D. UNE DIFFICILE CONCILIATION ENTRE DES POLITIQUES D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DE NIVEAUX SPATIAUX DIFFÉRENTS

La région parisienne mêle plus qu'une autre les enjeux locaux, nationaux et internationaux car elle est non seulement le cadre de vie et de travail d'une société très diversifiée mais aussi un centre directeur de la vie économique, politique, culturelle de la nation, en même temps qu'une vitrine internationale à l'échelle européenne et mondiale.

Tous les débats sur l'aménagement de la région sont donc marqués par la nécessité de prendre en compte simultanément ces différentes échelles.

Malgré les progrès accomplis depuis sa création, la région Ile-de-France est sans doute la région française qui exerce le moins de pouvoirs sur l'aménagement de son propre territoire ; le paradoxe est qu'il s'agit de la plus riche, de la plus peuplée et de celle qui est confrontée aux plus sévères difficultés de fonctionnement. Cette situation résulte d'une double dépossession : par l'Etat, soucieux de maîtriser les enjeux nationaux, mais aussi par l'enclave parisienne, qui échappe largement au contrôle de la région. Or, l'erreur est de considérer que Paris est la capitale nationale et n'a pas de région à gérer. C'est dans ce contexte que l'articulation de l'Ile-de-France au reste du Bassin Parisien est restée largement négligée jusqu'à la fin des années 80, et que l'Yonne a été rattachée à Dijon ou l'Oise à Amiens.

Une conception multipolaire du Bassin parisien est-elle concevable, sans affaiblir les atouts internationaux de l'agglomération parisienne ? La DATAR a publié en mai 1992 un Livre Blanc du Bassin parisien dans lequel le scénario souhaité était celui de la « métropole multipolaire centralisée » impliquant une modération de la croissance de l'Ile-de-France mais sans remise en cause son rôle directeur.

Dans cet esprit, une Charte d'aménagement du Bassin parisien a été établie en 1994 par la DATAR, sur les instructions conjointes des présidents et des préfets des huit régions concernées. Ses orientations ont servi de base à un contrat de plan interrégional (conclu en septembre 1994). Mais les moyens mis en place sont restés faibles (un milliard de francs pour 5 ans), et ce contrat de plan n'a pas été renouvelé pour la période 2000-2006.

Depuis un demi-siècle, l'aménagement du territoire se trouve donc confronté à un dilemme : faut-il bloquer le développement de Paris ou se contenter d'encourager celui des métropoles ?

Paris, appuyée sur l'Ile-de-France, joue un rôle majeur dans le réseau des villes mondiales, ce qui amène à se poser la question suivante : comment peut-elle maintenir, voire renforcer ce potentiel, sans aggraver le déséquilibre du réseau national ? Car la question du potentiel international des autres grandes métropoles françaises se pose : Lyon, deuxième métropole française, ne se classe qu `au 13 e rang dans la hiérarchie des villes européennes.

Freiner le développement économique de la capitale permettrait peut-être de renforcer les métropoles régionales. Mais un certain nombre d'entreprises choisiraient alors les capitales étrangères au détriment de la France.

D'où la nécessité, dans un contexte où le moindre dysfonctionnement d'une région capitale a un retentissement supra-régional, de réduire les inégalités spatiales à l'intérieur du territoire national tout en préservant le développement d'un pôle central, compétitif à l'échelle internationale.

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