IV. PRINCIPALES OBSERVATIONS

Le projet de budget du ministère de la jeunesse et des sports pour 2001 s'inscrit dans la continuité des années précédentes, et souligne la permanence de l'action de ce ministère depuis 1997.

A. UNE CONCEPTION SOCIALE DU SPORT

1. La démocratisation de l'accès à la pratique sportive

Depuis son arrivée au ministère de la jeunesse et des sports, madame Marie-Georges Buffet a développé une conception du sport comme vecteur d'intégration des jeunes et des populations défavorisées.

Cette conception s'est caractérisée par la mise en oeuvre de plusieurs actions en faveur de l'accès aux pratiques sportives pour tous . Ainsi, le développement des « coupons sport » a permis à des jeunes issus de familles défavorisés d'adhérer à un club sportif, et a rencontré un succès considérable depuis sa création. Le développement et la généralisation des contrats éducatifs locaux (CEL) traduit également la volonté de mieux intégrer la pratique sportive dans les rythmes de vie et les rythmes scolaires des élèves.

Par ailleurs, le ministère de la jeunesse et des sports a pris plusieurs mesures en faveur de la pratique sportive des handicapés, des femmes et de la pratique sportive en entreprise.

Votre rapporteur se félicite de la volonté constante du ministère de démocratiser l'accès aux pratiques sportives . Il remarque que les actions menées par le ministère en faveur du sport handicapé et du sport féminin ont d'ores et déjà permis d'assurer une meilleure visibilité à ces pratiques sportives, et est encouragée par les bons résultats des équipes de France féminines et handisport dans les compétitions internationales.

2. Les aides aux clubs et aux associations

S'agissant des clubs sportifs, le ministère a souhaité développer les aides aux petits clubs, notamment dans le cadre du FNDS : l'accroissement de la part régionale, la redistribution du boni de liquidation du fonds « Fernand Sastre » et la mise en oeuvre de la taxe de 5 % sur les droits de retransmission télévisée des manifestations sportives permettent d'accroître les aides versées aux petits clubs et aux associations sportives. Celles-ci bénéficient également des emplois-jeunes, pour lesquels le ministère de la jeunesse et des sports s'est particulièrement impliqué afin d'assurer soit une pérennisation des emplois créés, soit une formation des jeunes concernés. D'autres dispositifs comme les emplois FONJEP (Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire) permettent également d'abaisser le coût des emplois pour les associations, en versant une aide destinée à la rémunération d'un animateur permanent. Dans le cadre du dispositif FONJEP, le ministère de la jeunesse et des sports a ainsi favorisé la création de nouveaux emplois et majoré à plusieurs reprises le taux de prise en charge de ceux-ci.

Le soutien accordé aux associations s'est traduit par le renforcement des aides à l'emploi, ce qui souligne la volonté du ministère de la jeunesse et des sports de contribuer à la diminution du chômage et à l'insertion sociale. Votre rapporteur considère que les modalités de cette aide aux associations constituent une alternative intéressante au « saupoudrage » de subventions, dont l'usage est parfois difficile à contrôler. Le recours aux conventions pluriannuelles d'objectifs pour le versement de subventions aux associations, dont le développement a été confirmé par une circulaire du 1 er décembre 2000, devra permettre la mise en oeuvre d'un véritable partenariat avec les associations.

3. L'accent mis sur la formation

Le développement de la formation a constitué un élément important de l'action du ministère de la jeunesse et des sports depuis plusieurs années. Ainsi, le dispositif des établissements publics en charge de la formation aux métiers du sport est en voie de modernisation et de rationalisation . La loi n° 2000-627 du 6 juillet 2000, modifiant la loi du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, a introduit la reconnaissance de la fonction sociale du sport et a introduit la validation des acquis pour l'obtention des diplômes délivrés par le ministère de la jeunesse et des sports.

Enfin, en 2001, dans le cadre du programme de lutte contre les exclusions, le ministère de la jeunesse et des sports a décidé d'attribuer des bourses individuelles d'un montant de 305 euros aux jeunes issus de milieux défavorisés préparant le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateurs (BAFA) et le brevet d'aptitude aux fonctions de directeurs de centres de vacances et de loisirs (BAFD).

Votre rapporteur est très favorable au développement des mesures en faveur de la formation des jeunes et des personnels du ministère de la jeunesse et des sports. Il souligne l'importance des efforts engagés tant pour moderniser les formations encadrées par le ministère que pour ouvrir celles-ci à de nouveaux publics.

