoire, qui constitue encore aujourd'hui un important vivier de recrutement. Le recours aux vocations féminines permettrait ainsi probablement d'obtenir un niveau équilibré et régulier d'engagements chaque année.

Certes, les statistiques montrent que la féminisation de l'armée de terre peut encore progresser dans toutes les catégories. Cependant, si les récentes évolutions statutaires autorisent désormais l'accès des femmes à une grande diversité d'emplois dans les armées, force est néanmoins de reconnaître que les besoins suscités par la professionnalisation ne sauraient, compte tenu de la spécificité du métier des armes, permettre de concevoir à l'identique les cursus masculin et féminin.

(1) Un taux de féminisation encore modeste

Les statistiques ci-après illustrent que, si le taux de féminisation de l'armée de terre (8 %) est très comparable au taux moyen de la Défense (7 %), il se situe néanmoins très en retrait du taux de féminisation de l'armée de l'air (11,3 %) et, surtout, du service de santé (37,6 %). Le faible taux de féminisation des effectifs de l'armée de terre est patent dans la catégorie des militaires du rang engagés (1 952 EVAT, soit 3,7 % de la catégorie) et dans celle des officiers (442, soit 2,5 % de la catégorie). On relève en revanche une proportion plus importante de femmes parmi les sous-officiers (5 830, soit 13 % de la catégorie), plus importante que dans les deux autres armées (air : 10,2 % ; marine : 6,8 %). Notons, par ailleurs, un taux de féminisation particulièrement bas dans la gendarmerie (3,75 %).

La féminisation de la Défense (1er semestre 1998)

 

Terre

Air

Marine

Gendarmerie

Essences

DGA

Santé

TOTAL

Officiers

17 683

7 219

5 021

2 961

228

3 554

3 634

36 438

Nombre de femmes

440

292

164

17

10

186

572

1 099

Féminisation

2,49 %

4,04 %

3,27 %

0,57 %

4,38 %

5,23 %

15,74 %

3,02 %

Sous-officiers

57 483

41 366

33 757

80 490

342

-

3 830

211 920

Nombre de femmes

7 513

4 227

2 311

3 116

8

-

2 234

16 422

Féminisation

13,07 %

10,22 %

6,85 %

3,87 %

2,34 %

-

58,33 %

7,75 %

Militaires du rang engagés

44 754

7 165

8 394

-

475

-

-

60 313

Nombre de femmes

1 666

1 777

822

-

9

-

-

4 265

Féminisation

3,72 %

24,8 %

9,79 %

-

1,89 %

-

-

7,07 %

Total des effectifs

119 920

55 750

47 172

83 451

1 045

3 554

7 464

308 671

Nombre de femmes

9 619

6 296

3 297

3 133

27

186

2 806

21 786

Moyenne par armée

8,02 %

11,29 %

6,99 %

3,75 %

2,58 %

5,23 %

37,59 %

7,06 %

Le taux de féminisation des officiers de l'armée de terre est comparable au taux moyen de la Défense pour cette catégorie (3,02 %). Le taux de féminisation des EVAT (3,72 %) est, en revanche, nettement inférieur à la moyenne de la Défense pour la catégorie des militaires du rang engagés. Enfin, la féminisation des sous-officiers de l'armée de terre (13,07 %) est très supérieure au taux de la Défense (7,75 %).

Des progrès restent à accomplir, s'agissant des catégories des officiers et militaires du rang engagés, si l'on considère que les armées professionnalisées connaissent, en général, un taux de féminisation de l'ordre de 15 %.

(2) Une ouverture statutaire récente

Un décret récent (décret n° 98-86 du 16 février 1998) a fait prévaloir le principe d'égalité entre hommes et femmes pour l'accès aux différents corps militaires. Il s'agit d'une étape importante dans la féminisation des armées.

En effet, avant cette date, l'accès des femmes aux carrières militaires a tout d'abord été déterminé par les décrets portant statuts particuliers des différents corps d'officiers et de sous-officiers , qui réglementaient l'accès à ces carrières par le biais de quotas , ou d'arrêtés annuels de recrutement répartissant la proportion d'hommes et de femmes admis à intégrer les différents corps.

Entre 1982 et 1985, une deuxième génération de mesures a tendu à instaurer une formation initiale commune aux militaires des deux sexes, et à autoriser l'accès des femmes à tous les concours de recrutement et à toutes les armes , même les armes de mêlée , selon un système de quotas par arme.

En 1998 (décret précité du 16 février 1998) ont été levés ces quotas restrictifs, en application du droit communautaire . En effet, la directive n° 76/207 du 9 février 1976 relative à la mise en oeuvre du principe d'égalité de traitement entre hommes et femmes autorise les Etats à exclure certaines activités professionnelles du champ d'application de ce principe, pour autant que le sexe constitue une condition déterminante de l'exercice des activités considérées, en raison de leur nature ou des conditions d'exercice. Or le contrôle de la cour de justice des communautés européennes porte sur la nature de l'emploi, et non le corps d'agents publics concernés. C'est ainsi que la CJCE n'a pas retenu les arguments présentés par la France pour justifier certaines restrictions à l'accès des femmes aux carrières de la police nationale.

Le ministère de la défense a donc, conformément de surcroît au principe d'égal accès aux emplois publics réaffirmé par le Conseil d'Etat , mis en place une nouvelle réglementation de l'accès des femmes aux carrières militaires. Le décret du 16 février 1998 s'appuie ainsi sur le principe de l'égalité entre hommes et femmes, autorisant, à titre exceptionnel, certaines restrictions quand la nature des emplois ou leurs conditions d'exercice le justifient. Ce décret met donc fin au système antérieur des quotas. Un arrêté interarmées énumère limitativement les emplois inaccessibles aux personnels féminins. Il s'agit, pour l'Armée de terre, des emplois impliquant un contact direct et prolongé avec des forces hostiles.

La réforme statutaire de 1998 ouvre aux femmes plus de 80 % des emplois répertoriés par l'armée de terre. Notons que la proportion est sensiblement la même pour la marine, qui exclut l'affectation de personnels féminins à bord de sous-marins, aux formations de fusiliers marins et de commandos, et aux équipages d'avions embarqués. On remarque, en revanche, que l'armée de l'air n'a pas déterminé d'emplois susceptibles d'être inaccessibles aux personnels féminins.

(3) Un cursus féminin spécifique ?

La mise en conformité du statut des personnels féminins de la Défense avec les moeurs du temps ne saurait conduire à déterminer les cursus masculin et féminin à l'identique.

On remarque, en effet, que si plus de 80 % des femmes militaires sont globalement satisfaites de leur vie professionnelle 8( * ) , tous les personnels féminins ne se distinguent pas par une vocation spécifiquement militaire. La tendance à se détourner des postes de terrain est ainsi directement liée à la situation familiale des intéressées. Dans le même ordre d'idée, on observe une très faible proportion de personnels féminins âgés de plus de 40 ans et volontaires pour servir en unité de combat.

Or la professionnalisation suscite des besoins dans les domaines des soutiens et de l'environnement des forces. Rappelons notamment que le nouveau cursus proposé aux EVAT prévoit la possibilité d'affectations en fonction "base" ou "soutien", susceptibles de convenir aux personnels -hommes ou femmes- qui ne seraient pas intéressés par des postes en unités de combat.

En ce qui concerne plus particulièrement les officiers, la création du corps des experts (voir supra, b-2) pourrait offrir des perspectives aux officiers de sexe féminin souhaitant, de préférence à une affectation dans une arme de mêlée, servir dans l'environnement des forces terrestres (filières communication, gestion des ressources humaines, logistique...).

La période actuelle devrait donc permettre aux besoins de l'armée de terre et aux attentes des candidates féminines de se rencontrer. Il n'est par ailleurs pas exclu qu'un rééquilibrage du taux de féminisation des armées contribue, dans une certaine mesure, à renforcer le lien armées-nation en améliorant la représentativité des personnels des forces terrestres.

e) Une attente : la réforme des réserves

Composante à part entière de l'armée de terre professionnelle, la réserve est destinée, en cas de besoin, à participer aux missions de l'armée de terre dès le temps de paix.

La professionnalisation a considérablement modifié les besoins de l'armée de terre en forces de réserve , par rapport au schéma de l'armée mixte.

Sur le plan quantitatif , les besoins sont passés de 195 500 hommes à 30 000 hommes, constituant la première réserve ou réserve opérationnelle, qui est destinée à l'emploi.

Sur le plan qualitatif , les personnels de réserve peuvent être affectés, soit en compléments individuels dans les états-majors (forces ou régiments), soit au sein d'une unité de réserve intégrée aux régiments professionnalisés.

Il reste donc à adopter un statut adapté à ces nouvelles modalités de recours aux réserves , qui visent à faire des réservistes des "militaires à temps partiel", afin que les obligations professionnelles et la protection sociale de ces personnels ne pâtissent pas de leur contribution à la défense de leur pays. Rappelons, en effet, que ce statut devra notamment préciser les conséquences du temps de service effectué par les réservistes sur leurs droits à pension de retraite.

f) Une inquiétude : la trop lente montée en puissance des personnels civils

La diminution du format des forces terrestres et la professionnalisation rendent pertinent un partage des tâches entre personnels civils et militaires de l'armée de terre qui réserve aux militaires les emplois opérationnels et projetables et qui affecte aux fonctions de soutien les personnels civils. Ceux-ci disposent également de débouchés dans les régiments des forces , où peuvent leur être confiées des fonctions sédentaires , de nature technique ou administrative. Le besoin est ainsi important dans les domaines de l' alimentation et de l' entretien.

Selon un schéma "idéal", les effectifs rendus disponibles par les dissolutions et restructurations de nombreux organismes de la défense, notamment de la DGA, devraient être affectés aux formations où la professionnalisation crée des besoins par redéploiements internes au Ministère de la Défense.

. Entre 1997 et 2002, la loi de programmation militaire a prévu la création de 9 276 postes civils (dont les effectifs devraient ainsi augmenter de 12,6 %). 1710 emplois civils devraient être créés pour la seule armée de terre. En 2002, les personnels civils devraient représenter quelque 20 % des effectifs de l'armée de terre , au lieu de 12,8 % en 1997.

. L'effectif de civils inscrits au projet de budget pour 1999 s'élève à 78 660 emplois . Il intègre notamment les évolutions induites par la substitution de "l'appel de préparation à la défense" au "rendez-vous citoyen", alors que c'est sur cette seconde hypothèse, plus "consommatrice" d'emplois, qu'avait été conçue la loi de programmation militaire.

. On remarque, en 1998, une reprise des recrutements de fonctionnaires civils (attachés, secrétaires administratifs, agents de service hospitalier, adjoints...) : 159 recrutements en 1996, 384 en 1997, et 1 496 en 1998 (auxquels s'ajoutent 681 nominations effectuées au titre de 1997).

Cette situation favorable contraste avec le sous-effectif chronique en ouvriers d'Etat , qui contribue à faire de la montée en puissance des effectifs civils un élément désormais théorique du schéma de professionnalisation des armées.

Cette situation est, en effet, à l'origine d'un sous-effectif de 3 350 postes dans l'armée de terre, qui contraste avec le sureffectif observé à la DGA. Le taux de vacances en ouvriers d'Etat est de 11 % dans les armées , et de 9 % dans l'armée de terre.

. Or divers facteurs se conjuguent pour compromettre la montée en puissance des effectifs civils :

- Les personnels civils ne sont pas soumis, à la différence des militaires, à l'obligation de mobilité géographique : l'affectation des personnels nécessaires aux régiments des forces terrestres prend donc d'autant plus de temps que les besoins de l'armée de terre se situent essentiellement dans les unités de l'Est modérément attractives (Mourmelon, Mailly, Sissonne...). En revanche, la Marine est théoriquement en mesure de procéder au recrutement de nombreux personnels civils par des transferts de postes de la DCN, sans changement de résidence.

- Il existe un important décalage chronologique entre la création des postes budgétaires , l'organisation des concours, et les nominations effectives. Ces délais d'affectation freinent considérablement la "civilisation" des forces.

- Enfin, on peut déplorer les effets des blocages et mises en réserve de poste opérés par le ministère du budget, qui constituent une entrave au recrutement.

Ces facteurs cumulent donc leurs effets pour compromettre l'ajustement des ressources aux besoins. Comme votre rapporteur le faisait observer à l'occasion de l'examen du précédent projet de loi de finances, on ne peut exclure que la trop lente croissance des effectifs civils, dans laquelle les raisons d'ordre statutaire jouent un rôle évident, conduise à compromettre la professionnalisation de l'armée de terre , en justifiant l'affectation à des fonctions de soutien d'une proportion d'EVAT trop importante pour que cette catégorie de personnels puisse se consacrer à des missions opérationnelles. Cette situation pourrait conduire, de manière très regrettable, à la mise en sommeil (même temporaire) de régiments ou de compagnies de l'armée de terre 9( * ) . En d'autres termes, on peut craindre que l'insuffisante disponibilité des personnels civils oblige à affecter de trop nombreux engagés à des emplois non opérationnels, en contradiction avec le "contrat opérationnel" fixé à l'armée de terre.

2. L'armée de terre particulièrement concernée par la réforme du service national

Tous les aspects de la réforme du service national affectent particulièrement l'armée de terre, qu'il s'agisse de la gestion de la ressource appelée pendant la période de transition, de l'appel de préparation à la défense, dont l'organisation pèse au premier chef sur les forces terrestres, ou du volontariat.

a) La conduite de la transition altérée par les nouveaux reports d'incorporation

De manière générale, la loi n° 97-1019 portant réforme du service national a assoupli les conditions d'attribution de reports d'incorporation :

- en cessant de subordonner à l'obtention d'un brevet de préparation militaire ou de préparation militaire supérieure le report de l'article L. 5 bis (attribué aux étudiants jusqu'à 25 ou 26 ans ) ;

- en créant une nouvelle catégorie de reports d'incorporation , destinée aux jeunes gens titulaires d'un contrat de travail.

En ce qui concerne les titulaires d'un CDI (disposition applicable depuis mars 1998), la durée de ces reports est de deux années, le report étant renouvelable. Un report attribué en 1998 peut donc permettre à l'intéressé d'échapper de facto à toute incorporation , l'extinction totale du service national obligatoire étant prévue pour 2002.

S'agissant des CDD (disposition applicable à partir de décembre 1998), le report expire avec le contrat de travail : il ne vise donc qu'à permettre au bénéficiaire de mener à bien ses obligations professionnelles. En revanche, l'application de la disposition relative aux CDD n'est possible que pour les jeunes gens incorporables à partir du ler décembre 1998.

A ce jour, l'application de la loi n° 97-1019 s'est traduite par :

- une augmentation importante , dès 1997, de la proportion des reports accordés, pour études ou formation professionnelle, au titre de l'article L. 5 bis, jusqu'à 25 ans (+ 26 % par rapport à l'année précédente) et 26 ans (+ 10,5 % par rapport à l'année précédente) : il paraît désormais établi que les jeunes gens incorporables prolongent au maximum les reports d'incorporation auxquels ils peuvent prétendre 10( * ) ;

- 8 033 demandes de reports au titre d'un CDI, au cours du premier semestre de 1998, 322 reports ayant été à ce jour refusés par les commissions régionales de dispense, le nombre de reports officiellement accordés étant de 4 869, compte tenu des demandes en instance lors de l'élaboration de ces statistiques.

L'incidence de la loi portant réforme du service national sur le nombre de reports d'incorporation ne pourra être réellement appréciée qu'à la lumière des données relatives à l'ensemble de l'année 1998.

Il convient néanmoins de rappeler l'importance des reports "de droit commun", pour étude ou pour formation professionnelle, par rapport aux reports attribués au titre d'un CDI, qui demeurent à ce jour en nombre plus limité. Les reports pour étude ont concerné, en 1997, 783 644 jeunes gens entre 19 et 22 ans , et 201 316 jeunes gens dans la tranche d'âge 23-26 ans , soit, compte tenu des 3 203 reports attribués pour études médicales, un total de 988 163 sursitaires en 1997 . Ces différents reports se sont trouvés à l'origine d'un déficit en appelés, qui a atteint, pour la seule armée de terre, jusqu'à 10 000 conscrits en août 1998 (soit un déficit de 12 %), ce qui a conduit celle-ci à demander à bénéficier d'une surincorporation pendant les derniers mois de 1998.

