2. L'Europe

Selon les sources précitées, « Allied Chemical Company », qui fabriquait la molécule, a exporté de très grandes quantités de chlordécone de qualité technique (dilué à 80 % de chlordécone) vers l'Europe et, en particulier, vers l'Allemagne.

Ce composé a été importé par la société allemande « Spieâ und Sohn » 37 ( * ) , afin de fabriquer un sous-produit, le Kélévane employé pour lutter contre le doryphore et le ver taupin de la pomme de terre.

Le Kélévane se transforme en chlordécone dans le sol.

Un de vos rapporteurs a mené une brève mission en Allemagne, afin de déterminer ce qu'étaient devenus les tonnages très importants de matière active fabriquée en Allemagne.

Aucun contact n'a pu être établi avec les responsables de la société Spieâ Urania, qui aurait permis de connaître les zones d'épandage du Kélévane en Allemagne et les pays vers lesquels il aurait été exporté (ex-RDA ? Pologne ? Union soviétique (Ukraine) ?).

Ce produit, qui a été interdit en 1980 en Allemagne fédérale et en 1983 dans l'ex-RDA, ne fait l'objet d'aucun plan de contrôle au niveau fédéral ou à celui des Länder.

Ceci, à l'exception du Land de Basse-Saxe où :

- il est détecté à l'échelle nanométrique dans les eaux de surface et à une échelle dix fois plus grande dans les eaux souterraines (rappelons que la chlordécone est hydrophobe) ;

- il est détecté, mais non quantifié (< 10 ug/kg) dans les anguilles et dans les perches blanches. Etant précisé qu'il ne semble pas que le laboratoire d'Hildesheim mette en oeuvre les procédures d'extraction et de quantification nécessaires à une caractérisation exacte de la chlordécone (absence d'une double spectrométrie en ligne pour confirmer les résultats de la chromatographie gazeuse).

Curieusement le laboratoire concerné n'effectue aucune analyse de sol, ni de végétaux, alors que l'on sait que les espèces poussant dans la terre, comme la pomme de terre, très cultivée dans ce Land, sont prioritairement contaminées.

3. Asie

Aucun élément n'a pu être recueilli sur l'emploi de la molécule en Asie.

4. Aire Caraïbe

D'après l'étude précitée menée en 1978 par Epstein, une partie des surplus de Kepone a été exportée vers la Jamaïque, l'autre l'ayant été vers le Cameroun (cf. infra).

5. Afrique

Le contexte de contrôle chimique des ravageurs des bananeraies camerounaises a été décrit dans un article publié en avril 1974 dans la Revue « Fruits » (Vilardebo et al.).

Cet article établit qu'à partir de 1964, dans le Sud-Ouest du Cameroun, les moyens employés pour lutter contre le charançon des bananiers (HCH) achoppaient au développement de souches résistantes. Des essais ont alors été conduits prouvant la très grande efficacité de la chlordécone.

Celle-ci, sous la formulation de Kepone, y a donc été employée à partir de 1967.

En Côte d'Ivoire, les conduites de lutte contre les ravageurs n'ont pas eu pour résultat l'apparition de souches résistantes et, par voie de conséquence, la chlordécone n'y a été utilisée que plus tardivement.

Ultérieurement, c'est-à-dire après l'interdiction de la chlordécone aux Etats-Unis et la reprise de la production au Brésil, la société Calliope a exporté une partie de cette production au Cameroun et en Côte d'Ivoire (de l'ordre de 400 tonnes de Curlone sur 10 ans, soit 2 tonnes de chlordécone/an pour ces deux pays).

S'agissant du Cameroun, certains bruits faisaient état d'une pollution à la chlordécone des sources « Tangui » et « Gemme ».

Mais un prélèvement effectué par l'IRD et analysé par le laboratoire départemental de la Drôme s'est avéré négatif.

Une conformation de ce résultat est en cours.

* 37 Devenue depuis « Spieâ Urania »

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