3. Le choix d'une allocation forfaitaire favorise les chômeurs aux revenus d'activité les plus modestes

S'agissant des modalités de calcul de l'ASA, le projet de loi se borne à renvoyer au domaine réglementaire. Comme on l'a vu supra , la disposition adoptée en commission, dans l'esprit de la proposition de loi n° 370 de M. Jean-Marc Ayrault, n'a finalement pas été retenue en séance publique.

Le projet de loi renvoie à un décret en Conseil d'Etat pour fixer les mesures d'application du dispositif. Le montant de l'allocation sera lui fixé par décret simple, ce qui permettra d'en assurer plus aisément la revalorisation.

Le caractère forfaitaire de l'allocation et son montant annoncé de 1.750 francs ne résultent donc pas de la loi, mais des déclarations de Mme la ministre de l'Emploi et de la Solidarité faite en séance publique.

Mme Martine Aubry a précisé que le décret d'application -dont elle a souhaité qu'il soit publié " dans les délais les plus brefs "- prévoirait une allocation forfaitaire unique de 1.750 francs par mois.

Niveaux de ressources résultant du dispositif

(En francs)

 

Montant actuel du minimum social
(par mois)

Montant du minimum majoré par l'ASA
(par mois)

ASS majorée

3.252,90

5.002,90

ASS de droit commun

2.264,70

4.014,70

RMI (1 personne isolée)

2.429,42

4.179,42

RMI (1 ménage sans enfant à charge)

3.644,13

5.394,13

Il est à noter que l'ASA sera assujettie uniquement à la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS), soit un prélèvement de 8,75 francs par mois.

Deux raisons semblent avoir pesé en faveur du choix d'une allocation forfaitaire qui était d'ailleurs proche de celui qui avait été retenu par M. Jacques Barrot en avril 1997.

Tout d'abord, cette mesure qui assure le versement d'une allocation de solidarité, permet d'avantager notablement les revenus les plus faibles.

Ainsi, les statistiques de l'UNEDIC font apparaître que les bénéficiaires de l'ASS âgés de plus de 55 ans et ayant validé 40 annuités de cotisations ont eu un revenu d'activité de 8.400 francs par mois, en moyenne. 63 % de ces personnes ont un salaire de référence inférieur à 8.600 francs par mois . Or, 57 % de 8.600 francs représentent 4.900 francs.

Si l'ASA devait donc être calculée par référence au barème applicable pour le calcul de l'AUD, c'est-à-dire sur la base de 57 % du dernier revenu mensuel d'activité, près de deux bénéficiaires sur trois obtiendraient une allocation moins avantageuse que l'allocation forfaitaire qui est préconisée.

Pour 20 % des chômeurs concernés dont les revenus sont les plus faibles, l'application d'une allocation proportionnelle aboutirait à une majoration de 300 francs environ par mois par rapport au montant de l'actuelle ASS, ce qui serait quasiment insignifiant.

Répartition des bénéficiaires de l'ASS âgés de plus de 55 ans
et ayant validé 40 ans en fonction du salaire de référence

Salaire de référence

%

0 - 2.800 F

3

2.800 F - 4.000 F

6

4.000 F - 5.200 F

4

5.200 F - 6.300 F

6,2

6.300 F - 7.500 F

16,6

7.500 F - 8.600 F

27,4

8.600 F - 9.700 F

11,4

9.700 F - 11.000 F

7,4

11.000 F - 12.600 F

6,6

12.600 F - 15.000 F

4,2

15.000 F - 17.000 F

2,1

17.000 F - 20.500 F

1,8

20.500 F - 25.800 F

1,4

25.800 F - 31.500 F

0,8

31.500 F

1,0

Source UNEDIC

La seconde raison qui peut expliquer le choix d'une allocation forfaitaire tient au fait que les chômeurs de longue durée, qui ont pris au cours de leur dernière année d'activité un travail salarié rémunéré à un niveau de rémunération modeste ou qui ont exercé une activité non salariée pour subvenir à leurs besoins, seraient presque automatiquement pénalisés par le choix de l'allocation proportionnelle.

Enfin, d'une manière générale, il est parfois complexe de déterminer le niveau du revenu de la dernière année d'activité d'une personne ayant le statut de non-salarié en particulier si celle-ci se trouvait en situation difficile.

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