En effet, le schéma de la transition des forces terrestres vers l'armée professionnalisée avait été fondé sur l'hypothèse d'un effectif régulièrement décroissant d'appelés , permettant de conduire les réformes et la contraction du format de manière équilibrée.

Il n'est pas exclu que ce déficit en appelés altère le fonctionnement des unités de l'armée de terre , en provoquant la mise en sommeil des unités élémentaires de certains régiments 11( * ) .

Cette gestion très délicate des effectifs militaires, semble néanmoins plus directement liée à la libéralisation des conditions d'obtention de report pour études qu'aux possibilités désormais accordées par la loi aux jeunes gens titulaires d'un emploi.

b) L'armée de terre et l'appel de préparation à la défense
(1) L'APD, un élément contestable du nouveau service national

Organisé pour la première fois le samedi 3 octobre 1998, l'appel de préparation à la défense constitue, avec le recensement, le second volet obligatoire du nouveau service national, complété, sur une base volontaire , par des préparations militaires et, le cas échéant, par un volontariat dans les armées ou la gendarmerie, ainsi que par un engagement dans les forces de réserve.

L'appel de préparation à la défense vise à compléter l'enseignement désormais sensé être dispensé dans les collèges et les lycées sur l'organisation de la défense nationale et de la défense européenne, en application de la loi n° 97-1019 portant réforme du service national. L'APD se déroule sur une courte journée (de 8 h 30 à 17 h). Il doit contribuer à la refondation de l'esprit de défense et du lien armées-nation dans le contexte issu de la professionnalisation.

Votre rapporteur rappellera brièvement ici les réserves formulées à l'occasion de l'examen du projet de loi portant réforme du service national. Ces réserves tiennent, d'une part, principalement à l' absence de réelle ambition de l'APD par rapport au projet de rendez-vous citoyen. Le programme de l'appel de préparation à la défense (reproduit en annexe au présent rapport) est très éclairant sur ce point, et permet de douter de la possibilité, en trois heures et demie (car telle sera, de facto , la durée de l'APD) de conférences-débats, auxquelles s'ajoute un film de vingt minutes , de sensibiliser véritablement la jeunesse d'aujourd'hui à un sujet aussi grave et complexe que la défense.

Les réserves de votre rapporteur tiennent aussi à un volet social notoirement insuffisant . En effet, la seule contribution de l'APD à la lutte contre l'exclusion consistera en un test destiné à détecter l'illettrisme, alors que le rendez-vous citoyen visait aussi un bilan de santé complet.

Il est probable que le taux élevé de satisfaction enregistré à l'issue de la journée du 3 octobre (86,5 % des jeunes gens se sont déclarés très satisfaits ou satisfaits) tient plus à la brièveté de cette obligation par rapport au service national obligatoire de douze, puis dix mois, qu'à la nature même de l'APD.

Enfin, il peut paraître irréaliste de prétendre susciter des vocations militaires (que cette vocation s'exprime par un engagement dans les forces professionnelles ou dans les réserves, ou par un volontariat) dès l'âge de seize ans, âge auquel les jeunes sont tenus de participer à l'APD, soit deux ans avant l'âge minimum requis pour s'engager ou pour souscrire un volontariat.

(2) Une contribution encore disproportionnée de l'armée de terre à l'appel de préparation à la défense

Quelque 800 000 jeunes gens et jeunes filles (celles-ci seront soumises à l'obligation de se rendre à l'appel de préparation à la défense à partir de 2000) rempliront chaque année la nouvelle obligation que constitue l'APD. Il s'agit d'un effectif considérable, qui impose, compte tenu du nombre des quelque 35 sessions qui se tiendront chaque année, une organisation rigoureuse.

Celle-ci relèvera de la Direction du service national , érigée dès 1999 en direction autonome du Ministère de la défense, alors qu'elle est encore actuellement rattachée à l'armée de terre.

La Direction du service national consacrera 144 millions de francs, soit 76 % de son budget de fonctionnement, qui s'élèvera à 189 millions de francs en 1999, à l'organisation de l'APD.

La répartition de ce budget entre les différents contributeurs souligne l' importance de la part dévolue à l'armée de terre. Celle-ci financera, en effet, 52 % du budget de fonctionnement de la Direction du service national , soit une proportion nettement plus considérable que l'armée de l'air (14,8 %), la Marine (13,2 %), la gendarmerie (12 %) et que la DGA (7,4 %).

Les effectifs de la Direction du service national appellent une remarque similaire. En effet, sur 6 885 personnels affectés à cette direction en 1998, 4 091 (soit 59,4 %) sont des personnels militaires de l'armée de terre. La proportion s'élève à 91 %, soit un total de 6 282, si l'on intègre les personnels civils mis à disposition par l'armée de terre. Celle-ci a affecté, en 1998, 434 officiers et 1 808 sous-officiers à la DSN .

Une répartition plus harmonieuse entre les trois armées et la gendarmerie est néanmoins fort opportunément prévue d'ici 2002, date à laquelle les effectifs de la Direction du service national devraient être réduits à 3 910 agents civils et militaires.

La disproportion constatée aux dépens de l'armée de terre restera néanmoins forte en 1999 , en dépit de la déflation des effectifs de la DSN. En effet, sur les 6 065 personnels de la Direction du service national prévus en 1999, 3 542, soit 58,4 %, seront des personnels militaires de l'armée de terre, la part de celle-ci s'élevant à 94 % si l'on inclut les personnels civils mis à disposition par l'armée de terre.

ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE LA DIRECTION DU SERVICE NATIONAL PAR ARMÉE ET CATÉGORIE DE PERSONNEL (1998-1999)

 
 

MILITAIRES

CIVILS

TOTAL

Année

Armée

Officiers

Sous-officiers

Appelés

E.V.

TOTAL

 
 
 
 

supérieurs

subalternes

supérieurs

subalternes

 
 
 
 
 
 

TERRE

136

298

953

855

1807

42

4091

2191

6282

 

AIR

2

10

31

11

274

 

328

0

328

1998

MER

 

2

6

3

49

 

60

0

60

 

GEND

 
 

9

 

16

 

25

0

25

 

SANTE

36

28

2

 

124

 

190

0

190

 

TOTAL

174

338

1001

869

2270

42

4694

2191

6885

 

TERRE

111

241

846

756

1537

51

3542

2180

5722

 

AIR

2

6

17

9

143

 

177

0

177

1999

MER

1

2

4

2

31

 

40

0

40

 

GEND

1

1

5

1

13

 

21

0

21

 

SANTE

20

17

1

 

67

 

105

0

105

 

TOTAL

135

267

873

768

1791

51

3885

2180

6065

Cette disproportion aux dépens de l'armée de terre pouvait s'expliquer, sous le régime du service national obligatoire, par le fait que l'armée de terre était la première armée "consommatrice" d'appelés : il paraissait dès lors logique qu'elle participe au premier chef à la gestion de cette ressource.

La suspension de la conscription met fin à cette logique . En effet, l'APD a, entre autres vocations, celle d' encourager les engagements dans les armées et la gendarmerie et, notamment, d'encourager la souscription de volontariats militaires. Cette journée d'obligation est donc susceptible de bénéficier aux trois armées et à la gendarmerie, et non à l'armée de terre au premier chef . Plus encore, si l'on considère que les effectifs de volontaires dans l'armée de terre seront limités à 5 500 postes en 2002 , soit nettement moins que les 16 233 volontaires de la gendarmerie , il paraît encore plus contestable de faire reposer le coût et la gestion du système sur cette armée dont les ressources, par ailleurs très sollicitées pendant la difficile période de transition, doivent être consacrées à des objectifs opérationnels.

c) Le volontariat : une assimilation contestable aux emplois-jeunes

Le futur volontariat dans les armées induira pour le budget de la défense un coût sensiblement plus élevé que les volontariats définis par le projet de loi présenté par le précédent gouvernement.

En effet, au lieu des 2 000 francs d'indemnité mensuelle initialement prévus dans une logique de service à la collectivité impliquant une rémunération de niveau modeste, la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997, assimilant les volontaires à des militaires professionnels, a établi une solde d'un niveau comparable à celui du SMIC , complétée par des avantages en nature (alimentation, transport, logement). Dans le même esprit, la loi portant réforme du service national a autorisé l'attribution de grades aux volontaires, ce qui n'est pas sans conséquences sur le niveau des rémunérations et sur la dotation budgétaire qui leur est consacrée. Ainsi le montant de la solde de base variera-t-il entre 4 363 francs par mois pour un soldat et 5 164 francs par mois pour un aspirant.

Rappelons que, selon cette loi, les volontaires peuvent souscrire un contrat de douze mois renouvelable dans la limite de soixante mois, soit cinq ans. Les emplois qui leur seront proposés seront très diversifiés, et relèveront, selon les cas, d'emplois d'exécution ou d'emplois de cadres.

Les 1 361 postes de volontaires qui seront créés en 1999 dans l'armée de terre ( parmi lesquels 26 volontaires seront mis à disposition du Premier ministre, soit un effectif réel de 1 335 postes) pourraient être répartis entre 100 aspirants, 295 sous-officiers et 966 militaires du rang. Votre rapporteur estime qu'une plus forte proportion de militaires du rang parmi les volontaires aurait permis l'ouverture d'un plus grand nombre de postes en 1999.

Tel qu'il est conçu, le dispositif du volontariat suscite les deux critiques suivantes :

- D'une part, on perçoit mal l'intérêt présenté par le volontariat, si les volontaires sont assimilés, sur les plans du statut et de la solde, aux militaires professionnels (et, plus particulièrement, aux militaires du rang engagés), ayant vocation à rester plus longtemps sous les drapeaux. Votre rapporteur regrette, pour sa part, que l'esprit de quasi bénévolat qui caractérisait le premier projet de loi n'ait pas été retenu. En faisant du volontariat dans les armées le volet militaire des emplois-jeunes , selon une analogie choquante et inadéquate , le Gouvernement a fait du volontariat un service rendu par la collectivité -en l'occurrence les armées- aux jeunes , alors que la logique du volontariat, héritier, même lointain, du service national, aurait dû demeurer celle d'un service rendu par les jeunes à la collectivité, susceptible de s'accommoder d'une indemnité plus modeste que la rémunération finalement retenue.

- D'autre part, l'assimilation des futurs volontaires aux militaires professionnels induira des coûts non négligeables en matière de reconversion . En effet, la loi du 28 octobre 1997 a étendu aux volontaires le bénéfice du dispositif de reconversion prévu pour les militaires à partir de quatre années de service sous les drapeaux et, plus particulièrement, le bénéfice du congé de reconversion de six mois .

Ainsi les volontaires ayant souscrit un contrat pour une cinquième année seront-ils habilités à effectuer un stage de reconversion de six mois, sous statut militaire, pesant sur le titre III des armées. Cette faculté revient aussi, de surcroît, à faire peser sur les effectifs soldés par les armées des personnels qui ne feront pas partie, pendant leur stage de reconversion, des effectifs opérationnels.

Votre rapporteur demeure convaincu qu'il aurait été préférable de limiter la durée du service susceptible d'être effectué par des volontaires, afin de réserver le bénéfice du dispositif de reconversion aux militaires véritablement professionnels .

*

* *

Ce bilan de la professionnalisation à mi-parcours de la programmation fait donc apparaître certaines vulnérabilités , qui tiennent à une trop lente montée en puissance des effectifs civils , et aux hypothèses contestables sur lesquelles a été fondée la réforme du service national . Si, par ailleurs, l'évolution du corps des officiers et des sous-officiers peut susciter un certain optimisme, en revanche l'armée de terre reste à ce jour confrontée à deux défis majeurs , qui tiennent, l'un, à la nécessité de réussir le recrutement d'un effectif important de militaires du rang engagés , une fois disparu le vivier du service national obligatoire, et l'autre, au pari que constitue la féminisation d'une armée désormais conçue pour la projection.

C. LES DIVERSES MISSIONS DE L'ARMÉE DE TERRE (AFRIQUE, OUTRE MER, OPÉRATIONS EXTÉRIEURES ET CONTRIBUTION A LA SÉCURITÉ DU TERRITOIRE) : CONSÉQUENCES DE LA PROFESSIONNALISATION

L'armée de terre assure une contribution décisive à la présence militaire française hors de l'hexagone (qu'il s'agisse des effectifs stationnés dans les territoires sous souveraineté française, des forces de présence en Afrique, ou de la participation de l'armée de terre aux diverses formes d'engagement militaires français sur des théâtres extérieurs). La participation des forces terrestres au renforcement de la sécurité générale, notamment dans le cadre du plan Vigipirate, est également très importante, et confirme la disponibilité de l'armée de terre à accomplir des missions qui ne relèvent pas nécessairement de sa vocation première.

1. Une contribution décisive et justifiée à la présence militaire française hors de la métropole

a) Les forces de souveraineté (Outre-mer)

Au ler juillet 1998, les unités de l'armée de terre stationnées dans les départements et territoire d'outre-mer représentaient un effectif total de 10 458 hommes (dont 3 334 personnels servant dans le cadre du service militaire adapté), ainsi réparti :

- Guyane : 2 563 (dont SMA : 835) ;

- Guadeloupe : 770 (dont SMA : 462) ;

- Martinique : 1 635 (dont SMA : 548) ;

- La Réunion : 2 006 (dont SMA : 936) ;

- Mayotte : 375 (dont SMA : 131) ;

- TAAF : 20 ;

- Polynésie : 1 469 (dont SMA : 214) ;

- Nouvelle-Calédonie : 1 620 (dont SMA : 208).

La majorité des unités opérationnelles est composée de compagnies d'infanterie motorisée, ainsi que d'éléments spécifiques à chaque territoire (sections d'éclairage et de renseignement, moyens antichars, artillerie sol-air, blindés légers, parachutistes).

Le coût des forces permanentes dans les DOM-TOM est évalué, pour 1996, à 1,5 milliards de francs, l'essentiel (73 %) étant constitué par les rémunérations et charges sociales.

Les effectifs de l'armée de terre stationnées Outre-mer équivalent à 57 % du dispositif interarmées et , compte non tenu du SMA dont l'armée de terre a la charge, à plus des deux-tiers du total des effectifs stationnés par les trois armées.

Les parts de la marine (2 244 hommes), de l' armée de l'air (1 123 hommes) et de la gendarmerie (4 449 hommes) se situent nettement en retrait , soit respectivement 12,3 %, 6 % et 24,4 % du dispositif.

Cette forte proportion ne devrait pas être remise en cause par la professionnalisation .

Par ailleurs, l'armée de terre a entrepris une adaptation substantielle de son dispositif Outre-mer :

- rééquilibrage des effectifs au profit des compagnies tournantes 12( * ) , qui devraient, à partir de 2001, constituer 60 % des effectifs totaux compte non tenu du SMA ;

- création d'une compagnie de réservistes par DOM et par TOM, accueil de volontaires du service national dans le cadre du service militaire adapté ;

- déconcentration du dispositif à partir du commandement organique des forces terrestres stationnées outre-mer, créé le ler août 1998, la planification des modules tournants étant à la charge du commandement de la force d'action terrestre.

Il est probable que, en augmentant le nombre de personnels appelés à servir -même pour des missions de courte durée- en Outre-Mer, le développement du recours aux compagnies tournantes contribue à conforter la motivation des personnels militaires , particulièrement importante dans le contexte issu de la professionnalisation.

