B. LES CONCURRENCES FUTURES D'OCCUPATION D'ESPACES

La pression sur les espaces naturels est la principale cause de la perte de la biodiversité du vivant. Des mesures énergiques peuvent atténuer le niveau actuel de ces pressions, mais les concurrences futures d'occupation de l'espace planétaire et, principalement, la montée de la demande en biocarburants et la croissance de la population mondiale constitueront des menaces de grande ampleur pour la biodiversité .

1. La montée de la demande en biocarburants

En l'état, l'accroissement de la demande en biocarburants est un des vecteurs les plus puissants de la déforestation en particulier en Asie du Sud-Est (Malaise, Indonésie) au détriment de biotopes qui sont parmi les plus riches en biodiversités.

Quelle pourrait être l'évolution de cette demande au cours du prochain demi-siècle ?

Les scénarios disponibles tablent sur un besoin en biocarburants se situant dans une fourchette entre 3,7 Gtep 5 6 Gtep en 2050, avec un accroissement en fin de période.

Ces estimations se fondent sur une amélioration des technologies d'extraction portant le rendement moyen à hauteur de 5/tep/h/an. 45 ( * ) .

Ce qui signifie qu'en 2050 il faudrait mettre en culture 10 millions de km² supplémentaires pour satisfaire ce ressaut de demande en biocarburants. Cela correspond à 20 fois la surface de la France, ou au cumul de la surface de l'Amazonie et du bassin du Congo où encore à 1,2 fois la surface de l'Australie.

Pourra-t-on éviter ce grignotage progressif d'espace naturel qui devra se cumuler avec l'accroissement de la demande en produits agricoles ?

A l'exception des mesures d'interdiction indirectes d'importations 46 ( * ) qui ne résolvent que partiellement le problème puisqu'elles ne font que le reporter, la limitation de cette croissance de la demande en biocarburants ne peut résulter que de deux types d'actions :

- celles qui s'efforcent de changer notre mode de développement et notre degré de dépendance des carburants. Il s'agit d'une politique d'ensemble et de long terme décrite dans les propositions du Tome I de cette étude (« Changement climatique et transition énergétique : dépasser la crise ») et dont certaines ont été reprises dans les conclusions du « Grenelle de l'environnement ».

- et celles qui améliorent les technologies d'extraction des biocarburants. Ces technologies dites de 2 ème génération, fondées sur la catalyse enzymatique de la filière agrocellulosique, ne sont pas encore mûres mais pourraient apporter après 2015 des améliorations significatives. Des technologies dites de 3 ème génération fondées sur les potentiels des micro-algues semblent encore plus prometteuses.

Aussi, en l'attente du mûrissement de ces technologies, il serait pertinent d'établir un moratoire sur l'accroissement du pourcentage de biocarburants dans les carburants utilisés .

* 45 Ce rendement moyen se situe dans la zone haute des rendements actuels (1 tep/h/an pour le colza, 2 2/tep/h/an pour le blé, 2-3 tep/h/an pour le palmier à huile, 3-4 tep/h/an pour la canne à sucre).

* 46 Le gouvernement fédéral allemand envisage d'interdire à l'importation les huiles extraites du palmier à huile, dont l'exportation ne serait pas certifiée.

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