(5) L'industrie des co-produits animaux : un secteur très concentré

L'industrie de l'équarrissage au sens large (service public et filière des farines valorisables) se compose aujourd'hui de plus de vingt entreprises réparties sur une trentaine de sites. Elle comprend à la fois des usines de fabrication de farines et des ateliers de fonte. Il convient d'y ajouter les centres de collecte destinés au stockage des déchets

Il s'agit d'un secteur très concentré, à la fois par le nombre des entreprises -on comptait encore près de 500 intervenants après la guerre- et aussi géographiquement, le Grand Ouest, région d'élevage accueillant un nombre important de sites. La structure capitalistique de cette industrie n'échappe pas à cette concentration, puisque deux grands groupes, SARIA et Caillaud, dont les dirigeants ont été entendus par la commission d'enquête, représentent à eux seuls près de 75 % du marché.

Cette concentration s'explique à la fois par la croissance de la taille des établissements situés en amont de la filière, en particulier les abattoirs, et par les importants investissements rendus nécessaires en vue de respecter les normes de fabrication et la réglementation environnementale.

La commission d'enquête a noté que la distinction entre industriels de l'alimentation animale et fabricants de farines animales n'était pas absolue. Ainsi, le groupe Glon-Sanders, né en 1998 de la fusion entre l'entreprise familiale Glon et l'entreprise publique Sanders, voit-il son capital détenu aujourd'hui, à hauteur de 23,5 % par l'Entreprise minière et chimique, entreprise publique. Cette dernière entreprise possède elle-même une participation, par l'intermédiaire de sa filiale Tessenderloo Chimie, dans le groupe d'équarrissage Caillaud.

Parmi les usines de fabrication, huit sont spécialisées dans le service public de l'équarrissage, cinq sont mixtes, les autres se consacrant -jusqu'à l'interdiction de novembre 2000- exclusivement à la production de farines valorisables.

Les industriels de l'alimentation animale s'adressaient soit directement aux fabricants de farines, les équarrisseurs, soit passaient par l'intermédiaire de courtiers.

Ces courtiers exerçaient surtout à l'export, compte tenu de la faible place du négoce dans les activités des équarrisseurs. La commission d'enquête a entendu, à cet égard, M. Gilbert Bornhauser, principal acteur spécialisé dans l'importation, à l'époque légale, de farines anglaises.

Il a expliqué à la commission d'enquête en quoi consistait sa profession : « Pour parler de farine de viande, puisque c'est la plus grande partie des produits que je vends, ce fabricant d'aliments du bétail, quand il avait besoin d'acheter la farine de viande -ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, mais on parle du passé- s'adressait à un courtier et, sur le marché des courtiers spécialisés en farines de viande, il y en avait peu. Je dois être un des seuls. Ils m'appelaient. Il y en avait une petite dizaine à l'époque, il en reste deux gros aujourd'hui environ. Cela leur permettait de savoir ce que cela valait, comment était le marché, quel était le marché sur les autres pays européens, Irlande, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, etc... En un coup de téléphone, cet acheteur est renseigné du marché. S'il veut acheter, il peut le faire par mon intermédiaire. Il peut acheter seul, car souvent il connaît tous les vendeurs. Il a une liberté totale ».

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