Notons enfin la relation entre le développement des modules tournants et le souci de limiter la charge budgétaire due aux rémunérations des personnels affectés en Outre-mer. En effet, les personnels des compagnies tournantes effectueront des séjours de courte durée (de l'ordre de quatre mois) n'impliquant pas d'être suivis par leur famille. Cette formule sera légèrement moins coûteuse en rémunérations et charges sociales, compte tenu du lien entre les indemnités de service outre-mer et le nombre de personnes à charge concernées.

b) Les forces de présence en Afrique

Le tableau ci-après détaille la répartition des effectifs de l'armée de terre entre les différents pays d'Afrique subsaharienne où sont stationnées des forces. Celles-ci représentaient, au 31 mai 1998, 3 509 hommes , (dont 1 854 à Djibouti), soit 68 % de l'ensemble des effectifs interarmées. La participation des autres armées et de la gendarmerie est, là encore, très inférieure à celle de l'armée de terre : 379 hommes pour la marine (soit 6,8 % du dispositif), 1 256 pour l' armée de l'air (soit 22,7 %), 30 pour la gendarmerie (soit 0,5 %).

LES FORCES DE PRÉSENCE EN AFRIQUE AU 31 MAI 1998

TERRITOIRES

UNITÉS

TYPES D'UNITÉ

EFFECTIFS

TOTAL

 
 
 

OFF

S/OFF

MDR

 

COTE D'IVOIRE

43° BIMa

PERMANENT

TOURNANT

TOTAL

22

9

31

95

59

154

84

292

376

201

360

561

GABON

6° BIMa

PERMANENT

TOURNANT

RENFORT

TOTAL

10

11

8

29

52

55

48

155

105

232

25

362

167

298

81

546

CAMEROUN

MISLOG

PERMANENT

RENFORT

TOTAL

1

0

1

2

5

7

3

1

4

6

6

12

SÉNÉGAL

23° BIMa

EMIA

PERMANENT

TOURNANT

PERMANENT

TOTAL

23

7

11

41

63

40

6

109

253

129

4

386

339

176

21

536

DJIBOUTI

EMIA

PERMANENT

30

72

59

161

 

5OIA/OVIA)

TOURNANT

1

7

2

10

 

5° RIAOM

PERMANENT

29

92

359

480

 
 

TOURNANT

14

62

119

295

 

13° DBLE

PERMANENT

29

103

494

626

 
 

TOURNANT

9

57

145

211

 

DETALAT

PERMANENT

4

23

14

41

 
 

TOURNANT

1

17

12

30

 
 

TOTAL

117

433

1204

1854

TOTAL DES FORCES DE PRÉSENCE

219

858

2332

3509

En 1998, les effectifs stationnés en Afrique étaient, pour les trois pays suivants, très comparables aux effectifs enregistrés en 1996 :

- 546 hommes au Gabon (562 en 1996),

- 536 hommes au Sénégal (557 en 1996),

- 561hommes en Côte d'Ivoire (514 en 1996).

Toutefois, à Djibouti, le dispositif terrestre français est passé de 2 093 hommes en 1996 à 1 854 en 1998, soit une baisse de 11,4 %.

Le redimensionnement du dispositif militaire français en Afrique repose, pour l'essentiel, sur le retrait des forces françaises de République Centrafricaine , qui relevaient du régime des opérations extérieures et non des forces de présence (voir ci-dessous c.), de même que le dispositif français au Tchad (Epervier) et au Cameroun (Aramis).

Conformément à l'évolution ci-dessus évoquée s'agissant de l'Outre-mer, la part des compagnies tournantes , qui équivaut déjà à 44 % du total des effectifs (compte tenu des renforts stationnés au Gabon et au Cameroun), devrait, à l'échéance de 2001, s'élever à 70 % du dispositif. A terme, les unités opérationnelles relèveront donc toutes du régime des compagnies tournantes, des noyaux permanents importants étant prévus dans chaque organisme de commandement et de soutien.

Le nombre des modules tournants doit passer (Outre-mer et Afrique confondus) de 7 en 1996 à 17 en 1998, pour atteindre 26 en 2001.

Rappelons que cette nouvelle organisation, fondée sur un recours accru aux personnels tournants, relève du souci d'alléger une contrainte financière forte due au poids croissant des rémunérations et charges sociales dans une armée professionnelle. En effet, les personnels tournants seront affectés pour des séjours de courte durée (généralement 4 mois), sans leur famille et bénéficieront d'un régime de "surrémunération" moins favorable que celui de personnels affectés pour une longue période (personnels prépositionnés). Le choix de privilégier les compagnies tournantes tient aussi à la nécessité de permettre au plus grand nombre d'acquérir les compétences indispensables à des forces projetables. Il permettra également de susciter des vocations d'engagés parmi les jeunes pour qui l'expérience de la vie militaire n'est tentante que si elle comporte une part d'aventure.

c) Les opérations extérieures

Il est désormais classique d'opposer les opérations extérieures effectuées sous souveraineté française aux opérations conduites dans un cadre multilatéral (ex-Yougoslavie) ou dans le cadre de l'ONU (Liban, Angola...).

. La contribution de l'armée de terre aux diverses opérations extérieures , au 31 mai 1998, s'élevait à 4 057 hommes , soit 75 % des effectifs interarmées, ainsi répartis entre les différents types d'opérations :

1) Opérations françaises

 

- Tchad (Epervier)

665 hommes

- RCA (Murène)

33

- Cameroun (Aramis)

66

- Total

764

2) Opérations multinationales

 

- ex-Yougoslavie - SFOR

2 875

- ECCM 13( * )

46

- Observateurs (OSCE, CEE...)

9

- Total

2 930

3) Opérations ONU

 

- Liban (Finul)

245

- RCA (Minurca)

170

- Angola (Unops et Monua)

13

- Sahara (Minurso)

20

- Observateurs

15

- Total

463

L'importance relative des effectifs déployés en ex-Yougoslavie dans le cadre de la SFOR est, cette année encore, avérée. En mai 1998, ils représentaient à eux seuls, en effet, 78,8 % des effectifs engagés par l'armée de terre sur des théâtres extérieurs. Rappelons, pour mémoire, les effectifs engagés en opérations extérieures par les autres armées et par la gendarmerie : 120 hommes pour la marine (soit 2 % du dispositif total), 1 027 pour l'armée de l'air (soit 18,3 % de l'ensemble), et 236 pour la gendarmerie (soit 4,2 %).

. Le surcoût imputable, en 1997, pour l'armée de terre, aux opérations extérieures, s'est élevé à 2 011,19 millions de francs, soit la plus grande part (58,28 %) du surcoût total par le budget de la défense (3 450,76 millions de francs).

Le poids budgétaire des opérations extérieures devrait être aussi important en 1998, puisque les prévisions effectuées au 31 mai 1998 portent sur un surcoût de 1 181,83 millions de francs pour la seule armée de terre, équivalent à 56,4 % d'un surcoût total estimé à 2 094,17 millions de francs pour le budget de la défense.

De manière désormais très classique, on relève l' importance du poste rémunérations et charges sociales , qui représente à lui seul 72 % du surcoût de l'armée de terre en 1997 (74 % en 1998), ce qu'illustre le tableau ci-joint.

Surcoût global des opérations extérieures pour l'armée de terre et comparaison avec le surcoût global pour la défense (au 31 mai 1998)


 

1996

1997

1998 *( * )

RÉMUNÉRATIONS - CHARGES SOCIALES

1 941,91

1450,33

875,64

ALIMENTATION

125,32

94,49

60,62

FONCTIONNEMENT

430,04

261,89

156,93

ENTRETIEN PROGRAMME DU MATERIEL

17,72

34,64

26,73

TOTAL TITRE III

2 514,99

1 841,35

1 119,92

TOTAL TITRE III DEFENSE

3 933,74

2 752,09

1 847,39

ENTRETIEN PROGRAMME DU MATERIEL

110,97

43,48

25,11

FAB. HCCA 14( * )

219,51

66,28

18,19

FAB. SUBSISTANCES

143,15

40,00

5,00

MUNITIONS

32,27

15,08

11,21

INFRASTRUCTURE

38,62

5,00

2,40

TOTAL TITRE V

544,52

169,84

61,91

CESSIONS

10,00

-

-

TOTAL TITRE V DEFENSE

1 213,42

698,67

246,78

TOTAL GENERAL TERRE

3 069,51

2 011,19

1 181,83

TOTAL GENERAL DEFENSE

5 147,16

3 450,76

2 094,17

La réforme récente de la rémunération des personnels en opex vise précisément à atténuer ce surcoût en rémunérations et charges sociales, afin de limiter un besoin de financement des opex en cours d'année qui se traduit régulièrement par l'ouverture de crédits supplémentaires par décrets d'avance ou collectifs budgétaires.

Cette réforme s'appuie sur un régime de rémunération désormais constant quel que soit le théâtre d'opérations. Il est composé d'une indemnité de sujétion pour service à l'étranger qui équivaut à 1,5 fois la solde de base, complétée par un supplément par enfant à charge. Cette indemnité s'ajoute à la rémunération servie au militaire en métropole.

En revanche, les militaires affectés à des forces prépositionnées continueront à percevoir la rémunération des agents de l'Etat en poste à l'étranger.

Par ailleurs, une dotation de 179 millions de francs a, pour la première fois en 1998, été inscrite au budget de la défense, afin de couvrir le coût des rémunérations des personnels de l'armée de terre servant dans le cadre de forces d'intervention Afrique. Jusqu'à cette date en effet, seule une partie de ces surcoûts était budgétisée, rendant nécessaire des ouvertures de crédits en cours d'exercice. La dotation prévue pour 1999 représente 98 millions de francs au titre des rémunérations des forces en opérations extérieures "normales" (par opposition aux forces multilatérales ou engagées dans le cadre de l'ONU). Cette réduction par rapport à 1998 tient au redéploiement de notre dispositif en Afrique, en particulier au retrait de RCA.

2. Une participation importante au renforcement de la sécurité du territoire

L'armée de terre participe de manière permanente à l'application du plan Vigipirate depuis le 9 septembre 1995.

Toutes catégories confondues (appelés, de carrière ou sous contrat) plus de 80 000 militaires de l'armée de terre ont ainsi contribué au renforcement de la sécurité générale depuis la mise en oeuvre du plan Vigipirate. Les missions effectuées ont concerné la surveillance de sites sensibles, ainsi que des frontières terrestres, maritimes et aériennes de la France. De manière générale, la contribution de l'armée de terre représente 77 % de la participation interarmées au plan Vigipirate. Ainsi le volume de personnel de l'armée de terre mis à disposition des autorités civiles dans ce cadre représente-t-il actuellement 623 hommes, soit 77,5 % d'un total interarmées qui s'élève à 803.

Par ailleurs, la participation de l'armée de terre au renforcement de la sécurité générale pendant la coupe du monde de football s'est traduite par la mise à disposition de 11 000 militaires de l'armée de terre entre le 9 mai et le 13 juillet 1998, soit 83 % de la participation interarmées à ces missions . A partir du 5 juin, les effectifs ont été portés à plus de 2 450 hommes, et ont culminé à 3 800 le 25 juin. La contribution de la seule armée de terre au renforcement de la sécurité pendant le Mondial a été d'autant plus décisive qu'elle est très comparable à l'effort mis en oeuvre par la gendarmerie, de l'ordre de 3 000 gendarmes mobiles par jour , et que l'armée de terre a, à elle seule, assuré la protection des sites sensibles. Les autres armées ont déployé des effectifs en rapport avec leurs effectifs globaux (309 hommes pour l'armée de l'air et 469 hommes pour la Marine).

Il importe donc de souligner que la participation de l'armée de terre au renforcement de la sécurité, à travers le plan Vigipirate ou à travers la participation à des missions plus ponctuelles comme le Mondial , est devenue une charge lourde et permanente.

Notons que la professionnalisation ne paraît pas altérer la capacité de l'armée de terre à mener à bien ce type de mission , puisque des unités professionnelles participent d'ores et déjà au plan Vigipirate.

L'importance des diverses contributions de l'armée de terre aux missions incombant aux armées est donc très révélatrice du caractère indispensable et irremplaçable de l'apport de l'armée de terre aux besoins de sécurité actuels, et de son poids déterminant dans la nouvelle stratégie d'action et d'emploi qui caractérise aujourd'hui notre politique de défense.

II. LA DOTATION DE L'ARMÉE DE TERRE EN 1999

. Le budget de la défense représentera, en 1999, 243,5 milliards de francs (pensions comprises), et 189,9 milliards de francs hors pensions, soit une progression de 2,8 % en francs courants (+ 1,7 % en francs constants) par rapport aux 184,7 milliards de francs (hors pensions) inscrits en loi de finances initiale en 1998. Cette évolution relativement favorable succède, il convient de le rappeler, à la baisse de - 3,2 % en francs courants (- 4,5 % en francs constants) constatée en 1998 par rapport à 1997. L'augmentation prévue pour 1999 ne permet donc que de rattraper, dans une certaine mesure, les difficultés imputables à "l'encoche" de quelque 7,7 milliards de francs qui, en 1998, a caractérisé les crédits d'équipement de la défense, en contradiction avec les engagements souscrits dans le cadre de la loi de programmation 1997-2002.

Cette hausse de 2,9 % en francs courants recouvre des évolutions nuancées selon les catégories de dépenses.

Les dépenses d'équipement , auxquelles seront consacrés 86 milliards de francs, renouent avec la logique de la programmation. Optiquement, ce montant peut paraître cohérent avec l'annuité pévue par la loi de programmation militaire , soit 86 milliards de francs. Mais celle-ci prévoyait également une actualisation des annuités , destinée à maintenir constant le "pouvoir d'achat" des crédits d'équipement militaire en francs valeur 1995. Sur la base de ce principe, la dotation de 1999 aurait dû s'élever, pour les seuls crédits d'équipement, à 91 milliards de francs. L'augmentation de 6,17 % en francs courants constatée par rapport à la dotation de 1998 ne résulte, par ailleurs, que de l'interruption des prélèvements effectués au cours du précédent exercice dans le cadre de "l'encoche", et ne saurait être présentée comme un effort particulier destiné aux équipements militaires.

En revanche, les crédits de fonctionnement subissent, hors rémunérations et charges sociales, une pression particulièrement rigoureuse , et diminueront de 9 % entre 1998 et 1999, passant de 23,2 à 21,1 milliards de francs. Cette évolution tient, certes, notamment aux économies liées à la réduction nette des effectifs et aux restructurations. Mais elle recouvre également de très importants efforts d'économies qui paraissent conforter les interrogations exprimées depuis deux ans par votre rapporteur sur la pertinence du pari consistant à réaliser la professionnalisation à titre III constant, sans que les capacités opérationnelles des forces soient altérées par les contraintes budgétaires imputables à la période de transition.

.
En 1999, les crédits de l'Armée de terre représenteront 25,9 % de l'ensemble du budget de la défense , soit une proportion stable par rapport aux grandeurs habituellement observées et, plus particulièrement, par rapport au budget 1998. Les 49,189 milliards de francs qui seront consacrés à l'Armée de terre en 1999 se situeront quant à eux en augmentation sensible (+ 2,59 % en francs courants ; + 1,48 % en francs constants 98) par rapport à la dotation de 1998 (soit 47,946 milliards de francs). Il convient néanmoins, comme votre rapporteur l'a fait observer plus haut à propos de l'ensemble du budget de la défense, de relever que la dotation de 1998 a été en baisse de - 2,3 % en francs courants (- 3,7 % en francs constants) par rapport à l'exercice précédent. Le budget prévu pour 1999 permet donc de "lisser" les diminutions observées en 1998, sans pour autant constituer un effort véritable pour l'Armée de terre.

Plus encore, la dotation des forces terrestres inscrite au budget de la Défense pour 1999 illustre très clairement le bien-fondé des craintes suscitées par la volonté de compenser les charges liées à la mise en oeuvre de la professionnalisation par de substantiels gains de productivité, sans revalorisation des moyens de fonctionnement.

A. VERS UNE CERTAINE STABILISATION DES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT

L'augmentation des crédits d'équipement des forces terrestres, qui passent de 17 305,3 à 18 464,6 millions de francs en crédits de paiement, soit une hausse de + 6,7 % en francs courants (+ 5,5 % en francs constants 98), ne traduit en réalité, au mieux, comme votre rapporteur le soulignait plus haut à propos du budget de la Défense dans son ensemble, qu'une stabilisation du titre V , dans la logique définie par la " revue des programmes". L'augmentation apparente constatée entre la loi de finances initiale de 1998 et le projet de loi de finances pour 1999 ne permettra, en effet, que de compenser, dans une certaine mesure, les prélèvements effectués en 1998. Rappelons que ceux-ci se trouvent à l'origine d'un manque à gagner de 11 % par rapport à ce qu'aurait dû être l'annuité 1998 de la loi de programmation 1997-2002 pour l'Armée de terre.

