CHAPITRE IER -

LE CONTEXTE DU PROJET DE BUDGET :
DE FORTES CONTRADICTIONS

I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1998

A. UNE HAUSSE DU REVENU AGRICOLE A RELATIVISER

Selon les comptes de l'agriculture 1( * ) , le résultat agricole par actif en termes réels progresse de 3,1 % en 1998, soit une hausse pour la quatrième année consécutive. Néanmoins, le résultat agricole global en termes réels, c'est-à-dire " déflaté " par l'évolution du prix du PIB, est stable.

DÉFINITIONS

- Le résultat agricole global représente la valeur ajoutée nette à laquelle sont ajoutées les subventions d'exploitation et dont sont retranchés les impôts fonciers sur la production ;

- Le résultat agricole par actif est obtenu à partir du résultat agricole global en le divisant par le nombre d'unités de travail annuel (UTA) totales ;

- Le revenu d'entreprise agricole global, solde du compte de revenu de l'entreprise, se déduit du résultat agricole global en en retranchant les charges salariales, les intérêts et les charges locatives nettes ;

- Le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié est obtenu à partir du revenu d'entreprise agricole global, en le divisant par le nombre d'UTA des non salariés.

Si l'on prend en compte le revenu d'entreprise agricole global en termes réels, on constate une diminution de -0,9 % par rapport à 1997 en raison de la stabilité du revenu net d'entreprise et de la hausse de + 0,9 % du prix du PIB. Par ailleurs, le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié progresse de + 2,9 % en termes réels par rapport à 1997.

Votre rapporteur pour avis a souhaité, afin de permettre un véritable suivi par rapport aux années antérieures, retenir comme indicateur le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié.

Comme l'année passée, cette augmentation du revenu par entreprise en France est à comparer avec une diminution, en termes réels, de 3,9 % dans l'Union européenne -selon Eurostat, l'office statistique européen-.

Il est important de souligner que l'INSEE, comme l'ensemble des pays européens, a substitué depuis le 18 mai dernier, à la base " 80 ", la nouvelle base " 95 " pour la présentation et le calcul des comptes nationaux.

Un changement de base est une opération lourde. Le langage même des statisticiens est trompeur : ils associent le nom d'un changement de base à l'année des prix constants (ainsi la base " 80 " correspondait-elle à des prix constants de l'année 1980, la nouvelle base " 95 " à des prix constants de l'année 1995). Dès lors, on pourrait croire que la principale modification consiste dans ce nouveau cru de prix constants. Il n'en est rien. Un changement de base, c'est en effet au minimum trois améliorations substantielles : d'abord, une adaptation de la couverture et des définitions des comptes aux réalités économiques nouvelles et aux besoins d'information nouveaux ; ensuite, une réévaluation des niveaux des grands agrégats par la mobilisation de sources statistiques non exploitables tous les ans ; enfin, une mise à jour de l'année de référence des prix constants 2( * ) .

Pour la nouvelle base " 95 ", le premier type d'amélioration, l'adaptation aux réalités économiques nouvelles, tient essentiellement à trois innovations :

- la mise en oeuvre des améliorations apportées par un nouveau système comptable totalement harmonisé au niveau européen . Cet objectif est en train de se réaliser concrètement avec la publication conjointe, en avril-mai 1999, de nouveaux comptes nationaux dans tous les pays membres de l'Union européenne ;

- l'extension de l'investissement à une partie de l'immatériel, et en particulier les logiciels . Longtemps attendue, cette extension pourra décevoir ceux des économistes qui préconisaient une extension, plus large encore, à la recherche-développement notamment. Mais c'est déjà un pas dans le bon sens ;

- un changement de nomenclature . Coiffant la très importante mise en place d'une nomenclature européenne dans toutes les statistiques des pays membres, les comptes nationaux sont maintenant établis en conformité avec la NAF française, elle-même cohérente avec la NACE européenne. Ce changement de nomenclature permet aujourd'hui d'avoir une nomenclature plus comparable au plan international, des regroupements plus adaptés aux activités d'aujourd'hui, et surtout, une décomposition plus fine des services, réclamée avec raison depuis longtemps pour améliorer l'analyse de ce secteur.

