CONCLUSION

Les autorités chinoises résument ainsi les principes directeurs de leur action diplomatique :

Il s'agit, en premier lieu, de coordonner la situation internationale et le développement intérieur du pays. La priorité restera longtemps la poursuite de la croissance économique et la politique étrangère doit, avant tout, faciliter la création d'un environnement favorable à la pérennisation de cette expansion économique.

Il s'agit donc aussi de poursuivre la démarche « d'émergence pacifique » de la Chine : elle entend promouvoir la paix et la stabilité, au travers de son propre développement.

Il convient donc ensuite de développer une stratégie « gagnant-gagnant » par la conclusion de partenariats économiques, scientifiques, techniques mais aussi culturels.

Enfin, la Chine est résolue à poursuivre la construction d'un « monde harmonieux » : les intentions pacifiques et la stratégie non agressive sont réitérées, mais la République populaire s'opposera toutefois, de façon déterminée, à toute action qui menacerait sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement.

Pékin a pleinement pris conscience de l'interdépendance entre la Chine et le reste du monde et le positionnement international de la Chine n'échappe pas aux mutations profondes que vit ce pays. Le Président Hu Jintao, pour « théoriser » l'approche chinoise des relations internationales, a étendu le concept de « société harmonieuse » à celui de « monde harmonieux », qui s'ajoute désormais à celui « d'émergence pacifique ».

Si la Chine s'implique activement dans le multilatéralisme, cet engagement reste très « raisonné » et prudent. Elle y prend encore en effet davantage en compte ses propres intérêts économiques et stratégiques que la promotion des valeurs universelles que ce multilatéralisme est censé promouvoir, en particulier à travers l'ONU. Son activisme croissant dans les pays du Sud, et singulièrement en Afrique, va de pair, avec une indifférence explicite à l'égard des règles de gouvernance dans ses partenariats bilatéraux avec certains Etats du continent, et vient compliquer les stratégies d'aide au développement fondées sur la « conditionnalité démocratique » mise en oeuvre par les puissances occidentales, en particulier l'Union européenne et la France.

Ainsi, au-delà de l'actuelle conjonction positive entre, d'une part, les intérêts et les besoins économiques de la Chine, et, d'autre part, la stabilité internationale, régionale et mondiale qui lui est donc indispensable, d'autre part, la lecture des objectifs ultimes de la diplomatie chinoise reste complexe et ambivalente.

Il reste que cette « émergence pacifique » de la Chine en fait le nouveau pôle de puissance mondiale, seul à même de rivaliser, dans tous les domaines, avec les Etats-Unis pour lesquels la relation avec la Chine restera durablement un élément essentiel de leur diplomatie. Cette bipolarité est d'ores et déjà une réalité ; elle est aussi un défi pour ce troisième pôle en puissance que représente l'Union européenne qui doit impérativement savoir démontrer sa crédibilité de façon à prendre toute sa place dans ce monde multipolaire dont la France a toujours considéré qu'il était une condition de la paix.

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