Les crédits d'équipement se situent dans un contexte caractérisé par l'élaboration d'une nouvelle nomenclature budgétaire, ainsi que par les décisions adoptées au terme de la "revue des programmes".

1. Le contexte : nouvelle nomenclature budgétaire et conséquences de la "revue des programmes"

a) Une nomenclature budgétaire réformée

Le projet de budget de la Défense pour 1999 est présenté selon la nouvelle nomenclature annoncée lors du débat budgétaire de l'automne 1997.

La réforme de 1993 avait consisté à substituer sept chapitres aux seize chapitres hérités des sections budgétaires qui avaient subsisté après la fusion des ministères en 1962.

Les crédits d'équipement inscrits au projet de budget pour 1999 s'appuient sur huit chapitres :

- 51-61 : Espace - système d'information et de communication,

- 51-71 : Forces nucléaires,

- 52-81 : Etudes,

- 53-71 : Equipements communs, interarmées et de la gendarmerie,

- 53-81 : Equipements des armées,

- 54-41 : Infrastructures,

- 55-11 : Soutien des forces

- 55-21 : Entretien des matériels.

A l'exception du chapitre 51-71, tous ces chapitres concernent la dotation de l'Armée de terre.

De manière générale, la nouvelle nomenclature assure une répartition plus homogène des crédits entre les chapitres . C'est ainsi que les dépenses jusqu'à présent inscrites au chapitre 53-80 (Fabrications) ont été réparties entre les chapitres 53-71 (équipements communs), 53-81 (équipements des armées), 55-11 (le soutien des forces intègre désormais, en effet, les dépenses d'habillement, campement, couchage et ameublement), et 55-21 (entretien des matériels). Rappelons que l'ancien chapitre 53-80 représentait à lui seul, en 1998, 68,6 % des crédits de paiement du titre V et 76,5 % des autorisations de programme.

Par ailleurs, en mettant fin à la dissociation classique entre crédits consacrés, d'une part, au développement et, d'autre part, à la fabrication, la nouvelle nomenclature a l'intérêt de présenter dans le même chapitre l'ensemble des ressources consacrées à un même programme, avec un avantage évident en termes de lisibilité . Dans cet esprit, il convient de relever que les moyens impartis à chacun des vingt-cinq programmes d'armement sont rassemblés en articles très explicites. Ainsi, au sein du chapitre 53-81 (équipements des armées), les programmes VBCI, Leclerc et Tigre font-ils l'objet d'articles distincts, de même que, au sein du chapitre 53-71 (équipements communs, interarmées et de la gendarmerie), les crédits affectés au programme NH90.

b) Des ambitions réduites par la "revue des programmes"

Mise en oeuvre en octobre 1997, la "revue des programmes" avait pour objet d'actualiser l'ensemble des programmes d'armement, afin de préparer des choix politiques cohérents avec le niveau de notre effort de défense et avec les objectifs opérationnels impartis aux armées. Conséquence de "l'encoche" constatée dans les crédits d'équipement militaire en 1998, la "revue des programmes" a conduit à la décision d'arrêter le niveau des crédits d'équipement à 85 milliards de francs 1998 par an, soit une réduction de cinq milliards de francs par an par rapport aux prévisions de la programmation, et un prélèvement de vingt milliards de francs 1998 au terme de celle-ci (exercices 1999, 2000, 2001 et 2002).

Cette économie de cinq milliards de francs (valeur 1998) par an résulte :

- d'abandons ou arrêts de programme (concernant les forces terrestres, il s'agit du missile AC3GLP),

- de réaménagements d'échéanciers ou de réductions de cibles (comme celle de l'engin porte-blindé),

- de l'abandon de capacités significatives comme la permanence du groupe aéronaval opérationnel, et le retrait anticipé du service de deux escadrons de Jaguar en 2001,

- et d'économies réalisées sur les études, les infrastructures et l'entretien programmé du matériel auxquelles l'Armée de terre n'échappera pas, et dont votre rapporteur commentera les conséquences ci-après.

2. Une augmentation apparente des crédits d'équipement des forces terrestres

a) Présentation générale du titre V.

L'évolution positive des crédits de paiement du titre V (+ 6,7 % en francs courants par rapport aux crédits inscrits en loi de finances initiale 1998) ne permet pas de rattraper la brutale diminution de - 10,8 % des crédits de paiement observée en 1998 par rapport à la précédente dotation. De manière plus préoccupante encore, cette augmentation contraste avec la baisse très sensible des autorisations de programme (- 9,7 % en francs constants par rapport à 1998), illustrée par le tableau ci-après, qui justifie quelques craintes sur l'évolution à venir des crédits d'équipement de l'Armée de terre.

Les principales observations qu'appellent les crédits d'équipement de l'Armée de terre en 1999 concernent :

- l'effort substantiel relatif à l'Espace et aux systèmes d'information et de commandement (chapitre 51-61),

- l'évolution contrastée des postes Infrastructure (chapitre 54-41), soutien des forces (chapitre 55-21), qui diminuent assez sensiblement en AP, mais font l'objet d'un certain rattrapage, en CP, par rapport aux baisses constatées entre 1997 et 1998,

- l'évolution nuancée des moyens consacrés aux fabrications de matériels d'armement (chapitres 53-71 : équipements communs et interarmées, et 53-81 : équipements des armées), dont la somme diminue assez sensiblement en AP (- 16,26 % en francs courants), et augmente modestement en CP (+ 1,95 % en francs courants).

Par ailleurs, l'analyse du poids relatif, au sein des crédits d'équipement de l'Armée de terre, des différentes composantes du titre V par rapport aux grandeurs observées dans le budget de la Défense (voir tableau ci-après) montre que, si les forces terrestres consacrent relativement moins de moyens aux études et à l'entretien programmé du matériel que le titre V du budget de la Défense dans son ensemble, en revanche certains postes pèsent plus lourd au sein des crédits d'équipement de l'Armée de terre que dans le titre V de la Défense. Il s'agit :

- de l' espace et des systèmes d'information et de commandement : 14,48 % du titre V des forces terrestres ; 8,62 % du titre V Défense ;

- des fabrications de matériels d'armement (somme des chapitres 53-71 et 53-81) : 49,15 % du titre V des forces terrestres ; 38,86 % du titre V Défense ;

- des infrastructures : 13,76 % du titre V des forces terrestres ; 9,15 % du titre V Défense ;

- du soutien des forces : 10,32 % du titre V des forces terrestres ; 7,17 % du titre V Défense.

Poids relatif des différentes composantes du titre V au sein des crédits d'équipement de l'Armée de terre et de la Défense

(CP MF courants)

 

Dotation de l'Armée de terre (PLF 1999)

Part dans le Titre V de la dotation Armée de terre

Titre V de la Défense (PLF 99)

Part dans le titre V Défense

Espace

2703,2

14,48 %

7201

8,62 %

Etudes

38

0,2 %

3230

3,86 %

Equipements communs

787,4

4,26 %

10 658

12,76 %

Equipements des armées

8288,5

44,88 %

21 787

26 %

Total fabrication de matériel d'armement

9075,9

49,15 %

32 445

38,86 %

Infrastructure

2542,4

13,76 %

7641

9,15 %

Soutien des forces

1906,4

10,32 %

5992

7,17 %

Entretien programmé des matériels

2198,7

11,9 %

10 891

13 %

TOTAL

18 464,6

-

83 480 15( * )

-

b) La "revue des programmes" et l'équipement des forces terrestres

Certes, la loi de programmation 1997-2002 a, en vertu d'une logique malaisément contestable, été conçue autour de l'objectif prioritaire de la professionnalisation, renvoyant le renouvellement du matériel de l'Armée de terre du futur à une date postérieure à la programmation.

Certes, les substantielles modifications apportées à la nomenclature du budget de la défense rendent toute comparaison d'un exercice à l'autre plus complexe que par le passé.

Il est néanmoins légitime de s'interroger sur les moyens qui seront consacrés en 1999 au suivi des programmes terrestres, et de poser la question des conséquences opérationnelles des choix effectués dans la logique de la "revue des programmes".

(1) Une certaine interrogation sur les crédits consacrés à la préparation de l'avenir

Les moyens affectés à la préparation de l'avenir des forces terrestres peuvent être appréciés à travers trois postes :

- le chapitre 51-61 (espace-systèmes d'information et de communication),

- le chapitre 52-81 (études),

- les chapitres 53-71 (équipements communs et interarmées) et 53-81 (équipement des armées), qui cumulent désormais, dans la nouvelle nomenclature, les crédits consacrés aux développements et aux fabrications de matériels d'armement.

. Les moyens affectés à l' espace et aux systèmes d'information et de commandement (voir supra le tableau relatif à la présentation générale du titre V de la dotation des forces terrestres) augmentent substantiellement, par rapport aux crédits de 1998 reconvertis en nomenclature 1999.

En AP, le chapitre 51-61 est en hausse de 23,7 % en francs courants, et de 22,3 % en francs constants. L'augmentation est, en CP, de 18,2 % en francs courants, et de 16,9 % en francs constants.

. Les études stricto sensu (chapitre 52-81 dans la nomenclature 1999) diminuent par rapport aux crédits de même objet inscrits sur la loi de finances initiale de 1998. En ce qui concerne les autorisations de programme, la baisse est de - 0,7 % en francs courants (- 1,8 % en francs 1998). Elle est, s'agissant des crédits de paiement, de - 6 % en francs courants (- 6,9 % en francs 1998).

La portée de cette évolution peut, certes, être relativisée, si l'on considère que, la plupart des programmes majeurs de l'Armée de terre étant désormais en phase de développement, voire d'industrialisation, les besoins en matière d'études sont désormais moins importants.

Par ailleurs, il convient de souligner que le nouveau chapitre 52-81 (études technico-opérationnelles) n'épuise pas la totalité des crédits d'études impartis à l'Armée de terre. En effet, en 1999, 254 millions de francs en AP et 275 millions de francs en CP ont été transférés sur la DGA. De plus, outre les études de faisabilité inscrites au chapitre 52-81 (40 millions de francs en AP, 38 millions de francs en CP en 1999), l'Armée de terre consacre quelques crédits à des études de faisabilité imputées sur les chapitres 51-61 (22) et 53-81 (25, 26, 27).

La baisse sensible des crédits d'études (voir le tableau ci-après) s'explique notamment par le transfert sur les articles DGA précédemment évoqués. Il n'en demeure pas moins que la "revue des programmes" s'est traduite, pour l'Armée de terre, par une baisse globale des études de l'ordre de 11 %, alors même que de très importants chantiers sont en cours en vue de la modernisation des forces terrestres. Rappelons, en effet, que ces chantiers concernent les domaines suivants :

- mise au point d'un missile à fibre optique , destiné à des missions d'appui-feu, et au traitement d'objectifs ponctuels dans la profondeur (plus de trente kilomètres) ;

- l'élaboration d'un " système combattant ", destiné à équiper le combattant à pied de moyens intégrant les données de combat moderne (mobilité, protection balistique, laser et NBC, transmissions internes au groupe de combat...) ;

- la mise au point d'une drone à très courte portée , qui, au niveau de l'unité de renseignement ou du bataillon de mêlée, remplirait les missions d'investigation, de surveillance et de préparation de l'engagement (ce projet se situe aujourd'hui au stade de la validation du concept d'emploi) ;

- la valorisation du système d'artillerie canon de 155 (interopérabilité logistique avec nos alliés, accroissement de la portée de frappe...) ;

- la protection équilibrée des véhicules blindés , élément important de la supériorité opérationnelle des forces, compte tenu d'une menace plus diffuse et plus variée, nécessitant le recours à des solutions ne passant pas nécessairement par l'amélioration du blindage ;

- la prise en compte d' éléments robotiques sur le champ de bataille , afin d'améliorer l'efficacité opérationnelle des systèmes d'armes grâce à l'automatisation de certaines tâches (parmi lesquelles le déminage) ;

- la mise au point d'un système destiné essentiellement à réduire les tirs fratricides ( Battlefield identification friends and foes ), domaine dans lequel la guerre du Golfe a mis en évidence des besoins certains.

Montant global des crédits consacrés par l'Armée de terre aux études, recherches et développements dans le projet de budget pour 1999

 

Nomenclature

Crédits budgétaires

LFI 1998 1

PLF 1999

Evolution 99/98

Total études (hors études amont)

Chapitres

51.61 (22), 51.81(11),

53.81 (25,26,27), 52.81

AP

CP

294

315

61

52

- 79, %

- 83,5 %

Total développements

Chapitres

51.61 (22)

53.71 (21,22,23,24)

53.81 (25,26,27,28,37,38,

39,47)

AP

CP

1 926

3 034

2 182

2 983

+ 13,3 %

- 1,7 %

1 montants reclassés selon la nomenclature 1999.

. En ce qui concerne les développements , répartis entre les chapitres 51-61 (espace-systèmes d'information et de commandement) et les chapitres consacrés aux fabrications (53-71 : équipements communs et interarmées ; 53-81 : équipement des armées), on constate (voir le tableau ci-dessus) une évolution plus favorable en AP (+ 13,3 %) qu'en CP (- 1,7 %), qui pourrait attester, si cette tendance se confirmait, une certaine relance des dépenses destinées à la préparation de l'avenir.

(2) Des altérations attendues dans la réalisation des principaux programmes terrestres

Les moyens affectés aux fabrications sont répartis, s'agissant des forces terrestres, entre trois chapitres distincts :

- espace-systèmes d'information et de communication (chapitre 51-61),

- équipements communs et interarmées (53-71),

- équipements des armées (53-81).

En 1998, les moyens consacrés aux fabrications de matériels d'armement terrestre avaient été affectés par un décalage sensible (- 6,3 % en crédits de paiement) par rapport à ce qu'aurait dû être la deuxième annuité de la loi de programmation.

Cet infléchissement des crédits s'était traduit par un moratoire d'un an sur certains grands programmes :

- développement du lance-roquettes multiples de nouvelle génération,

- industrialisation de l'obus antichar à effet dirigé,

- valorisation du système Roland,

- fabrication de missiles antichar à courte portée Eryx, des missiles sol-air Mistral, et des obus-flèche de 120 mm.

Dans la même logique, les livraisons de chars Leclerc étaient passées de 33 à 30 exemplaires.

La "revue des programmes" conduite en 1998 s'est traduite par d'importantes altérations dans le suivi des programmes d'armement terrestre. Il s'agit tout d'abord de réductions de cibles , qui concernent le missile Mistral et les engins porte-blindés. Par ailleurs, la France renonce à certains équipements . Ainsi est-il désormais exclu de procéder à l'achat de la mine antichar MACPED. Le missile antichar AC3GLP de l'hélicoptère Tigre n'entrera pas en phase d'industrialisation, le missile destiné à équiper cet hélicoptère devant être acquis sur étagère. On peut s'interroger sur la pertinence de cette décision, compte tenu du fait que le Tigre avait été conçu pour tirer le meilleur parti de ce missile ...

Selon les informations contenues dans le dossier relatif au projet de budget de la Défense pour 1999, présenté par le Ministère de la Défense, ces économies devraient permettre une stabilisation des moyens consacrés à l'équipement des armées jusqu'au terme de la programmation . Acceptons-en l'augure.

En ce qui concerne l'Armée de terre, les éléments d'information contenus dans ce dossier se réfèrent à la poursuite des réalisations suivantes 16( * ) , tandis qu'une augmentation de 8,7 % des crédits d'équipement consacrés aux moyens conventionnels succède à la baisse sensible constatée en 1998 :

- amélioration de la capacité blindée, avec l'acquisition de chars Leclerc, dont 33 (au lieu de 30 en 1998) devraient être livrés en 1999, avec le lancement du développement du véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI), et avec la poursuite, en 1999, des livraisons d'engins porte-blindés de la classe Leclerc (dont le nombre, soit 28 exemplaires en 1999, a néanmoins été réduit) ;

- développement des missiles antichars de moyenne et longue portée de troisième génération (parallèlement à l'abandon de l'industrialisation du missile AC3GLP, comme votre rapporteur le précisait plus haut) ;

- livraisons de missiles antichars de courte portée Eryx (600 exemplaires prévus en 1999) ;

- entrée du programme Tigre dans la phase de fabrication en série, poursuite du financement du développement du NH 90 ;

- modernisation de l'artillerie (roquettes à portée étendue, valorisation du canon automoteur de 155 mm, 8 étant commandés en 1999, munitions ACED, radars de contrebatterie Cobra, système de conduite des feux).

