B. ... CE QUI EST ENVISAGEABLE SOUS CERTAINES CONDITIONS VOLONTARISTES

1. Certains facteurs susceptibles de peser sur l'évolution du taux d'épargne...

Pour évaluer la vraisemblance d'une diminution marquée du taux d'épargne à moyen terme, il convient de revenir sur les déterminants de l'épargne susceptibles de connaître des variations substantielles dans les prochaines années. Certains travaux récents, conduits au Sénat par votre Commission des finances et par votre Délégation, ont respectivement mis en évidence le rôle des effets de richesse liés à l'augmentation de valeur du patrimoine immobilier des ménages 23 ( * ) , et l'impact de l' expansion du crédit 24 ( * ) .

Dans le premier cas, il a été expliqué que, sur la période 2002-2005, les effets de richesse ont permis aux ménages de réduire leur épargne.

Dans le second cas, on a montré que, sur la même période, la progression du crédit aux ménages -qui a joué un rôle sur la hausse des prix des actifs immobiliers, phénomène naturel tant que l'offre de logements ne s'ajuste pas- a libéré la consommation de ceux qui en ont profité.

Après une hausse transitoire du taux d'épargne en 2006-2007, ces derniers phénomènes sont-ils appelés à déterminer une nouvelle et forte baisse du taux d'épargne ?

Parmi les facteurs de doute , figurent l'éventualité d'un atterrissage brutal des prix de l'immobilier et les incertitudes sur la soutenabilité d'un endettement des ménages qui approche aujourd'hui 70 % de leur revenu ( cf. graphique ci-dessous ), surtout si les taux d'intérêt se trouvaient durablement orientés à la hausse. En effet, les tensions sur les taux d'intérêt engendrées, depuis l'été 2007, par la crise des « subprime », seraient de nature, si elles s'amplifiaient, à peser sur la consommation (quoique rien ne permette aujourd'hui de privilégier un tel scénario).

GRAPHIQUE N° 5

Parmi les facteurs encourageants , on mentionnera que le taux d'endettement des ménages en France demeure très nettement inférieur à celui d'autres pays , notamment anglo-saxon, et que leur « resolvabilisation » s'amorcerait dans l'hypothèse, plus vraisemblable, d'un atterrissage en douceur des prix de l'immobilier consécutif à une reprise de l'offre de logements.

En outre, si l'endettement des ménages atteint, certes, des niveaux sans précédent en France, que l'on rapporte leur dette à leur revenu disponible brut (68,4 % en 2006) ou à leur épargne brute (4,5 années d'épargne en 2006), il apparaît que, rapporté au patrimoine des ménages, cet endettement a, au contraire, décru : le ratio de la dette des ménages sur leur patrimoine a reflué de 9,7 % en 1998 à 8,3 % en 2006 (malgré une légère remontée cette année-là). En effet, le patrimoine des ménages, qui représentait six années de revenus en 2002, en représente désormais plus de huit depuis 2006, grâce à une hausse très marquée du patrimoine immobilier.

* 23 Rapport n° 6 (2005-2006) de M. Philippe MARINI, au nom de la commission des finances : « Les perspectives du marché immobilier et son contexte macroéconomique », 5 octobre 2005.

* 24 Rapport n° 261 (2005-2006) de M. Joël BOURDIN, au nom de la délégation du Sénat pour la planification : « L'accès des ménages au crédit en France », 16 mars 2006.

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