IV. UNE AMÉLIORATION TRÈS INSUFFISANTE DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE

L'équilibre budgétaire de ce collectif tel que proposé initialement par le gouvernement se traduit par une amélioration de 2,4 milliards de francs du déficit budgétaire contre 3,2 milliards de francs dans le collectif pour 1998.

Cette situation n'est pas satisfaisante.

Elle est tout d'abord insuffisante par rapport aux marges de manoeuvre fiscales dont dispose le gouvernement et qui lui permettraient d'aller plus en avant. A ce titre, il est tout à fait révélateur, et pour tout dire symbolique, que l'effort entrepris cette année soit inférieur à celui enregistré l'année dernière. Par ailleurs, cette évolution résulte à hauteur de 1,1 milliard de francs d'une amélioration du solde des opérations temporaires contre seulement 1,3 milliard de francs pour le solde des opérations définitives.

En outre, le gouvernement s'était vanté de ce que, en 1999, le budget devrait se situer en situation de quasi-équilibre primaire, voire de très léger excédent primaire 9( * ) et cela pour la première fois depuis 1991.

Or, en exécution, selon les chiffres contenus dans le présent projet de loi de finances rectificative, il apparaît que l'Etat est repassé d'une situation de léger excédent primaire à un déficit primaire, et cela alors même que les chiffres de l'exécution budgétaire font ressortir, à l'image de ce qui avait déjà été relevé l'année dernière, une très sensible amélioration de la situation des comptes de l'Etat.

Ainsi se poursuit une politique de facilité qui ne s'attaque pas aux nécessaires réformes de structure seules en mesure de réduire le poids du déficit budgétaire, c'est-à-dire de la charge fiscale qui sera assumée par les prochaines générations.

A ce titre votre commission estime indispensable de prendre en compte la progression significative des recettes enregistrées en 1999, afin de réduire à due concurrence, le montant du déficit budgétaire et adresser ainsi un signal clair.

A. UNE EXÉCUTION BUDGÉTAIRE " FACILE " POUR 1999

Les derniers chiffres connus d'exécution budgétaire, au 31 octobre 1999, font état d'une amélioration très sensible de l'ordre de 52,8 milliards de francs du solde budgétaire par rapport à octobre 1998.

Celui-ci est ainsi passé à - 203,4 milliards de francs à la fin octobre 1999 contre - 256,2  milliards de francs à la fin octobre 1998.

Cette situation, dont on ne peut que se féliciter, résulte principalement de la très nette progression des recettes fiscales.

La situation budgétaire au 31 octobre 1999

Le solde budgétaire

Il s'établit à - 203,4 milliards de francs à la fin octobre 1999, soit une amélioration de 52,8 milliards de francs par rapport à octobre 1998 (- 256,2 milliards de francs).

Les recettes du budget général

Elles s'élèvent à 1.260,3 milliards de francs soit une augmentation de 7,8 % sur les 10 premiers mois de 1999 par rapport à la même période de 1998 (1.168,9 milliards de francs). S'agissant des recettes fiscales nettes, cette progression est même de 8,7 %, soit 104 milliards de francs en valeur.

Les dépenses du budget général

Elles s'établissent à 1.421,7 milliards de francs, soit une hausse de 3,2 % à la fin octobre 1999 par rapport à fin octobre 1998.

Situation au 31 octobre

(en milliards de francs)

 

Octobre 1998

Octobre 1999

Evolution (%)

Dépenses ordinaires

1.256,6

1.305,7

+ 3,9

Dépenses en capital

120,6

116

- 3,8

Dépenses du budget général

1.377,2

1.421,7

+ 3,2

Recettes fiscales nettes

1.201,9

1.305,9

+ 8,7

Prélèvements sur recettes

- 212,7

- 220,8

+ 3,8

Recettes non fiscales

126,5

138,7

+ 9,6

Recettes du budget général

1.168,9

1.260,3

+ 7,8

Solde du budget général

- 208,3

- 161,4

- 22,5

Solde des CST

- 47,9

- 42,0

- 12,3

Solde général d'exécution

- 256,2

- 203,4

- 20,6

Nonobstant cette très significative amélioration du solde budgétaire en exécution, la baisse du déficit affichée dans le présent projet de loi de finances est de 2,4 milliards de francs, en recul par rapport au collectif pour 1998 où celle-ci était de 3,2 milliards de francs. Elle tient par ailleurs à une amélioration très significative du solde des opérations temporaires, alors que celui des opérations définitives n'est excédentaire que de 1,3 milliard de francs contre 2,9 milliards de francs dans le collectif pour 1998.

Eu égard à l'importance des marges de manoeuvre fiscales dont dispose le gouvernement, on ne peut donc que déplorer l'insuffisance de l'effort ainsi réalisé en matière de réduction du déficit budgétaire. Il est donc impératif d'aller au-delà. Votre commission vous fera des propositions en ce sens.