Il convient donc d'espérer que la "revue des programmes", avatar des diverses manoeuvres classiquement entreprises pour mettre en cause les engagements souscrits dans le cadre d'une loi de programmation, ne préfigure pas une nouvelle réduction des objectifs fixés aux armées en matière d'équipement.

c) L'évolution contrastée des autres dépenses

Le projet de budget pour 1999 illustre -comme d'ailleurs le précédent exercice- les tensions budgétaires qui caractérisent actuellement trois postes pourtant particulièrement sollicités et sensibles en cette période de transition : les infrastructures, les dépenses concernant le soutien des personnels et dénommées HCCA (habillement, campement, couchage et ameublement), ainsi que l'entretien programmé des matériels.

(1) Les infrastructures, poste déterminant pour la réussite de la transition

. La persistance de besoins importants en dépit de la contraction du format de l'Armée de terre.

Trois évolutions distinctes contribuent à faire des infrastructures un élément déterminant du budget des forces terrestres pendant la période de transition :

- Les besoins suscités par la nécessaire amélioration des conditions d'hébergement des engagés volontaires et des sous-officiers célibataires sont l'une des conséquences de la professionnalisation. Ces besoins ont été pris en compte dans le cadre du plan VIVIEN (Valorisation de l'infrastructure de vie des engagés volontaires). De manière générale, on relève de nombreuses opérations destinées à la réfection de bâtiments conformément aux normes de confort d'une armée professionnelle. Ainsi, la mise aux normes EVAT d'un bâtiment de l'Armée de terre à Satory s'est-elle traduite par un coût de 12 millions de francs en 1998. La même année, la mise aux normes EVAT d'un bâtiment pour le 2e régiment de hussards à Sourdun a coûté 11,5 millions de francs. La construction d'un bâtiment pour cadres célibataires à Tarbes a coûté 26 millions de francs en 1998 (12,5 millions de francs pour le 34e régiment du génie d'Epernay).

- Le passage à une nouvelle génération de matériels d'armement induit, lui aussi, des besoins jusqu'à présent inédits dans le domaine des infrastructures : ainsi l'arrivée dans les régiments de chars Leclerc nécessite-t-elle la réalisation d'infrastructures opérationnelles spécifiques, qui s'étendent en l'espèce aux munitions. A titre d'exemple, l'aménagement de la zone technique Leclerc du 6/12e régiment de cuirassiers d'Olivet s'est traduit par un coût de 32,8 millions de francs.

- Enfin, les mesures de délocalisation et de restructuration , qui s'accompagnent de transferts de formations ou d'organismes, se trouvent à l'origine de travaux d'infrastructure : 10 millions de francs sont ainsi prévus, en 1999, pour l'installation du commandement des forces d'action terrestre à Lille. Le même budget sera consacré, en 1999, à la rationalisation de la garnison de Bordeaux. Les travaux destinés à l'accueil d'un régiment du train à Souge se traduiront, en 1999, par un coût de 60 millions de francs. De même, le transfert de l'établissement du matériel de Châlons-en-Champagne à Mourmelon induira un coût de 25 millions de francs.

. Une interrogation sur la suffisance des moyens inscrits au projet de loi de finances pour 1999.

Les crédits inscrits au chapitre 54-41 (Infrastructure) connaîtront une évolution nuancée en 1999, puisque l'augmentation de + 11,5 % observée en crédits de paiement contraste avec la baisse relativement brutale (- 25,1 %) constatée en autorisations de programme.

L'évolution est comparable (- 25,5 % en AP ; + 10,1 % en CP) si l'on intègre les subventions d'investissement inscrites au titre VI de la dotation forces terrestres, comme le montre le tableau ci-après :

Infrastructures en 1998-1999 (en millions de francs courants)


 

AP

CP

 

LFI 98

PLF 99

Variation

99/98

LFI 98

PLF 99

Variation

99/98

Infrastructure en métropole

2 069

1 468,2

- 29 %

1 770,2

1 907,91

+ 7,7 %

Infrastructure en Allemagne

70,4

170

141 %

46,7

131,06

+ 180 %

Infrastructure Outre-mer et étranger

110,2

130

17,9 %

78,5

131,18

+ 67 %

Titre VI et divers dont acquisitions

84

68,3

- 18,7 %

101,2

53,8

- 46,84 %

Infrastructure des services

489,3

266,7

- 45,5 %

333,1

342,8

+ 2,91 %

TOTAL

2 822,9

2 103,2

- 25,5 %

2 329,7

2 566,75

+ 10,1 %

Or la contraction des autorisations de programme permet d'anticiper une diminution à venir des crédits d'infrastructure, quelque peu contradictoire :

- avec la permanence de besoins substantiels ci-dessus commentée,

- et avec le fait que les dépenses d'infrastructure représentent une part relativement plus importante du titre V de l'armée de terre (13,76 %) que du titre V du budget de la défense (9,15 %).

Il est indéniable que l'infrastructure constitue, pour la dotation des forces terrestres, un fardeau particulièrement lourd pendant la période de transition . En effet, l'Armée de terre doit faire face aux coûts induits par la professionnalisation et par les opérations immobilières liées aux restructurations.

Dans ce contexte, les 125 millions de francs d'économie réalisées en 1999, et liées à la " revue des programmes ", paraissent particulièrement mal venues. Ces économies correspondent approximativement à l'aménagement de dix bâtiments destinés aux engagés. Elles reviennent à reporter à une date ultérieure (vraisemblablement à la fin de la programmation) des opérations directement liées aux restructurations et à la professionnalisation, alors même que la baisse sensible des autorisations de programme ne permet pas de prévoir une revalorisation, à court et moyen termes, des crédits d'infrastucture.

(2) La baisse problématique des moyens consacrés à l'HCCA (habillement, campement, couchage et ameublement)

Dans la nouvelle nomenclature budgétaire, les crédits consacrés aux HCCA (habillement, campement, couchage et ameublement) sont inscrits au chapitre 55-11 (soutien des forces), et non plus à l'ancien chapitre 53-80 (fabrications). Il s'agit des crédits parfois définis, en vertu d'un parallélisme impropre et contestable avec l'entretien programmé des matériels, par l'ensemble des moyens destinés à "l'entretien programmé des personnels".

Le reste du chapitre est affecté aux matériels de transmissions et d'informatique, ainsi qu'aux munitions de l'Armée de terre.

Alors que les moyens consacrés au soutien des forces dans la dotation de l'Armée de terre augmentent en CP, et baissent en AP, les crédits d'HCCA connaissent une évolution négative, tant en autorisations de programme qu'en crédits de paiement, comme le montre le tableau suivant.

Crédits d'HCCA (forces terrestres) en 1998 et 1999

(MF - francs courants)


LFI 1998 (chapitre 53-80 - articles 58 et 59)

PLF 1999 (chapitres 55-11 - articles 22 et 23)

Evolution 1999/1998 en valeur absolue

Evolution 1999/1998 en pourcentage

AP

CP

AP

CP

AP

CP

AP

CP

1 236

1 121,9

1 095,7

1 098,3

- 140,3

- 23,6

- 11,4 %

- 2,1 %

Or, une telle diminution des crédits d'habillement, campement, couchage et ameublement paraît problématique, voire contestable (en dépit des économies susceptibles de résulter, sur ces dépenses, de la contraction du format de l'Armée de terre), compte tenu des charges liées aux besoins nouveaux suscités, d'une part, par la professionnalisation et, d'autre part, par les opérations extérieures.

En effet, les crédits d'HCCA contribuent au soutien de l'homme dans des domaines très diversifiés de la vie des forces terrestres, tant en garnison qu'en campagne :

- mobiliers pour chambres et bureaux,

- matériels d'hébergement en campagne,

- paquetages, effets de protection (gilets pare-balles, casques com-posites...) et effets supplémentaires du combattant (sac de vie en campagne).

Notons que la priorité dont doit faire l'objet, dans la perspective de la professionnalisation, l'amélioration des conditions de vie des engagés volontaires de l'Armée de terre conduit à consacrer des moyens accrus à l'aménagement de leur logement, notamment en matière de couchage, par rapport aux normes en vigueur dans les régiments d'une armée mixte.

Par ailleurs, l' emploi intensif des matériels en opérations extérieures est à l'origine d'une usure plus rapide et, partant, d'un besoin de renouvellement accru , tandis que les nouveaux objectifs de projetabilité des forces conduisent à une augmentation du nombre de personnels à équiper en matériels de protection. C'est ainsi que les opérations de renouvellement représentent aujourd'hui, à elles seules, 80 % des crédits alloués.

Dans cette logique, la priorité sera, en 1999 comme en 1998, donnée aux équipements qui renforcent la sécurité du combattant et, plus particulièrement, au gilet pare-balles et au casque composite. Dans le même esprit, un effort sera maintenu au profit des tenues de combat (bariolées théâtre européen ; bariolées outre-mer et traitées dans le cadre de la lutte contre le paludisme), ainsi que, dans une moindre mesure, pour les ensembles de protection contre les intempéries et le froid, les sacs de vie en campagne, et les survestes de combat.

Le tableau ci-après illustre la permanence des priorités ci-dessus évoquées (casques composites, tenues de combat et gilets pare-balles).

Principales mesures nouvelles relatives aux HCCA en 1998 et 1999

 

1998 (en MF)

1999 (en MF)

Gilets pare-balles

76

95

Casques composites

20,2

20,2

Ensembles de protection contre les intempéries

173

34,6

Tenues de combat bariolées outre-mer

57

57

Tenues de combat bariolées métropole

193,8

161,5

L'évolution des besoins dans le domaine de l'habillement, du campement, du couchage et de l'ameublement illustre donc la limite des économies susceptibles de résulter de la contraction du format de l'Armée de terre, du fait des besoins suscités par la professionnalisation et par l'impératif de projetabilité des forces.

(3) Inquiétudes relatives à l'entretien programmé des matériels

Les crédits d'entretien programmé des matériels sont répartis entre une dotation désormais résiduelle, inscrite au titre III (chapitre 34-20, articles 21 et 22), et l'essentiel des moyens, inscrits au titre V (dans la nouvelle nomenclature, chapitre 55-21, articles 22 et 23).

Les premiers financent les opérations de maintenance sous-traitées au secteur industriel par la direction centrale du matériel de l'Armée de terre et par la direction centrale des télécommunications et de l'informatique.

Quant aux crédits inscrits au titre V, ils sont affectés, d'une part, à l'acquisition des rechanges destinés à assurer le soutien des matériels terrestres et des équipements de transmission d'infrastructure assuré par l'Armée de terre et, d'autre part, au financement des réparations et des rechanges des matériels aériens. Rappelons, sur ce point, que la plupart des opérations d'entretien majeur des appareils de l'aviation légère de l'Armée de terre (ALAT) sont effectuées par les industriels, qui gèrent les stocks destinés aux visites d'entretien majeur.

En ce qui concerne l'entretien des parcs vieillissants, on relève que les matériels arrivant aujourd'hui en fin de vie ne sont plus r econstruits (c'est-à-dire réparés à l'identique), mais rénovés (les éléments obsolètes -freins, boîte de vitesses, composants électroniques...- étant modernisés). En 1999, il est ainsi prévu de procéder à la rénovation de 600 à 650 véhicules tactiques, à 80 remotorisations de véhicules blindés AMX 30B2, et à la valorisation du VAB.

L'ensemble des crédits d'entretien programmé des matériels (titre III et titre V cumulés) baisseront en 1999, en AP et en CP, comme ils avaient déjà diminué en 1998.

On remarque, en revanche, une évolution plus favorable si l'on considère les seuls crédits inscrits sur le chapitre 55-21.

Le tableau ci-après montre qu'un transfert de charges opéré entre le titre III et le titre V (en vertu de la technique budgétaire classique du "bourrage") s'est traduit par une baisse sensible des crédits d'EPM inscrits sur le chapitre 34-20 (- 32 % en AP comme en CP, en francs constants).

En ce qui concerne le seul chapitre 55-21, les crédits d'EPM connaissent, en francs constants, une baisse de - 1,3 % en AP, et une hausse de + 2,1 % en CP. L'ensemble (titre III et titre V) diminue, en francs constants, de - 3,84 % en AP et de - 11 % en CP.

Evolution des crédits d'entretien programmé des matériels en 1998-1999

 
 

LFI 1998 en
MF 1998

PLF 1999 en
MF 1998

Evolution 99/98 en francs constants

Titre III

 
 
 
 

Chapitre 34-20/21 et 22 (entretien programmé des matériels terrestres et des matériels de transmissions d'infrastructure)

AP

CP

218,6

218,6

148,6 (( * )*)

148,6 (*)

- 32 % (*)

- 32 % (*)

Titre V

 
 
 
 

Chapitre 55-21/21,22 et 23
(entretien programmé des matériels aériens et des matériels de transmissions)

AP

CP

2 439,8

2 129,5

2 407,9
(2 434,4 en MF courants)
2 174,8
(2 198,7 en
MF courants)

- 1,3 %
(- 0,2 % en francs courants)
+ 2,1 %
(+ 3,3 % en francs courants)

TOTAL

AP

CP

2 658,4

2 348,1

2 556,5

2 323,4

- 3,84 %

- 1 %

Selon les informations transmises à votre rapporteur, la diminution des moyens affectés à l'entretien programmé des matériels devrait, entre 1997 et 2002, être proportionnelle à la réduction du format des forces terrestres. Les restructurations ont, en effet, permis d'affecter dans les forces les matériels en meilleur état.

Parallèlement aux économies suscitées par la réduction du format de l'Armée de terre, des mesures ont été prises pour limiter le coût de l'EPM. Relevons, entre autres dispositions, l'espacement des visites périodiques d'entretien majeur, la mise en place de modalités de stockage des matériels permettant d'assurer leur conservation sans maintenance, ainsi qu'un développement de la maintenance préventive.

En dépit des économies ainsi susceptibles d'être réalisées sur les crédits d'entretien programmé du matériel, ce poste devrait être confronté dans les années à venir, à un alourdissement sensible des coûts . Cette évolution prévisible est imputable à diverses évolutions simultanées :

- vieillissement des parcs (notamment VAB, AMX 10 RC et AMX10P),

- apparition de charges nouvelles telles que les opérations extérieures, les contraintes de désamiantage et la protection de l'environnement,

- augmentation des coûts de soutien liée à l'apparition de nouveaux matériels.

Sur ce dernier point, il importe de souligner que le coût de soutien unitaire moyen d'un char Leclerc est estimé à 1 million de francs, contre 0,6 million de francs pour un AMX30B2.

Notons aussi que la contrainte budgétaire s'est traduite par une diminution des stocks de rechange et par une gestion en flux tendus .

En conséquence de la contraction des moyens d'EPM, tandis que de nouveaux besoins apparaissent, la disponibilité technique opérationnelle (DTO) a été réduite à la baisse . Elle sera, en 1999, de 75 % pour les matériels terrestres et de 65 % pour les matériels aériens. Cette situation ne laisse pas d'inquiéter, si l'on considère qu'un taux de 80 % de disponibilité opérationnelle est généralement considéré comme le minimum envisageable.

B. DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT PARTICULIÈREMENT TENDUS

Le titre III de l'armée de terre représentera à lui seul, en 1999 comme en 1998, 29,5 % du titre III du budget de la défense. Cette différence de proportion par rapport aux autres armées (12,5 % pour la marine, par exemple), illustrée par le tableau ci-après, s'explique par des différences évidentes en termes d'effectifs.

