b) Un nouveau tertiaire rural en émergence

Si les activités tertiaires en milieu rural continuent de reposer majoritairement sur un processus endogène, c'est-à-dire sous l'impulsion d'une dynamique résidentielle et présentielle, un nombre croissant d'activités tend toutefois à satisfaire des marchés non régionaux et s'inscrivent à ce titre dans des systèmes économiques plus larges. L'espace rural -et plus particulièrement les bourgs ruraux et petites villes- devient ainsi prestataire de services sur des marchés qui lui sont extérieurs et généralement urbains.

Ces activités, que l'on qualifie de tertiaires inductrices ou basiques 96 ( * ) , sont amenées à jouer au niveau local un rôle d'entraînement assimilable à celui assuré jusqu'alors presque exclusivement par l'agriculture et à contribuer directement à ce titre au développement local. Elles produisent des biens immatériels destinés à des marchés toujours plus vastes, régionaux, nationaux ou internationaux et à des clientèles de plus en plus éloignées . Entreprises informatiques ou d'infographie, comptables, professionnels du tourisme et des nouvelles formes de loisirs, professionnels de la santé... trouvent aujourd'hui en milieu rural les conditions de leur développement.

Cette évolution se retrouve tout d'abord au sein des activités de services marchands aux entreprises . Ses racines sont liées à la présence, autrefois importante, d'une industrie lourde ou « semi-lourde » dans les espaces périurbains et ruraux. La demande en services aux entreprises l'ayant accompagnée s'est traduite par l'implantation d'une offre de services locale. Avec la disparition progressive de ce type d'industrie, n'ont pas disparu toutes ces activités de services : afin de se maintenir, elles ont dû se mettre en mesure de toucher une clientèle toujours plus éloignée, située dans d'autres pays européens d'abord, puis dans des pays tiers. Or, l'utilisation de nouveaux moyens de télécommunication permet aujourd'hui à des zones fortement enclavées et durement touchées par la déprise agricole de fournir à distance des services de base à des entreprises parfois très éloignées.

Plus significatifs encore sont les services aux ménages non locaux , en valorisant la dimension récréative des espaces ruraux. La relation prestataire-utilisateur s'en trouve alors modifiée, le client vient sur place consommer le service qui lui est offert. Sont ici concernées toutes les activités s'appuyant sur une demande exogène au territoire : tourisme, loisirs, activités culturelles, thermalisme...

Cette évolution d'activités de services endogènes vers un tertiaire moteur est très largement dépendante de l'action incitatrice ou accompagnatrice des responsables locaux , dont les marges d'action ont été élargies par la décentralisation. A l'action directe, où l'on peut voir une municipalité créer des activités à caractères touristique ou social, s'ajoutent les aides dans les domaines foncier ou immobilier, allant de la fourniture de terrains équipés, à la création et la location de bâtiments comme les ateliers relais. Ce soutien peut être couplé à des moyens d'ordre financier qui vont de la garantie des emprunts réalisés par l'entreprise aux subventions accordées par le département ou la région, en passant par des allègements fiscaux, l'exonération de la taxe professionnelle étant l'outil le plus utilisé par les collectivités locales.

* 96 Activités tertiaires et dynamiques rurales, Pascal Chevalier, Annales de géographie, n° 641, 2005.

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