B. L'OPÉRATION BARKHANE : SÉCURISER LA BANDE SAHÉLO-SAHARIENNE

L'opération Barkhane s'inscrit ainsi dans un partenariat avec les États du « G5 du Sahel ». Cette opération représente une double réussite qu'il convient de souligner : non seulement la France est parvenue à mettre en place une opération totalement internationale et transfrontière par son champ d'action, mais elle a aussi été le catalyseur d'une coopération inédite entre les cinq pays de la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) 1 ( * ) .

Par ailleurs, l'opération a été construite dans une logique de fusion et de partage des moyens qui jusqu'alors étaient dévolus à des opérations distinctes : l'opération Serval au Mali et l'opération Épervier au Tchad, déclenchée en 1986. La présence des forces françaises est ainsi maintenue au Mali et au Tchad, mais les moyens présents dans ces pays sont désormais mutualisés et les zones d'engagement étendues à l'ensemble de la bande sahélo-saharienne.

L'opération s'inscrit également dans une logique de soutien à la MINUSMA, encadrée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui « autorise l'armée française dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, à user de tous moyens nécessaires, à partir du commencement des activités de la MINUSMA jusqu'à la fin du mandat autorisé par la présente résolution, à intervenir en soutien d'éléments de la Mission en cas de danger grave et imminent à la demande du Secrétaire général ».

L'opération Barkhane est commandée par un officier général depuis un poste de commandement unique stationné à N'Djamena, au Tchad. Les missions de la force Barkhane sont d'appuyer les forces armées des États partenaires de la bande sahélo-saharienne dans leurs actions de lutte contre les groupes armés terroristes et de contribuer à empêcher la reconstitution de sanctuaires terroristes dans la région.

L'opération Barkhane est forte aujourd'hui d'environ 3 000 militaires (volume susceptible d'évoluer entre 3 000 et 3 500 militaires), une vingtaine d'hélicoptères, 200 véhicules de logistique, 200 blindés, 8 avions de chasse, 3 drones et une dizaine d'avions de transport.

Les unités sont réparties sur deux points d'appui permanents à Gao au Mali et à N'Djamena au Tchad ainsi que sur des bases avancées temporaires, principalement au Nord Mali (Tessalit, Kidal, Aguelhok, Tombouctou, Ansongo) et au Niger (Madama). Au Mali, certaines de ces bases sont partagées avec la MINUSMA. Une représentation permanente de Barkhane est stationnée à Bamako pour assurer la liaison avec les autorités françaises, maliennes, européennes et internationales dans la capitale. Ce dispositif n'est pas figé et le commandant de la force peut faire basculer les troupes et les moyens en fonction de l'évolution de la menace. La présence militaire française ne devrait pas connaitre d'évolution majeure avant la fin de la mise en oeuvre des accords d'Alger (automne 2017).

Depuis le mois d'octobre 2015 commencent à se dérouler des opérations conjointes de forces africaines sans participation des forces françaises, comme l'opération lancée par le Mali et le Burkina Faso contre le front de libération du Macina ou encore l'opération conjointe Mali-Côte d'Ivoire dans le Sud du Mali. Barkhane a ainsi enclenché un cercle vertueux qui conduit actuellement les forces africaines à davantage prendre en charge de manière autonome la sécurité de la zone .

Au total, même s'il sera difficile d'éradiquer totalement le terrorisme au Sahel compte tenu de l'immensité de la zone, l'opération Barkhane a permis de perturber et de réduire de manière très importante la circulation des groupes armés, notamment entre la Libye et le Sahel . Il n'existe plus de véritable « sanctuaire » terroriste dans ces pays et ces groupes doivent rester en mouvement en permanence afin de ne pas être repérés. La nuisance que représentent les terroristes est ainsi maintenue sous un seuil qui permet aux États de la bande sahélo-saharienne de perdurer et de fonctionner alors même que l'objectif final de l'ensemble des groupes terroristes est d'obtenir un effondrement des États qui leur permettrait de se développer et de prospérer librement.


* 1 Cette coopération devant également beaucoup à la très bonne entente entre les chefs d'Etat de ces pays.

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