Il faut y ajouter l'intégration des DOM dans les comptes nationaux français, qui a été réalisable dès lors que le système statistique des départements d'outre-mer s'était enrichi et intégré dans les statistiques macro-économiques françaises. L'indice des prix à la consommation et les comptes nationaux ont fait cette intégration la même année.

Les modifications du compte de l'agriculture sont de différentes natures. Certaines ont un impact direct sur l'évolution du revenu agricole, tant en niveau qu'en évolution. D'autres induisent des corrections sur les montants de certains agrégats et soldes comptables, sans toutefois affecter in fine la détermination du revenu.

1. Une croissance relative de la valeur ajoutée

Pour la deuxième année consécutive, la valeur ajoutée brute de l'agriculture au prix de base s'accroît de 2 % en 1998.

Cependant, en termes réels, on constate une hausse de seulement 1,1 %.

Sont désormais pris en compte, non les livraisons de produits agricoles, mais les volumes de la production agricole, ce qui mesure mieux le produit de l'activité de l'année.

a) Stabilité de la production et baisse des consommations intermédiaires

La quasi stabilité de la production

En 1998, la production agricole est restée globalement stable par rapport à 1997. Si les volumes s'accroissent légèrement (+1,8 %), l'évolution du prix s'inscrit dans le mouvement de baisse tendancielle (-1,4 %).

La production agricole française s'est accrue de 1,8 % en 1998 en volume, alors qu'en Europe, l'augmentation se limite à 1,5 %.

- Pour les céréales , le principal fait marquant est constitué par le niveau exceptionnel du rendement : ainsi le rendement de blé tendre atteint près de 78 quintaux par hectare. Si la situation est analogue pour l'orge, elle s'avère différente pour le maïs, le rendement 98 étant inférieur à ceux de 1996 et 1997.

La production de céréales s'est accrue d'environ 9,5 % en volume.

- Contrairement aux céréales, le volume de la production des oléagineux stagne et celui des betteraves diminue de 7,6 %.

Pour les oléagineux, la forte baisse des quantités commercialisées de tournesol (-23 %) a neutralisé la croissance de près de 7 % du colza due à l'augmentation des superficies.

Pour les betteraves, la baisse des superficies et des rendements explique la nette réduction du volume de la production de betteraves industrielles (-7,6 %).

La situation de la production des betteraves est à l'opposé de celle des protéagineux, dont le volume croit de 5,7 % en raison d'une hausse des superficies et des rendements.

- En ce qui concerne les fruits , le volume de la production enregistre une forte baisse (-16 %) sur la plupart des produits à l'exception des melons, des raisins et des prunes. La forte chute des livraisons des fruits d'été est la conséquence des gelées de printemps. Au contraire, le volume des livraisons de légumes frais augmente légèrement (+1,5 %) avec de fortes disparités selon les produits.

- Après une augmentation de 8 % en 1997, le volume de la production de vins poursuit sa croissance, même si celle-ci n'est que d'environ 4,3% en 1998. Cette évolution résulte de deux facteurs contradictoires : augmentation en volume de 7,2 % de la production de vins d'appellation d'origine -les vins calmes de champagne s'accroissant de plus de 31 %- et en même temps baisse de 18,3 % du volume de production des autres vins, dont -23,6 % pour les vins de distillation de cognac.

- Pour le bétail , le volume de la production est très inégal en fonction des marchés : ainsi, le marché porcin a subi les conséquences des conditions très particulières de l'année précédente -épidémie de peste porcine- : le volume de la production a donc cru de +3,7 %. Au contraire, le volume de la production de gros bovins et de veaux diminue respectivement de - 4,4 % et - 1 ,4 %.

- Le volume de la production avicole augmente de 2,5 %, la production de volaille s'accroissant de 2,8 % et celle de l'oeuf de + 1,7 %

- Enfin, le volume de la production des produits animaux connaît une certaine stabilité en 1998 (-0,1 %). Avec des fluctuations importantes au cours de l'année, le volume de la production de lait a légèrement progressé (0,1 %).

1998 a suivi la baisse tendancielle des prix agricoles amorcée depuis plus de quinze ans avec une baisse de -1,4 %.

- Le prix de la production de céréales s'est réduit de -10,8 % en 1998 en raison de la forte chute des cours de blé tendre et d'orge. Cette détérioration résulte essentiellement de la forte augmentation des disponibilités.

