1. Un généraliste du patrimoine à la fois chef d'orchestre et chef d'équipe
Les
missions des conservations régionales des monuments historiques sont
définies par une circulaire du 3 août 1995 qui vient
compléter celle du 2 décembre 1987 relative au
fonctionnement des directions régionales des affaires culturelles.
Le chef du service, le conservateur régional des monuments historiques,
exerce une fonction qui peut être assurée par des personnels
administratifs, scientifiques ou techniques.
Il ressort de l'analyse de la circulaire que les compétences de la CRMH
et de son chef de service sont à la fois diverses et étroitement
imbriquées avec celles des autres intervenants administratifs en
matière de patrimoine monumental.
La mission de la conservation comprend quatre volets principaux :
• protection des meubles et immeubles,
• gestion des autorisations et suivis des affaires juridiques et fiscales,
• entretien, sauvegarde et restauration du patrimoine,
• valorisation culturelle des monuments historiques.
A l'énoncé de ces fonctions au sein desquelles l'aspect travaux
qui nous préoccupe essentiellement aujourd'hui, figure sans mention
particulière, on comprend que le conservateur régional des
monuments historiques puisse être volontiers présenté comme
un « généraliste », voire un
« touche-à-tout », qui serait comme
« condamné à la pluridisciplinarité ».
Tout comme le conservateur régional de l'inventaire, souligne Marc
Botlan, CRMH de la région Centre, lors du colloque « Science
et conscience du patrimoine », le conservateur régional des
monuments historiques «
se trouve pris dans un réseau de
contradictions, bien exprimé par son titre même : il est
régional. Il est donc un acteur local, intervenant sur un territoire
donné qu'il cherche à connaître, un territoire qui est une
parcelle du territoire national considéré comme territoire
commun. Mais par ailleurs, il travaille sur un matériau, qui s'appelle
les monuments historiques, défini par la loi du 31 décembre
1913 donc une loi de la Nation, qui renvoie explicitement à la notion
d'intérêt public et implicitement à un corps de doctrine
forgé de longue date par une administration longtemps
centralisée ».
En ce qui concerne l'aspect « entretien, sauvegarde et
restauration », le rôle du conservateur est essentiellement de
faire des choix
.... : choix de priorités dans la
programmation, mais aussi choix d'objectifs opérationnels,
définis dans un cadre pluridisciplinaire.
En réunissant autour de l'architecte en chef une équipe
comportant des restaurateurs, des historiens de l'art, des ingénieurs,
etc...,
le conservateur doit réunir les bonnes informations pour
déterminer le niveau de connaissances scientifiques et techniques
souhaitable pour définir le projet pertinent.
Il assure ainsi une mission classique et essentielle, celle de la
maîtrise d'ouvrage, dont il faut souligner qu'elle s'exerce en liaison
constante avec tous les autres acteurs de la protection du patrimoine, ACMH,
ABF, membres des divers corps d'inspection, services financiers, sans oublier
les propriétaires, privés ou publics, ce qui dans ce dernier cas
peut impliquer plusieurs interlocuteurs.
Bref, le CRMH responsable de l'entretien et de la restauration des monuments
historiques d'une région, est certes un chef d'orchestre, mais un chef
d'orchestre qui doit composer avec toute une série d'intervenants qui
ont tendance à jouer leurs propres partitions.
Il est d'autant moins le véritable patron capable d'imposer ses vues,
qu'il lui faut compter avec les politiques indépendantes des autres
services à caractère patrimoniaux, à commencer par
l'archéologie.