DEUXIÈME PARTIE :

LES RÉPONSES À LA CRISE :
DE LA PÉNURIE D'AIDE À L'EMBALLEMENT

Les premières actions mises en oeuvre pour atténuer la crise alimentaire ont été mises en oeuvre dans l'indifférence des bailleurs de fonds internationaux, alors que le Niger les avait déjà saisis d'une demande d'aide alimentaire d'un volume de 78.100 tonnes, la France et l'Union européenne 32 ( * ) étant les seules à soutenir le dispositif national de prévention et de gestion des crises.

Les actions médiatiques de certaines organisations non gouvernementales, faisant au passage le procès des ventes à prix modéré initiées par le gouvernement, alors que celui-ci faisait face à la défection de ses fournisseurs pour 30.000 tonnes complémentaires, ont conduit à partir du mois de juillet 2005 à une mobilisation de l'aide internationale, qui s'est également traduite par un changement complet de politique, la distribution gratuite généralisée de céréales ayant été décidée unilatéralement par le programme alimentaire mondial (PAM). Celui-ci est pourtant officiellement le représentant des donateurs au sein de la commission mixte de concertation du dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires.

Un développement important des centres de récupération nutritionnelle par les associations de l'urgence humanitaire a été constaté tout au long de l'année 2005, qui, s'il permet un traitement des enfants malnutris, ne constitue pas une réponse au phénomène endémique de la malnutrition.

Les récoltes ayant débuté dans la plupart des régions du Niger, les distributions gratuites de vivres 33 ( * ) ont vocation à s'arrêter , sauf dans les cas où les paysans n'auraient pu semer ou pour les éleveurs ayant perdu leurs troupeaux. Il convient de passer désormais, toujours avec la même mobilisation internationale , à des solutions visant à réduire, de manière structurelle, l'insécurité alimentaire du Niger.

I. LES PREMIÈRES MESURES D'ATTÉNUATION DE LA CRISE ALIMENTAIRE

Les premières mesures d'atténuation de la crise alimentaire ont été mises en place par le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires, à partir des évaluations qu'il a faites des populations vulnérables.

A. LE RÔLE CENTRAL DU DISPOSITIF NATIONAL DE PRÉVENTION ET DE GESTION DES CRISES ALIMENTAIRES

Depuis 1998, le gouvernement nigérien a mis en place un dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires autour d'une commission mixte de concertation (CMC) qui réunit le gouvernement nigérien et les bailleurs de fonds. Il a remplacé un dispositif auparavant géré en direct par l'office des produits vivriers du Niger (OPVN), auquel il avait pu être reproché un certain manque de transparence. Il est financé conjointement par le gouvernement nigérien et les donateurs.

Un accord-cadre entre l'Etat du Niger et les donateurs, relatif au dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires, a été conclu en 2003. Il a été signé par la France, l'Union européenne, qui sont les deux contributeurs financiers au dispositif , le PAM, l'Italie, l'Allemagne, la Suisse, le FAO et le PNUD, les autres donateurs bilatéraux étant restés en-dehors du dispositif. Le PAM constitue le représentant des donateurs au sein de la commission mixte de concertation.

Dans le cadre de cet accord cadre, les donateurs s'engagent à planifier leur contribution financière éventuelle au dispositif dans la durée . Ils suivent la charte de l'aide alimentaire, approuvée par le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) et les donateurs membres du Club du Sahel (Etats-Unis, Canada, Allemagne, Pays-bas, Italie, Suisse, France) en 1990, qui prévoit notamment que « les donateurs et les pays bénéficiaires s'engagent à ne distribuer gratuitement d'aide alimentaire qu'en cas de secours d'urgence ou pour secourir des groupes vulnérables, à commercialiser cette aide de manière à ne pas porter préjudice aux prix du marché libre intérieur et à affecter le produit des fonds de contrepartie au soutien des actions de développement, notamment celles ayant pour objectif la sécurité alimentaire ».

1. Les institutions

La coordination du dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires relève du Premier ministre et de son cabinet. Néanmoins, les ressources financières sont gérées conjointement par double signature du représentant du gouvernement et du PAM.

Trois institutions sont rattachées au dispositif national : le système d'alerte précoce , qui constitue le système d'information du dispositif, permettant d'évaluer les besoins sur le territoire de manière fine, la cellule de crise alimentaire 34 ( * ) , chargée de gérer et de coordonner l'aide alimentaire et l'office des produits vivriers du Niger (OPVN), responsable de la maintenance du stock national de sécurité.

* 32 La France finance le fonds européen de développement à hauteur de 25 %.

* 33 Ainsi que d'aliments du bétail qui se sont poursuivies.

* 34 Dans le cadre de sa coopération, la France met à la disposition de la cellule de crise alimentaire un poste d'assistant technique.

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