d) Le principal risque pour l'environnement n'est pas le développement du territoire, mais l'absence de maîtrise de l'urbanisation

Tout en appelant à une politique de désenclavement au service du développement économique des territoires, vos rapporteurs estiment que les infrastructures de transport peuvent aussi, dans certains cas, constituer des facteurs de menace pour l'environnement. Tel est en effet le cas lorsque la construction d'infrastructures constitue une incitation à la périurbanisation, c'est-à-dire à l'extension géographique des zones urbaines à travers l'extension de quartiers périphériques.

En effet, plus on facilite l'accès aux grands centres et aux grands axes, plus les populations s'en éloignent puisqu'il est possible d'habiter plus loin tout en maintenant son temps de trajet quotidien.

Il en résulte une augmentation de l'espace occupé par habitant et donc une accélération de la destruction d'espaces naturels, qui constitue une réelle menace pour la biodiversité, menace qui a été clairement identifiée et précisément analysée dans un rapport 32 ( * ) récent de nos collègues MM. Pierre Laffitte et Claude Saunier, membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Le principal risque pour l'environnement n'est donc pas la construction des infrastructures de transport elles-mêmes mais la politique de maîtrise de l'espace qui leur est associée.

Les infrastructures de transport seront ainsi d'autant plus compatibles avec les exigences d'un développement durable des territoires si elles s'accompagnent d'une politique de densification des villes petites ou moyennes, susceptibles de constituer des pôles d'équilibre par rapport aux grands centres urbains.

Vos rapporteurs estiment ainsi nécessaire d'intégrer ce souci de protection des espaces dans la conception d'une politique de désenclavement car il s'agit là d'un réel enjeu pour l'avenir durable des territoires, loin des discours idéologiques malthusiens opposés par principe aux infrastructures de transport et au développement économique.

Après avoir écarté l'écueil de ce type de discours, il est toutefois nécessaire de s'attaquer à l'excès inverse qui consiste à soumettre toute construction d'infrastructure à la seule logique de la rentabilité économique.

Ce second écueil peut être qualifié « d'économisme » et il s'avère très souvent défavorable à la réalisation de projets dans les territoires connaissant un vrai besoin de désenclavement.

* 32 Rapport La biodiversité. L'autre choc ? L'autre chance ? n  131 (2007-2008) publié le 12 décembre 2007 par MM. Pierre Laffitte et Claude Saunier, sénateurs.

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