- En outre, alors que les prix de la production de protéagineux et oléagineux baissent respectivement de - 16,9 % et - 5,9 %, et ceux des betteraves s'accroissent de 0,5 %.

- Par ailleurs, les évolutions des prix pour les productions de fruits et légumes ont suivi des mouvements contrastées selon les produits : en moyenne, le prix de la production de fruits a progressé de 10,7 % et 7,9 % pour les légumes.

- En ce qui concerne les vins , le prix de la production a cru globalement de + 5,7 %, avec +5,6 % pour les vins d'appellation et +6 % pour les autres vins.

- Le prix de la production du bétail est très variable : alors qu'on enregistre une très forte baisse des prix dans le secteur porcin (-25,8 %) -l'offre s'étant développée à un niveau très élevé-, le prix de la production des gros bovins s'est consolidé en 1998 comme en 1997 avec +5,5 %. De même, les prix de la production d'ovins caprins a cru de + 5,1 %.

- Le prix des produits avicoles a, au contraire, diminué fortement : - 2,7 % pour les volailles et - 9,3 % pour les oeufs : cette dernière baisse est révélatrice du déséquilibre persistant de l'offre et de la demande dans ce secteur.

- Enfin, le prix de la production de lait a cru de 1,3 % en 1998, cette reprise résultant de l'application de l'accord interprofessionnel de novembre 1997, indexant en partie l'évolution du prix du lait payé aux producteurs agricoles sur celui des produits laitiers transformés.

Dans l'ensemble, la valeur de la production agricole a donc connu une relative stabilité.

PRODUCTION AGRICOLE

 

Evolution 1998/1997

Valeur 1998
(milliards de francs)

 

Volume

Prix

Valeur

 

Production de produits végétaux

+1,6

-1,1

+0,2

244,7

Céréales

+9,5

-10,8

-2,3

65,9

Fruits et légumes

-3,5

+15,7

+11,7

44,8

plantes industrielles 1

-1,1

-5,5

-6,6

29,9

vins

+4,3

+5,7

+10,3

58,9

produits végétaux divers 2

+1,6

-4,5

-2,9

45,2

Production animale

+1,4

-8,9

-7,5

156,3

porcins

+3,7

-25,8

-23,0

17,2

autre bétail 3

-3,8

+5,4

+1,4

56,5

produits avicoles 4

+2,5

-4,3

-1,9

27,3

autres produits animaux 5

-0,1

+1,3

+1,2

55,3

Production " au prix de base "

+1,8

-1,4

+0,3

417,9

1. Plantes industrielles : betteraves industrielles, oléagineux, tabac, etc.

2. Produits végétaux divers : plantes fourragères, plantes et fleurs.

3. Autre bétail : gros bovins, veaux, ovins et caprins, équidés.

4. Produits avicoles : volailles, oeufs.

5. Autres produits animaux : lait et produits laitiers, etc.

Source : Synthèses n° 27 - Les comptes de l'agriculture française en 1998.

La diminution des consommations intermédiaires

Après deux années de fortes augmentations des consommations intermédiaires (+4,4% en valeur en 1996 et +3,4% en valeur en 1997), on constate une légère diminution (-2,2%) en termes réels des consommations intermédiaires de la branche agriculture . Ce phénomène provient d'une forte baisse des prix (-3,9 %) qui neutralisent l'augmentation du volume de ces consommations intermédiaires (+1,7%).

La consommation d' aliments des animaux , principale consommation intermédiaire de la branche agriculture, progresse selon un rythme relativement moins rapide en volume (+0,6 %) que les années passées. Le dynamisme des secteurs des porcins et des volailles a ainsi été freiné par la baisse d'achats d'aliments pour les bovins qui diminuent sensiblement, sous l'effet de la réduction du cheptel des vaches laitières et allaitantes. Le prix de cette consommation intermédiaire se réduit considérablement (-9 % par rapport à 1997). Cette baisse, d'une ampleur exceptionnelle, est la conséquence directe de l'effondrement du prix des tourteaux de soja (-22 %) et du net recul du prix des céréales à partir de l'été.

La consommation intermédiaire en engrais diminue de 3,5 % en valeur (-1,7 % en volume et -1,9 % en prix). La baisse du volume sur l'ensemble de l'année 1998 provient du net recul des achats du second semestre, destinés à être utilisés pour la récolte de 1999 ; une partie importante des achats d'engrais aurait été reportée au début de l'année prochaine.