Répartition du titre III du ministère de la défense par armées et services en 1999

 

Titre III en 1999

Part dans le titre III du budget de la défense en 1999

Terre

30 700

29,5 %

Air

15 559

14,9 %

Marine

12 907

12,5 %

DGA et autres services

24 302

23,4 %

Gendarmerie

20 490

19,7 %

TOTAL

103 959

-

Le tableau ci-après retrace l'évolution, par grandes catégories de dépenses, des crédits de fonctionnement de l'armée de terre en 1998 et 1999.

Evolution du titre III de l'armée de terre - 1998-1999

(en milliers de francs courants)


Chapitres

Catégories de dépenses

LFI 1998

Part dans le titre III de l'armée de terre en 1998

PLF 1999

Part dans le titre III de l'armée de terre en 1999

Evolution 99/98

31-31 et

31-32

Personnels militaires - rémunérations principales, indem-nités et allocations diverses

20 125,2

65,7 %

21 067

68,62 %

+ 4,67 %

31-41

Appelés - rémunérations principales

1 247,64

4,08 %

942,77

3,07 %

- 24,44 %

31-61 et 31-62

Personnels volontaires - Rémunérations principales, indemnités et allocations diverses

-

-

87,8

0,28 %

-

31-96

Pécules d'incitation au départ

296,21

0,97 %

301,38

0,98 %

+ 1,75 %

 

Sous-total rémunérations

21 669,05

70,83 %

22 398,95

72,96 %

+ 3,37 %

33-90 et 33-91

Charges sociales

2 147,04

7,02 %

2 246,37

7,32 %

+ 4,63 %

 

Sous-total rémunérations et charges sociales

23 816,09

77,85 %

24 645,32

80,27 %

+ 3,48 %

34-04

Fonctionnement

5 135,98

16,79 %

4 655,64

15,17 %

- 9,35 %

34-10

Alimentation

1 415,46

4,63 %

1 245,53

4,06 %

- 12 %

34-20

Entretien programmé des matériels

218,63

0,71 %

148,63

0,48 %

- 32,02 %

 

Sous-total matériel et fonctionnement des armes et des services

6 770,06

22,13 %

6 049,8

19,71 %

- 10,63 %

36-01

Subvention de fonctionnement au musée de l'armée

4,79

0,02 %

4,79

0,02 %

-

 

Total Titre III

30 590,94

-

30 699,91

-

+ 0,36 %

La stabilité du titre III de l'armée de terre en francs courants (+ 0,36 % en 1998-1999) recouvre une évolution contrastée des différents postes .

La rigidité des dépenses de rémunérations et charges sociales a , en effet, pour conséquence mécanique , dans ce contexte de stabilité du titre III, de comprimer les crédits de fonctionnement courant (hors rémunérations et charges sociales) ce qui ne manquera pas d'affecter de manière préoccupante, en 1999, les activités et la vie quotidienne des formations de l'armée de terre.

1. L'augmentation des rémunérations et charges sociales

La nette augmentation des rémunérations et charges sociales entre 1998 et 1999 (+ 3,5 %) succède à l'augmentation encore plus importante (+ 6 %) constatée entre 1997 et 1998 (due, pour l'essentiel, à la budgétisation de la DCN étatique et du fonds de concours "gendarmes d'autoroutes"). En 1999, l'ensemble des dépenses liées aux rémunérations (chapitres 31-31, 31-32, 31-41, 31-61, 31-62, 31-96, 33-90 et 33-91) dépassera la proportion, jamais atteinte à ce jour, de 80 % du titre III de l'armée de terre.

Cette évolution résulte des mécanismes d'augmentation des rémunérations publiques, de l'impact des créations et suppressions d'emplois prévues par la programmation, des mesures destinées à l'amélioration de la condition militaire, et des moyens destinés aux pécules d'incitation au départ.

a) L'application des mesures de revalorisation de la fonction publique

La transposition de l'accord salarial de la fonction publique de février 1998, jointe aux diverses mesures de revalorisation des rémunérations de la fonction publique, pourrait se traduire, en 1999, par une dépense supplémentaire de quelque 753 millions de francs pour l'armée de terre . Parmi ces mesures s'inscrivent l'application de la revalorisation des bas salaires aux rémunérations des militaires du rang engagés en début de carrière (l'indice plancher est désormais, pour cette catégorie, de 249 points au lieu de 237), dont le coût représentera 318 millions de francs pour l'ensemble des personnels militaires de la défense, ainsi que l'attribution de deux points d'indice supplémentaires, à laquelle s'ajoute l'augmentation de l'indice minimum de la fonction publique à 247.

Notons que l'armée de terre a souhaité que les mesures de revalorisation des basses rémunérations de la fonction publique soient appliquées aux militaires du rang engagés, alors même que les rémunérations de cette catégorie avaient été augmentées au niveau du SMIC en 1998, et que la revalorisation comprise dans les "mesures Zucarelli" n'avait pas nécessairement vocation à s'étendre à des personnels logés.

b) L'amélioration de la condition militaire en 1999

Les mesures relatives à l'amélioration de la condition militaire pour 1999 sont les suivantes :

- revalorisation de l'indemnité pour charges militaires (+ 1,14 %), dont le coût est de 58 millions de francs pour l'ensemble du ministère de la défense,

- augmentation du prêt des appelés, pour un coût global de 19,3 millions de francs,

- diverses revalorisations indemnitaires.

c) L'incidence des créations et suppressions d'emplois liées à la programmation

- La création de 5 879 emplois de militaires du rang engagés et de 1 361 emplois de volontaires (dont 26 mis à disposition du Premier ministre, soit un total de 1 335) se traduira, en 1999, par un coût de 793,42 millions de francs ainsi répartis :

- rémunérations principales, indemnités et allocations diverses des EVAT : 629,5 millions de francs ;

- rémunérations principales, indemnités et allocations diverses des volontaires : 87,29 millions de francs ;

- charges sociales : 76,5 millions de francs.

- Parallèlement, la suppression de 230 emplois d'officiers, de 1 220 emplois de sous-officiers et de 22 260 emplois d'appelés induira une économie de 607,63 millions de francs ainsi répartis :

- rémunérations principales, indemnités et allocations diverses des personnels militaires : - 269,3 millions de francs ;

- rémunérations des appelés : - 309,3 millions de francs ;

- charges sociales : - 29 millions de francs.

En 1999, la professionnalisation induira donc, en termes de rémunérations (et de charges sociales), un coût de 185,79 millions de francs pour les personnels militaires de l'armée de terre.

Par ailleurs, la création nette de 1 816 emplois civils (suppression de 535 emplois, création de 2 348 emplois) au profit des états-majors et des services communs se traduira par une dépense de 304,97 millions de francs en matière de rémunérations pour l'ensemble de la Défense (ces créations d'emplois ne sont pas ventilées entre les différentes armées dans le "bleu" budgétaire).

d) L'augmentation apparente des crédits destinés aux pécules d'incitation au départ

301,4 millions de francs seront attribués en 1999 à l'armée de terre sur le chapitre 31-96 (92), soit une augmentation de 1,75 % par rapport à la dotation de 1998 (296,2 millions de francs).

Toutefois, en prenant en compte la provision inscrite au chapitre 31-96, à répartir entre les armées, les crédits consacrés aux pécules en 1999 représenteront 312,4 millions de francs. Ils se situent nettement en retrait non seulement par rapport aux 394 millions de francs qui avaient été initialement demandés par l'armée de terre pour faire face à ses besoins, mais aussi par rapport à la dotation globale de 405,4 millions de francs accordée à l'armée de terre en 1998 (283,3 millions de francs en 1997).

Ce manque à gagner est d'autant plus regrettable que les pécules devraient être destinés en priorité, en 1999, à l'amélioration du pyramidage des emplois des sous-officiers, indispensable au moral d'une catégorie de personnels qui a connu d'importants blocages à l'avancement. Notons que les pécules ont, en 1998, été attribués, dans leur grande majorité, aux cadres proches de la limite d'âge de leur grade, et qu'il importe désormais d'orienter ce dispositif vers les grades ou les spécialités excédentaires.

2. La baisse des crédits d'alimentation

Les crédits inscrits au chapitre 34-10 baisseront de - 12 % en francs courants, et passeront de 1 415,46 à 1 245,53 millions de francs. Cette diminution sensible succède à la baisse de - 8,7 % constatée entre 1997 et 1998.

L'économie de 170 millions de francs réalisée sur le chapitre 34-10 s'explique par :

- l'incidence de la baisse des effectifs, qui suscite une économie de 133 millions de francs,

- le transfert de 17 millions de francs vers la Direction du service national, qui n'est plus rattachée à l'armée de terre sur le plan budgétaire,

- une économie "de constatation" de 20 millions de francs imposée par le ministère des finances.

On constate, de surcroît, que la prime globale d'alimentation n'a pas été réévaluée depuis 1996, et représentera toujours 24,40 francs en 1999. Une baisse de pouvoir d'achat du poste alimentation devrait être la conséquence logique de cette situation qui, pour regrettable qu'elle soit, paraît cependant moins critiquable que la différence de traitement régulièrement déplorée par votre rapporteur entre les autres armées et l'armée de terre, au regard de la prise en charge du repas de service de midi, qui demeure encore très partielle dans l'armée de terre.

Comme votre rapporteur l'a déjà fait observer -hélas, sans succès- lors de l'examen des deux précédents budgets, il ne sera plus acceptable, une fois l'armée de terre professionnalisée, de continuer à refuser d'aligner l'armée de terre sur les autres armées, en alléguant l'importance des effectifs servant dans les forces terrestres. Il sera donc indispensable, quand l'armée de terre aura rejoint le format prévu par la loi de programmation, de mettre fin à cette différence de traitement, même si le souci de l'équité se traduit par l'alignement des autres armées sur l'armée de terre.

3. Poursuite de la baisse des crédits consacrés à l'entretien des immeubles

Les crédits destinés à l'entretien des immeubles de l'armée de terre sont inscrits au chapitre 34-04 (armée de terre - fonctionnement), et répartis entre les articles 92 ("entretien des immeubles et du domaine militaire") et 10 ("entretien et activités des forces").

On constate, entre 1998 et 1999, une nouvelle baisse de - 18,3 % (soit une économie de 121,4 millions de francs), qui succède à la diminution de 9,3 % puis de 2 % constatée en 1997 par rapport à 1996 et en 1998 par rapport à 1997.

Les crédits consacrés à l'entretien des immeubles passeront donc de 666,2 millions de francs en 1998 à 545 millions de francs en 1999.

Les principales réalisations effectuées depuis 1996 et prévues pour 1999 concernent la réfection des toitures, des façades et fermetures des bâtiments, la sécurité des personnes et des immeubles, ainsi que les réseaux d'eau, d'électricité et de téléphone.

Comme votre rapporteur l'a relevé lors de l'examen des précédents budgets de la défense, sur le chapitre 34-04 pèse l'entretien des immeubles devenus inutiles à la suite des restructurations, mais dont l'aliénation n'est pas encore acquise.

L'entretien de ces locaux doit, en effet, être poursuivi pour éviter qu'une dégradation n'en compromette la valeur.

L'armée de terre n'est donc pas encore en mesure de transformer les restructurations en économies nettes. Le décalage dans le temps entre l'abandon des casernements et la vente effective de ceux-ci contribue à expliquer que les économies attendues des restructurations de 1998 soient limitées, selon les informations transmises à votre rapporteur, à 8 millions de francs.

4. Des inquiétudes sur l'activité des forces

En 1998, l'objectif de taux moyen d'activité fixé initialement (comme en 1997) à 80 jours de sortie, dont 40 avec matériels organiques, pourrait ne pas être atteint et se limiter à 78 jours , dont 40 jours avec les matériels .

En 1999 se produira une nouvelle réduction des objectifs d'activité des forces, limités à 70 jours de sortie dont 35 avec matériels.

Certes, la loi de programmation 1997-2002 avait prévu une baisse temporaire de l'activité des forces.
Il n'en demeure pas moins que les cibles d'activité définies pour 1999 pourraient constituer une inquiétante rupture, susceptible d'altérer la préparation opérationnelle de nos forces si aucune reprise ne devait être constatée par la suite.

Or le poids croissant des rémunérations, joint à leur imparable rigidité, oblige à peser sur les chapitres liés à l'activité des forces et à la vie courante pour réaliser l'objectif de stabilité du titre III sur lequel est fondée la programmation. On peut donc s'interroger sur le caractère transitoire du recours à ces crédits comme variables d'ajustement...

Il est indéniable que, si elle se pérennisait, cette réduction des objectifs d'activités affecterait de manière très regrettable le moral des personnels.

Il importe donc, comme votre rapporteur le faisait observer lors de l'examen du précédent budget, de restaurer un taux d'activité permettant de motiver les personnels et de garantir des capacités opérationnelles exigeantes, conformes à ce que l'on peut attendre d'une armée professionnelle.

*

* *

L'évolution du titre III de l'armée de terre confirme donc -ce que votre rapporteur regrette vivement- la difficulté de l'exercice tendant à réaliser la professionnalisation à titre III constant, alors même que l'armée de terre doit, jusqu'au terme de la période de transition, faire face à d'importantes contraintes budgétaires liées :

- à l'obligation de faire face aux charges induites par les restructurations (poursuite de l'entretien des emprises libérées par les formations dissoutes ou transférées, tant que ces immeubles ne sont pas vendus),

- à la nécessité de financer la professionnalisation (rémunérations d'un effectif croissant de militaires du rang engagés, conversion des militaires se dirigeant vers une seconde carrière civile, allocations d'aide au départ diverses) tout en continuant à faire face aux dépenses d'une armée qui demeurera mixte jusqu'en 2002.

Dans ce contexte, il est particulièrement regrettable que, dans le cadre du présent projet de budget, diverses mesures d'économies supplémentaires, notamment sur les postes destinés à l'alimentation ou à l'entretien immobilier, se soient ajoutées aux économies mécaniquement induites par la réduction du format, au moment même où le titre III de l'armée de terre subit de graves tensions.

CONCLUSION

. Les deux premières années de la professionnalisation appellent donc, s'agissant de l'armée de terre, un bilan globalement positif. Il convient, à cet égard, de rendre hommage aux personnels de l'armée de terre , qui abordent les mutations en cours avec un dévouement et une compétence dignes d'éloges.

. On ne saurait toutefois accueillir avec satisfaction les économies réalisées sur les crédits d'équipement des armées, du fait de la "revue des programmes", par rapport aux prévisions de la loi de programmation. Même si le titre V de la Défense pour 1999 paraît caractérisé par une certaine stabilisation, par rapport à "l'encoche" déplorée en 1998, il n'en demeure pas moins en retrait des annuités auxquelles avait souscrit le législateur pour la période 1997-2002. Les crédits d'équipement de l'armée de terre prévus pour 1999 n'échappent pas à cette critique.

. Quant aux crédits de fonctionnement, leur équilibre est altéré par les tensions liées au financement de la professionnalisation à titre III constant, sans tenir compte de la nécessité de faire face aux diverses dépenses induites par la période de transition.

La baisse sensible -et symbolique- de l'activité des forces terrestres prévue pour 1999 invite à douter de la possibilité de financer la professionnalisation sans actualiser, au moins de manière transitoire, les dépenses de fonctionnement.

Il est en effet clair que les tensions qui pèsent aujourd'hui sur le titre III de l'armée de terre pourraient, si elles s'aggravaient, devenir problématiques pour une armée professionnelle.

.
En dépit de ces différentes réserves, votre rapporteur estime possible de donner acte au gouvernement de la relative stabilisation des crédits d'équipement de la défense en concluant favorablement à l'adoption du projet de budget de la défense pour 1999.

EXAMEN EN COMMISSION

La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a consacré deux réunions à l'examen du projet de budget de la défense pour 1999.

Elle a examiné le présent avis au cours de sa séance du mercredi 4 novembre 1998.

A l'issue de l'exposé de M. Serge Vinçon, un débat s'est instauré entre les commissaires.

