• UN MODÈLE DE COUVERTURE FRAGILISÉ PAR LA BAISSE DES ENCOURS ET LA CONCENTRATION DU RISQUE

Le modèle de couverture interne de la Coface

La stratégie de couverture diffère selon la devise et le montant du contrat.

Les contrats en dollars américains

Lorsque le risque de change concerne le dollar américain, la Coface distingue en fonction de leur montant :

- les contrats d'un montant inférieur à 35 millions d'euros sont dits « mutualisables ». L'historique est suffisant pour que la Coface ait pu développer un modèle économétrique permettant d'évaluer le taux de conclusion, et par conséquent, la proportion d'encours à couvrir en fonction de l'évolution de variables exogènes et endogènes. Ce taux est recalculé quotidiennement et la salle des marchés ajuste sa couverture au jour le jour en fonction de leur évolution ;

les contrats d'un montant supérieur à 35 millions d'euros sont dits « risques spécifiques ». La base statistique a été jugée trop réduite et n'est pas assez homogène pour permettre le développement d`un modèle économétrique similaire à celui utilisé pour les risques mutualisables. La Coface utilise alors un modèle dit « optionnel ». Sur la base d'observations historiques, la Coface a déterminé l'amplitude d'incertitude sur la valeur du taux de conclusion, c'est-à-dire le minimum et le maximum historiques d'entrée en vigueur. Sur la partie « certaine » (en deçà du minimum historique), soit 20% de l'encours environ, la Coface se couvre par des ventes à terme car elle considère qu'au moins 20% des contrats entreront en vigueur. Sur la partie comprise entre le minimum et le maximum historique (environ 40%), la Coface se couvre en options. Sur la partie située au-delà du maximum historique, la Coface ne se couvre pas, estimant que la probabilité que le taux de conclusion dépasse le maximum historique est infime. Si les maxima et minima constatés évoluent, la Coface ajuste sa stratégie de couverture pour l'avenir.

Les contrats libellés dans d'autres devises

Pour les contrats libellés en Livre Sterling ou en Yen, la Coface applique la même stratégie de couverture que pour les risques spécifiques en USD, c'est-à-dire la stratégie optionnelle. Seuls les minima et maxima historiques diffèrent. Pour les contrats libellés dans d'autres devises, le nombre de garanties ne permet pas d'obtenir des résultats satisfaisants relatifs à l'historique des taux de conclusion. C'est donc la stratégie « 0/100 » qui a été retenue.

Cette stratégie binaire consiste à couvrir la totalité de la garantie potentielle par une vente à terme de devises si la Coface est en situation d'indemniser l'assuré (dépréciation de la devise face à l'euro) et de ne pas couvrir lorsque l'assuré est en situation de reversement de son bénéfice de change à la Coface (appréciation de la devise face à l'euro). Compte tenu de son principe, les coûts de gestion de la stratégie 0/100 peuvent donc s'avérer non négligeables lorsque la devise oscille autour du cours garanti.

La baisse des encours et de la concentration du risque

La création de l'euro a supprimé le risque de change interne à la zone, principale destination des exportations françaises. La création d'une monnaie unique de référence permet également de facturer en euros certaines exportations pourtant extérieures à la zone et, ainsi, de faire porter le risque de change sur l'acheteur.

Les exportateurs ont donc moins besoin de recourir à une couverture contre le risque de change et les flux de prise en garantie diminuent.

Tableau n° 17 :  Evolution du montant de garanties délivrées au cours de la période 2002-2006

En M€

Année

2002

2003

2004

2005

2006

Montant de garanties délivrées

3 104

2 716

2 326

2 646

2192

Variation n-1

/

- 13%

- 14%

+ 14%

- 17%

Source : La Coface

Les encours garantis suivent cette même tendance.

Tableau n° 18  :  Evolution des encours garantis au titre de la garantie des changes sur la période 2002-2006

En M€

Année

2003

2004

2005

2006

Encours potentiel et certain moyen

3 809

3 065

2 286

1 820

Variation

/

- 20%

- 25%

- 20%

Source : Rapport d'activité sur les opérations effectuées par Coface pour le compte de l'État - Réalisations 2002 à 2006

La baisse du volume de garanties accordées s'est accompagnée d'une baisse plus rapide du nombre de polices délivrées, ce qui traduit une légère augmentation des montants moyens garantis par police, et par conséquent une tendance à la concentration du risque. Le montant moyen garanti par police a diminué entre 2002 et 2004 mais a depuis augmenté de 35% pour s'établir à 4,74 millions d'euros par police en moyenne.

Tableau n° 19 :  Montant moyen garanti par police

En M€

Année

2002

2003

2004

2005

2006

Prises en garanties sur l'année

3 104

2 716

2 326

2 646

2 192

Nombre de polices délivrées

695

832

836

789

462

Montant moyen garanti par police

4,47

3,26

2,78

3,35

4,74

Variation du montant moyen par police

/

- 27%

- 17%

+ 21%

+ 41%

Source : La Coface

L'augmentation du montant moyen garanti par police traduit plus la concentration des assiettes garanties sur quelques gros contrats qu'une hausse homogène.

Tableau n° 20 :  Part des polices d'un montant supérieur à 15 M€

Année

2003

2004

2005

2006

Nombre de polices d'un montant supérieur à 15M€

38

33

45

31

% du nombre total de polices

4,8%

3,9 %

5,7 %

6,7 %

Assiette garanties d'un montant supérieur à 15M€

1 354 M€

1 016 M€

1 495 M€

1 408 M€

% du total d'assiettes garanties

49,8 %

43,7 %

56,5 %

64,2 %

Source : Rapport de l'Inspection générale des finances de septembre 2007

Outre le fait que les PME exportent peu en dehors de la zone euro et sont donc moins exposées au risque de change, cette tendance a été favorisée par l'augmentation progressive du plafond de l'assiette garantie : 60 millions de dollars en début de période, 80 millions de dollars à partir du 30 janvier 2002 puis 80 millions d'euros en avril 2005 33 ( * ) . Il est désormais de 120 millions d'euros depuis le 11 octobre 2006.

La concentration des encours de la garantie des changes sur un petit nombre de polices de tailles importantes diminue le nombre de contrats mutualisables au profit des contrats spécifiques. Or la gestion de ces derniers repose sur une stratégie de couverture optionnelle, plus chère.

Tableau n° 21 :  Part des garanties spécifiques dans l'encours potentiel

Année

2003

2004

2005

2006

Garanties mutualisables

27 %

46 %

50 %

35 %

Garanties aéronautiques

42 %

33 %

2 %

0 %

Garanties spécifiques

31 %

21 %

48 %

65 %

Source : Rapport de l'Inspection générale des finances de septembre 2007

* 33 Le changement d'unité a impliqué en avril 2005 une augmentation de fait de 30% du plafond.

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