Par ailleurs, la consommation intermédiaire de produits de protection des cultures continue à progresser selon un rythme relativement élevé en volume (+7 %). Les prix, dont les évolutions sont de faible ampleur depuis quelques années, sont stables par rapport à 1997.

ÉVOLUTION 1998/1997

(en %)

 

Volume

Prix

Valeur

Ensemble

+ 1,7

- 3,9

- 2,2

dont Aliments pour animaux (22 %)

Engrais (9,3 %)

Produits de protection des cultures (7,5 %)

+ 0,6

- 1,7

+ 7

- 6,9

- 1,9

- 0,1

- 2,2

- 6,3

+ 6,9

Source : Synthèses n° 27 - Les comptes de l'agriculture française de 1998.

b) La poursuite modérée de la croissance de la valeur ajoutée

Après une croissance particulièrement nette en 1997 (+5 %), la valeur ajoutée brute au prix de base connaît en 1998 une croissance moins forte (+2 %) en raison de la légère augmentation de la valeur de la production (+0,3 %) et du repli (-2,2 %) des consommations intermédiaires. En termes réels, la valeur ajoutée a augmenté de 1,1 %.

Cette croissance de la valeur ajoutée brute représente en valeur 1998, 209,5 milliards de francs.


Afin de calculer la valeur ajoute nette, il s'avère nécessaire de déduire la consommation de capital fixe de la valeur ajoutée brute. En 1998, la valeur ajoutée nette évolue globalement au même rythme que la valeur ajoutée brute.

2. L'évolution du revenu agricole

a) Le niveau du revenu agricole en 1998 en France

L'indicateur de revenu habituellement retenu par votre rapporteur pour avis était, jusqu'à l'année passée, le revenu brut agricole (RBA) en optique " livraisons ". Son évolution était mesurée en moyenne par exploitation et en termes réels. Le " déflateur " utilisé pour ce calcul est le prix du produit intérieur brut.

Ainsi, en 1997, le RBA avait augmenté de 6 %.

La nouvelle approche statistique adoptée pour 1999 propose quatre indicateurs de revenu : le résultat agricole global, le résultat agricole par actif, le revenu d'entreprise agricole global et le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié.

Afin d'intégrer cette réforme statistique tout en permettant le maximum de comparaisons par rapport aux années précédentes, votre rapporteur pour avis vous propose de retenir comme indicateur le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié : cet indicateur lui paraît en effet le mieux correspondre à la photographie du revenu des agriculteurs puisqu'il correspond au solde du compte de revenu d'entreprise, c'est-à-dire de l'ensemble des ressources de l'actif non salarié, duquel a été retranchée l'intégralité des charges.

EVOLUTION DU REVENU D'ENTREPRISE AGRICOLE PAR ACTIF NON SALARIÉ

MESURÉ EN TERMES RÉELS

Pour 1998, le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié augmente de 2,9 % en termes réels par rapport à 1997.

La détermination du résultat agricole français en 1999

Le résultat agricole global de la branche est déterminée à partir de la valeur ajoutée nette, augmentée des subventions d'exploitation, mais diminuée des différentes charges supportées, telles que les impôts fonciers et les autres impôts sur la production. Il est ainsi égal à la somme des revenus des facteurs de production (travail et capital).

En 1998, le montant des subventions versées en 1998 a baissé de un milliard, pour s'élever à 9,6 milliards . Cette baisse est due à la forte réduction des subventions versées aux éleveurs au titre de la crise de la vache folle, atténuée par une nette revalorisation de l'indemnité spéciale montagne et par une augmentation considérable des indemnités au titre des calamités agricoles.