M. Christian de La Malène a souligné la difficulté de financer simultanément la professionnalisation et des besoins qui demeureront, à beaucoup d'égards, ceux d'une armée mixte jusqu'en 2002. Il a constaté que les déflations d'effectifs mises en oeuvre depuis 1997 ne permettaient pas d'atteindre l'objectif d'une meilleure disponibilité des forces terrestres. M. Christian de La Malène a également relevé, avec M. Serge Vinçon, que la "revue des programmes" revenait à mettre en cause les prévisions établies par la loi de programmation sans requérir l'approbation du Parlement.

M. Christian de La Malène a, par ailleurs, contesté la logique tendant à effectuer sur certains postes du titre V des économies que la réduction du format de l'armée de terre ne suffit pas à justifier.

M. Emmanuel Hamel a alors estimé que la situation internationale ne justifie aucunement une diminution des crédits militaires, alors même que le produit national permet, selon lui, un effort plus substantiel en faveur de notre outil de défense. Il a indiqué qu'il ne saurait, en conscience, approuver un budget aussi insuffisant malgré ses réticences à ne pas voter les crédits militaires.

A cet égard, M. Serge Vinçon, rapporteur pour avis, a rappelé que la majorité sénatoriale avait rejeté le budget de la défense dans le cadre du projet de loi de finances pour 1998 en raison de la forte réduction des crédits d'équipement alors constatée. Il a observé que la reprise du titre V du budget de la défense, même si celle-ci ne traduit qu'un rattrapage incomplet, pourrait justifier le vote du budget de la défense, assorti toutefois de vives réserves. M. Serge Vinçon a rappelé que les armées avaient été associées à la "revue des programmes" et que les économies qui en résultaient ne leur avaient pas été imposées dans les mêmes conditions que l'"encoche" de 1998.

M. Xavier de Villepin, président, a estimé nécessaire d'assurer la cohérence des positions de la majorité sénatoriale à l'égard du budget de la défense.

MM. Paul Masson et Serge Vinçon sont alors revenus sur les conséquences opérationnelles de la nouvelle baisse des objectifs d'activité des forces prévue en 1999, en contradiction avec les besoins d'une armée professionnelle.

M. Philippe de Gaulle a ensuite commenté, avec le rapporteur pour avis, les insuffisantes ouvertures de postes civils pour la professionnalisation de l'armée de terre et les conditions de recrutement des volontaires.

M. Serge Vinçon a alors rappelé les difficultés auxquelles l'armée de terre est confrontée du fait de l'augmentation du nombre de bénéficiaires de reports d'incorporation, conséquence des modifications intervenues dans le code du service national.

M. Xavier de Villepin, président, est revenu sur les conséquences opérationnelles susceptibles de résulter des économies réalisées sur les activités des forces. Il a jugé contestable l'assimilation faite entre les "emplois-jeunes" et les volontariats dans les armées, en contradiction, selon lui, avec l'esprit du lien armées-Nation.

Le rapporteur pour avis a ensuite commenté, à la demande de M. Xavier de Villepin, président, les modifications intervenues en 1998 en matière de rémunération des personnels en opérations extérieures.

M. Xavier de Villepin, président, a alors rappelé que la commission ne voterait sur l'ensemble des crédits de la défense pour 1999 qu'après avoir entendu tous ses rapporteurs pour avis.

*

* *

La commission a examiné l'ensemble des crédits du ministère de la défense pour 1999, au cours de sa réunion du mercredi 18 novembre 1998.

M. Xavier de Villepin, président, a rappelé que tous les rapporteurs pour avis qui s'étaient exprimés devant la commission avaient relevé que le projet de budget pour 1999 marquait le retour à une orientation plus positive par rapport au budget voté de 1998, en raison de la hausse significative des crédits d'équipement, et qu'ils avaient conclu à l'approbation des crédits, tout en émettant de fortes réserves, particulièrement en ce qui concerne la réduction des crédits de fonctionnement courant.

M. Christian de La Malène a considéré que le projet de budget de la défense pour 1999 s'inscrivait dans une orientation générale déjà perceptible l'an passé et consistant à opérer des prélèvements sur les moyens dévolus à la défense nationale. Il a rappelé son attachement à la réforme des armées et à la loi de programmation militaire, qui définissait les moyens permettant de la mener à bien. Il a vivement déploré que les engagements pris lors de cette loi de programmation aient été remis en cause dès ses premières années d'application. Evoquant le niveau des commandes de Rafale, limité à un seul appareil dans le projet de budget pour 1999, et les conséquences de la limitation de nos capacités aéronavales à un seul porte-avions, il a estimé que notre pays n'assumait plus, comme il convenait, les exigences de sa défense nationale. Rappelant que jusqu'à l'an passé, il avait toujours voté les crédits militaires durant près de quarante années de vie parlementaire, il a indiqué qu'avec regret il n'approuverait pas le budget de la défense pour 1999, ne voulant pas s'associer à un déclin de notre effort militaire qui atteint désormais, à ses yeux, un niveau inacceptable.

M. Michel Caldaguès , tout en se félicitant de la hausse des crédits d'équipement après "l'encoche" de 1998, a indiqué qu'il ne pourrait approuver le budget de la défense pour 1999. Il a déploré les orientations générales dans lesquelles s'inscrit l'affectation des moyens dévolus à la défense qui, à ses yeux, privilégient des dépenses liées à des actions internationales aux retombées incertaines, aux dépens de programmes qui donnent sa spécificité à la défense française, tels que le nucléaire ou la capacité aéronavale.

M. Xavier de Villepin, président , a souligné l'importance du rôle de la France dans la résolution de conflits tels que ceux de l'Irak ou des Balkans, et s'est félicité de son action en faveur du maintien de la paix dans le monde.

M. Michel Caldaguès a alors précisé que sa critique ne visait pas de telles actions, mais plutôt une dispersion de l'effort de défense dans des directions qui ne conduisent pas à des bénéfices concrets pour notre pays.

M. Paul Masson , limitant son intervention aux problèmes de la gendarmerie, a rappelé l'importance qui s'attachait à l'organisation d'un débat au Sénat sur le problème du redéploiement des forces de gendarmerie et de police, dont l'écho dans le pays est particulièrement sensible.

M. Serge Vinçon a considéré que le projet de budget pour 1999 ne pouvait donner entièrement satisfaction puisqu'il s'écartait de la loi de programmation, qu'il entérinait la "revue de programmes" dont les conclusions n'avaient pas été avalisées par le Parlement et qu'il créait de fortes tensions sur le titre III. Il a toutefois estimé qu'il convenait de prendre acte d'évolutions positives, puisque "l'encoche" était en partie résorbée et que les économies décidées à l'issue de la "revue de programmes" avaient été définies en étroite liaison avec les états-majors. Estimant que le Gouvernement avait tenu compte des observations du Chef de l'Etat en relevant significativement les crédits d'équipement, il a indiqué qu'il approuverait le projet de budget proposé pour 1999, comme la grande majorité des membres de son groupe.

M. Jean-Luc Bécart a constaté qu'avec le projet de budget pour 1999, l'étau avait été desserré sur les crédits d'équipement. Il a fait part de ses interrogations sur certaines orientations de notre politique de défense, en particulier le programme nucléaire et les fortes réductions d'effectifs dans l'industrie d'armement. Il a relevé les contraintes pesant sur le titre III du fait d'un coût de la professionnalisation plus élevé que prévu. Il a déclaré qu'à ce stade, il s'abstiendrait sur ce projet de budget.

Après que M. Xavier de Villepin, président , eut rappelé les conclusions des différents rapporteurs pour avis, préconisant l'adoption des crédits proposés mais émettant de fortes réserves en particulier sur la réduction des dépenses de fonctionnement courant, la commission a émis un avis favorable à l'adoption de l'ensemble des crédits du ministère de la défense pour 1999.

ANNEXE 1 -
LE SUIVI DES PRINCIPAUX PROGRAMMES TERRESTRES EN 1998-1999

Les développements ci-après sont complétés in fine par deux tableaux retraçant tant l'évolution des crédits affectés aux différents programmes, que celle des commandes et des livraisons.

- Le char Leclerc

2 231 millions de francs (dont 33 au titre du développement) seront, en 1999, consacrés au Leclerc en crédits de paiement, à rapprocher d'un coût total estimé à 34,3 milliards de francs.

Sur une cible totale de 406 exemplaires, réduite par la loi de programmation 1997-2002, 310 chars auront été commandés avant le début du prochain exercice. 44 seront commandés en 1999. Les livraisons porteront, en 1999, sur 33 chars, 172 ayant déjà été livrés jusqu'à la fin de l'année 1998.

Les perspectives à l'exportation ne concernent, à ce jour, depuis le choix effectué par la Suède en faveur du Léopard II A 5 allemand, que le contrat des Emirats arabes unis, qui porte sur 390 exemplaires (185 ont été livrés au 1er juillet 1998).

Parmi les matériels conçus autour du char Leclerc, citons l'engin de franchissement de l'avant (EFA) et le dépanneur.

. L' engin de franchissement de l'avant vise à faire franchir des "brèches humides" de plus de 25 mètres de large au char Leclerc et à son environnement dans la zone des combats. Automoteur, protégé par NBC, il peut être utilisé en pont comme en bac. Sur un coût total de 1 487 millions de francs, le prix unitaire s'élevant à 23,7 millions de francs, 1 040 millions de francs avaient été consacrés à l'EFA au 31 décembre 1997. Sur 1999, 96 millions de francs seront consacrés, en CP, à la fabrication de l'EFA (36 en AP).

Les 39 exemplaires qui constituent la cible finale (celle-ci a été révisée par la programmation 1997-2002 par rapport à la cible initiale de 50 exemplaires) auront été commandés avant 1999. 34 exemplaires auront été livrés avant le début du prochain exercice. La cadence de livraison étant désormais de cinq engins par an au lieu de six, le programme devrait être achevé en 1999.

. Le dépanneur pour blindés Leclerc permet le dépannage des unités équipées de chars Leclerc en zone d'insécurité, à proximité immédiate de la zone des combats, voire sous les feux de l'artillerie ou en zone contaminée. Il est constitué d'un treuil de 52 tonnes et d'une grue de 6,5 tonnes, montés sur un châssis dérivé de celui des Leclerc.

Le coût unitaire est estimé à 33 millions de francs. 17 millions de francs avaient, au 31 décembre 1997, été affectés à ce programme dont le coût total s'élève à 1,44 milliard de francs.

30 chars dépanneurs constituent la cible finale, réduite par rapport aux 46 exemplaires prévus avant la programmation 1997-2002. 15 chars auront été commandés, et 2 livrés, avant le début de 1999. Il n'est prévu, en 1999, ni commande, ni livraison.

- L'hélicoptère Tigre (versions AP et AC)

Des deux versions -antichar et appui-protection-, c'est la seconde qui a désormais la priorité pour l'armée de terre française, tant du point de vue du calendrier que du nombre d'appareils commandés.

Sur un coût total de 44,9 milliards de francs, 7 milliards ayant été consommés au 31 décembre 1997, il est prévu de consacrer à ce programme, en 1999 et en CP, 889 millions de francs, dont 401 en développement.

Le prix unitaire est estimé à 120,8 millions de francs en version antichar, et à 103,1 millions de francs pour la version appui-protection.

La cible prévue est de 215 appareils pour la France (115 en version appui-protection et 100 en version antichar). D'ici 2015, 120 appareils devraient être livrés (70 en version AP et 50 en version AC). La cible allemande concerne 212 appareils.

Les développements ci-après concernent le programmes en cours, et non les programmes clôturés.

Les premières livraisons françaises devraient intervenir en 2003, soit un retard de deux ans par rapport au calendrier initialement prévu en 1994.

Rappelons que la révision des spécifications entreprises pour réduire les coûts du Tigre a conduit à exclure certains équipements (détecteur d'alerte et de veille, détecteur d'obstacles, système de surveillance des ensembles mécaniques ...), tandis qu'une communauté d'équipements avec l'hélicoptère NH 90 a été recherchée quand cette formule était envisageable. Cette démarche se poursuit actuellement avec le partenaire allemand.

- L'hélicoptère NH 90

Conçu en coopération avec l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas, le programme NH 90 subit un retard de deux ans qui incite à envisager les premières livraisons pour 2011, le contrat d'industrialisation et de production étant susceptible d'être signé en 1999.

Au 31 décembre 1997, 1,9 milliard de francs avait été consommé. Il est prévu de consacrer à ce programme, en 1999, 347 millions de francs en crédits de paiement (474 en autorisations de programme), l'essentiel, soit 316 millions de francs en CP (145 en AP), relevant encore du développement.

A ce jour, le prix unitaire de l'hélicoptère NH 90 est, en version transport tactique, de 137 millions de francs.

La cible française (armée de terre et marine) porte sur 160 appareils (243 pour l'Allemagne, 20 pour les Pays-Bas et 219 pour l'Italie).

- Le lance-roquettes multiples nouvelle génération (LRM-NG)

Successeur du programme LRM phase III, abandonné dans le cadre de la programmation 1997-2002 pour des raisons budgétaires, le lance-roquettes multiples nouvelle génération remplit des fonctions analogues avec des performances moins ambitieuses. Il s'agit d'un programme conduit en coopération avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie.

Le coût du développement du LRM-NG est, pour la France, estimé à 250 millions de francs. Le coût prévisionnel unitaire de la roquette LRM-NG serait de 350 000 francs (le coût du développement de la roquette représente 250 millions de francs).

En 1999, il est prévu de consacrer au développement de ce programme, qui n'est pas encore entré en phase de fabrication, 52 millions de francs en CP et 66 en AP.

La cible totale concernerait 7 000 roquettes LRM-NG.

- Le radar de contrebatterie Cobra

Ce programme, conduit en coopération avec l'Allemagne et le Royaume-Uni, accuse un retard de quelques mois imputable à des difficultés techniques.

Son coût total est estimé à 2,3 milliards de francs, le prix unitaire étant de 120 millions de francs pour un système complet. 761 millions de francs ont été consommés au 31 décembre 1997.

En 1999, 215 millions de francs seront affectés à ce programme en CP (dont 213 en fabrications), et 210 en AP (dont 209 en fabrications).

La cible totale est désormais de 10 exemplaires au lieu des 15 qui constituaient la cible initiale. Cette réduction est présentée comme une conséquence du nouveau format de l'armée de terre. Les premières livraisons interviendront, pour la France, en 2001.

- Le véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI)

Héritier de l'ancien programme VBM (véhicule blindé modulaire), dont il constitue la version transport de troupes, le VBCI est appelé à succéder à l'AMX 10-P chenillé. Ce programme qui devrait être réalisé en coopération avec l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, se situe au stade final des études de faisabilité.

Sur un coût total de 8 milliards de francs, les crédits consommés au 31 décembre 1997 s'élevaient à 78 millions de francs, le prix unitaire étant estimé à 9 millions de francs environ.

102 millions de francs seront affectés au développement de ce programme en 1999 en CP (64 en AP).

La cible porte à ce jour sur 600 véhicules, conformément au nouveau format des forces terrestres. Rappelons que la cible initialement prévue dans le cadre du programme VBM version transport de troupes était de 1 700 véhicules. Les premières livraisons, retardées de deux ans, interviendront vraisemblablement en 2004 au lieu de 2002.

- Les systèmes de défense sol-air

.
Le programme SATCP (sol-air très courte portée) Mistral version H est composé d'un missile à guidage infrarouge portable (24 kg), de même que le poste de tir.

La part armée de terre du programme est, en version H, de 1,9 milliard de francs. Le prix unitaire est de 259 000 francs pour le poste de tir, et de 822 000 francs pour le Missile. 882 millions de francs avaient été consommés au 31 décembre 1997.

En 1999, 146 millions de francs seront consacrés à ce programme en CP (66 en AP), au titre des seules fabrications.

La cible totale (version H) a été réduite à 1 600 unités au lieu de 2 070, dans le cadre de la "revue des programmes".

