II. LE COSTA RICA : UN PAYS PROSPÈRE AU SEIN D'UNE AMÉRIQUE CENTRALE MARQUÉE PAR DE FORTS CONTRASTES POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES

A. UNE ÉCONOMIE PROSPÈRE

Le Costa Rica présente une situation économique enviable en Amérique centrale. Grâce à la mise en place, il y a 60 ans, d'un Etat-providence, ce pays a, en effet, réussi à réduire fortement la pauvreté et dispose des meilleurs indicateurs sociaux de la zone. Ainsi, 20% du PIB est consacré à la santé et à l'éducation ; le taux actuel d'extrême pauvreté est limité à 7%, l'espérance de vie culmine à 79 ans, le taux d'alphabétisation de 96%, le PIB/hab avoisine les 6 000 USD et le système de protection sociale couvre plus de 80% de la population.

La structure de l'économie costaricienne est équilibrée : le secteur agricole (café, banane, mais aussi fleurs et fruits tropicaux) représente environ 10% du PIB et l'industrie, environ 30%, faisant du Costa Rica le pays le plus industrialisé de l'isthme. Les services assurent plus de 60% de l'activité (dont 10% pour le seul secteur touristique). Des zones franches accueillent des entreprises de télécommunications, d'informatique, notamment Intel, des centres d'appel, des laboratoires, des industries pharmaceutiques. Ces activités requièrent un niveau d'éducation élevé, et un fort taux d'ouverture de l'économie, les exportations représentant 40% du PIB. L'instauration de zones franches a encouragé les flux d'IDE, qui ont atteint 1 milliard USD en 2006, faisant du Costa Rica, conjointement avec le Panama voisin, le principal récepteur d'IDE de l'isthme. Ce contexte a permis d'assurer au pays une croissance moyenne proche de 6% de 1994 à 2006 ; elle a atteint 6,8% en 2007.

B. UNE POLITIQUE EXTÉRIEURE OUVERTE

Comme les autres pays voisins, le Costa Rica a pour premier partenaire commercial les Etats-Unis, premier importateur et exportateur, et à l'origine de plus des 2/3 des investissements étrangers (Intel, Procter Gamble, Abbot, Hewlet Packard...). Cette relation bilatérale comporte également une dimension humaine, car le Costa Rica accueille plus de 700000 touristes américains chaque année et abrite plus de 50000 retraités de ce pays. Les relations sont donc très étroites.

L'autre grande composante de la diplomatie costaricienne réside dans l'action multilatérale :

le Costa Rica est membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour le biennum 2008-2009 ;

le Président Arias a lancé l'idée du « Consensus de Costa Rica ». Cette initiative vise à lier l'accès à l'aide publique au développement aux efforts accomplis en matière de santé et d'éducation ;

« La Paix avec la nature » : doté d'un riche patrimoine naturel, le Costa Rica a le souci de le préserver (un quart du territoire est protégé). C'est ainsi que le pays ambitionne d'être la première économie où toutes les émissions de CO² seront compensées au niveau national.

L'Asie constitue un partenaire important du Costa Rica. Après avoir entretenu des relations diplomatiques avec Taïwan pendant près de 60 ans, San José vient d'y mettre un terme et a établi des relations avec Pékin.

Le Costa Rica a récemment fêté les 70 ans de ses relations avec le Japon, proche partenaire de San José. La Corée est, pour sa part, avec 3,2 millions USD, le premier investisseur asiatique dans le pays.

Au Proche-Orient, San José a, le 1er décembre 2006, transféré son ambassade en Israël de Jérusalem à Tel Aviv, permettant ainsi le rétablissement de relations diplomatiques avec des pays arabes, comme l'Egypte, la Jordanie, Koweit et Bahrein.

La relation entretenue par le Costa Rica avec ses voisins de l'isthme est complexe. Le pays ne conteste pas son appartenance à l'Amérique centrale, dont attestent sa qualité de membre fondateur du Marché commun centraméricain (MCCA) et sa participation active à plusieurs institutions du Système d'Intégration centraméricain (SICA). Mais le contraste entre le Costa Rica et ses voisins du Nord, en termes de développement et de gouvernance, suscite parfois des difficultés sur les questions d'intégration régionale. Ainsi, le Costa Rica abrite entre 500000 et un million de travailleurs nicaraguayens, qui bénéficient de la même protection sociale que les Costariciens. Dans ce contexte, des projets, tel que le passeport unique, suscitent des réserves à San José.

Les relations avec l'Amérique latine sont étroites, comme celles avec la Caraïbe. San José a ratifié un traité de libre-échange avec les 12 pays de la CARICOM, vers lesquels ses exportations ont plus que doublé depuis 2004, atteignant un montant de 75 MUSD en 2007.

Les relations avec l'Europe sont anciennes et reposent sur des valeurs communes. C'est ainsi que le Costa Rica avait pris l'initiative de solliciter l'aide de l'UE lors des conflits régionaux, d'où l'appellation « Processus de San José » donnée au dialogue amorcé en 1983 entre l'UE et l'Amérique centrale. Ce partenariat s'est renforcé avec l'ouverture en octobre 2007 à San José des négociations sur un accord d'association (dialogue politique, aide et échanges commerciaux) entre l'UE et l'Amérique centrale. Les Costariciens considèrent qu'ils n'ont pas les mêmes besoins que leurs voisins et hésitent à s'engager plus avant dans l'intégration régionale, notamment en matière d'union douanière. Le tout récent (20 février 2008) refus du Costa Rica d'adhérer au Parlacen (Parlement centre-américain), et à la Cour centraméricaine de justice, vient confirmer cette réserve.

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