D. UNE RÉORGANISATION DYNAMIQUE DES FORCES DE L'ENTREPRISE

1. De l'usager au client

A compter de 1996, France Télécom s'est mis en ordre de bataille pour affronter la concurrence. Les forces de l'entreprise ont été focalisées vers le client.

Toutes les organisations syndicales rencontrées par votre rapporteur ont souligné l'extraordinaire mutation culturelle de France Télécom depuis 1996. Cette évolution a d'ailleurs représenté un important effort d'adaptation pour certains personnels qui, issus de l'administration des PTT, et bien qu'ayant gardé leur statut de fonctionnaire, se sont progressivement vus entrer dans l'ère du marché, du marketing, de la conquête et de la fidélisation du client. Le discours de l'entreprise, qui avait jusque là semblé immuable, a basculé vers une nouvelle logique. L'univers professionnel de beaucoup des femmes et des hommes qui la servaient en a été bouleversé. Un tel bouleversement n'est jamais aisé à vivre ni à surmonter. Cela doit être dit pour que soit mieux mesurée l'ampleur des efforts consentis.

Des représentants du syndicat SUD-PTT, hostile au changement de statut en 1996, résumaient ainsi cette évolution, à leur sens négative, dans leur réponse écrite au questionnaire de votre rapporteur : « France Télécom a maintenant un fonctionnement en grande partie comparable à celui des autres grandes sociétés anonymes cotées. Ses ressorts de gestion sont en effet dictés par la situation des marchés financiers et la recherche de « création de valeur pour l'actionnaire » .

Le trait est sans doute un peu forcé mais le coup d'oeil est intéressant. France Télécom ne se distingue plus beaucoup aujourd'hui des autres grands opérateurs mondiaux. Mais cette mutation ne s'est pas faite d'un coup de baguette magique. Elle s'est réalisée grâce à l'engagement de ceux qui font vivre l'entreprise au quotidien et qui continuent à constituer sa principale richesse. Pour cela notamment, hommage doit leur être rendu.

2. De la maison-mère au groupe

a) La croissance externe : une accélération en 2000

Cinq ans après sa transformation en société « nationale » par la loi précitée du 26 juillet 1996, France Télécom est un groupe global de télécommunications présent dans la téléphonie fixe, le mobile (filiale Orange cotée depuis février 2001), l'Internet (filiale Wanadoo cotée depuis juillet 2000), et les services de données aux entreprises (filiale Equant-Global One fusionnés en juin 2001). Le groupe comprend, dans son périmètre de consolidation, 227 entités, dont 192 sont consolidées par intégration globale.

Si, dès avant 1996, France Télécom avait déjà un nombre important de filiales (TDF, Transpac etc...) la croissance externe et l'introduction en bourse de certaines activités ont profondément modifié la physionomie du groupe.

L'entreprise se conforme ainsi à un modèle d'organisation par métiers qui se généralise progressivement dans le secteur des télécommunications et qui est censé permettre de lever des fonds pour financer le développement des technologies, au moment où le coût des investissements à réaliser, dans la perspective de construction des réseaux de 3ème génération, s'est fortement accru. C'est également un moyen de se doter de titres cotés en bourse dans divers métiers, pour participer à la consolidation sectorielle en cours.

Le recensement des acquisitions et cessions de France Télécom entre 1996 et 2001 figure en annexe. Les opérations les plus récentes sont l'achat d'Orange en mai-août 2000 (pour 35,47 milliards d'euros), de MobilCom (opérateur allemand de téléphonie mobile fixe et Internet) en mars 2000, de TPSA (opérateur historique Polonais) en octobre 2000, d'Equant (opérateur global pour les grandes entreprises) et de Freeserve (fournisseur de services Internet au Royaume-Uni) au cours du 1 er semestre 2001.

Là encore, cette transformation n'a pas manqué de générer des inquiétudes chez certains salariés.

Ainsi la CFTC estime-t-elle que « les activités stratégiques et structurantes de France Télécom doivent rester au sein de la maison mère. Les filiales doivent traiter les activités collatérales. La CFTC ne souhaite pas voir la maison-mère se transformer en un simple holding financier. La CFTC demande que l'Internet de première génération et la téléphonie mobile de deuxième génération réintègrent le service public, ce qui aurait notamment pour conséquence que les fonctionnaires actuellement mis à disposition des filiales Wanadoo et Orange soient régulièrement en position d'activité ».

D'autres organisations syndicales, telles Sud, portent un jugement relativement convergent avec cette analyse et partagent les craintes d'une transformation de la maison mère en coquille vide et « en réservoir de cash ».

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