B. LA PROTECTION DES SPORTIFS ET LA LUTTE CONTRE LE DOPAGE

La lutte contre le dopage constitue un axe fort de la politique mise en oeuvre par le ministère de la jeunesse et des sports depuis 1997.

La loi du 23 mars 1999, codifiée dans le Code de la Santé Publique, est aujourd'hui largement entrée en vigueur, puisque une grande partie des textes d'application ont été publiés (11 sur 17), et que des moyens financiers importants ont été dégagés par le ministère de la jeunesse et des sports : pour moderniser le laboratoire national de lutte contre le dopage , pour permettre aux fédérations sportives de mettre en oeuvre leur pouvoir disciplinaire en matière de dopage et la surveillance médicale de leurs licenciés (environ 3.500 sportifs ont bénéficié d'un suivi médical complet ou partiel sur les 6.000 sportifs de haut niveau inscrits ; en 2002, cette surveillance médicale sera étendue à l'ensemble des sportifs de haut niveau, et en 2003, à tous les licenciés inscrits dans les filières d'accès au sport de haut niveau), et pour mettre en place les antennes médicales de lutte contre le dopage destinées à suivre au plus près l'abus de produits dopants par les sportifs . Enfin, le ministère a mis en place un numéro vert gratuit, confidentiel et anonyme, « Ecoute dopage », afin d'aider et d' orienter efficacement les personnes en difficulté face au dopage . Environ 1.000 appels sont réceptionnés chaque mois, soulignant l'importance du fléau qui touche des sportifs de tous les âges, de toutes les disciplines et pas seulement les sportifs de haut niveau .

L'année 2000 a été marquée par une forte accélération des contrôles inopinés qui sont passés de plus de 20 % en 1999 à 45 % en 2000 ; 80 % de ces contrôles ont été réalisés à l'initiative du ministère de la jeunesse et des sports. Au total, pour l'année 2000, les procès verbaux reçus par le ministère de la jeunesse et des sports font état de 7.967 prélèvements sur le territoire français. Le nombre d'analyse positives sur le nombre total d'analyses effectuées s'est élevé à 3,7 % en 2000, contre 3,5 % en 1999. On notera cependant que 46 % des personnes contrôlées ont déclaré avoir pris un médicament ou une substance au sens large (vitamines, etc...) les sept derniers jours précédant le contrôle. Par ailleurs, le ministère de la jeunesse et des sports souligne que « une variété importante de substances interdites ou autorisées sous conditions peut être relevée en cyclisme, athlétisme haltérophilie et natation ».

Entre 1997 et 2002, les crédits destinés à la lutte contre le dopage ont été multipliés par 4,2.

L'effort budgétaire en faveur de la lutte contre le dopage depuis 1997

C. UNE ACTION INTERNATIONALE AMBITIEUSE

L'action menée par le ministère de la jeunesse et des sports dans le cadre de la lutte contre le dopage se traduit, au niveau international, par des prises de position très fermes tant dans le cadre de l'Union européenne qu'au niveau mondial, afin de mieux coordonner les législations relatives au dopage et de développer les méthodes de détection des produits dopants.

Ces prises de position sont souvent courageuses et vont parfois à l'encontre des positions défendues par les fédérations sportives internationales et par le comité international olympique. Le bras de fer ayant opposé le président de l'Union cycliste internationale et la ministre de la jeunesse et des sports concernant les contrôles des cyclistes sur le Tour de France témoigne des difficultés d'impliquer tous les acteurs du sport dans la lutte contre le dopage.

A l'occasion de la présidence française de l'Union européenne, la France a oeuvré en faveur d'une meilleure prise en compte des caractéristiques spécifiques du sport et de ses fonctions sociales dans l'Union européenne . En effet, si le sport ne fait pas partie des compétences communautaires, il est souvent affecté par les décisions des instances européennes , notamment s'agissant des règles relatives à la concurrence et à la libre circulation des personnes, des biens et des services (de ce point de vue, la décision de la cour de Justice de la Communauté Européenne du 15 juillet 1995 au sujet de la situation du footballeur professionnel Jean-Marc Bosman a eu un retentissement et un impact considérable dans le monde du sport professionnel, et en premier lieu, celui du football).

La France a réussi à obtenir, après de longues négociations avec la Commission européenne, le maintien de la possibilité pour les collectivités locales de verser des subventions aux clubs sportifs professionnels , dans la limite d'un montant de 2,3 millions d'euros, et pour les seules missions d'intérêt général prises en charge par ces clubs, dont l'énumération figure dans le décret n° 2001-828 du 4 septembre 2001, publié au Journal Officiel le 12 septembre 2001.

