I. LA GÉNÉRALISATION DE LA CONTRACTUALISATION DES MOYENS AU SERVICE D'UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE DE GESTION

A. LE CONTRAT D'OBJECTIFS ET DE MOYENS

Le budget du commerce extérieur est caractérisé par l'application d'un contrat d'objectifs et de moyens pour la période 2000-2002, conclu en janvier 2000 entre la direction des relations économiques extérieures et la direction du budget. Il fait suite à trois contrats triennaux ayant permis de réduire de 20 % les emplois des services extérieurs de la DREE, et de 8 % leurs crédits de fonctionnement en francs courants, grâce aux gains de productivité obtenus par le développement de l'informatique et des méthodes responsabilisant les gestionnaires.

Le nouveau contrat est particulièrement innovant :

- il associe aux missions de la DREE des objectifs et des indicateurs précis de qualité et de performance et fixe quatre grands objectifs : améliorer la collecte et la diffusion de l'information économique, optimiser les outils financiers, renforcer l'expertise et le rôle de la DREE dans les négociations commerciales, et accroître l'efficience de l'ensemble ;

- il vise à rompre avec les débats budgétaires traditionnels sur les emplois et le fonctionnement , en faisant masse des crédits et en les stabilisant par absorption des dérives. La démarche budgétaire ne concerne que les crédits du réseau à l'étranger et en région, sur lesquels la DREE a une totale maîtrise, qui sont regroupés dans une dotation globale contractuelle (DGC) inscrite sur trois chapitres budgétaires. En matière d'emplois, le contrat d'objectifs et de moyens conduit à ne plus raisonner en nombre d'emplois budgétaires (les emplois n'étant pas comparables entre eux en termes de coût), mais en masse indiciaire, avec un ajustement de la structure des emplois sur la situation réelle. Le gestionnaire ne peut jamais avoir une structure d'emplois réels correspondant exactement à celle, théorique, figurant dans le vert budgétaire, qui est incompatible avec la nécessaire adaptation quotidienne aux aléas et aux besoins . D'où la proposition d'avoir une description des emplois (corps, grade, indice, etc ..), mais sans indication de nombre, et une masse indiciaire affectée en gestion à tel ou tel emploi en fonction des besoins, le facteur limitant étant le nombre total de points d'indice figurant au vert, c'est à dire la masse indiciaire. L'autorisation parlementaire porte alors sur une masse indiciaire avec, en contrepartie, la description de son utilisation en termes d'emplois dans le rapport d'exécution de la loi de finances .

Une cellule de gestion prévisionnelle des dépenses et de suivi de la dotation a été mise en place afin de connaître les contraintes et les marges de manoeuvres disponibles.

La DREE indique que « la première année du contrat s'est déroulée dans des conditions de forte dérive monétaire qui ont pesé sur l'ensemble des dépenses à l'étranger. Il est avéré que la souplesse donnée par le contrat a permis, par une mobilisation de toutes les ressources disponibles, d'absorber ces dérives, sauf pour les indemnités de résidence qui, elles, conformément aux dispositions du contrat, ont fait l'objet d'un abondement externe, et sans conséquence sur le niveau d'activité des postes d'expansion économique ».

B. LA DÉMARCHE CONTRACTUELLE À L'INTÉRIEUR DU RÉSEAU DE LA DREE

La DREE s'est engagée dans une démarche contractuelle avec son réseau dans le cadre de programmes d'objectifs et de moyens, qui constituent la déclinaison du contrat d'objectifs et de moyens passé avec la Direction du budget. Ces programmes sont arrêtés avec les chefs de postes d'expansion économique. Trois d'entre eux ont été signés, avec les réseaux de la DREE en Allemagne, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Les prochains programmes devraient être signés en 2002 avec les réseaux en Inde, au Japon et en Chine. Environ 34 % des moyens du réseau de la DREE devraient ainsi être intégrés dans des contrats locaux en 2002 : la confection de ces programmes a été réservée en priorité aux postes dont la gestion comporte les enjeux budgétaires les plus lourds.

Par ailleurs, des contrats sont également en cours de discussion avec le CFCE et le CFME-ACTIM pour la période 2000-2002.

Le programme conclu avec le réseau de la DREE aux Etats-Unis

Le programme d'objectifs et de moyens liant la DREE aux services d'expansion économique aux Etats-Unis porte sur la période 2001-2003, sous réserve de sa compatibilité avec le prochain contrat d'objectifs et de moyens liant la DREE et la direction du budget. Il participe de la démarche de modernisation du Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, et qu'il prend en compte la démarche qualité engagée par la DREE.

