D. SYMPTÔMES SUBJECTIFS

Les symptômes subjectifs sont ceux qui sont rapportés par le sujet, sans pouvoir être objectivés par des protocoles médicaux. Ce sont par exemple les maux de tête, la fatigue, les sensations de chaleur, l'irritabilité, vertiges, etc...

Il convient de rappeler qu'une somme de symptômes ne constitue pas un syndrome et que la somme des symptômes subjectifs décrits dans le cadre de la téléphonie mobile ne permet pas de conclure à l'existence d'un « syndrome des micro-ondes ».

1. Études épidémiologiques

a) Téléphones mobiles et symptômes subjectifs

Les études disponibles sont peu nombreuses et leurs conditions de réalisation très hétérogènes.

L'étude de Hocking (1998) a été réalisée sur 40 personnes qui avaient toutes fait la démarche de répondre à une annonce afin de se plaindre de symptômes attribués à l'usage d'un téléphone mobile. Les principaux symptômes concernaient la tête : des douleurs, un échauffement désagréable, une vision floue, des bourdonnements ou des vertiges (35 ( * )).

L'étude la plus importante a été réalisée par questionnaire en Scandinavie sur 12000 usagers en Suède et 5000 en Norvège. Une synthèse de cette étude vient d'être publiée (36 ( * )). L'analyse des réponses au questionnaire n'a pas montré d'effet plus important des GSM par rapport aux NMT et même une moindre fréquence des sensations de chaleur pour les GSM. Pour l'essentiel, une association significative a été décelée pour les NMT entre la durée des appels (ou le nombre d'appels quotidiens) et les sensations de chaleur dans la zone de l'oreille, céphalées et fatigue.

À Singapour, Chia et coll. (2000) ont réalisé une étude sur un échantillon aléatoire de 808 habitants d'un même quartier, pour comparer la prévalence de divers signes subjectifs (maux de tête, étourdissements, fatigue, perte de mémoire...) en fonction de l'usage de téléphones mobiles GSM (37 ( * )). Seuls les maux de tête étaient associés significativement à l'usage d'un téléphone mobile avec une augmentation de 30 % environ avec une prévalence croissant selon la durée d'usage déclarée (jusqu'à 1 h par jour). Il convient de noter que les utilisateurs d'un téléphone mobile déclaraient moins de maux de tête s'ils étaient équipés d'une oreillette mains-libres. Malgré les limites des études transversales, ce travail est en faveur d'un rôle des radio-fréquences sur les maux de tête dans une population générale non sélectionnée.

En France, Santini et coll. ont mené une étude sur 161 étudiants ou employés d'une école d'ingénieurs (38 ( * )) . Elle aboutit aux conclusions suivantes : les difficultés de concentration sont plus fréquentes chez les utilisateurs de téléphones mobiles GSM-1800 en comparaison avec les GSM-900 ; parmi les utilisateurs de téléphones mobiles, les femmes se plaignent plus que les hommes de troubles du sommeil ; l'usage cumulé d'un téléphone mobile et d'un écran d'ordinateur accroît les difficultés de concentration ; les sensations d'inconfort, de chaleur et de picotements dans l'oreille sont fonction de la durée des appels téléphoniques par jour et du nombre d'appels par jour. L'attribution des symptômes observés aux ondes émises par les téléphones portables reste incertaine.

b) Stations de base et symptômes subjectifs

Ces études épidémiologiques, ainsi qu'il a déjà été dit, sont extrêmement difficiles à réaliser en ce qui concerne les rayonnements émis par les stations de base.

Une enquête réalisée récemment par Santini et coll. (39 ( * )) porte sur les symptômes subjectifs de riverains de stations relais de téléphonie mobile. Elle a été conduite au moyen d'un questionnaire adressé à 530 personnes recrutées par voie de presse. Il s'agit d'une enquête de type écologique qui ne permet donc pas d'établir de relation de cause à effet. Elle a pris en compte deux paramètres : la distance à l'antenne et le sexe. La distance était rapportée par les personnes sans vérification de la réponse (distance réelle, altitude, orientation) et classée en catégories (moins de 10 m, ..., plus de 300 m). Les symptômes rapportés étaient : nausées, perte d'appétit, perturbations visuelles, difficultés de déplacement irritabilité, tendance dépressive, difficultés de concentration, perte de mémoire, vertiges, baisse de la libido, maux de tête, perturbations du sommeil, sentiment d'inconfort, problèmes cutanés, fatigue, ménopause prématurée, perte d'appétit, tendance dépressive et perturbations visuelles. La prévalence de la plupart de ces symptômes diminuait avec la distance de la station de base.

Cette étude souffre malheureusement de biais méthodologiques si graves que ses résultats peuvent difficilement être retenus. Le principal biais est que, contrairement aux règles méthodologiques de l'épidémiologie, les personnes interrogées savent dès le début de l'enquête que le problème étudié est le rapport entre leur distance à l'antenne et des symptômes subjectifs. De plus la diminution de l'apparition des symptômes avec la distance est en contradiction avec la répartition de la puissance reçue en fonction de la distance : en effet, cette puissance est nulle au pied de l'antenne, croît jusqu'à 200 m environ puis décroît. Il semble donc que la prévalence des symptômes soit plus due au craintes, qui sont pour la plupart inversement proportionnelles à la distance, qu'aux ondes émises par les stations de base.

2. Études en laboratoire

a) Téléphones mobiles

Plusieurs études dites de provocation ont été conduites sur des volontaires, hypersensibles ou non à l'électricité (40 ( * )) . Les sujets étaient soumis en double aveugle aux ondes issues de téléphones mobiles placés soit en contact avec la tête soit à l'écart. Toutes ces études se sont révélées négatives : les sujets rapportaient bien l'apparition de symptômes, mais ces observations n'étaient pas corrélées au fonctionnement des téléphones mobiles (allumés ou éteints).

b) Stations de base

Aucune étude n'a été effectuée en laboratoire mais on peut extrapoler celles faites avec des téléphones mobiles éloignés de la tête. Dans ce cas les niveaux d'exposition sont faibles par rapport à l'usage standard des téléphones mobiles mais forts par rapport à l'exposition aux stations de base. Or, comme on l'a précisé plus haut, tous les résultats ont été négatifs.

* (35) Hocking, B. Occup Med (Oxf), 1998, 48, 357-360

* (36) Sandström M, et al., (2001), Occup Med (Lond), 51, 25-35

* (37) Chia et al., (2000), Br Med J, 321, 1155-1156.

* (38) Santini R, et al., (2001), Pathol Biol (Paris), 49, 222-226.

* (39) Santini R, et al., (2002), Pathol Biol 50, 369-373.

* (40) Hietanen M et Husman T, (2002), Bioelectromagnetics, 23, 264-270 ; Koivisto M., (2001), Bioelectromagnetics, 22, 212-215.

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