CHAPITRE III

UN SECTEUR EN DÉSÉQUILIBRE FINANCIER,
TENTATIVES D'EXPLICATION

Globalement, les footballs européens dégagent des résultats régulièrement déficitaires . Ce constat tranche avec l'approche selon laquelle le football professionnel serait devenu une activité économique à part entière, exercée par des investisseurs comme les autres. Pour des investisseurs privés, il n'est pas d'usage de connaître des pertes régulières.

On doit ainsi s'interroger sur les ressorts d'une situation qui , à défaut de toucher tous les clubs, concerne un assez grand nombre d'entre eux avec une ampleur suffisante pour que les résultats d'ensemble apparaissent préoccupants .

Le contexte récent du développement économique du football a un fort pouvoir explicatif : le boom a été perturbateur, et le retournement en cours ouvre une période de transition difficile à surmonter. Cependant, des facteurs plus structurels doivent être pris en compte, pour expliquer les déséquilibres observés. Ils suggèrent quelques pistes d'action.

I. DES RÉSULTATS DÉSÉQUILIBRÉS

Approchés globalement, les résultats financiers des différents footballs européens sont très fortement déséquilibrés . Les pertes cumulées des clubs sont très élevées . Cette situation globale ne doit toutefois pas dissimuler une réelle diversité des positions individuelles. La question du sauvetage de nombreux clubs est posée dans un contexte où les bilans sont nettement dégradés.

A. GLOBALEMENT, DES PERTES D'EXPLOITATION ÉLEVÉES

Globalement, la rentabilité des clubs de Ligue 1 est mauvaise . Le résultat d'exploitation est négatif avec en moyenne, par club, une perte de 9 millions d'euros en 2001-2002. Les pertes cumulées sur la période 1996-2002 atteignent 162 millions d'euros . Les pertes totales constatées en 2001-2002 excèdent ce cumul avec 166 millions d'euros . Ce résultat très préoccupant n'a pu qu'être trop faiblement redressé lors de la dernière saison (2002-2003), avec un résultat net déficitaire s'élevant encore à 151 millions d'euros .

Pour la Ligue 2 , l'ampleur des pertes est moins considérable, mais le déficit atteint 15,8 millions d'euros en 2002-2003.

Eléments sur les comptes de résultat des clubs de Ligue 1

(en M €)

 

2001-2002 Ligue 1

2001-2002 Club

1996-2002 Cumul

1996-2002 Club

Produits sur matches

98

5

505

28

Collectivités locales

21

1

190

10

Sponsors publicité

127

7

558

31

Doits TV

333

18

1 380

77

Autres produits

65

4

234

13

Chiffre d'affaires

644

35

2 867

160

Charges sur matches

- 57

- 3

- 271

- 15

Services extérieurs

- 130

- 7

- 528

- 29

Frais de personnel

- 442

- 25

- 1 832

- 102

Impôts et taxes

- 40

- 2

- 172

- 10

Autres charges

- 72

- 4

- 289

- 16

Contribution mutation

- 68

- 4

63

3

Résultat d'exploitation

- 166

- 9

- 162

- 9

Résultat financier

- 15

- 1

- 38

- 2

Exceptionnel 26 ( * ) et IS

135

7

94

5

Résultat net

- 46

- 3

- 106

- 6

Source : BFS

Cette situation n'est pas propre à la France . Les comptes de la série A italienne montre qu'en Italie le résultat d'exploitation est structurellement déficitaire et que les pertes ont eu tendance à s'amplifier : elles sont passées de 222,2 millions d'euros en 1998 à 710,2 millions d'euros en 2001 . En cumulé sur quatre ans , les pertes d'exploitation s'élèvent à 1,7 milliard d'euros , soit dix fois le cumul des résultats 1996-2002 observé en France.

Compte de résultat consolidé de la Série A

(en milliers d'euros)

 

30/06/1998

30/06/1999

30/06/2000

30/06/2001

Recettes

649 833

713 737

1 058 902

1 150 676

Masse salariale

(417 176)

(511 636)

(659 742)

(868 054)

Amortissement

(186 143)

(221 079)

(360 516)

(494 509)

Autres coûts d'exploitation

(268 687)

(316 191)

(445 171)

(498 277)

Premier résultat opérationnel

(222 173)

(335 169)

(406 527)

(710 164)

Résultat avant impôts

(28 102)

10 166

83 135

(106 027)

Résultat net

(37 639)

(11 237)

34 777

(133 440)

Source : Calcio. Deloitte et Touche.

Au Royaume-Uni , les pertes des clubs de l'élite seraient passées de 102 millions d'euros à 114 millions 27 ( * ) d'euros entre 2001 et 2002.

* 26 Le résultat exceptionnel comporte, en particulier, les abandons de comptes courants, ce qui, du fait de l'importance qu'ils prennent dans les bilans, constitue une source assez régulière de liquidités.

* 27 Les chiffres mentionnés incluent un solde déficitaire des transferts de 266 millions d'euros.

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