B- Le marché des crédits à la consommation : bilan et perspectives

1- Bilan 2004 : progression de l'encours global du crédit à la consommation

Un encours de crédit à la consommation plus dynamique que le PIB en 2004. En 2004, pour la treizième année consécutive, le marché français du crédit à la consommation affiche une progression de son encours. La progression de l'encours en 2004 serait de 5 %. La croissance des encours du crédit à la consommation est donc supérieure à la croissance nominale du PIB. Les résultats enregistrés en 2004 tendent à confirmer que le crédit à la consommation est utilisé comme outil budgétaire pour atténuer les effets d'une conjoncture affaiblie en soutenant la consommation. Notons, toutefois, que le crédit consommation a sans doute pâti de la dynamique du crédit habitat, avec des substitutions possibles pour certains ménages. Cela reste, toutefois, une progression de très bonne facture étant donné que les professionnels craignaient l'impact des mesures réglementaires sur leur activité. Deux modifications réglementaires importantes sont survenues au cours des derniers mois concernant respectivement l'affichage du taux d'intérêt et la protection du surendettement. Ces changements réglementaires étaient susceptibles d'influencer négativement la croissance des crédits nouveaux, dans le premier cas, en donnant au consommateur une perception de hausse des coûts du crédit (incitant à ne pas emprunter), dans le deuxième, en surprotégeant les ménages emprunteurs, ce qui peut inciter, d'une part, des ménages « malhonnêtes » à emprunter, et, d'autre part, les organismes de prêt à se prémunir en retour d'un tel risque soit en durcissant les conditions de prêt, soit en augmentant leur marge et donc le coût pour le consommateur.

Un ralentissement des prêts personnels : selon les données de la Banque de France, la hausse des encours de prêts personnels sur un an, au troisième trimestre 2003, était de +7,8 %. Cette même progression est moins marquée (+3,9 %) au troisième trimestre 2004. Cela corrobore les données ASF : la production de prêts personnels continue de progresser modérément de +3,7 % en valeur en 2004 selon celles-ci.

Prêts permanents en hausse de 3,9%. Selon les données de la Banque de France, au troisième trimestre 2004, nous assistons à une augmentation des encours assez importante. En effet, le taux d'accroissement des encours des crédits renouvelables est de +10,8 % en glissement annuel. Selon l'ASF, la production de prêts nouveaux a été de 3,9 % en 2004.

Les crédits affectés dynamisés par l'occasion automobile : au troisième trimestre 2004, nous remarquons une faible augmentation de 2,8 % des encours de crédits affectés selon la Banque de France. Ceci dit, ce poste redémarre car la production de financements affectés s'établit à +4 % en 2004, avec une forte progression des prêts affectés aux véhicules d'occasions +6,1 % et un reflux pour les véhicules neufs de -3,1 %.

Le LOA s'envole. D'après l'ASF, la production de crédit location avec option d'achat en 2004 connaît une très forte hausse de 18,4 % et représente désormais 2,8 % de la production totale de crédit à la consommation.

La production de crédit consommation en 2004 a progressé de +4,3 %.

2- Prévisions 2005 : poursuite attendue de la hausse des crédits nouveaux

Décorrélation de la série de dépenses en biens durables. La variation de la production de crédits nouveaux est, comme l'indique le graphique suivant, généralement corrélée à celle des dépenses en biens durables, le crédit à la consommation constituant un moyen de financement alternatif de ce type de dépenses à la fois élevées et exceptionnelles. Plus de 80 % des crédits à la consommation financent, en effet, un bien durable. Si les taux d'intérêt, et donc le coût du crédit, restent bas, il est alors possible d'envisager une décorrélation des deux séries conduisant les crédits nouveaux à croître alors que les dépenses en biens durables connaissent un fléchissement de leur croissance. Ce phénomène sera d'autant plus marqué que la croissance des crédits nouveaux sera portée par des types de crédits a priori non liés à des financements de biens durables (c'est bien souvent le cas des crédits revolving et dans une moindre mesure des prêts personnels).

Sans doute un bon premier semestre 2005 en perspective. La défiscalisation des intérêts du crédit à la consommation entre mai 2004 et juin 2005, sans dynamiser massivement le crédit aux particuliers, devrait tout de même avoir un net effet positif sur l'utilisation de crédits nouveaux en 2005. Il faut sans doute s'attendre, comme avec les primes à la casse automobile (Baladurette et Jupette), à une forte accélération au printemps avant l'échéance finale de la mesure, suivie d'un contre-choc pendant l'été. Ce levier devrait permettre aux marchés du meuble et de l'équipement du foyer de rester dynamiques en 2005, surtout que les mesures concernant les donations les soutiendront aussi . Nous envisageons un effet positif également sur le marché automobile.

En 2004 et 2005, les taux d'intérêt restent très attractifs, d'autant que les mesures de relance de la consommation, permettent la déduction d'une partie des intérêts jusqu'à mi 2005. Le tout, couplé à la reprise modérée du marché automobile, devrait permettre une croissance de 3,5 % des crédits nouveaux à la consommation en 2005.

Tableau 8 : Le financement de la consommation par le revenu
(en milliards d'euros courants)

2002

2003

2004

Revenu disponible brut

992

1 015

1 048

Consommation totale

825

854

886

Taux d'épargne en %

16.8

15.8

15.4

Source : OMEC, Mars 2005

Tableau 9 : Décomposition du crédit à la consommation
(en milliards d'euros courants)

2002

2003

2004

Encours en fin d'année

106

111

116

Production de nouveaux crédits

66

70

73

Remboursements

63

65

67

Durée apparente des crédits (en mois)

19.2

19.1

19.2

Source : OMEC, Mars 2005

Figure 18 : Crédits à la consommation aux particuliers (encours de fin d'année - en % du revenu)

Figure 19: Variation annuelle de l'encours des crédits à la consommation aux ménages (en milliards d'euros)

Source : OMEC, Mars 2005

Figure 20 : Production de nouveaux crédits à la consommation et biens durables (en % de variation sur un an)

Source : OMEC, Mars 2005

Figure 21 : Crédits nouveaux à l'automobile* et achats de voitures (en % de variation sur un an)

3- Les mesures Sarkozy

Le plan Sarkozy propose une réduction d'impôts de 150 euros, pendant deux ans, pour les crédits à la consommation souscrits durant l'année à venir, soit une réduction de 25 % des intérêts payés en 2004 et 2005 au titre de crédits souscrits entre le 1 er mai 2004 et le 31 mai 2005, retenus dans la limite annuelle de 600 euros (soit une réduction annuelle d'impôt de 150 euros maximum). Toutes les catégories de crédit à la consommation sont éligibles, dès lors que le crédit est effectivement utilisé dans un délai de deux mois, pour l'acquisition d'un bien ou d'un service nouveau, quel qu'en soit le montant. En revanche, les opérations de refinancement d'anciens crédits et les découverts en compte sont exclus.

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