2. Plus grave encore, l'orientation des élèves de la filière professionnelle est largement irréversible à défaut de réelles passerelles

a) Un système d'orientation très hiérarchisé

L'orientation s'opère dans un système très hiérarchisé : la voie générale occupe le sommet de cette hiérarchie et constitue un idéal d'études. L'orientation tend alors à procéder par exclusions successives vers des voies ou des filières moins considérées, quand bien même elles offriraient de bons débouchés professionnels.

Dans ce contexte, la difficulté principale tient au fait que l'entrée des élèves en lycée professionnel reste soumise aux capacités d'accueil, les places par spécialité étant contingentées. L'élève orienté en lycée professionnel peut dès lors se voir affecté dans une spécialité qui ne l'intéresse pas ou qui ne correspond pas à ses aptitudes, ou bien il peut être contraint de quitter son secteur géographique, ou les deux. C'est là une différence importante avec le lycée général et technologique où, sauf pour certaines options à recrutement limité, l'offre de seconde est adaptée constamment aux effectifs et uniformément répartie sur le territoire. L'affectation peut laisser penser aux jeunes que l'enseignement professionnel n'est pas traité comme l'enseignement général et technologique et renforcer le sentiment d'injustice quand elle contrarie les voeux des élèves, entérinés par le conseil de classe.

Pour les bacheliers technologiques, la mécanique d'exclusion se poursuit après le baccalauréat s'ils ne trouvent pas de place dans les sections de technicien supérieur (STS) ou les instituts universitaires de technologie (IUT), lesquels constituent pour eux des débouchés naturels mais qui leur préfèrent souvent les bacheliers des séries générales. Or, quand les bacheliers technologiques, par choix ou malgré eux, entrent en première année de licence, leur échec est considérable : seuls 14 % d'entre eux obtiennent la licence en trois ans et 40 % abandonnent les études.

Quand ils sont admis en IUT ou en STS, leur réussite est plus nette, même si elle reste insuffisante : 60 % des bacheliers technologiques sortent d'IUT avec leur diplôme de bac + 2, et 68 % de STS. Si l'on veut que les filières technologiques, et a fortiori professionnelles, conduisent à des études supérieures réussies, la formation générale doit y être consolidée.

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