E. DES AMBITIONS POUR PARTIE INACHEVÉES

1. La création de deux instituts indépendants

Le rapport Lenoir-Prot ne devait pas rester sans suite . Deux nouveaux instituts indépendants furent ainsi créés dans les années qui suivirent : l'institut de recherche économiques et sociales (IRES) et l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

a) L'IRES

L'institut de recherches économiques et sociales (IRES) fut créé en 1982 avec pour mission de répondre aux besoins exprimés par les organisations sociales représentatives dans le domaine de la recherche économique et sociale.

L'organisation et le fonctionnement de l'IRES

L'IRES est statutairement une association régie par la loi de 1901, dont le conseil d'administration comprend neuf membres représentants des organisations syndicales représentatives (la CFDT, la CFTC la CGC, la CGT, la FEN et FO), neuf personnalités scientifiques désignées par ces organisations syndicales et quatre représentants du Premier ministre.

L'IRES employait en l'an 2000 une trentaine de personnes (dont 19 chercheurs), pour un tiers des fonctionnaires mis à disposition, et disposait d'une dotation sur crédits budgétaires de 20 millions de francs .

Cette dotation est complétée à hauteur d'un dixième environ par les ressources issues de conventions de recherche avec des ministères (surtout avec le ministère de l'emploi), avec la Commission européenne, avec la fondation européenne pour le développement des relations professionnelles, et, plus rarement, avec des grandes entreprises comme France Telécom. Ces travaux de recherche sont alors facturées au coût marginal.

Ces ressources sont utilisées pour un tiers environ pour financer le fonctionnement et les travaux conduits par les chercheurs de l'IRES, et pour les deux autres tiers à subventionner des études réalisées directement par les organisations syndicales.

L'IRES diffuse des documents de travail, ainsi que trois publications : la Revue de l'IRES (quadrimestrielle, environ 2.000 exemplaires), Chronique internationale (bimestrielle) et la Lettre de l'IRES (trimestrielle, gratuite, environ 2.400 exemplaires).

Les travaux de recherche de l'IRES, actuellement dirigé par M. Jacques Freyssinet, bénéficient d'une grande réputation scientifique et irriguent largement les réflexions des organisations syndicales, ainsi que les analyses du ministère de l'emploi et de la solidarité.

Cependant, en dépit de collaborations ponctuelles avec le Conseil d'analyse économique et avec l'Assemblée nationale, l'IRES n'a pas pour mission de nourrir un large débat public plus large et n'organise, par exemple, qu'une conférence de presse par an.

En outre, les études de l'IRES demeurent formulées de manière très prudente et cantonnées à certains thèmes particuliers (l'emploi, les revenus salariaux, les relations professionnelles et le travail), à l'exception notamment de l'analyse macro-économique.

L'IRES n'est donc pas l'institut syndical de conjoncture, de vulgarisation et d'analyse économique tous azimuts auquel pouvait songer le rapport Lenoir-Prot, et, malgré des moyens et des missions comparables, son audience médiatique demeure sans commune mesure avec celle d'un Think Tank américain de dimension et d'inspiration analogues comme l' Economic Policy Institute (cf. chapitre XI).

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