Un état des lieux est établi, rappelant les missions de la DREE et les caractéristiques géographiques et économiques spécifiques des Etats-Unis. Il rappelle que « les postes actuels vivent sur un régime mixte de spécialisation technique et de circonscription géographique » et que des réductions d'effectifs significatives ont affecté le réseau, les effectifs globaux passant de 175 en 1990 à 130 en 1995 et 114 en 2000.

Un diagnostic précis est effectué :

« Le programme d'objectif et de moyens pour la période 2001-2003 doit aussi tirer les leçons des points forts du dispositif actuel (la sectorialisation est un gage de compétence, utile aux entreprises françaises et motivant pour les agents dans un pays où le « professionnalisme » est roi) comme de ses lacunes structurelles :

- difficultés d'accès au réseau pour les entreprises françaises, à cause de la complexité de la grille existante ;

- limitations de la couverture géographique des secteurs : les agents, (théoriquement compétents pour l'ensemble du territoire américain), limitent leur action de prospection à la « circonscription géographique » voire à l'agglomération d'implantation du poste ;

- insuffisances des communications entre postes (compliquées par le développement d'un état d'esprit de « propriétaires » de secteurs, qui peut réduire la qualité des activités de services de prospection aux entreprises, comme d'ailleurs celle de la veille au bénéfice des entreprises ou des administrations).

Le programme 2001-2003 devra enfin intégrer pleinement le défi de l'Internet : outil indispensable à l'information des agents, moyen de communication entre postes, outil de diffusion vis à vis de l'extérieur, l'Internet est aussi un concurrent qui pose la question radicale du positionnement des services d'expansion économique aux Etats-Unis: ont-ils encore une place compte tenu de l'abondance et de la richesse de l'information disponible sur la toile ?
»

Quatre objectifs principaux sont ensuite fixés :

- une amélioration de l'appui commercial aux entreprises françaises par une simplification du dispositif (notamment avec la mise en place d'une cellule chargée de la première réponse aux entreprises, et traitement de l'orientation vers des interlocuteurs français à l'aide d'un système innovant -centre d'appel et/ou internet) ;

- une optimisation du travail en réseau (nomination systématique de conseillers du commerce extérieur dans les agglomérations moyennes, recherche de synergies avec les chapitres de la chambre de commerce franco-américaine, mise en place d'une base de donnée réunissant l'ensemble des dispositifs d'aide et de soutien aux investissements disponibles localement) ;

- une systématisation du quadrillage du périmètre de la politique commerciale et de la communication dans les « lieux d'influence » (identification de « décideurs » et recherche de contacts systématiques afin de constituer des listes de relais opérationnels) ;

- un élargissement de l'accès des entreprises françaises aux financements multilatéraux et aux marchés de l'ONU (un guichet unique « financements ONU et multilatéraux » sera mis en place).

S'agissant des moyens humains et budgétaires, la DREE s'engage à maintenir les effectifs au niveau nécessaire à l'accomplissement des missions et objectifs décrits dans le contrat. Il est précisé que « le gestion du personnel est, davantage encore que la contrainte budgétaire, une clé de la réussite du programme (...) le chef des services d'expansion économique aux Etats-Unis peut après consultation de la Direction, procéder à des transferts d'agents entre les différents postes du réseau des Etats-Unis, pour autant qu'il puisse prendre en charge, sur ses économies de gestion, les frais afférents à ces transferts. (...) après en avoir préalablement informé l'administration centrale, [il] pourra avoir recours sur ses économies de gestion à des concours temporaires. Il lui appartiendra à la fin de chaque année budgétaire de dresser, sur ce sujet, un bilan de sa gestion, qui permettra d'évaluer la pertinence de ses orientations. »

D'un point de vue budgétaire :

- les dépenses de fonctionnement courant « sont fixées (...) à 1,303 millions d'euros par an pendant la durée du contrat. Les surcoûts éventuels dus aux variations de change sont couverts par redéploiement à l'intérieur de l'enveloppe allouée. En contrepartie, les économies de gestion, de structure ou de change, que le réseau EU pourra dégager seront conservées par le réseau EU et les crédits correspondants sont reportables. Ces crédits pourront être affectés à des dépenses ponctuelles n'engageant pas la Direction dans le long terme. A contrario, il appartiendra aux services d'expansion économique aux Etats-Unis de prendre en charge leurs décisions de gestion, une fois la réforme mise en place (par exemple, prise en charge des déménagements à l'occasion de ré-affectation d'agents dans d'autres postes aux Etats-Unis » ;

- s'agissant des dotations aux amortissements : « le réseau américain sera pilote pour expérimenter la mise en place d'une comptabilité d'amortissement, pas supplémentaire vers une comptabilité patrimoniale ».

