B. SECOND CONSTAT : UN SECTEUR TROP ÉCLATÉ

1. Des acteurs en manque d'unité

Cette révolution numérique a remis en question un équilibre qui reposait sur la suprématie de la musique enregistrée.

Le secteur de la musique apparaît en effet depuis des années traversé par des lignes de fracture multiples : musique enregistrée et spectacle vivant, secteur subventionné et secteur privé, musique « savante » et les autres, pratique professionnelle et amateur...

Les différents acteurs n'ont jusqu'à présent pas su construire une culture commune et présenter un front uni pour défendre des intérêts communs et valoriser le secteur, ce qui ne fait qu'exacerber la question, évoquée infra , de la composition du conseil d'administration du Centre national de la musique. Pourtant, les frontières entre les différentes familles musicales se sont estompées sous l'effet des évolutions connues par le secteur, avec un rapprochement dans les modèles de production et de distribution des différents styles musicaux et des différences devenues moins marquées dans le fonctionnement des établissements publics et des établissements privés. La vie musicale s'est internationalisée pour toutes les esthétiques.

2. Des défis communs à venir

Face à la complexité de la réglementation comme aux possibilités d'accès à la culture de plus en plus étendues, le secteur dans son ensemble a tout intérêt à parler d'une même voix pour être mieux entendu. Des enjeux majeurs vont en effet se présenter dans les années à venir, comme par exemple :

- la défense de la conception européenne du droit d'auteur . La récente adoption de la directive 2019/790 du Parlement européen et du Conseil du 17 avril 2019 sur le droit d'auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique , a été l'occasion de débats extrêmement complexes, qui ont souligné la fragilité du modèle européen du droit moral, par opposition au modèle anglo-saxon du copyright ;

- la recherche d'une répartition plus équitable de la valeur entre l'ensemble des acteurs de la filière musicale face à la position désormais incontournable prise par les plateformes de musique par abonnement. Comme le relevait Sylvie Robert dans son rapport pour avis sur la mission « Culture » du projet de loi de finances pour 2018, « le système de rémunération des artistes sur ces plateformes, qui se base sur le pourcentage d'écoute de leurs streams par rapport au nombre de streams écoutés par l'ensemble des utilisateurs, se traduit par un écrasement de la valeur des artistes traditionnels au profit de ceux qui sont plébiscités par les jeunes consommateurs . » Elle observait également que le marché était faussé par l'apparition d'entreprises qui proposent leurs services pour acheter des streams sur internet ;

- l'impact sur la diversité culturelle des algorithmes mis en oeuvre par les services de streaming , qui sont susceptibles, comme cela est déjà le cas pour l'information, d'influencer très fortement les choix des utilisateurs, au risque d'une uniformisation des goûts.

Face à l'accélération des changements techniques et à l'évolution du modèle économique, l'impératif d'une réelle structuration de la filière se fait plus que jamais ressentir.

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