. Le programme SAMP/Terre (sol-air moyenne portée) ne comporte encore, à ce jour, ni commande, ni livraison. Son coût total est estimé à 10,9 milliards de francs pour la seule armée de terre. Le prix unitaire du système est de 320 millions de francs, auxquels s'ajoute celui du missile Aster 30 (8,3 millions de francs). Au 31 décembre 1997, 1 568 millions de francs avaient été consommés. 283 millions de francs seront affectés à ce programme en 1999 en CP (453 en AP), dont 121 millions de francs en CP (et la totalité des AP) seront destinés aux fabrications. La loi de programmation 1997-2002 a conduit à la définition d'une cible révisée de 16 à 8 unités de tir et de 900 à 400 missiles.

. La valorisation du Roland (amélioration du sol-air courte portée Roland II en capacité infrarouge, et intégration dans le réseau Martha) accuse un retard de quelque deux années, dû aux contraintes financières de 1997 et 1998. Les premières commandes sont néanmoins prévues en 1999. Sur un coût total de 6,2 milliards de francs (le prix unitaire du missile étant de 1,6 million de francs, celui du poste de tir, de 23 millions de francs environ en fonction de la version), 686 millions de francs avaient été consommés au 31 décembre 1997. 318 millions de francs seront affectés à ce programme en 1999 en CP, 480 en AP, l'essentiel étant désormais destiné aux fabrications (356 MF en AP, 224 en CP).

Le programme porte sur un nombre total de 72 Roland à valoriser, les deux versions confondues.

- Les systèmes antichar

.
Conçu en coopération avec les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni, le programme AC3G-MP (antichar de troisième génération moyenne portée), destiné à équiper les formations d'infanterie et certaines formations de l'arme blindée cavalerie, s'inscrit dans un coût total de 5,6 milliards de francs pour la seule part française (980 millions de francs ayant été consommés au 31 décembre 1997). Cette estimation prend en compte la baisse de cible intervenue tout d'abord dans le cadre de la programmation 1997-2002 (le nombre de postes de tir est alors passé de 730 à 600, le nombre de missiles AC3G-MP, de 13 000 à 8 000), puis lors de la "revue des programmes", qui a retenu une cible de 454 postes de tir.

A des fins d'économie, il a également été décidé d'adapter à l'AC3G MP la lunette thermique utilisée pour le MILAN, au lieu d'acquérir les lunettes thermiques Tiger.

Le prix unitaire du poste de tir serait de 1,1 million de francs, celui du missile, de 146 000 francs.

En 1999, 216 millions de francs seront consacrés à ce programme en CP (dont 136 millions de francs pour les fabrications), et 24 millions de francs en AP. Aucune commande n'est cependant prévue en 1999 (à ce jour, les commandes portent sur 300 missiles et 10 postes de tir).

. La programme AC3G-LP (missile antichar de troisième génération-longue portée), destiné en théorie à équiper l'hélicoptère Tigre version antichar, fait partie des équipements sacrifiés par la "revue des programmes". Il a, en effet, après le moratoire d'un an prononcé à la fin de 1997, été décidé de poursuivre le seul développement de ce missile, conçu en coopération avec l'Allemagne et le Royaume-Uni, mais de ne pas participer à la phase de production.

Le coût total du développement est estimé à 4,09 milliards de francs pour la part française. 140 millions de francs seront, en 1999, affectés, en CP, au développement de l'AC3G, les autorisations de programme paraissant désormais sans objet, de même que, pour des raisons évidentes, les commandes et les livraisons.

. Système portable destiné à équiper les sections d'infanterie dans la zone des combats, l' ACCP - Eryx s'inscrit dans une cible réduite lors de la programmation 1997-2002 à 700 postes de tir au lieu de 1 100, et à 12 000 missiles au lieu de 21 600.

Le coût total du programme est de 2,46 milliards de francs, 1,55 milliard ayant été consommé au 31 décembre 1997. Le prix unitaire du poste de tir est de 276 400 francs, celui du missile, de 68 400 francs.

En 1999, 209 millions de francs seront consacrés à ce programme en CP (dont 196 en fabrications), et 65 millions de francs en AP (la totalité en fabrications).

Les 700 postes de tir et les 12 000 missiles ont été commandés avant 1999.

Avant 1999 auront été livrés les 700 postes de tir et 9 600 missiles.

Les exportations concernent le Canada (425 postes et 6 500 missiles commandés), la Norvège (424 postes et 7 200 missiles), la Malaisie (25 postes et 230 missiles), et le Brésil (7 postes et 57 missiles). Des perspectives pourraient se réaliser avec la Turquie.

- Les moyens d'observation du champ de bataille

.
Héritier du programme Orchidée, le système Horizon vise la surveillance du champ de bataille sur une profondeur de 150 km, et permet la détection et la localisation des convois et des hélicoptères à basse altitude. Le système Horizon est composé d'un radar Doppler sur plate-forme héliportée (Super-Puma). Il détecte, reconnaît et suit les mobiles terrestres et les hélicoptères en vol tactiques sur une aire de 100 km sur 100 km, et il transmet les informations en temps réel.

Compte non tenu du développement du programme Orchidée, le coût total du programme Horizon est estimé à 910 millions de francs. 760 millions de francs ont été consommés au 31 décembre 1997.

En 1999, 16 millions de francs seront consacrés au programme Horizon en CP et 20 en AP, la totalité étant affectée aux fabrications. Aucune commande ni livraison ne sont prévues en 1999. Les commandes et livraisons effectuées avant 1999 se limitent à deux systèmes Horizon comportant chacun une station sol et deux hélicoptères équipés de radar Doppler et d'un poste d'observation de bord.

. L' aérodyne léger piloté Brevel vise la reconnaissance en avant de la zone de responsabilité d'une division, et l'exploitation en temps réel des informations captées au moyen d'un véhicule aérien léger. D'une autonomie de trois à quatre heures, le Brevel permet la reconnaissance, la localisation et le suivi des objectifs, de jour comme de nuit, et la retransmission des informations au cours du vol. Il est résistant à un environnement de guerre électronique.

Le coût total du développement (cette phase devrait s'achever en 1998) représente 580 millions de francs. 274 millions de francs ont été consommés au 31 décembre 1997. En 1995, 73 millions de francs seront affectés au développement du Brevel, en CP (aucun crédit n'est prévu en AP).

La cible comporte quatre systèmes, composés chacun d'un système sol et de 6 véhicules aériens. Cette cible a été réduite, pour des raisons financières, par rapport aux cinq systèmes à sept drones initialement envisagés. En 1999 n'interviendront ni commande, ni livraison. Il avait été décidé en 1996 de ne pas poursuivre ce programme à l'issue de la phase de développement. Il est toujours envisagé de renoncer à l'acquisition de ce système, qui répond pourtant à un besoin certain en raison de l'insuffisance des ressources susceptibles de lui être consacrées.

. Les systèmes d'information et de commandement des forces première version (SIC-FV1) sont destinés à prendre la suite du SIC-F1G, système de première génération. Ils visent à améliorer la cohérence et le rendement de la chaîne de commandement par automatisation des manipulations, transferts et traitements de l'information.

Les SIC-FV1 sont composés de matériels informatiques et de communication, et d'une évolution des logiciels de base et d'application développés pour le SIC 1 G.

Le coût total du programme représente 445 millions de francs pour la première version (SIC-FV1), 350 à 545 millions de francs pour la seconde version (SIC-FV2). 67 millions de francs avaient été consommés au 31 décembre 1997. 110 millions de francs seront, en CP, affectés au SIC-FV1 en 1999 (dont 77 au développement), et 228 millions de francs en AP (dont 147 au développement).

La cible porte, s'agissant de la première version, sur 2 PC de niveau brigade, 2 plates-formes d'entraînement et 1 plate-forme de référence.

Avant 1999 est intervenue une commande ; une commande et une livraison seront effectuées en 1999.

. Le poste radio 4e génération (PR4G) s'inscrit dans le système de transmissions tactiques de l'armée de terre, permettant d'assurer les liaisons phonie et transmission de données depuis le niveau section jusqu'au niveau régiment.

Sur un coût total de 6,87 milliards de francs, 4,23 avaient été consommés au 31 décembre 1997.

En 1999, 474 millions de francs seront consacrés à ce programme en CP (l'essentiel, soit 469 millions de francs, étant destiné aux fabrications), et 262 en AP (la totalité étant affectée aux fabrications).

Les 20 000 postes qui constituent la cible totale (réduite de 28 075 à 20 000 par la programmation 1997-2002) ont été commandés avant 1999. A ce jour, 14 297 postes ont été livrés, 2 344 autres livraisons devraient intervenir en 1999.

Les exportations concernent les Pays-Bas (10 000 postes), l'Espagne (3 270 postes), la Suisse (15 400 postes), la Pologne (1 485 postes), la Finlande (383 postes), la Malaisie (430 postes), le Qatar (210 postes), la Hongrie (102 postes), le Danemark et le Pérou (90 postes), ainsi que la République tchèque (43 postes).

Principaux programmes de l'armée de terre - Evolution des crédits en

1998-1999, échéancier des commandes et des livraisons en 1997, 1998 et 1999

 

A.P. 1998

C.P. 1998

A.P. 1999

C.P. 1999

Commandes

Livraisons

 

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

1997 1998 1999

1997 1998 1999

 
 
 
 
 
 
 
 
 

(1) (2) (2)

(1) (2) (2)

LECLERC

0

2 046

39

2 164

0

2 335

33

2 198

0

88

44

40

40

33

VBCI

141

0

29

0

64

0

102

0

0

0

0

0

0

0

EFA

0

13

0

120

0

36

0

96

0

0

0

5

5

5

Hélicoptères Tigre

176

621

480

327

39

621

401

488

0

0

80

0

0

0

Hélicoptères NH-90

233

0

326

0

145

329

316

31

0

0

0

0

0

0

HORIZON

2

26

64

19

0

20

0

16

0

0

0

1

1

0

LRM/NG

19

0

20

0

66

0

52

0

0

0

0

0

0

0

BREVEL

2

0

133

0

0

0

73

0

0

0

0

0

0

0

Valorisation ROLAND

106

7

141

50

124

356

94

224

0

0

8

0

0

0

FSAF/SAM terre

45

350

314

34

0

453

162

121

0

0

0

0

0

0

Missiles AC3G/MP

2

78

84

57

14

10

80

136

0

300

0

0

0

0

Missiles AC3G/LP

1

0

132

0

0

0

140

0

0

0

0

0

0

0

Missiles SATCP Mistral

0

10,5

0

52

0

66

0

146

0

0

190

180

0

0

Missiles ACCP/ERYX

0

24

0

177

0

65

13

196

0

2 400

0

2 000

2 000

600

Système SIC-Forces

35

57

65

22

147

81

77

33

0

17 %

17 %

0

0

17 %

Principaux programmes de l'armée de terre - Evolution des dotations depuis 1997 - Perspectives pour la période 1999-2002

Loi de finances

Engagements/Règlements 1997

Loi de finances 1998

Projet de loi de finances 1999

Dotations prévues en programmation 1999-2002

Programmes

AP

CP

AP

CP

AP

CP

AP

CP

 

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

dev

fab

AMX Leclerc

5

996

38

1 824

0

2 046

39

2 164

0

2 335

33

2 198

0

6 421

33

8 414

Hélicoptères

208

465

412

183

176

621

480,3

327

39

621

401

488

136

4 950

987

2 616

Hélicoptères NH

993

0

698

0

233

0

326

0

145

329

316

31

328

783

693

628

VBCI

12

0

5

0

141

0

29

0

64

0

102

0

257

0

492

0

Horizon

10

20

195

22

2

26

64

19

0

20

0

16

0

73

0

53

LRM NG

1

0

15

0

19

0

20

0

66

0

52

0

184

430

200

127

Radar Cobra

12

0

11

0

0

136

9

127

1

209

2

213

1

763

4

898

SATCP Mistral

0

6

0

233

0

10

0

52

0

66

0

146

46

228

5

444

FSAF SAM/T

459

15

301

0

45

350

314

34

0

453

162

121

0

2 241

299

1 019

Missiles AC3G

11

40

88

0

2

78

84

57

14

10

80

136

31

1 313

234

627

Missiles AC3G-LP

21

0

53

0

1

0

132

0

0

0

140

0

316

0

372

0

Aérodyne

0

0

59

0

2

0

133

0

0

0

73

0

40

0

166

0

SIC-F V1

117

0

65

0

35

57

65

22

147

81

77

33

345

498

311

240

ACCP-ERYX

68

267

3

289

0

25

0

177

0

65

13

196

0

132

13

526

EFA

0

42

0

100

0

13

0

120

0

36

0

96

0

39

0

165

Roland

21

364

107

54

106

7

141

50

124

356

94

224

228

1 969

371

1 219

ANNEXE 2 -
PROGRAMME DE L'APPEL DE PRÉPARATION A LA DÉFENSE

(source : ministère de la défense)

8 h 30

Accueil et formalités administratives

Accueil individuel comprenant notam-ment la vérification de l'identité et la mise à jour des données recueillies lors du recensement.

9 h 30

"Les enjeux de la Défense"

Conférence-débat d'information, premier module.

10 h 20 Pause

10 h 30

"La politique globale de défense et le rôle dévolu aux forces armées"

Conférence-débat d'information, deuxième module.

11 h 20

Evaluation des acquis fondamentaux de la langue française (1ère partie)

Test destiné à détecter les jeunes en grande difficulté de lecture et d'écriture.

12 h 00

"Le devoir de mémoire"

Projection d'un film.

12 h 20 Déjeuner

13 h 30

Evaluation des acquis fondamentaux de la langue française (2ème partie)

Tests différenciés en fonction des résultats de la première évaluation.

13 h 55 Pause

14 h 00

"L'organisation du ministère de la Défense et les moyens des forces armées"

Conférence-débat d'information, troisième module.

14 h 50 Pause

15 h 00

"Les femmes et les hommes de la Défense"

Conférence-débat d'information, quatrième module.

16 h 00

Bilan

Questionnaire d'évaluation, entretiens individuels éventuels, remise d'un certificat attestant la participation à la journée d'appel de préparation à la défense.

vers 17 h 00 Départ.



1 Celles-ci ont été commentées plus en détails à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1998. Voir Sénat, n° 88, avis défense (tome VI-Terre).

2 Sur cet effectif de 1 361 volontaires, 26 seront mis à disposiiton du Premier ministre, soit 1 335 volontaires effectivement disponibles pour l'armée de terre.

3 L'effectif total des ORSA a évolué comme suit : 2 117 en 1996, 2 225 en 1997, 2 250 en 1998.

4 Terre information
, octobre 1998.

5 Cette loi a instauré une limite d'âge unique par grade, qui s'est substituée au dispositif antérieurement en vigueur des limites d'âge inférieure et supérieure.

6 Armées d'aujourd'hui , n° 234, "l'Armée de terre aujourd'hui".

7 - Rémunérations et charges sociales des cadres de la chaîne de reconversion : 72 millions de francs ;

- Soldes des stagiaires : 168 millions de francs ;

- Coût global du centre militaire de formation professionnelle : 80 millions de francs ;

- Coût des actions de reconversion (formation en milieu civil ou militaire, frais de déplacement, passage en cellule interarmée de reconversion : 15 millions de francs.

8 Rapport du Centre des relations humaines sur la féminisation.

9 Libération, 27 octobre 1998, "L'armée de terre crie misère".

10 On observe cependant, entre 1996 et 1997, une diminution du nombre de jeunes gens auxquels a été attribué un report au titre de l'article L. 5 bis (210 890 en 1996, 201 316 en 1997). Cette évolution en valeur absolue est liée à la baisse du nombre de postes d'appelés. C'est le taux de satisfaction des demandes de report qui a, en effet, augmenté.

11 Le Monde , 1er octobre 1998, J. Isnard, "Le parcours du risque".

12 Voir infra (b) les développements relatifs aux forces de présence en Afrique.

13 European Community monitoring mission.

* Prévision au 31 mai 1998.

14 Fabrications, habillement, campement, couchage, ameublement.

15 Ce total intègre les 16 080 millions de francs inscrits au chapitre 51-71 (Forces nucléaires), et qui ne figurent pas aux crédits impartis aux forces terrestres.

16 Cf. l'annexe relative au suivi des principaux programmes en 1998-1999 .

(*) Cette réduction résulte d'un transfert de charges, désormais classique s'agissant de l'EPM, du titre III vers le titre V.



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