COMPTES RENDUS DES DÉPLACEMENTS

Déplacement à Bayeux (le 15 avril 2009)

Une délégation de la mission commune d'information sur la politique en faveur des jeunes s'est rendue à Bayeux dans le département du Calvados le 15 avril 2009.

Composition de la délégation

- Mme Raymonde Le Texier, présidente ;

- M. Christian Demuynck, rapporteur ;

- M. Jean-Léonce Dupont, vice-président ;

- Mme Françoise Laborde, vice-présidente.

Programme du déplacement

9h45 - Visite de la PAIO du Bessin

Rencontre avec Mme Claire Ruelle, présidente

11h30 - Visite du Pôle Santé du Bessin

Rencontre avec la responsable de la circonscription d'action sociale du Bessin

14h30 - Point presse à la mairie de Bayeux

15h00 - Accueil par les responsables du Pôle Emploi de Bayeux à la mairie

15h30 - Visite du Pôle Emploi de Bayeux

Présentation de l' « action cible emploi jeunes », organisée par le Pôle Emploi

I. MISSIONS ET ACTIVITÉ DE LA PERMANENCE D'ACCUEIL, D'INFORMATION ET D'ORIENTATION (PAIO) DU BESSIN

Ont notamment participé à cette réunion :

- Mme Claire Ruelle, présidente de la PAIO et adjointe au maire de Bayeux en charge des affaires sociales ;

- et Mme Aurore Gallier-Riffault, directrice.

Les sept cantons couverts par la PAIO du Bessin sont à prédominance rurale : dans ce territoire où l'habitat est dispersé, les jeunes à la recherche d'un emploi rencontrent des difficultés pour se déplacer, du fait de l'insuffisance des transports publics. Ils manifestent de surcroît une faible appétence pour la mobilité : pour beaucoup de jeunes suivis par la PAIO, occuper un emploi à Caen représente déjà un véritable défi.

Dans le pays du Bessin, 17 % des jeunes sont sans qualification, ce qui est un pourcentage nettement supérieur à la moyenne nationale. Ce territoire a une vocation essentiellement agricole, même si le tourisme constitue aujourd'hui une activité non négligeable : la proximité des plages du débarquement et la présence de cimetières américains attirent chaque année entre 1,5 et 3 millions de touristes. Cependant, peu de jeunes maîtrisent suffisamment l'anglais pour travailler avec la clientèle touristique étrangère.

Si une partie des jeunes arrivent à la PAIO grâce au « bouche-à-oreille », d'autres sont orientés vers cette structure par leur centre communal d'action sociale (CCAS), par les services du conseil général ou encore par un centre d'information et d'orientation (CIO). En dehors de Bayeux, la PAIO organise des permanences dont la fréquence varie en fonction des besoins.

La PAIO, dont le budget annuel est de 342 000 euros, emploie au total huit personnes, parmi lesquelles on compte trois conseillers chargés du suivi des jeunes, une conseillère en économie sociale et familiale (CESF) et une médiatrice-entreprise, plus spécialement chargé d'assurer le lien avec les employeurs.

En 2008, 754 jeunes ont été reçus par la PAIO. Chaque jeune est accueilli par un conseiller, qui procède d'abord à un premier diagnostic ; le conseiller accompagne ensuite le jeune dans sa recherche d'emploi et/ou de logement, et l'aide à trouver une solution à ses problèmes de mobilité ou de subsistance. En moyenne, le parcours d'un jeune dure de deux à trois ans et débouche, le plus souvent, sur des emplois précaires.

Depuis sa création, en 2002, la PAIO travaille en partenariat avec de multiples acteurs : éducation nationale, services sociaux, centre d'addictologie de Bayeux... Elle a conclu un contrat de « cotraitance » avec Pôle emploi, qui lui délègue le suivi approfondi d'une centaine de jeunes. Quand le jeune atteint l'âge de 26 ans, la PAIO ne peut plus s'occuper de lui et le relais est alors pris par les services de Pôle emploi.

La PAIO souhaiterait se transformer en mission locale, mais cela supposerait qu'elle suive un plus grand nombre de jeunes et que son financement soit assuré, à parité, par l'Etat et les collectivités territoriales ; or certaines communes du pays du Bessin ne souhaitent pas participer à son financement.

