B. L'ÉVALUATION DES RÉSULTATS DU DISPOSITIF PEUT ENCORE ÊTRE AMÉLIORÉE

1. Une évaluation du dispositif en termes d'emploi paraît aujourd'hui prématurée

L'ensemble des interlocuteurs du groupe de travail ont souligné qu'il était aujourd'hui impossible d'évaluer l'impact des pôles de compétitivité en termes d'emplois .

Lors de son audition par le groupe de travail, M. Gilles Bloch, directeur général de la recherche et de l'innovation, a ainsi affirmé que l'impact de la recherche-développement en termes d'emplois n'était perceptible qu'au bout de 2 ou 3 ans. Les premiers résultats du dispositif des pôles ne devraient donc être mesurables qu'à la fin de l'année 2009 28 ( * ) .

L'évaluation des cabinets CM International et BCG a elle-même souligné en 2008 qu'il « est encore trop tôt pour évaluer l'impact du dispositif sur l'innovation et l'emploi » 29 ( * ) . Après avoir souligné que l'impact des pôles en matière d'emploi devait être relativisé, le Conseil économique et social relève quant à lui que « c'est au fur et à mesure des développements des projets que les véritables emplois apparaîtront » 30 ( * ) .

L'Association pour l'emploi des cadres (APEC) a souligné également en 2008 que « la mesure de cette création d'emplois est prématurée » 31 ( * ) . Elle a également estimé qu'il serait de toute façon difficile de mesurer l'impact des pôles en termes d'emplois car « les pôles s'étant construits sur la base de structures préexistantes, il est difficile de distinguer l'impact des pôles de celui de ces structures. » 32 ( * )

Le groupe de travail n'a ainsi pu disposer que de données partielles ou prospectives :

- certains pôles dont le groupe de travail a rencontré les représentants ont dressé un bilan de l'impact de leur pôle : les responsables du pôle Aerospace Valley estiment ainsi que le pôle a permis la création de près de 11.000 emplois en 3 ans, bilan établi cependant avant le début de la crise économique mondiale ;

- l'APEC estime quant à elle que les pôles devraient générer 140.000 emplois de cadres à horizon de 5 ans et quelque 700.000 emplois indirects 33 ( * ) .

D'après les informations communiquées par M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, les services du ministère de l'industrie, qui établissent chaque année des tableaux de bord des pôles, réfléchissent actuellement à l'établissement d'indicateurs de la création d'emplois qui pourraient être disponibles en 2010. Cependant, le ministre souligne que « l'impact sur l'emploi de toute action de R&D est toujours difficile à mesurer et demande plusieurs années de recueils statistiques » 34 ( * ) .

Le groupe de travail préconise donc l'établissement d'indicateurs de la création d'emplois et d'entreprises en 2010 , permettant d'établir une véritable évaluation du dispositif sur ses cinq premières années (2005-2010).

2. Une étude des motivations des adhérents aux pôles de compétitivité paraît également utile

Outre l'évaluation quantitative de l'impact des pôles de compétitivité en termes d'emplois, le groupe de travail préconise la réalisation d'une étude qualitative, portant sur les motivations des adhérents aux pôles . Une telle étude permettrait en effet d'améliorer le dispositif des pôles de compétitivité, en portant une attention particulière à ses aspects attractifs.

Si une telle étude n'existe pas aujourd'hui, plusieurs responsables de pôles rencontrés par le groupe de travail lors de ses déplacements ont évoqué différentes motivations pouvant être à l'origine de l'adhésion à un pôle de compétitivité :

- les responsables du pôle Capenergies ont ainsi souligné que l'adhésion à un pôle permettait aux PME d'entrer en contact avec les grandes entreprises, ces dernières ayant quant à elles intérêt à travailler avec des PME innovantes, plus réactives et aux coûts de production inférieurs ;

- les responsables du pôle Advancity ont souligné la valeur ajoutée des structures d'animation des pôles de compétitivité : ces dernières accompagnent les PME dans leurs projets et les mettent également en contact avec d'autres acteurs du même secteur.

3. L'impact des pôles en termes d'emplois et d'attractivité du territoire concerné est illustré par des exemples concrets

Si les évaluations quantitative et qualitative du dispositif ne sont pas disponibles à l'heure actuelle, les déplacements du groupe de travail lui ont permis, par des exemples concrets, d'appréhender l'impact des pôles de compétitivité .

Lors de son déplacement à Valbonne Sophia Antipolis, le groupe a ainsi pris connaissance avec intérêt de l'expérience de l'entreprise Prim'Vision : cette entreprise s'est en effet installée à sa création en région Provence-Alpes-Côte d'Azur du fait de la présence du pôle Solutions communicantes sécurisées (SCS) et s'est depuis beaucoup développée.

L'EXEMPLE DE L'ENTREPRISE PRIM'VISION

La société Prim'Vision développe une plateforme de publicité avancée mobile.

Après l'identification et la confirmation de l'intérêt de son projet en 2006 s'est posée la question de l'implantation de l'entreprise. Il s'agissait en effet de réunir les conditions les plus propices à l'innovation et aux partenariats technologiques.

Du fait de la présence du pôle SCS qui avait « mis en place en région PACA l'écosystème d'innovation » recherché par l'entreprise, cette dernière s'est donc installée au début de l'année 2007 à Sophia Antipolis . L'entreprise a adhéré au pôle mi-2007 et a créé son premier emploi en septembre de la même année.

La labellisation de son premier projet par le pôle SCS au cours du quatrième trimestre de l'année 2007 a été un « levier majeur pour motiver les investisseurs privés et réaliser la première levée de fond ». Fin 2007 la société a ainsi levé 1,2 millions d'euros.

Le pôle a été un « catalyseur qui a permis à [l'entreprise] de traverser plus facilement les phases critiques de son développement ». Le pôle a ouvert certaines opportunités à l'international à l'entreprise et lui a permis de lancer un projet avec des acteurs industriels, des universités de la région ou encore un opérateur italien.

L'essor de l'entreprise en termes d'emplois illustre par l'exemple l'impact du dispositif des pôles de compétitivité : au 1 er janvier 1008, l'entreprise comptait 4 employés, puis 11 fin 2008. Aujourd'hui, elle compte vingt salariés .

Source : Prim'Vision.

* 28 Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a cependant programmé en 2009 une étude qualitative et de ressenti sur la politique des pôles de compétitivité.

* 29 Boston Consulting Group (BCG), CM International, « Évaluation des pôles de compétitivité. Synthèse du rapport d'évaluation », 18 juin 2008.

* 30 Conseil économique et social, « Les pôles de compétitivité... », Ibid., p. I-9.

* 31 Association pour l'emploi des cadres (APEC), Évolution de l'emploi des cadres en région Rhône Alpes sous l'effet de la création des pôles de compétitivité, Edition 2008.

* 32 APEC, Évolution de l'emploi des cadres en régions Bretagne et Pays-de-la-Loire sous l'effet de la création des pôles de compétitivité, Juillet 2008.

* 33 Chiffre cité par le World Class Cluster Club.

* 34 Contribution écrite communiquée transmis au groupe de travail à la suite de son audition.

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