V. IMPLICATIONS POUR LE FINANCEMENT DE L'ÉCONOMIE EUROPÉENNE

La montée des zinzins implique un changement de la structure de l'intermédiation financière, d'un système dominé essentiellement par les banques (et le marché interbancaire) à un système orienté vers le marché financier.

Les caractéristiques du système essentiellement bancaire peuvent se résumer avec les points suivants (Schmidt et al , 2002, résume en Byrne et Davis 2002) :

les banques dominent le secteur financier, les investisseurs institutionnels jouant un rôle réduit ;

le marché financier est sous-développé ;

l'accumulation de ressources financières par les ménages est largement constituée par les dépôts bancaires et les créances auprès des assureurs ;

le financement externe des entreprises non-financières dépend des crédits bancaires à long terme, soutenus par des relations banque/entreprise elles aussi de long terme ;

les réserves destinés aux pensions de retraites sont une source importante de financement interne pour les entreprises ;

les détentions d'actions croisées entre entreprises sont fréquentes ;

la majorité des entreprises ne sont pas cotées : celles qui sont cotées sont aussi détenues par un nombre réduit de grands détenteurs ;

les grands actionnaires sont parfois rejoints par d'autres détenteurs (par exemple les employés) dans la gouvernance d'entreprise. Ces derniers sont souvent fortement encouragés à faire des investissements spécifiques ;

le contrôle externe des entreprises par le marché financier est faiblement développé.

En revanche, le système de marchés financiers est caractérisé par les point suivants :

les investisseurs institutionnels dominent le secteur financier, et les banques jouent un rôle réduit ;

les marchés financiers sont hautement développés ;

l'accumulation des ressources financières par les ménages est largement constituée par des investissements sur les marchés financiers, via la détention en direct des titres ou indirecte via les zinzins ;

le financement externe du secteur non-financier dépend largement du marché financier, soit directement (émission des obligations ou d'actions), soit indirectement (crédits titrisés) et les investisseurs institutionnels sont les fournisseurs majoritaires du financement ;

le crédit bancaire est plus à court terme et soumis à des contrôles plus stricts et directs ;

une majorité des entreprises sont cotées, et l'actionnariat est diffusé : les détentions croisées sont plus rares ;

la gouvernance d'entreprise est dirigée vers la création de « shareholder value » (valeur pour l'actionnaire) via des mécanismes de marché ;

le contrôle externe par le marché financier est hautement développé ;

les relations entreprises/détenteurs sont basées sur des détentions de titres mobiliers liquides, et donc potentiellement de court terme.

Il faut noter ici que les distinctions sont analytiques ; la plupart des pays européens se trouveront avec des caractéristiques souvent hydrides des deux systèmes. Mais en général, nous sommes dans une situation où en parallèle avec la croissance des actifs financiers par rapport au PIB, il y a aussi eu un glissement vers l'intermédiation institutionnelle et un déclin des détentions directes d'actifs financiers par les secteurs non financiers de l'économie.

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