CHAPITRE SECOND - LE TOURISME EN FRANCE UNE RICHESSE INSUFFISAMMENT EXPLOITÉE

I. LE TOURISME, UNE RICHESSE CONSIDÉRABLE

A. LA BALANCE TOURISTIQUE EN 1994

Le tourisme constitue, avec un solde de 60,4 milliards de francs en 1994, le premier poste excédentaire des transactions courantes.

Le poste « Voyages » de la balance des paiements fait apparaître pour 1994 un montant en recettes en progression de 2,6 % (136,9 milliards de francs) par rapport à 1993, mais avec un solde en diminution de 0,5 % (60,4 milliards de francs) suite à une augmentation des dépenses de 5,3 % (76,5 milliards de francs), résultant d'une hausse identique des dépenses des français à l'étranger.

Au total, sur les cinq premiers mois de 1995, les recettes s'élèvent à 51,5 milliards de francs (soit + 3,3 % par rapport à 1994) et les dépenses à 30,1 milliards de francs (soit +7,9%). Cette augmentation plus importante des dépenses entraîne un solde en diminution de - 2,6 % par rapport à 1994 (21,4 milliards de francs en 1995 contre 22 milliards de francs en 1994).

La part de marché de la France dans le tourisme mondial

De 1980 à 1987, la part de marché de la France fluctue autour de 13 % des recettes du tourisme international en Europe, suivant une tendance légèrement baissière : 13,4 % en 1980 ; 12,3% en 1987.

De 1987 à 1991-1992, la part de marché de la France suit une pente fortement haussière, en passant de 12,3 % des recettes du tourisme international en Europe en 1987 à 15,6% en 1992.

Depuis 1992, la part de marché de la France décline de nouveau, selon un rythme qui rappelle celui de la période 1980-1987 : 15,6% en 1992 ; 14,8% en 1994.

Au total, le nombre de visiteurs étrangers en France est ainsi passé de 35 millions de francs en 1987 à 60 millions en 1992, soit + 71 % en cinq ans. Ce nombre reste, depuis 1992, autour de 60 millions, soit une décrue de part de marché puisque le volume des recettes du tourisme international a crû de 5 % en moyenne par an.

Les italiens et les espagnols ont été moins nombreux à visiter la France suite à la dévaluation de leur monnaie et l'on assiste à une baisse de leurs dépenses touristiques globales au travers du poste « Voyages » de la balance des paiements, comme l'indique le tableau ci-après :

Source : Ministère du Tourisme

1. La saison d'hiver 1994-1995

Avec une croissance de 6,6 %, la montagne française a su capter une clientèle nationale plus importante que l'année dernière alors que dans le même temps, les séjours personnels des français dans les massifs étrangers ont diminué. Il faut cependant souligner qu'environ 93 % des séjours à la montagne se sont déroulés en France.

Séjours en milieu montagne selon la destination

Source : Direction du Tourisme/SOFRES

2. La saison d'été 1995

Le nombre de touristes semble stable par rapport à la saison précédente.

Cette stabilité de la fréquentation se traduit cependant par un chiffre d'affaires global en rétraction et dont la répartition évolue.

On constate d'abord un raccourcissement des séjours estivaux : en cinq ans, la durée moyenne des vacances des français en juillet/août est passée de 14,4 jours en 1990 à 12,3 jours en 1994.

On note ensuite une répartition du budget vacances qui privilégie les activités de loisirs ou les animations de plein air au détriment de l'hébergement et de la restauration traditionnelle des raisons économiques des changements de comportements, voire des facteurs météorologiques peuvent expliquer l'évolution de ces modes de consommation.

On observe enfin une stagnation du chiffre d'affaires dans l'hôtellerie, due à des prix stables, voire en diminution, du fait de la concurrence et de la versatilité nouvelle du consommateur. La situation dans l'hôtellerie est en effet aggravée par le recours croissant à des modes d'hébergements alternatifs, tels que gîtes ruraux (qui ont pratiquement fait le plein de cet été), chambres d'hôtes (où les résultats sont plus mitigés) et nouvelles formes de camping. Le touriste réserve maintenant à la dernière minute, marchande le prix des chambres, refuse les contraintes de la demi-pension.

3. Une consommation touristique stable

Les français continuent massivement (à près de 90 %) à prendre leurs vacances en France mais font preuve d'une vigilance accrue sur leurs dépenses.

Cette fidélité s'explique notamment par la contrainte économique que ressentent les ménages français qui les dissuade de franchir les frontières nationales. Elle s'explique aussi par les habitudes de multi-séjours dans l'année qui privilégient les vacances en France pendant l'été 1995.

La fréquentation française joue ainsi un rôle d'amortisseur important face à la désaffection de certaines clientèles étrangères.

La consommation nationale touristique 1990-1994

(En milliards de francs)

Source : Ministère du Tourisme

Entre 1990 et 1994, la consommation totale des résidents a donc progressé de 11,1 % en francs courants, avec un taux de croissance annuel moyen de + 2,43 %. Le rythme annuel moyen de croissance des dépenses liées aux séjours a cependant été légèrement plus rapide (+ 2,7 %) que celui des dépenses en transport (+ 2,1 %).

Les résultats pour 1994 font apparaître une légère baisse du rythme de la consommation (+ 2,2 % globalement) consécutive à une croissance des dépenses liée aux séjours plus faible qu'auparavant (+ 2,1 %) et une croissance plus importante des dépenses de transport (+ 2,7 %).

La consommation totale des français représente près des deux-tiers des dépenses globales des touristes (résidents et non résidents) sur le territoire national. Cette proportion est restée relativement stable sur les cinq dernières années : après une légère baisse en 1992 et 1993, une hausse est prévue pour 1994.

La consommation totale touristique 1990-199

(En milliards de francs)

Source : Ministère du Tourisme

Le nombre de touristes étrangers venant en France a tendance à stagner.

Ceci s'explique d'abord par l'évolution des parités monétaires.

Ainsi, les touristes allemands ont manifestement opté pour les destinations concurrentes moins onéreuses (Italie, Espagne, Turquie), tandis que les anglais, italiens ou espagnols semblent s'être davantage repliés sur leur marché touristique intérieur.

Mais cette tendance s'explique aussi par la politique promotionnelle agressive de nos concurrents : rapportée à leur produit brut respectif, la subvention de l'État à la promotion touristique à l'étranger est neuf fois supérieur en Espagne à ce qu'elle est en France, 2,5 fois au Royaume-Uni, 1,5 fois en Italie, 7 fois aux Pays-Bas, 25 fois en Irlande. Il convient, de ce point de vue, de remarquer les performances enregistrées cette année sur les marchés lointains, où Maison de la France a fait des efforts substantiels de promotion, et qui sont, par nature, moins sensibles aux variations des taux de change : + 5 % de touristes japonais, + 20 % de touristes provenant du Sud-Est asiatique, + 27 % de touristes brésiliens, + 40 % de touristes argentins

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