- les changements de structure d'effectifs ou du parc immobilier (hors titre V) peuvent se traduire par des économies ou un surcoût. Les économies dégagées sont calculées à partir des coûts moyens, et sont partagées prorata temporis l'année du fait générateur, à moitié entre le réseau et la Direction. Calculées en année pleine, elles viennent pour le réseau en recalage de la base de la dotation de fonctionnement courant. Les économies immobilières sont partagées sur cette même base, mais les augmentations sont à la charge du décideur du changement de la structure. Les économies de gestion concernant les charges de fonctionnement courant restent acquises en totalité au réseau et les crédits correspondants sont reportables.

Des pistes de réflexion sont ouvertes afin d'améliorer la gestion :

- l'utilisation des cartes de paiement devrait permettre de réaliser des gains importants notamment sur le budget des déplacements (achat des billets sur internet) ;

- le recours au crédit-bail pour les véhicules et équipements bureautiques est envisagé, de même que les commandes groupées auprès des fournisseurs ou le recours à des prestataires de services en matière informatique ;

- l'adaptation des recrutements en fonction des profils et des missions et la renégociation des contrats immobiliers en fonction de l'évolution des effectifs ;

- l'implantation sur un autre site que New York, voire en France, des services d'appui à moins forte valeur ajoutée (premier accueil et tri des entreprises).

Des indicateurs d'activité et de performance seront établis dans le cadre du groupe de travail 9( * ) sur l'ensemble des indicateurs de la direction et de ses services déconcentrés.

Le contrat pourra être révisé sur la base des enseignements résultant de son application à l'occasion du bilan annuel, dressé à partir de rapports contradictoires d'activités rédigés par la DREE et les services d'expansion économique aux Etats-Unis.

En matière de gestion administrative et comptable, la mise en oeuvre du programme emporte également des effets importants :

Dans la situation actuelle, chaque poste (sauf celui d'Atlanta) effectue sa propre comptabilité et utilise à plein temps ou à temps partiel, les services d'une comptable, agent français expatrié, soit un total de sept agents. L'objectif de regrouper toute la comptabilité à Washington devrait être rendu possible par l'utilisation nouveau logiciel « CIRCE » 10( * ) , qui a prévu le travail en réseau et l'affectation à toutes dépenses saisies d'un code géographique permettant l'individualisation du total des dépenses effectuées par poste. Cette réforme devrait permettre de faire passer l'effectif de comptables affectées aux Etats-Unis de 7 à 3 agents.

Source : DREE

C. LA PRÉPARATION DE LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES

La DREE indique que, à l'intérieur de ses missions (définir le cadre et les règles des échanges, contribuer au développement international des entreprises et du territoire français, informer sur les enjeux de la mondialisation), les politiques qui s'y rattachent sont définies de façon arborescente. A terme, il sera précisé en face de chacune de ces politiques, les objectifs de moyen terme, et enfin les actions qui permettraient à horizon d'un an de tendre vers ces objectifs. Des indicateurs de performance seront associés à ces actions, dans une configuration qui servira notamment de préparation à une gestion conforme à la loi organique relative aux lois de finances du 1 er août 2001.

Réforme de la DREE : Définition de missions, de politiques et d'objectifs

La réforme d'une administration, comme la restructuration d'une entreprise, s'appuie sur deux démarches simultanées : l'amélioration des processus existants, illustrée notamment par la démarche qualité ; et le « pilotage par la valeur », c'est-à-dire la confrontation permanente des processus avec l'objectif de l'organisation - afin de se concentrer sur les problèmes les plus pertinents et d'utiliser au mieux ses moyens.

La DREE a entamé en l'an 2000 la première démarche, qui devrait conduire l'année prochaine à la certification de son réseau ; elle s'attache, depuis quelques mois, à cerner sa « création de valeur », grâce à un groupe de travail interne sur les missions et indicateurs, réunissant pour cette occasion des agents de la centrale et des agents du réseau intervenant par le biais d'un forum sur l'intranet.