De même, un accord est intervenu le 5 mars 2001 entre la Commission européenne et la Fédération internationale de football association (FIFA), sur la question du transfert des footballeurs professionnels . Le nouveau régime des transferts permettra d' assurer la protection des joueurs et de pérenniser le système des clubs formateurs « à la française », et répond donc aux attentes de la France.

Le Conseil européen de Nice du 7-9 décembre 2000 a pris une double décision unanimement saluée en Europe. Il a été décidé que l'Union européenne participerait aux travaux et au financement de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA) 1( * ) . D'autre part, une déclaration a été adoptée en faveur « des caractéristiques spécifiques du sport et de ses fonctions sociales en Europe devant être prises en compte dans la mise en oeuvre des politiques communes ».

La France défend la dimension sociale et les valeurs humanistes du sport à l'échelle internationale. Votre rapporteur considère qu'il s'agit là d'un acquis important de l'action de Marie-Georges Buffet depuis son arrivée à la tête du ministère de la jeunesse et des sports, la voix de la France étant largement entendue au niveau européen et mondial. Il tient à saluer l'action courageuse et, quand cela s'avérait nécessaire, intransigeante, de la ministre de la jeunesse et des sports sur la question du dopage.

D. LA SOUS-CONSOMMATION CHRONIQUE DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENT

Le ministère de la jeunesse et des sports a souhaité améliorer, au cours des dernières années, la programmation et le rythme d'engagement de ses opérations d'investissement. Des progrès ont été réalisés afin d'améliorer la budgétisation des opérations d'investissement, notamment en rapportant le taux de couverture des autorisations de programme de 100 % à 50 %.

Plusieurs efforts doivent être signalés notamment l'association des collectivités locales, principaux financeurs des équipements sportifs, à la réflexion sur l'évolution des normes définies par les fédérations sportives, et l'élaboration d'un projet de schéma des services collectifs du sport (SSCS) devant permettre de mieux planifier les investissements en matière d'équipements sportifs .

Enfin, le ministère de la jeunesse et des sports a amélioré les conditions de financement des investissements sur le FNDS. Cependant, le montant des crédits du FNDS reporté d'une année sur l'autre demeure important, compte tenu du la couverture des autorisations de programme à 100 %, règle applicable aux comptes d'affectation spéciale, qui n'est cependant pas conforme au rythme constaté de réalisation des investissements. Ce phénomène s'est accru au cours des dernières années, dès lors que la part des dépenses d'investissement au sein du FNDS a fortement augmenté : les moyens d'engagement sont passés d'environ 200 à 300 millions de francs (soit, respectivement, 30,5 et 45,7 millions d'euros) entre 2001 et 2002.

Les autorisations de programme qui sont reportées correspondent généralement à des opérations programmées par le conseil de gestion du FNDS, mais dont l'engagement n'a pu intervenir avant la fin de l'exercice. Sur ce point, des progrès ont été effectués : un décret de décembre 1999 prévoit que les opérations d'investissement ne peuvent désormais être programmées que lorsque le dossier correspondant est complet.

Votre rapporteur spécial reconnaît que des retards peuvent intervenir lorsque les investissements sont effectués dans le cadre de politiques partenariales, qui impliquent d'autres acteurs. En revanche, il déplore l'existence de décalages dans le temps pour des opérations qui sont programmées et mises en oeuvre par le seul ministère de la jeunesse et des sports. Ainsi, des autorisations de programme correspondant à des équipements de l'Etat ont été reportées de l'année 2000 vers l'année 2001 pour un montant de 123 millions de francs.

La surabondance structurelle de trésorerie du FNDS est mécaniquement vouée à s'aggraver, compte tenu de la couverture excessive des autorisations de programme par des crédits de paiement. Elle résulte également des recettes excédentaires par rapport aux prévisions, conséquence de la sous-évaluation chronique des recettes du FNDS en loi de finances initiale.

Votre rapporteur déplore le fait que la sous-évaluation systématique des recettes du FNDS permette au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie de réguler les dépenses au moment ou il prend la décision de reporter les crédits correspondant aux recettes excédant le montant des dépenses autorisé par la dernière loi de finances.

E. LE FINANCEMENT DU STADE DE FRANCE : UN ÉTERNEL PROBLÈME ?

De 1998 à 2001, sans tenir compte du financement de sa construction, l'exploitation du Stade de France a coûté 36 millions d'euros à l'Etat . Les montant annuellement versés par l'Etat au consortium exploitant le Stade de France représentent, selon les années, entre 15 et 25 % des dépenses d'intervention sportives figurant sur le chapitre 43-91 « sport de haut niveau et développement de la pratique sportive ». Pour l'année 2002, le projet de loi de finances prévoit le versement d'une indemnité de 12 millions d'euros.

