PREMIÈRE PARTIE : UN ACCORD QUI FAVORISE L'ÉCHANGE DE JEUNES ACTIFS SUR LA BASE DE LA RÉCIPROCITÉ

I. L'ETAT DES LIEUX DES RELATIONS BILATÉRALES

L'Algérie est un des plus grands Etats d'Afrique, de 2,5 millions de km 2 - le désert du Sahara s'étend sur 2 millions de km 2 - où vit une population d'environ 40 millions de personnes. Son PIB de 188 milliards d'euros est le 4 e PIB du continent africain. Les richesses de son sous-sol la placent au 7 e rang des exportateurs mondiaux de gaz et de pétrole en 2015.

Après une décennie de violences entre 1992 et 1998, l'Algérie a entamé, sous la conduite du Président Bouteflika, un processus de réconciliation nationale et un retour progressif sur la scène internationale où elle fait figure d'acteur régional majeur. L'Algérie est toutefois confrontée à la menace sécuritaire qui affecte l'ensemble de la zone saharo-sahélienne et à celle qui découle de la crise libyenne.

Depuis 2014, la chute des cours du pétrole, qui représentait 98 % des exportations du pays et environ 70 % des recettes fiscales, pèse sur les finances publiques de l'Algérie et a souligné la vulnérabilité de son modèle économique , même si l'Algérie semble disposer de réelles marges de manoeuvre pour diversifier son économie, avec un taux d'endettement extérieur quasi nul et des réserves de devises. En 2015, le budget a connu un déficit de 16,4 % du PIB, mais la croissance a été de 3,9 % dans le secteur hors hydrocarbure.

Selon l'Office national des Statistiques algérien, en septembre 2015, la population active en Algérie s'élevait à 11,9 millions de personnes 1 ( * ) , ce chiffre est en augmentation du fait de la croissance démographique du pays qui était de 2,03 % en 2015. 19,4% des actifs sont des femmes. Le secteur des services regroupe 61,6% de l'emploi, suivi par le bâtiment et les travaux publics (16,8%), l'industrie (13%) et l'agriculture (8,7%).

En 2016, le chômage touchait 9,7% de la population active dont 24,3 % des jeunes de 15 à 24 ans .

La France et l'Algérie entretiennent des relations politiques et institutionnelles fortes. En décembre 2012 , l'amélioration des relations bilatérales s'est concrétisée par la signature de la déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre la France et l'Algérie. Cette coopération s'appuie sur le comité mixte économique franco-algérien (COMEFA), qui se réunit au niveau des ministres des affaires étrangères et de l'économie et le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) , qui réunit les deux gouvernements à l'occasion de sommets franco-algérien réguliers. Le présent accord a été signé dans le cadre de la troisième session du COMEFA en octobre 2015. En avril 2016, une douzaine d'accords institutionnels et une quinzaine d'accords économiques ont été signés dans le cadre de la troisième session du CIHN.

Sur le plan économique et commercial, la Direction générale du Trésor indique que la France est le deuxième fournisseur de l'Algérie après la Chine (16,0% de part de marché) et devant l'Italie , avec une part de marché de 10,5% et des exportations d'un montant de 5,4 milliards d'euros en 2015. Plus de 6 000 entreprises françaises y exportent chaque année. Les principaux postes d'exportations françaises demeurent les céréales (13,7% du total), les préparations pharmaceutiques (11,9%) et les véhicules automobiles (7,8%). Les importations françaises en provenance d'Algérie se composent à 92% d'hydrocarbures et représentaient un montant de 3,9 milliards d'euros en 2015. En absorbant 11 % des exportations algériennes, la France est le 3ème client de l'Algérie derrière l'Espagne et l'Italie.

La France est également le premier investisseur en Algérie hors hydrocarbures et le second tous secteurs confondus avec un stock d'investissements directs à l'étranger (IDE) estimé à 2,04 milliards d'euros à la fin 2014 (selon la Banque de France).

Il y aurait, en Algérie, environ 450 entreprises françaises de toutes formes (bureau de représentation, succursales et filiales) représentant près de 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects . Ces implantations françaises couvrent tous les secteurs d'activité : agriculture, agroalimentaire, restauration collective, industrie manufacturière, automobile, industrie chimique, pharmacie, construction, énergie (hydrocarbures, énergies renouvelables), environnement, services de tous types (services financiers, ingénierie, services aux entreprises et aux personnes, hôtellerie). On y trouve également toutes les tailles d'implantation , du bureau d'une seule personne à l'unité de services ou de production de plusieurs centaines de salariés. Beaucoup de ces implantations dépendent de grands groupes français, mais progressivement, de plus en plus d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de petites et moyennes entreprises (PME) s'installent en Algérie.

Globalement, ces implantations françaises emploient peu de personnels détachés ou expatriés , compte tenu de leur coût et réservent cela pour les fonctions de direction générale ou les fonctions support cruciales pour leur activité, comme la direction financière, la direction de la production, la direction qualité ou R&D. La quasi-totalité de ces expatriés doit faire face à des complexités administratives pour l'obtention de leur visa de travail et leur permis de séjour, avec des délais de délivrance de l'ordre de 12 mois en moyenne.

En 2015, l'Algérie était le 13 e client de la France, son 1 er client dans le monde arabe et son 2 e client hors pays membre de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) après la Chine.

L'Algérie se révèle être un marché porteur pour les entreprises françaises qui, malgré les difficultés économiques liées principalement à la chute des cours mondiaux des hydrocarbures depuis 2014, continuent à s'y intéresser. Toutefois, la position exceptionnelle, longtemps occupée par la France, tend à s'éroder au fur et à mesure que l'Algérie élargit ses partenariats.

Les liens humains restent forts. 2 millions de ressortissants algériens sont enregistrés dans les consulats algériens en France et on estime qu'il y a sur le territoire national, entre 5 et 7 millions de personnes liées, de près ou de loin, à l'Algérie et que chaque année, ce sont 4,5 millions de voyageurs qui circulent entre les deux pays. Il faut également compter 11 millions de locuteurs francophones en Algérie.


* 1 Au sens du Bureau international du travail.

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