III. LES DÉFIS DE LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE, DU DÉVELOPPEMENT ET DE L'IMMIGRATION IRRÉGULIÈRE

A. UN DÉVELOPPEMENT CONTRAINT PAR L'EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE

1. Une population multipliée par huit en cinquante ans

Le graphique suivant illustre la croissance de la population de Mayotte, multipliée par huit en cinquante ans.

Le dernier recensement général de la population de Mayotte s'est déroulé du 31 juillet au 27 août 2007. Le précédent recensement avait eu lieu en 2002. La population de Mayotte est estimée à 186.452 habitants au 31 juillet 2007, soit une augmentation de 26.000 habitants en cinq ans.

Le taux de croissance annuel moyen s'établit à 3,1 % sur la période 2002-2007, soit un point de moins qu'en 1997-2002. Il reste cependant supérieur au niveau national (0,6 % de taux de croissance annuel moyen) et au niveau de la Réunion (1,5 %).

Depuis les années 1950, la croissance démographique de Mayotte a été portée par une très forte natalité et par l'immigration en provenance des îles voisines.

M. Martial Henry, président du conseil d'administration du centre hospitalier de Mayotte (CHM) et M. Alain Daniel, directeur, ont indiqué que le nombre annuel de naissance, qui a atteint 7.658 en 2007, faisaient du CHM la première maternité de France 25 ( * ) . La proportion des femmes accouchant à Mayotte sans être affiliées à la sécurité sociale atteint 56,2 % en 2007 (68 % en 2006).

La population se concentre de plus en plus autour du pôle urbain de Mamoudzou, la population des communes limitrophes ayant ainsi connu une croissance très forte au cours des dix dernières années : + 95 % à Koungou, + 83 % à Dembeni.

Cette explosion démographique pose des difficultés en matière de logement, même si des efforts importants ont été réalisés au cours des trente dernières années. M. Amedi Bonahery Ibrahim, maire de Tsingoni, président de l'association des maires de Mayotte, a expliqué que certaines personnes étaient même « décasées » pour la mise en oeuvre de programmes de lotissements qui finalement n'aboutissaient pas, et n'étaient pas « recasées ».

Cependant, depuis les années 1970, l'État a mis en place une politique d'accession à la propriété qui a permis à de nombreux habitants de devenir propriétaires d'une « case SIM », du nom de la société immobilière de Mayotte.

Le programme de construction de ces maisons comportant un étage s'est achevé en 2004. L'aide apportée par l'État a permis la construction de plus de 17.800 cases SIM en trente ans. L'accession à la propriété était subventionnée à hauteur de 90 %, chaque case SIM coûtant 30.000 euros.

De conception simple et dotées d'un équipement rustique, ces habitations avaient pour mission de résorber l'habitat précaire et insalubre, auparavant composé, dans sa quasi-totalité, d'habitations en végétaux.

Lors d'une visite du quartier de M'Gombani, vos rapporteurs ont pu mesurer la nécessité de mettre en oeuvre rapidement le projet de réhabilitation d'un ensemble de cases SIM, conduit par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU).

M. Philippe Porte, directeur de l'équipement, a indiqué que le Logement en accession très sociale (LATS), avait pris le relais de la case SIM. Le LATS est financé à 75 % par l'État, le reste étant à la charge de l'acquéreur. Constitué d'une cuisine, d'un salon, d'une varangue (véranda), d'une salle de bains et d'un certain nombre de chambres en fonction de la taille de la famille, le LATS comporte une surface habitable de 30 à 90 m², pour un coût oscillant entre 50.000 et 95.000 euros. Selon la direction de l'équipement de Mayotte, 250 LATS devaient être construits fin 2008.

Par ailleurs, si le code de l'urbanisme est applicable à Mayotte depuis le premier janvier 2006, un tiers seulement des constructions respectent les exigences légales, ce qui peut faire encourir de graves dangers aux habitants. Ainsi, le 6 août 2008, une maison située dans le quartier de Kawéni, à Mamoudzou, dans une zone fortement touchée par l'urbanisme illégal, s'est effondrée, faisant une victime.

* 25 Le CHM regroupe l'hôpital de Mamoudzou, 14 dispensaires dont 3 comportent une maternité rurale, 3 centres intercommunaux de référence comportant une maternité rurale, et un hôpital sur Petite Terre, doté d'une maternité.

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