2. Un recentrage nécessaire sur les activités linguistiques, sous stricte contrainte d'efficience

Concevoir une programmation culturelle « hors les murs » ne signifie pas évidemment supprimer l'ensemble des centres, même dans l'ensemble des pays d'Europe et de l'OCDE : ceux-ci offrent, sur le modèle déjà ancien des alliances françaises des cours de français à des publics très variés. Si le British Council a supprimé, à Paris, les activités culturelles dans ses murs, il n'a pas au contraire supprimé son programme linguistique. Tenant compte des multiples possibilités offertes dans la capitale pour apprendre l'anglais, il a néanmoins concentré son offre de cours sur les plus jeunes.

Cette activité de cours a vocation à être autofinancée dans les pays d'Europe et de l'OCDE. L'autofinancement s'entend à coûts complets, c'est-à-dire en prenant en compte les charges des personnels expatriés et l'immobilier. Or, cet autofinancement n'est pas toujours assuré : selon le rapport annuel de performances de la mission « Action extérieure de l'Etat » pour 2007, le taux d'autofinancement de l'activité des cours de langue des établissements culturels s'établissait à 99,4 % en 2007, mais masquait des disparités importantes. Ainsi, au sein d'un même pays, l'Allemagne, le taux d'autofinancement des cours de langue varie entre seulement 76 % pour l'institut français de Düsseldorf à 200 % pour celui de Leipzig . Au Japon, les instituts français apparaissent autofinancés, mais il n'en est pas de même en Grèce (Athènes : 58,1 %), en Israël (79,5 % à Haïfa, 85 % à Tel Aviv) ou en Pologne (Cracovie : 90 %). Le calcul du taux d'autofinancement ne prend pas en compte vraisemblablement le coût de fonctionnement des bibliothèques.

Placer les centres culturels sous stricte contrainte d'autofinancement de leurs activités linguistiques , dans les pays d'Europe et de l'OCDE, conformément à une logique d'efficience, pourrait conduire encore à la fermeture d'une dizaine de centres culturels. Ceci ne remet pas significativement en cause la densité du réseau et ne doit être dramatisé, ni par les syndicats, ni par les communautés françaises à l'étranger.

Le même impératif d'efficience doit conduire à réinterroger le fonctionnement des bibliothèques au sein des centres culturels. Le taux de rotation des ouvrages 24 ( * ) dans les médiathèques n'est en moyenne guère supérieur à 1 (1,19 en 2007, 1,12 au sein de l'Union européenne et 1,1 au sein des pays du programme 185) 25 ( * ) . Dans certains pays développés, la fréquentation des médiathèques, en termes de prêts, apparaît faible au regard de la richesse du fonds. Ainsi, au Japon, le taux de rotation des ouvrages est faible dans les centres culturels de moindre importance : 0,38 à Kyushu, 0,3 à Yokohama, 0,43 à Kyoto. En Allemagne, certains instituts ont un nombre d'inscrits dans leurs bibliothèques très faible : 126 à Rostock ou 494 à Hambourg, d'où des taux de rotation très limités : 0,20 à Rostock ou 0,21 à Hambourg. Cette situation se rencontre également dans les centres culturels à l'étranger dont la création résulte pour partie d'une initiative de nature politique : à Kaboul, le nombre d'inscrits à la médiathèque du centre culturel français est de 110, pour un taux de rotation de 0,10. De même, à Sarajevo, le nombre d'inscrits à la médiathèque de l'institut français s'établit à 17, pour un taux de rotation de 0,29.

Ces chiffres peu satisfaisants ne prennent pas en compte les consultations sur place dans les médiathèques qui peuvent être plus importantes. Certaines médiathèques limitent le droit à prêt, ce qui apparaît regrettable. Beaucoup de centres ou instituts français disposent par ailleurs de budgets d'acquisition limités. Le taux de renouvellement des ouvrages atteint rarement 5 % chaque année, bien en-deçà des ratios de gestion habituels des bibliothèques. Il n'en reste pas moins que la fréquentation de certaines médiathèques peut aussi être affectée par des rigidités dans le fonctionnement. Ainsi, à Alexandrie, des restrictions dans les horaires d'ouverture, ainsi que la fermeture de la médiathèque le vendredi, jour pourtant de principale fréquentation dans l'autre médiathèque française, au Caire, explique la faiblesse des chiffres de lecture et de prêt.

Plus généralement, la fréquentation des médiathèques, comme celle des bibliothèques, est affectée par une évolution irrésistible, celle du développement des bibliothèques numériques et de la croissance des librairies en ligne. En tirant les conséquences, le British Council a progressivement fermé un grand nombre de ses médiathèques.

* 24 Nombre de prêts divisé par le nombre d'ouvrages.

* 25 Par ailleurs, les médiathèques n'apparaissent autofinancées dans aucun pays du monde.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page