SUBVENTIONS D'EXPLOITATION RECUES PAR LA BRANCHE " AGRICULTURE "

 

1994

1995

1996

1997

1998

Indemnités spéciales montagne et piémont

2081

2106

2690

2161

2512

Prime à l'herbe

1201

1371

1363

1420

1245

Indemnités au titre des calamités agricoles

460

358

287

416

957

Aide au " gel " des terres

4494

3714

2961

1887

1822

Compensations pour retrait de fruits et légumes

596

249

407

293

115

Aides diverses aux producteurs de fruits et légumes

160

637

500

525

416

Aides diverses aux éleveurs

254

553

1134

1608

540

Aides " agriculteurs en difficulté "

186

227

116

53

23

Aide à l'enrichissement des vins

229

187

186

253

269

Aide au stockage privé des vins et moûts

56

50

51

76

68

Aide au retrait pluri-annuel des terres

534

438

210

83

57

Subvention de l'office national de la chasse

83

100

138

118

120

Aides agri-environnementales

102

140

338

662

755

Prises en charge d'intérêts

159

191

122

482

100

Subventions des collectivités locales

250

234

240

345

368

Autres aides

235

172

261

179

189

TOTAL Métropole

11080

10727

11004

10561

9556

Subventions dans les DOM

114

175

103

86

86

TOTAL

11194

10902

11107

10647

9642

Unité : millions de francs

Source : ministère de l'agriculture, offices agricoles

Notes : - les montants présentés dans ce tableau ne comprennent pas les subventions sur les produits, qui sont incluses dans la valeur de la production.

- les montants sont enregistrés selon la règle des droits et obligations, ce qui peut entraîner des différences avec ceux présentés dans le rapport sur les concours publics à l'agriculture.


Contrairement aux années précédentes, les montants des subventions sur les produits sont inclus dans la valeur de la production valorisée au prix de base : ils ne sont donc pas intégrés dans le poste " subventions d'exploitation ".

Afin d'établir le résultat agricole global, les impôts fonciers et ceux sur la production doivent être retranchés de la valeur ajoutée nette :

- les impôts fonciers sur les terres agricoles, nets des dégrèvements accordés par l'Etat, ont été fortement réduits de 1992 à 1997 (- 24,5 %) en raison du démantèlement des parts régionales et départementales de la taxe sur le foncier non bâti. En 1998, leurs montants progressent de 2 % ;

- les autres impôts sur la production concernent essentiellement la sous compensation de la TVA sur les achats de biens et semences par les unités agricoles. Entre 1990 et 1998, la sous-compensation a diminué de 33 %, ce qui représente une baisse d'environ 5 % par an en moyenne. Cette forte baisse est due à la forte réduction de la part des agriculteurs non redevables dans l'ensemble des agriculteurs et du rythme relativement modéré de l'évolution des achats de biens et services.

Ainsi, le résultat agricole global augmente en 1998 de 1,3 % : en termes réels, cet indicateur connaît une relative stabilité par rapport à 1997. En raison de la baisse importante de l'emploi agricole, le résultat agricole par actif progresse de + 3 % en termes réels par rapport à 1997.

Du résultat agricole au revenu d'entreprise agricole par actif non salarié


Le revenu d'entreprise agricole global se déduit du résultat agricole global en en retranchant les charges salariales, les intérêts et les charges locatives nettes. En 1998, cet indicateur est stable en raison de la reprise de la progression de l'ensemble des salaires, des intérêts et des charges locales et de l'évolution modérée du résultat agricole global. Il baisse néanmoins de - 0,9 % en termes réels.

Les charges locatives nettes correspondent à la rémunération nette du propriétaire des terres, c'est-à-dire aux charges locatives brutes desquelles sont déduits les impôts fonciers sur les terres de fermage. En 1998, elles progressent de 5,8 % en raison de la baisse des impôts fonciers.

En ce qui concerne l'encours total des prêts à l'agriculture , on constate une augmentation en raison d'un recours accru à des emprunts à court terme et pour l'acquisition d'équipements. Ainsi, le montant des intérêts versés par la branche agricole augmente de 2,8 % en 1998.

En prenant en compte la baisse du volume de - 3,7 % de l'emploi non salarié, le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié progresse de + 2,9 % en termes réels.

