2. Le retrait du traité ABM : un pas décisif franchi dans un climat de relative résignation internationale

Annoncé le 13 décembre 2001, le retrait unilatéral des Etats-Unis du traité ABM est devenu effectif 6 mois plus tard, le 13 juin 2002, et permet aux Etats-Unis de respecter le calendrier de leur programme d'essais et de construction des premiers sites. Pour le président Bush, « ce traité vieux de près de trente ans » entravait la capacité du gouvernement à protéger le peuple américain « de futures attaques terroristes ou d'Etats hors la loi » .

La Russie , parlant de « décision erronée », a émis une protestation de principe et une mise en garde à propos des conséquences sur la stabilité stratégique, la maîtrise des armements et la prolifération. Comme on pouvait le pressentir dès les discussions engagées avec l'administration Clinton, elle s'est surtout montrée intéressée par la définition d'un nouveau cadre stratégique avec les Etats-Unis et attache beaucoup plus d'importance à la réduction concertée des deux arsenaux nucléaires dans le cadre d'un traité bilatéral. Elle n'a sur ce point obtenu que des satisfactions limitées. Si l'accord sur la diminution des arsenaux a bien un forme juridiquement contraignante, il laisse aux deux parties, et en pratique aux Etats-Unis, la possibilité de garder en réserve les têtes nucléaires non opérationnellement déployées.

Les Etats-Unis n'ont souscrit à l'égard de Moscou aucun engagement de limitation de leur système de défense antimissile. Ils se sont en revanche déclarés disposés à faire preuve d'une certaine transparence vis à vis de la Russie, par des échanges d'information et des visites de sites, et jugent envisageable une coopération bilatérale sur le sujet.

La Chine est pour sa part doublement concernée par les projets américains de défense antimissile : par rapport à son propre arsenal nucléaire disposant aujourd'hui d'un trop faible nombre de missiles intercontinentaux pour saturer la défense envisagée par les Etats-Unis, et par rapport à Taïwan, qui pourrait bénéficier de la protection du système américain. Devant le retrait américain du traité ABM, la Chine semble elle-aussi moins combattive que par le passé. Elle reste néanmoins très attentive, comme la Russie d'ailleurs, sur tous les aspects du projet qui pourraient entraîner une militarisation de l'espace.

Quant aux pays européens , la plupart d'entre eux ont pris acte de la décision américaine sans émettre de protestation. Bien que l'administration Bush se soit distinguée des projets précédents en proposant d'étendre aux « alliés et amis » la protection procurée par la Missile defense , elle n'a pour le moment effectué aucune proposition concrète en ce sens, évitant aux différents pays concernés d'avoir à prendre position sur le sujet. Cette démarche se double de contacts avec des industriels européens (British Aerospace, EADS, Thalès) en vue de leur éventuelle participation au programme.

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