1. Le pilotage par la valeur : un schéma d'ensemble reliant de façon arborescente les actions aux missions de la Direction

On ne peut bâtir d'indicateurs de performance sans les relier aux missions qui doivent permettre de juger des performances réalisées. Aussi, après avoir rappelé les trois missions de la DREE (définir le cadre et les règles des échanges, contribuer au développement international des entreprises et à l'attractivité du territoire français, informer sur les enjeux de la mondialisation), le groupe de travail a défini, de façon arborescente, les politiques s'y rattachant, les objectifs de moyen terme, et enfin les actions qui permettraient à horizon d'un an de tendre vers ces objectifs, et qui doivent faire l'objet d'indicateurs. Les fonctions "support" ou transversales telles que la qualité, la gestion des moyens, la gestion des ressources humaines, l'informatique sont prises en compte dans l'exercice, au sein d'un quatrième groupe de politiques.

Deux exemples peuvent illustrer cette démarche. La réponse aux déficits d'information et de contacts des entreprises sur les marchés et opérateurs extérieurs est une des cinq politiques de la mission de développement international des entreprises. Accompagner, conseiller et mettre en contact les entreprises est un des objectifs assignés à cette politique. Pour remplir cet objectif, les PEE et DRCE organisent, entre autres actions, des missions d'entreprises. Cette action sera associée à deux indicateurs de performance : le nombre d'entreprises bénéficiaires et leur taux de satisfaction.

Dans un autre domaine, la promotion de la transparence des schémas SPG à l'OMC est une des actions déployées pour oeuvrer à l'objectif d'insertion des pays en développement dans les échanges internationaux. Cet objectif correspond à une des sept politiques (l'articulation de la politique commerciale et de la politique de développement) qui sous-tendent la mission de définition du cadre et des règles de nos échanges. L'indicateur de performance de cette action sera binaire : a-t-on convaincu - ou pas- nos partenaires de l'UE, puis de l'OMC, de systématiser la notification des schémas SPG à l'OMC ?

2. Un support pour les exercices à venir au sein du Ministère et pour la démarche qualité

La rédaction précise et exhaustive des actions de la DREE, avec des indicateurs associés, est avant tout un instrument de pilotage interne. Les programmes des PEE et des DRCE et les conventions triennales de la DREE avec le CFCE et UBIFRANCE se caleront sur les objectifs et les indicateurs qui les concernent. Le système d'information devra s'appuyer sur cette charpente, pour permettre d'évaluer les moyens consacrés à chaque action, et faciliter le compte-rendu des résultats obtenus.

Mais cet outil constitue aussi le futur support conceptuel du pilotage de la DREE au sein de l'Etat. La lettre de mission annuelle adressée au Directeur par le Ministre, le rapport annuel, ou le futur contrat d'objectifs et de moyen s'appuieront sur un nombre réduit d'actions et d'indicateurs, sélectionnés dans cette base : les plus concrets et les plus pertinents , à l'instar de ce qui est mis en place par les administrations en Grande-Bretagne, en Australie ou aux Etats-Unis

Ce tableau d'ensemble est enfin nécessaire pour donner tout son sens à la démarche qualité. L'amélioration de la qualité des services rendus par la DREE à ses clients est une des politiques poursuivies par la DREE. La démarche qualité s'appuie aujourd'hui sur un petit nombre d'objectifs, qui ont été choisis parmi l'ensemble des objectifs de la Direction, afin d'être plus particulièrement mis en relief. Son périmètre pourra être progressivement élargi à de nouveaux objectifs et de nouveaux clients sur la base de ce tableau.

3. Le besoin d'une définition des missions et d'objectifs : le résultat d'une démarche itérative

La genèse de ce projet est en elle-même intéressante. On pourrait penser que la définition précise de missions et d'objectifs est un préalable à la définition d'indicateurs de performance. En réalité, c'est le développement par strates successives d'indicateurs, ainsi que l'expérience du premier contrat d'objectifs et de moyens, qui ont fait ressentir le besoin d'une définition plus claire des objectifs vers lesquels doit tendre la Direction.

Dans le même temps, la DREE a engagé la démarche de certification ISO de son réseau, qui vise à la satisfaction des entreprises qui ont recours à ses services. Elle a alors pris la mesure des besoins de l'ensemble de ses « clients », qu'ils appartiennent à l'administration, à la représentation nationale, au monde de l'entreprise ou à la société civile, ce qui a permis d'écrire plus précisément ses missions, ses politiques et ses objectifs.

Cette demande s'inscrit aujourd'hui clairement dans la préparation de la mise en oeuvre de la nouvelle loi organique sur les lois de finances.

Source : DREE

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