2. De profondes mutations dans les politiques en direction des personnes handicapées

En 1987, le gouvernement du Québec décida, conformément aux orientations de la Politique d'ensemble « À part... égale », de procéder au transfert des programmes d'aide matérielle de l'OPHQ vers les différents ministères et organismes sectoriels.

Cette opération s'est effectuée très progressivement, le dernier programme d'aide matérielle ayant été transféré à l'automne 1998. La majorité de ces transferts ont été accompagnés de rallonges budgétaires substantielles, devant permettre à l'organisme receveur de mieux répondre à la demande.

Toutefois, il apparaît aujourd'hui que les besoins avaient été sous-estimés. Ces programmes étaient encore en période de développement au moment de leur transfert : les dépenses continuent donc à augmenter rapidement en raison d'une meilleure connaissance de leur existence et du vieillissement de la population.

Confrontée à un contexte social difficile se traduisant par un appauvrissement des « groupes vulnérable »s et une augmentation de leurs besoins, soumise au vieillissement de sa population et, par conséquent, à l'augmentation prévisible du nombre de personnes ayant des incapacités, la société québécoise a dû également affronter ces dernières années une période particulièrement difficile quant à la situation des finances publiques de la province.

La période actuelle est également marquée par des changements économiques importants qui modifient notamment la dynamique entourant la création des emplois. Ce sont les industries à forte concentration de savoir qui créent désormais le plus d'emplois. Pour les personnes handicapées, ce contexte économique et social en profonde mutation exige, aux yeux du gouvernement québécois, la mise en place de mesures plus efficientes et plus équitables pour assurer le maintien et le développement des conditions nécessaires à leur intégration sociale et pose de nouveaux défis en ce qui concerne l'intégration scolaire et professionnelle.

L'environnement des services connaît également de profonds changements. Ceux-ci se produisent alors que les services spécifiques aux personnes handicapées sont encore en période de développement et de rattrapage. De plus, les transferts de programmes et de responsabilités sont très récents.

Toute cette évolution demeure donc relativement fragile et la dynamique de changement et de reconnaissance des besoins des personnes handicapées, qui fut amorcée au début des années 80 par les organismes de personnes handicapées et l'OPHQ, est, de l'aveu même des responsables de l'OPHQ, encore largement à construire et à consolider.

Quatre grandes tendances ont marqué l'évolution récente des services gouvernementaux :

- l'engagement gouvernemental à l'égard du « déficit zéro » et les réductions budgétaires qui s'ensuivirent ;

- la priorité accordée par le Gouvernement et les principaux acteurs de la scène politique et publique à l'économie et à l'emploi ;

- les tendances à accorder plus de pouvoir et de marge de manoeuvre aux instances locales et régionales dans la planification, l'organisation et la dispensation des services publics ;

- les différentes opérations de restructuration des services.

On peut souligner également la tendance de plus en plus marquée à reconnaître le bien-fondé des services initiés par les organismes communautaires tout en leur confiant de nouvelles responsabilités en matière de services publics. Ce « virage communautaire » ne s'accompagne pas toutefois de tous les moyens requis pour assumer des responsabilités de plus en plus lourdes.

En effet, en plus d'avoir à répondre, par le biais de leurs propres services, aux besoins de plus en plus complexes des personnes vulnérables et démunies, ces organismes prennent, dans bien des cas, le relais des organismes publics dont les services se font plus rares et sélectifs. Malgré les efforts en vue d'accorder un meilleur financement du réseau communautaire, la précarité et le sous-financement de ces organismes demeurent donc très présents.

L'effet cumulatif de ces changements est difficile à évaluer aujourd'hui. On peut cependant considérer que les transformations actuelles, introduites en très peu de temps et avec très peu de marge de manoeuvre financière, se traduisent par des mouvements de personnel importants accompagnés de changements dans les lieux et les modalités de services.

Les personnes handicapées qui, en raison de leurs besoins particuliers ont plus souvent recours à une multitude d'organismes de services, sont dès lors susceptibles d'être directement affectées par ces changements. Le sous-financement chronique des services communautaires affecte, pour sa part, le maintien et la continuité de services essentiels à la réponse des besoins des personnes handicapées.

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