PRINCIPAUX POSTES DU COMPTE DE LA BRANCHE AGRICULTURE 1997/1998


 

Valeur 1997

(milliards de francs)

Valeur 1998

(milliards de francs)

Evolution en %

Production

416,5

417,92

+ 0,34

Consommation Interne

211,11

208,38

- 1,29

Valeur ajoutée brute

205,39

209,53

+ 2,01

Consommation Capital fixe

48

49,09

-

Valeur ajoutée nette

157,36

160,43

+ 1,95

Subvention d'exploitation

10,64

9,64

- 9,39

Impôts fonciers

5,35

5,45

+ 1,86

Autres impôts sur la production

2,45

2,36

- 3,67

Revenu agricole global

160,2

162,26

+ 1,28

Salaires

24,73

25,44

+ 2,87

Cotisations sociales

6,34

6,59

+ 3,94

Intérêts

12,16

12,51

+ 2,87

Charges locatives

12,26

12,97

+ 5,79

Revenu d'entreprise agricole global

104,68

104,73

+ 0,04

b) Le revenu agricole en Europe

Le revenu agricole sur le plan européen baisse d'environ 4 % en termes réels après un repli de 2,7 % l'an dernier.

La baisse intervenue l'an dernier est attribuable, pour une large part, à la diminution des subventions (-6,4%) et à la forte dégradation des prix à la production. Le niveau moyen des prix réels de la production agricole finale a reculé de 5,3 % en raison essentiellement de la baisse de 13,2 % des prix réels des animaux (-27,1 % pour le secteur porcin).

Plusieurs facteurs ont néanmoins en partie atténué la baisse du niveau du revenu de l'activité agricole. Il s'agit de la légère augmentation du volume de la production finale (1,6 % pour le secteur végétal et 1,4 % pour le secteur animal) ; de la baisse de 5,2 % de la valeur réelle des consommations intermédiaires ; de la diminution de 0,4 % de la valeur réelle des amortissements et de la poursuite de la baisse du volume de la main d'oeuvre agricole.

COMPTES FRANÇAIS ET COMPTES EUROPÉENS : LA REFORME DE 1999

Le revenu agricole peut se mesurer selon deux optiques : l'optique livraisons et l'optique production. En optique livraisons, le calcul d'indicateur de revenu peut être assimilé au revenu effectivement perçu dans l'année et tiré de la seule activité productive agricole. Le même indicateur, établi cette fois en optique production , mesure le revenu potentiel dégagé par la production, même si celle-ci n'a pas encore été vendue. Sur le moyen terme, les évolutions des livraisons et de la production sont très proches ; il en est donc de même des indicateurs de revenu liés.

Dans les comptes français jusqu'en 1999, le revenu brut agricole par exploitation en termes réels présenté à la Commission des comptes de l'agriculture de la nation est mesuré en optique livraisons. En revanche, dans les comptes européens, les indicateurs sont calculés en optique production.

Les différences méthodologiques entre comptes français et comptes européens rappelées ci-dessus n'existent plus désormais dans les comptes du nouveau système de la base 95, présentés à partir du printemps 1999. Les comptes de l'agriculture française reposent alors sur une méthodologie harmonisée avec celle d'Eurostat, avec une primauté de l'optique production.

EVOLUTION DE L'INDICATEUR EUROPÉEN DU REVENU AGRICOLE
DANS LES DIFFÉRENTS PAYS EUROPÉENS ENTRE 1997 ET 1998

Ce graphique présente le taux de croissance entre 1996 et 1997 de la valeur ajoutée nette agricole au coût des facteurs en termes réels par unité de travail (indicateur de revenu des comptes européens).

Source : Eurostat.

3. L'évolution de l'investissement agricole

Après avoir connu une chute très importante au début des années 90, puis s'être redressé jusqu'en 1997, le volume des investissements de la branche agriculture se stabilise en 1998 (- 0,2 %).

FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE DE LA BRANCHE AGRICULTURE

(en milliards de francs)

 

Valeurs à prix courants

 

1998

98/97 en %

FBCF en biens non agricoles (1)

dont Matériels

Bâtiments

FBCF en biens agricoles (2)

dont Plantations

Bétail

53,5

36,5

16

5,4

3

2,4

+ 1,2

+ 1

+ 1,6

- 6,1

+ 0,7

- 13,5

FBCF de la branche agriculture (1) + (2)

58,9

+ 0,5*

* soit comme taux de croissance à prix constants - 0,2 %.

La formation brute de capital fixe (FBCF) de la branche agriculture retrace quatre types de dépenses d'investissement se rapportant, d'une part, à des biens non agricoles, les matériels et les bâtiments, d'autre part à des biens produits par la branche agricole elle-même, le bétail et les plantations. Les achats de matériels en constituent la principale composante, bien qu'ils soient passés de près de 80 % du total de la FBCF en 1970 à 66 % en 1997.

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