II. VISITE DU PÔLE SANTÉ DU BESSIN

Ont notamment pris part à cette visite :

- Mme Martine Ducouret, directrice du Pôle Santé du Bessin ;

- le docteur Thierry Gandon, médecin du Pôle, spécialement en charge des problèmes de toxicomanie et de dépendance à l'alcool ;

- l'assistante sociale ;

- le responsable de la circonscription d'action sociale du Bessin.

Le Pôle Santé présente la particularité de regrouper dans un même lieu, accueillant et moderne, plusieurs services sociaux, médicaux et paramédicaux. Il dispose notamment d'une antenne de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), d'un Centre local d'information et de coordination (CLIC) pour les personnes âgées, d'un accueil pédiatrique spécialisé pour les jeunes mères et d'une cellule pluridisciplinaire (médecins, psychologues, assistantes sociales,...) pour les personnes toxicomanes ou dépendantes à l'alcool.

Dans un souci d'efficacité et de coordination, le Pôle Santé s'est efforcé, dès le départ, de s'insérer dans le réseau local de soins, en tissant des liens de coopération avec les hôpitaux et établissements sociaux et médico-sociaux voisins, avec les médecins de ville et, plus largement, l'ensemble des professionnels de santé, y compris les pharmaciens.

Ainsi, grâce à ce mode de fonctionnement en réseau, le médecin du Pôle spécialisé dans la prise en charge de la toxicomanie et de la dépendance à l'alcool, a pu mettre en place, en partenariat avec les pharmaciens, un système de vigilance sur la délivrance des traitements substitutifs, certaines personnes toxicomanes pouvant tenter d'obtenir plusieurs doses de produit substitutif en s'adressant à plusieurs pharmaciens. Chaque patient choisit avec le médecin, la pharmacie de référence à laquelle il va s'adresser systématiquement pour obtenir son traitement. La pharmacie de référence l'inscrit alors sur la liste des patients auxquels elle est autorisée à délivrer les produits substitutifs selon la dose prescrite par le médecin. Si un patient tente de s'adresser à une autre pharmacie, sa tentative est signalée au médecin qui en parle avec le patient et prend les mesures nécessaires pour garantir le succès du traitement. Ces procédures sont très utiles, notamment pour assurer le suivi des jeunes concernés.

Puis, la délégation a pu visiter une salle de relaxation et d'esthétique qui permet aux personnes rencontrant un problème de nutrition, de toxicomanie ou de dépendance à l'alcool de travailler sur l'image qu'elles ont de leur corps et d'elles-mêmes.

Enfin, la responsable de la circonscription d'action sociale du Bessin a dressé un tableau rapide des problèmes qu'elle est amenée à traiter. Elle a insisté sur la réticence des jeunes à s'éloigner de leur commune, y compris au sein du département, ce qui accroit leur difficulté à trouver un emploi. Elle a également souligné la nécessité de travailler avec les familles et de mieux les accompagner pour résoudre les problèmes de tous ordres que rencontrent les plus jeunes (toxicomanie, absentéisme scolaire, obésité, ...), le rôle des parents étant le plus souvent déterminant.

III. VISITE DE L'AGENCE DE PÔLE EMPLOI À BAYEUX

Ont notamment participé à cette visite :

- M. Marc Lecerf, directeur de l'agence, et son adjoint, M. Christian Tricot ;

- un groupe de jeunes demandeurs d'emploi.

Dans le contexte actuel de crise économique, l'équipe de Pôle emploi à Bayeux s'efforce surtout de faire face à la montée rapide du chômage. La capacité d'accueil de l'agence a été accrue pour faire face, dans de meilleures conditions, à ce pic d'activité. Le nombre de demandeurs d'emploi suivis par chaque conseiller, déjà de l'ordre d'une centaine, ne cesse d'augmenter, tandis que le nombre d'offres d'emploi reçues par l'agence est en baisse d'un tiers. Au niveau régional, une quarantaine d'agents ont été recrutés et vont être déployés dans les agences.

L'équipe de Pôle emploi doit également gérer les conséquences de la fusion entre l'ANPE et les Assedic : un nouveau local devrait être inauguré, à la fin de l'année 2009, pour regrouper le personnel sur un même site ; les agents sont en outre formés aux métiers du placement et de l'indemnisation afin de devenir plus polyvalents.

