B. EXPLORER QUELQUES PISTES DE REFORME

Sur la base de ces orientations, votre rapporteur spécial voudrait -encore une fois, avec toute la prudence qu'il convient s'agissant d'une institution séculaire, associant dans son fonctionnement autant de personnalités parmi les plus distinguées notamment au sein de son conseil d'administration- avancer quelques idées de réforme.

Les pistes qu'il entend désigner, dépendent bien entendu de l'option choisie, selon que l'on estime possible, ou non, de conférer une véritable autonomie à la Villa.

Votre rapporteur spécial ne dissimule pas une certaine préférence pour la solution consistant à faire de la Villa Médicis un établissement autonome dans son recrutement et son fonctionnement, sous réserve de la reprise d'au moins une grande exposition par an.

Mais, dans tous les cas, il faudra redéfinir le rôle des pensionnaires comme de la direction, clarifier les règles du jeu et articuler la politique de la Villa sur celle des autres acteurs de la politique culturelle, qu'il s'agisse du ministère de la culture ou des services culturels des ambassades de France.

En ce qui concerne la méthode, il faut noter que, faute de réforme d'envergure touchant au mode de fonctionnement et à la logique de l'institution, la réforme en gestation, telle qu'elle semble esquissée par la convention expérimentale passée entre la Délégation aux arts plastiques et la direction de l'Académie de France à Rome, pourrait ne constituer qu'un catalogue de bonnes intentions.

1. Méthode : dépasser les simples déclarations d'intentions

La convention du 8 juin 2000 figurant en annexe - dont votre rapporteur spécial n'a pas pu s'entretenir avec le directeur de la Villa lors de son passage à Rome au début du mois de mai 2000 -, s'inscrit naturellement dans la perspective d'une meilleure intégration de la politique de la Villa dans l'action culturelle générale de l'État.

On note d'abord que l'article 4 dispose que l'Académie souhaite renforcer et systématiser sa coopération institutionnelle avec les diverses institutions culturelles dépendant du ministère...Des projets communs pourront ainsi être étudiés avec les FRAC, les centres d'art, les écoles d'art, les orchestres en région et ensembles musicaux, ainsi qu'avec les festivals théâtres et musées.

D'une façon générale, les procédures prévues ont un simple caractère informatif ou facultatif :

• les pensionnaires plasticiens seront informés des aides aux artistes, tandis que les compositeurs verront leurs oeuvres faire l'objet d'une information spécifique auprès des orchestres nationaux ou de région ;

•  de son côté, l'Académie examinera « avec un intérêt particulier » la possibilité d'inclure dans sa programmation, la diffusion de manifestations culturelles qui pourront lui être proposées par les différentes directions ou services déconcentrés, tandis qu'elle se déclare « disposée à accueillir un certain nombre d'activités liées aux grands événements nationaux... dans la mesure de ses possibilités » ;

•  l'information mutuelle est prévue, puisque, désormais, l'Académie informera le ministère par écrit de façon trimestrielle sur ses activités culturelles, tandis que le ministère diffusera l'information au près du public français notamment au moyen de sa lettre trimestrielle.

Le renforcement des moyens humains par la voie d'une meilleure articulation avec le réseau actuel des acteurs de la politique du ministère de la culture semble a priori avoir un caractère moins indicatif, même s'il faut voir à l'usage les conséquences sur la gestion de la Villa :

• La Délégation aux arts plastiques s'engage à désigner - ce qui semble, on peut le noter une première brèche dans son surprenant monopole - pour chaque direction compétente un correspondant qui proposera des noms de rapporteurs pour le jury de sélection des pensionnaires ;

• Le ministère et l'académie expérimenteront une procédure de désignation de personnalités chargées de suivre le parcours artistique des pensionnaires pendant leur séjour et l'année de leur retour, tandis que la Villa recrutera un chargé de mission pour servir de « relais » entre les pensionnaires et le « milieu artistique ».

Enfin, des procédures de suivi et d'évaluation sont mises en place :

• le ministère réalisera une évaluation du séjour sur la base du rapport moral du directeur, tenant compte des résultats de l'enquête en cours sur le devenir des anciens pensionnaires (cf. infra)

• les leçons seront tirées de l'exécution de la convention en vue de la signature d'un contrat d'objectif.

S'il est possible, au moins dans l'optique privilégiant l'articulation de la politique de la Villa sur celle des ministères de la culture et des Affaires étrangères, de souscrire aux objectifs définis par cette convention, on peut s'interroger sur les moyens, non seulement parce qu'ils relèvent de la pure déclaration d'intention, mais encore en ce que ne sont pas mises en place des structures permettant la mobilisation effective des concours multiples évoqués dans le texte.

Passer des bonnes intentions aux bonnes volontés, suppose plus qu'une simple convention voire qu'un contrat d'objectifs. Faute d'une impulsion politique au plus haut niveau, l'institution ne devrait pouvoir retrouver une cohésion et une dynamique internes qu'au prix de réformes de structures.

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