C. UNE ORIENTATION POUR L'INSTANT INEFFICACE

1. Le constat

Auditionné par la mission, M. Jean-Marie Lorenzi, chargé de mission auprès du délégué interministériel à l'orientation, a fait observer que « le taux d'insertion professionnelle des jeunes varie selon les domaines et les niveaux de formation : ainsi, dans le secteur de la santé, le taux de chômage des jeunes est de seulement 2 %, alors que dans le domaine des lettres et sciences humaines, il atteint 12 %. De même, pour les élèves titulaires du baccalauréat, le taux est de 20 %, alors qu'il atteint 31 % pour les jeunes ayant un CAP ou un BEP et 40 % pour ceux qui n'ont aucun diplôme » 149 ( * ) .

L'enjeu crucial de l'orientation scolaire est de guider les élèves vers les filières les plus actives tout en respectant leurs aspirations personnelles. C'est un double projet qu'il faut mener de front parce que si la vocation des élèves détermine leur implication, l'orientation vers des filières sans débouchés peut entraîner un sentiment de relégation discréditant l'institution scolaire.

M. Jean-Louis Nembrini, directeur général de l'enseignement scolaire, auditionné par la mission sénatoriale sur la formation professionnelle dont M. Bernard Seillier était le rapporteur en 2007, avait particulièrement insisté sur cet aspect en indiquant que « les taux d'abandon au sein de la formation professionnelle initiale sont élevés pour les filières peu attractives. Cette situation est particulièrement forte en ce qui concerne les filières disposant de réels débouchés mais qui ne font par l'objet d'un choix de la part des élèves. C'est notamment le cas du bâtiment ou de la confection industrielle ». M. Claude Thélot rappelait, quant à lui, que « le tiers des jeunes orientés dans les filières professionnelles n'ont pas choisi leur spécialité ».

Aujourd'hui l'école a un double retard qui creuse le fossé entre l'école et le monde professionnel : elle ne parvient ni à informer les élèves sur les débouchés intéressants, ni à créer des vocations susceptibles de les motiver. C'est l'une des causes de la reproduction des inégalités sociales à l'école : faute d'information, les enfants ont en effet tendance à suivre la voie tracée par leurs parents.

Le prochain rapport du Haut Conseil de l'éducation qui sera intitulé « l'orientation, une machine à exclure », estime ainsi que l'orientation à la française, « fonctionne comme un couperet pour de nombreux élèves », « reproduit une hiérarchie actée dès l'école primaire », et « reste éloignée des réalités de la voie professionnelle » 150 ( * ) .

* 149 Audition du 19 février 2008 de M. Jean-Marie Lorenzi, chargé de mission auprès du délégué interministériel à l'orientation.

* 150 Dépêche de l'Agence Éducation Formation du 16 juin 2008.

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