Il convient de noter que, au cours de l'année 2000, l'indemnité versée par l'Etat a atteint, pour la première fois, la première place au titre de la marge contributive du résultat d'exploitation du consortium, devant celle due à l'activité de location des loges et des sièges « premiers ». Dans son rapport, la SANEM note qu' « il paraît discutable que l'Etat verse intégralement cette indemnité de 78 millions de francs lorsque le résultat brut d'exploitation de l'exercice (168,9 millions de francs) est largement supérieur (de 49,2 millions de francs) à celui prévu (...) ».

Le résultat brut d'exploitation « indemnité compensatrice » est devenu la première source de rentabilité commerciale du consortium. Par conséquent, le risque financier devant être supporté par le concessionnaire n'existe plus . Le directeur général du consortium pouvait donc qualifier la gestion du Stade de France de « durablement bénéficiaire » lors de la présentation des comptes, en juin 2000.

La garantie de l'Etat constitue une lourde charge pour les finances publiques . Le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie et la ministre de la Jeunesse et des Sports ont, le 24 novembre 2000, chargé M. Claude Villain, inspecteur général des finances, d'engager des discussions avec le consortium Stade de France en vue de trouver « un accord durable et équilibré » dans le cadre d'une évaluation globale de la concession et de proposer des solutions aux différentes demandes formulées par le consortium depuis la mise en oeuvre du contrat de concession. M. Villain a récemment remis ses conclusions aux ministres intéressés. Votre rapporteur regrette que ces conclusions ne lui aient pas été communiquées .

Votre rapporteur considère que la situation actuelle est d'autant plus dommageable que le consortium n'a pas respecté toutes les obligations qui s'imposent à lui dans le cadre du contrat de concession (notamment, le programme d'animation permanente sur le site du Stade de France, l'installation d'activités commerciales, en particulier dans le secteur de la restauration, certaines prestations techniques...). Enfin, si le consortium sponsorise trois événements forts de la vie locale (meeting international d'athlétisme, festival de musique et semi-marathon de Saint-Denis), il n'a pas mis en oeuvre toutes les actions prévues par le contrat de concession pour soutenir les jeunes sportifs locaux de haut niveau et favoriser la découverte par les jeunes des métiers d'avenir pratiqués dans les groupes constituant le consortium.

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Votre rapporteur constate que le projet de budget du ministère de la jeunesse et des sports pour l'année 2002 s'inscrit dans la continuité de l'action conduite par Madame Marie-Georges Buffet depuis son arrivée à la tête de ce ministère, marquée par un développement du soutien au milieu associatif et à l'éducation populaire, des actions en faveur de l'emploi et de la formation, la mise en oeuvre de dispositifs visant à faciliter l'accès de tous aux activités sportives, et un combat incessant contre le dopage.

Depuis 1997, le ministère de la jeunesse et des sports a mis en oeuvre une politique cohérente, axée autour des valeurs humanistes et sociales du sport. La politique de la jeunesse a également été relancée avec une volonté de permettre aux jeunes de bénéficier d'un accès à internet, de connaître leurs droits et de prendre part aux débats politiques dans le cadre des conseils de la jeunesse.

Le ministère de la jeunesse et des sports conduit une politique ambitieuse et exigeante. S'agissant du sport professionnel, certaines initiatives ont pu sembler de nature à accroître le décalage de la France vis-à-vis de ses partenaires européens, et à provoquer une délocalisation des manifestations sportives vers l'étranger (instauration d'une taxe sur les droits de retransmission télévisée des manifestations sportives, agrément obligatoire d'une fédération sportive pour l'organisation d'une manifestation en France donnant lieu à remise de prix, lutte contre le dopage...). Il n'en a rien été, et la France a permis, par ses prises de position courageuses au niveau européen et mondial, de faire avancer la réflexion sur la place du sport dans nos sociétés.

Quelques écueils et défis demeurent cependant pour l'avenir. Il s'agit, en premier lieu, de la question du Stade de France, dont la permanence est flagrante. Votre rapporteur émet le souhait que la mission confiée à M. Villain, inspecteur des finances, permettra de dégager des pistes intéressantes afin de soulager le budget du ministère de la jeunesse et des sports. Les investissements en faveur de la rénovation des équipements sportifs et des centres de vacances et de loisirs pourraient utilement bénéficier de crédits supplémentaires, tant les besoins en la matière sont importants.