Les échanges avec les jeunes demandeurs d'emploi présents dans l'agence ont mis en évidence les problèmes rencontrés par un grand nombre d'entre eux en matière de transport : certains disposent d'une qualification qui pourrait leur permettre de trouver un emploi, mais le champ de leur recherche d'emploi est très réduit, dans la mesure où ils ne sont pas titulaires du permis de conduire ou ne disposent pas d'un véhicule. Ces jeunes ont du mal à trouver un emploi stable et se heurtent aux exigences des employeurs, qui recherchent des salariés expérimentés, ou ne proposent que ces contrats de courte durée.

Déplacement à Lyon et à Saint-Fons (le 30 avril 2009)

Une délégation de la mission commune d'information sur la politique en faveur des jeunes s'est rendue à Lyon et à Saint-Fons le 30 avril 2009, afin de rencontrer les acteurs des politiques locales en faveur de la jeunesse, ainsi que des jeunes bénéficiant de ces politiques.

Composition de la délégation

- Mme Raymonde Le Texier, présidente ;

- M. Christian Demuynck, rapporteur ;

- M. Michel Thiollière, secrétaire ;

- Mme Bernadette Bourzai, sénatrice ;

- Mme Christiane Demontès, sénatrice.

Programme du déplacement

10h30 - La problématique du logement des jeunes quel que soit leur statut

11h30 - L'activité des missions locales du Rhône, un regard sur les jeunes en insertion

13h30 - Conférence de presse

14h00 - La mobilité, outil d'insertion

14h30 - La mobilité internationale des jeunes

15h00 - La mobilité culturelle des jeunes

16h00 - Les ressources et l'autonomie financière des jeunes

I. LA PROBLÉMATIQUE DU LOGEMENT DES JEUNES QUEL QUE SOIT LEUR STATUT

Au cours de cette réunion, qui s'est déroulée dans les locaux du Comité local pour le logement autonome des jeunes (CLLAJ) de Lyon, ont notamment participé :

- Mme Éliane Gachet-Kubicki, directrice du CLLAJ de Lyon ;

- M. Nasser Khellifi, CLLAJ de Saint-Priest ;

- Mme Stéphanie Thomas, CROUS de Lyon ;

- Mme Mélanie Rousset, Union régionale pour l'habitat des jeunes.

Les intervenants ont évoqué les difficultés rencontrées par les jeunes pour trouver un logement. Les aides au logement ne suffisent pas à rendre la demande solvable et les règles d'attribution et d'ajustement de ces aides sont inadaptées aux rythmes scolaires et professionnels des jeunes.

L'information et la médiation constituent des soutiens utiles aux jeunes en recherche de logement.

La cohabitation intergénérationnelle est une réponse possible aux difficultés de logement. Cette pratique s'est développée, en réponse à une demande forte. Elle doit toutefois être encadrée lorsqu'elle vient en contrepartie d'un échange de services. Des paiements bilatéraux sont souhaitables, ainsi qu'une adaptation du logement aux contraintes particulières résultant de la cohabitation.

La colocation et la sous-location sont également des voies à explorer.

Le développement de l'apprentissage suscite des inquiétudes particulières en termes de logement. Tant l'offre de logement que les aides financières ne sont pas suffisamment souples pour répondre à la demande supplémentaire qui sera inévitablement engendrée par une augmentation du nombre d'apprentis, car ceux-ci ont généralement deux, voire trois lieux de résidence.

II. L'ACTIVITÉ DES MISSIONS LOCALES DU RHÔNE, UN REGARD SUR LES JEUNES EN INSERTION

Au cours de cette réunion, qui s'est déroulée à la Mairie de Saint-Fons, étaient notamment présents :

- Mme Odile Landeau, directrice de la mission locale Rhône sud-est ;

- M. Rémy Longo, animateur régional des missions locales

Ont été notamment évoqués :

- l'articulation entre l'action des missions locales et celle de l'éducation nationale ;

- l'insertion des jeunes disposant d'un niveau de qualification inférieur au baccalauréat ;

- la mise en oeuvre du CIVIS et des crédits du fonds pour l'insertion professionnelle des jeunes (FIPJ) dans un contexte de restriction budgétaire ;

- le contrat d'aide et de retour à l'emploi durable (CARED), qui est un contrat aidé spécifique à la région Rhône-Alpes.

