B. LE SERVICE D'ÉTUDES ÉCONOMIQUES DU CONSEIL DES GOUVERNEURS

1. Les missions du service des études du Conseil des gouverneurs

a) La production de statistiques

A l'origine (1914), la mission première des services d'études du Conseil des gouverneurs consistait à collecter et à retraiter les informations statistiques dont le Conseil pouvait avoir besoin. La Fed a ainsi développé, et continue de publier, ses propres séries mensuelles de production industrielle, distinctes de celles établies par le bureau d'analyse économique du département du commerce.

Cette mission s'est transformée au fil du temps, les statistiques monétaires et financières prenant une importance croissante.

Comme la Banque de France, la Fed publie les statistiques nationales relatives aux composantes nationales des agrégats monétaires et aux opérations financières (trimestriellement). En outre, la Fed produit ses propres statistiques de taux de change effectifs.

Par ailleurs, le Conseil des gouverneurs dispose d'experts reconnus en matière de théorie statistique (notamment en matière d'ajustements saisonniers et d'analyse des séries temporelles) et d'organisation du système statistique. Le service des études du Conseil des gouverneurs examine ainsi de manière très détaillée la qualité des statistiques établies par les administrations économiques de l'exécutif, et les a parfois aidé à améliorer leurs enquêtes.

A un niveau plus politique, le Président du Conseil des gouverneurs a ainsi pu nourrir le récent débat public relatif aux biais de l'indice des prix à la consommation, notamment en formulant des propositions d'amélioration détaillées 68 ( * ) .

Au contraire de la Banque de France, la Fed n'établit toutefois pas la balance des paiements, ce rôle étant dévolu au bureau d'analyse économique du département du commerce.

b) La réalisation de prévisions économiques

Le service des études du Conseil des gouverneurs est également chargé de préparer des rapports détaillés pour chacune des réunions du FOMC, en principe au nombre de huit par an.

Deux fois par trimestre, le service des études du Conseil rédige ainsi un « livre vert » ( greenbook ), comportant une analyse détaillée de l'évolution de la conjoncture (en seconde partie) et des prévisions détaillées à l'horizon de deux ans (en première partie), ainsi qu'un livre bleu ( bluebook ), qui présente les options de politique monétaire et une analyse (rédigée par la banque de réserve de New York) de l'impact sur les marchés financiers des dernières décisions de politique monétaire du FOMC

Deux fois par an, en février et en juillet, le greenbook et le bluebook mettent l'accent sur des enjeux de long terme , et préfigurent les rapports qui seront soumis au Congrès.

Les exercices de prévision économique des services du Conseil des gouverneurs sont donc plus fréquents, davantage formalisés et mieux intégrés au processus décisionnel en matière de politique monétaire que ne le sont les exercices de prévision économique semblables réalisés par la Banque de France ou la Banque centrale européenne (BCE).

En effet, la Banque de France ne réalise des prévisions économiques détaillées que deux fois par an (contre huit fois pour la Fed), et ces prévisions ont un rôle officieux, même si les procédures du système européen de banques centrales prévoient explicitement qu'elles doivent être transmises à la BCE

* 68 On peut rappeler que l'indice des prix à la consommation est calculé de manière différente, et semble-t-il moins satisfaisante, aux États-Unis qu'en France, alors même qu'il y joue un très grand rôle, puisque les retraites publiques et nombre de prestations sociales sont indexées sur cet indice. Partant de l'idée selon laquelle le mode de calcul de l'indice surestimait l'inflation, donc soutenait artificiellement la progression des dépenses publiques en matière sociale, certains observateurs avaient ainsi suggéré de réformer l'indice afin de favoriser la maîtrise des dépenses publiques. Ce débat a pris une grande importance à partir de 1996 avec la création par le Congrès d'un panel d'experts, présidé par M. Boskin, qui conclut que l'inflation était effectivement surestimée de 0,6 à 1,6 point par an, ce qui devait finalement conduire le bureau d'analyse économique du département du commerce, chargé de la publication de cet indice, à procéder à des ajustements techniques limités. Avec l'apparition d'excédents budgétaires, ce débat a toutefois perdu de son acuité.

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