B. LE RETOUR À UN DÉFICIT PRIMAIRE DU BUDGET DE L'ETAT
Le
gouvernement indique qu'il bénéficie d'un allégement
significatif de la charge de la dette à hauteur de 8,2 milliards de
francs dû "
à la forte
baisse des taux
d'intérêt en 1999
". Cette baisse satisfaisante dans son
principe a néanmoins pour effet de faire passer le budget d'un
très léger excédent primaire en loi de finances initiale
à un déficit primaire en exécution, alors que le
gouvernement se flattait du retour, pour la première fois depuis 1991,
à une telle situation d'excédent primaire.
On doit en outre noter que, dans le rapport économique, social et
financier pour 2000, le gouvernement relevait à juste titre que
" la croissance de cet excédent primaire est indispensable
à la réduction du poids de la dette publique dans le
PIB "
. Malheureusement, ces intentions ne se traduisent
qu'imparfaitement dans la réalité : la stabilisation du
poids de la dette publique dans le PIB entrevue par le gouvernement risque de
n'être qu'un " trompe l'oeil ".
Solde primaire et progression de la dette publique
L'existence d'un excédent primaire du budget de l'Etat
est
une condition nécessaire à la réduction de la dette
publique et de son poids dans le PIB.
Cela a été encore
récemment rappelé par le Gouvernement dans le rapport
économique, social et financier pour 2000.
" La dette des administrations s'accroît sous l'effet d'un
processus auto-entretenu : la charge d'intérêt qu'elle
génère conduit à augmenter le déficit
budgétaire.
Le financement du déficit par l'emprunt augmente
l'encours de dette, ce qui se traduit par une nouvelle progression des charges
d'intérêt.
Quand le taux d'intérêt réel moyen de la dette est
supérieur au taux de croissance de l'économie, la stabilisation
de l'endettement, en part de PIB, suppose que le budget dégage un
excédent primaire. Ceci signifie que les recettes doivent excéder
les dépenses hors charges d'intérêt.
L'excèdent
primaire doit être d'autant plus élevé
que l'encours de
la dette est important et que
les taux d'intérêt sont
élevés
. Formellement, à encours de dette et taux
d'intérêt donnés, il existe un excèdent primaire qui
conduit à stabiliser la part de la dette dans le PIB. Cet
excèdent primaire, que l'on qualifie de stabilisant, dépend de la
croissance nominale du PIB ; il est d'autant plus faible que la croissance
est forte (avec une croissance nulle, cet excèdent serait strictement
égal à la charge d'intérêt ".
Déficit primaire de l'Etat en 1999
|
LFI 1999 |
LFR 1999 |
Total |
Charge nette de la dette |
237,2 |
- 8,2 |
229 |
Solde budgétaire |
- 236,6 |
+ 2,4 |
234,2 |
Solde primaire |
+ 0,6 |
- 5,8 |
- 5,2 |
Source : lois de finances et collectif pour 1998
Par voie de conséquence, la charge nette de la dette figurant dans le
projet de loi de finances pour 2000 (234,7 milliards de francs) va donc
augmenter par rapport aux chiffres révisés pour 1999
(229 milliards de francs) alors que le gouvernement mettait en avant la
baisse de 1,07 % de son poids entre 1999 et 2000, qu'il avait
calculée de loi de finances initiale à loi de finances
initiale !
Solde primaire du budget de l'Etat
(en milliards de francs)