III. LA MOBILITÉ, OUTIL D'INSERTION

Avec M. François Meyronein, directeur de « Innovation et développement », a été notamment évoquée l'importante question de la mobilité des jeunes.

« Innovation et développement » gère une auto-école sociale, dont l'action vise à compenser les difficultés des jeunes dans l'apprentissage de la conduite. Ces difficultés sont tant financières que pédagogiques. Une expérimentation en cours, dans le cadre des suites du « Grenelle de l'insertion », s'adresse à des jeunes recherchant un emploi pour lequel le permis est requis. Dans ce cadre, une centaine de jeunes bénéficient d'une bourse et de délais de convocation à l'examen raccourcis.

L'accès au permis de conduire demeure en tout état de cause problématique, s'agissant par exemple de la notation, qui diverge entre inspecteurs. Rapprocher l'épreuve du permis de conduire de la formation professionnelle pourrait être utile et profiter de la crise économique pour former les jeunes au permis serait judicieux.

IV. LA MOBILITÉ INTERNATIONALE DES JEUNES

Ont notamment participé à cette réunion :

- M. Renaud Berrin, directeur du JEMRA (Jeunes Emplois Mobilité Rhône-Alpes) ;

- M. Glafkos Georgiou, JEMRA ;

- Mme Lauriane Vanony, JEMRA.

Créée en 2000 à l'initiative de l'Union régionale des missions locales, JEMRA agit en faveur de la mobilité internationale des jeunes peu ou pas qualifiés. Un programme visant à aider de jeunes Français à trouver un emploi à Londres ou à Dublin a été mis en place. Ce programme consiste en une formation linguistique et culturelle. Les jeunes sont également assistés pour trouver un logement et un emploi sur place.

Ce type d'action vise à compenser l'inexistence de programmes internationaux d'échange pour les jeunes non étudiants. Les crédits demeurent toutefois insuffisants pour combler le fossé existant entre jeunes étudiants et non étudiants du point de vue de la mobilité internationale.

V. LA MOBILITÉ CULTURELLE DES JEUNES

S'agissant du volet plus culturel et social de la mobilité, Mme Dominique Giraud Sauveur, de la mission locale de Vaux-en-Velin, est intervenue.

JEMRA met en oeuvre un programme d'aide au recrutement de travailleurs saisonniers dans le domaine du tourisme.

Les jeunes femmes qui bénéficient de ce programme suivent des ateliers de préparation qui constituent un double accompagnement, tant social que professionnel, vers l'emploi. Des emplois dans des villages de vacances sont réservés, en amont, aux jeunes femmes ainsi formées.

L'expérience a démontré l'utilité de ce type d'accompagnement social et culturel qui augmente les chances de succès de l'insertion.

VI. LES RESSOURCES ET L'AUTONOMIE FINANCIÈRE DES JEUNES

Étaient notamment présents à la réunion consacrée à ce thème :

- Mme Odile Landeau, directrice de la mission locale Rhône sud-est ;

- Mme Danielle Pichot, directrice de la mission locale de Villeurbanne ;

- M. Rachid Oukrid, directeur de la mission locale Plateau Nord Val-de-Saône.

Les jeunes en difficulté peuvent bénéficier d'une aide à l'autonomie par le biais d'une allocation contractualisée, autrefois dans le cadre du programme Trajet d'accès à l'emploi (TRACE), aujourd'hui dans le cadre du CIVIS et du contrat d'autonomie. S'agissant de l'allocation CIVIS, elle est versée au regard d'un examen particulier de la situation du jeune. Ce type d'outil permet de sécuriser les parcours, mais les montants alloués (en moyenne 300 euros par an dans le cadre du CIVIS) demeurent insuffisants. La formule de l'allocation contractualisée présente néanmoins de nombreux avantages en termes de souplesse. Elle aide le jeune à s'inscrire dans la dynamique d'un projet.

Dans le cadre du contrat d'autonomie, les jeunes bénéficient d'une allocation plus généreuse, s'élevant à 300 euros par mois. Ce dispositif, mis en oeuvre par des opérateurs privés, est toutefois critiqué. Il ne bénéficierait pas aux jeunes les plus en difficulté. Or, avec des moyens en diminution, les missions locales ont de plus en plus de mal à répondre à la demande de ces jeunes.

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